mardi 10 octobre 2023

"Kitsou Dubois: une danseuse en apesanteur": ça plane pour elle...Hotesse de l'air de fortune en pleine flottaison aéronautique!

 

Kitsou Dubois, une danseuse en apesanteur

Jérôme de Missolz | 1994 | 24’ | Blue Films, Ki Productions, Vidéogram


“Que peuvent bien avoir en commun un astronaute et un danseur ?
L’art et la manière de défier les lois de la gravité. Les premiers par nécessité, les seconds par goût…Lorsque le hasard fit se rencontrer la chorégraphe Kitsou Dubois et un astronaute, ce dernier évoqua les conflits sensoriels provoqués en apesanteur, entraînant des problèmes d’orientation, de déplacement et de gestuelle.L’idée a germé naturellement : l’entraînement des astronautes à partir des techniques de danse pourrait-il être efficace ?Intéressé, le CNES invite Kitsou Dubois à bord de cet avion singulier qui permet des séquences d’apesanteur de 25 secondes en opérant des séries de paraboles.


Deux autres vols se dérouleront en présence de plusieurs danseurs : les exercices s’inspirent alors d’autres pratiques sportives (natation, escalade à main nue) et d’expériences menées avec le CNRS au laboratoire de neurophysiologie sensorielle. De cette rencontre entre l’art et la science, Kitsou Dubois a trouvé la matière d’une danse qui ne cesse d’explorer de nouveaux espaces.”
(Fabienne Arvers)


"Toute ma vie j'ai rêvé d'être une hôtesse de l'air....Alors le rêve du danseur, l'envol, l'apesanteur, devient réalité et l'expérience de Kitsou Dubois, un événement sans précédent pour le le monde de la danse.  On se souvient des expériences de Daniel Larrieu pour "Waterproof", un spectacle amphibien dans une piscine, où les corps flottent, sont immergés et forment un véritable travail chorégraphique, très éloigné du "ballet nautique". Les expériences de "danse voltige" de Decouflé, de "danse escalade"de Roc in Lichen. Et de celles de Trisha Brown, escaladant à l'horizontale les murs d'immeuble de New York. Ainsi que celles de  "mémoire de la matière" d'Odile Duboc avec des expériences de danse sur lit d'eau.Kitsou Dubois tente et teste, seule puis avec d'autres danseurs les possibilités de mobilité, de chutes, de portés pour en construire de futures chorégraphies, les corps impactés par cette "mémoire de la matière" alors convoquée pour restituer des états de corps et d'émotion: un pas de deux sidérant est filmé. Maguy Marin dans son célèbre duo pour "Eden" avait presque su donner l'illusion de cette apesanteur, fondée sur les appuis et le poids des corps en "danse contact"...Un leurre, une illusion artistique déjà très convaincante.S'il fallait remonter jusqu'aux sylphides suspendues aux cintres comme des envols artifice d'apesanteur!
Alors et les astronautes dans cette épopée sont aussi constamment confrontés à l'apesanteur et à toutes les incidences d'un corps "plongé" dans un environnement où il n'y a plus d'appui, d'effort, d'ancrage, de poids. Toutes les investigations et expériences de la danse d'expression de  Rudolf Laban mises à bas pour un voyage vers les contrées aériennes de Icare ou d'autres super héros de légende: ils échappent aux lois de la gravité pour perdre pied, lever l'ancre, être invincibles et inatteignables...Point est le but des "athlètes" du monde de la science qui gravitent dans l'espace pour la recherche et le bien de l'humanité. Leur santé à eux est affectée par de longs voyages et le jeune chercheur Pierre Bourdier d'animer une séance passionnante sur les "méfaits" de la conquête de l'espace sur les capacités corporelles des astronautes: 20 ans de prise d'âge pour le coeur en 6 semaines de voyage intergalactique!Les recherches au sujet de la santé face au phénomène de microgravité sont loin d'être terminées.La flottaison des corps interroge et bouscule les pratiques de l'entrainement sportif: voir les astronautes faire leur gymnastique quotidienne de 2H 30 sur des engins extraordinaires est un vrai délice. "Gravité le spectacle d'Angelin Preljocaj prend ici tout son sens: échapper à l'attraction terrestre tout en se jouant des nouvelles formes engendrées par l'absence de notion de poids. Poids plume ou poids lourd en circulation constante et mutation sensorielle inédite. Affaire à suivre pour les colonies de futurs habitants sur Mars.
→ Projection gratuite du documentaire, suivie d’une rencontre avec Pierre Bourdier à propos de ses travaux de recherche portant sur les effets de la microgravité sur l’activité physique et la santé des astronautes. 
Une événement organisé par le Jardin des sciences|Université de Strasbourg et Le Lieu documentaire dans le cadre du cycle  de projections et rencontres pendant la Fête de la science 2023 à Strasbourg.
Au planétarium le 10 Octobre
 

 

samedi 7 octobre 2023

"le temps de l'amour" : Dutronc et Hardy : un couple inclassable...Hardiesse et Jacquerie de conserve!

 


« Le Temps de l’Amour »
d’après l’œuvre de Jacques Dutronc & Françoise Hardy

Création de théâtre musical

Avec Christophe Feltz (jeu) et Clémentine Duguet (chant) 


"Vaduz" : lecture performative! Autour de Vaduz...Il y a.....de la poésie sonore ! Et un millefeuille phonolitique...

 


C'est en 1974 que Bernard Heidsieck, l'un des plus grands poètes du XXème siècle, publie Vaduz, une pièce de poésie sonore.

Dans ce texte, l'auteur fait de Vaduz, ce maxi-village, capitale de ce mini-territoire situé au centre de l'Europe, le Lichtenstein, l'un, sans doute, des plus petits pays au monde, le centre même de notre globe.
Hélène Schwaller et Jean-Mathieu Collard vous offriront une lecture performative de cette pièce dans laquelle résonnera, de façon spectaculaire, l'unique dans la diversité : à la fois une grande œuvre humaniste, et une expérience extrême de la poésie-action.
 


T'as voulu voir Vaduz et t'as entendu des strates de schiste comme de la pierre phonolite, résonner au son des mots, du catalogue exhaustif des noms des peuplades du monde entier...C'est un millefeuille qui se délite, se déchire, catapulte les sonorités, renverse le rythme de la déclamation...Ils sont costauds nos deux récitants-conteurs-comédiens-musiciens: elle, c'est Hélène Schwaller qui bat de la mesure de ses deux mains pour mieux scander en rythme les cadences de la poésie fantasque de Heidsieck. Éloquence, rapidité, vitesse, célérité d'une lecture-démonstration virtuose... Lui, c'est Jean Mathieu Collard à la réplique. Chacun derrière son pupitre, debout, à l'aise malgré la tension physique et rythmique imposée par le débit des mots, des appellations de toutes sortes de peuplades. Il est aussi l'auteur des photographies qui défilent comme autant d'accumulations de lignes, points, plans, objets rassemblés au hasard des sculptures ainsi trouvées. Des images qui collent par leur dynamique aux scansions du texte. C'est drôle, surprenant, agaçant en diable et ça dure le temps d'épuiser toutes leurs forces et notre capacité à enregistrer ce flot continu de sons et de surprises. Tout se catapulte, enfle en orgasme rythmique étourdissant, les lauzes du texte s'enchevêtrent, s'arqueboutent et la langue va bon train dans ce gosier sonore rabelaisien. Tout passe à la casserole, à la moulinette surabondante du flux énumératif des noms de peuplade qui peu à peu se transforment en "émigrés", migrants et autres déplacés: une ethnographie savante inépuisable qui au final s'essouffle et s'éteint pour un calme apparent. Accalmie d'une tectonique minérale voisine des phénomènes sismiques défaillants. Les couches sonres se succèdent, se doublent, se superposent à l'envi, s'emboitent et se choquent comme un glossaire inépuisable et sociologique: un cours magistral à deux voix alors qu'à l'origine l'artiste double une bande enregistrée. De la haute voltige pour ce voyage à Vaduz, territoire dérisoire mais terrain d'expérimentation sonore draconien. Nos deux performeurs au diapason, de concert pour un événement digne de l'auteur de cette diatribe musicale de très bon aloi. Une litanie cérémoniale et dominicale très spirituelle, rituel pas catholique d'un sermon, homélie païenne ou prêche iconoclaste.La mécanique s'emballe et Vaduz devient le nombril incontournable d'un manège sonore sempiternel, enivrant: les deux interprètes comme des machines textuelles bien remontées au quart de poil, au cordeau. Une mécanique infernale au service d'une musicalité de toute incongruité. Déferlante avalanche de cailloux projetés dans le vide. Ça résonne au micro, en écho, en ricochet acoustique pour effet chaotique garanti.
 Monocorde, monotone prestation hypnotique à vous couper le souffle...
 
Dans le cadre de l'exposition de Jean Mathieu Collard  "Order/ Disorder"
A la Galerie la Pierre Large . 
 
Filage de Vaduz avec un duo d'interprètes Hélène Schwaller Jean Mathieu Collard