dimanche 19 novembre 2023

Lovemusic fait son "plastic love" avec Santiago Diez Fischer: "c'est l''plactic qu'ils préfèrent" ....

 

plastic love | Santiago Díez Fischer & lovemusic Album release party

  •   Manufacture des tabacs (map)

"Venez fêter avec nous la sortie de notre premier album: plastic love lovemusic & Santiago Díez Fischer le 18 novembre à 18h à la manufacture des tabacs à Strasbourg, récemment rénovée, en compagnie de nos amis du festival Exhibitronic pour partager un verre lors de l'Happy Hour et explorer l'univers sonore expérimental et éclectique de Santiago".

Plastic love retrace 5 ans de relation artistique en parfaite symbiose avec Santiago Díez Fischer. L'album met en lumière la nature souple et organique de notre processus créatif, se concentrant sur une entité artistique plutôt que sur une collection de morceaux. Il présente trois œuvres commandées par lovemusic, entrecoupées d'Intermezzi coécrits par lovemusic et Santiago, offrant des aperçus de notre univers sonore commun en tant que forces collectives. Enregistré à GRAME à Lyon, l'album capture la qualité unique et constamment changeante de la musique de Santiago, privilégiant la documentation à la production studio. Il témoigne de notre amitié artistique et reflète l'évolution du monde sonore de Santiago.

Cette soirée fut l’occasion pour lovemusic de présenter plastic love, leur dernière production discographique, fruit d’une collaboration de cinq ans avec le compositeur argentin Santiago Díez Fischer, qui a composé un cycle de pièces pour six instrumentistes laissant une part importante à la spontanéité

 Quel beau et solide compagnonnage que cette rencontre fertile et prolixe entre un ensemble et un auteur-compositeur. Fidélité, audace et complicité pour ces artistes porte drapeau de la musique d'aujourd'hui. La soirée "inaugurale" débute avec l'un des morceau enregistré sur le CD. someone will remember us Violoncelle, flûte , guitare et saxophone dans une partition "préparée" pour donner du son, des tonalités inouïes à des mesures complexes qui s'emboitent et laissent un parfum de surprise, de douceur tenue à l'opus. Dans une scénographie simple, sobre , du plastique froissée en sculpture fantasques, éclairées pour sculpter des corps alanguis, des formes hybrides qui se marient et s'allient aux costumes. Gilet plastique transparent pour Adam Starkie, chaussures transparentes pour Emilio Gavito, robe légère et dos nu pour Lola Malique.Lumières fluorescentes sur les colonnes, piliers de la salle de la Manufacture des Tabacs. Suit l'emblématique "plastic love", joué et rejoué moultes fois mais donc la ré-écoute est toujours bénéfique. Les musiciens au diapason d'une écoute réciproque fort intuitive pour exécuter cette oeuvre phare qui n'a pas pris une seule ride. Les sons sourdent de sources inconnues, se mêlent, se déforment et un bréviaire musical de style de Santiago Diez Fischer se compose à l'audition précieuse et concentrée du public réuni autour des musiciens. La lumière et les costumes brillants réverbérant les vibrations des instruments, réunis pour des trouvailles sonores inédites.L'électroacoustique comme une couche enveloppante, rehaussant les effets de saturation ou de développement des tonalités qui se chevauchent. Dernier morceau de la "démonstration" du soir pour honorer la musique transcendante de cette récollection unique des pièces et morceaux d'une oeuvre qui comptera dans le glossaire et le catalogue raisonnée de la musique contemporaine! "De toutes les matières, c'est le plastic qu'ils préfèrent" !

Et le CD de ne pas céder à la morosité dans un design dépouillé, signé Emiliano Gavito pour le logo et les visuels.... Lea Legros Pontal pour le graphisme spectral de la pochette. Des distorsions plaintives de la guitare électrique sur someone will remember us à la pièce qui donne son titre au CD – alliance étrange et sublime entre les instruments et des… boîtes en plastique qui s’amusent à s’imiter, – le disque se révèle passionnant dans sa quête de sonorités organiques nouvelles.

 Emiliano Gavito - flute
Niamh Dell Bradbury - hautbois
Adam Starkie - clarinette
Léa Legros Pontal - alto
Lola Malique - violoncelle
Christian Lozano Sedano - guitare
Finbar Hosie - electronique

Santiago Diez Fischer - composition

lovemusic est un collectif de musiciens spécialisés dans la création basé à Strasbourg. Nourri des goûts éclectiques de ses membres, le processus créatif de lovemusic célèbre la multiplicité des esthétiques que la création musicale contemporaine peut offrir (travail avec la vidéo, lumière et scénographie), et a la particularité de toujours jouer sans chef, ce qui crée des liens intimes entre les musiciens•nes mais aussi une connexion active et passionnante avec le public. Lovemusic travaille à une plus grande représentation et visibilité de toutes les diversités, ainsi nous nous efforçons de choisir nos programmes en tenant compte des origines ethniques, des genres et des identités sexuelles, en créant un univers de travail et de création sûr et inclusif.
Cette soirée sera l’occasion pour lovemusic de présenter plastic love, leur dernière production discographique, fruit d’une collaboration de cinq ans avec le compositeur argentin Santiago Díez Fischer, qui a composé un cycle de pièces pour six instrumentistes laissant une part importante à la spontanéité.
 

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Et pour clore en beauté plastique et esthétique, voici le fameux et attendu "plastic love" signé Santiago Diez Fischer.
Sur un dispositif de deux cubes lumineux, deux archets reposent; les interprètes, glamour, chaussettes roses, tee shirt transparent ajouré vont faire partie du voyage.Un écran vidéo diffuse de beaux ébats de bans de poissons fluorescents, feux follets égaux aux sonorités conduites par les instruments. Le son se fait lumières et couleurs: "limelight" ou lumières de la ville: c'est beau une ville la nuit dans ce contexte sonore bigarré: un archet grince, comme un son de poulie; l'amplification artificielle opère pour des bruits citadins en registres multiples. Le tout dans une ambiance, atmosphère secrète d'un paysage ouvert, presqu'ile de cette magnifique carte maritime, icône du concert, carte de navigation où l'on traverse ces "villes invisibles" au radar de l'intuition sonore.

 

 

samedi 18 novembre 2023

"La Taïga court- première cérémonie" Antoine Hespel / Collectif La Volga: elle suit son cours...et déborde de son lit mineur.

 


La Taïga court est un voyage à travers le monde, là où se joue un avenir que l’on sait proche. Là où progressent les déserts, où gonflent les fleuves. Là où (sur)vivent celles et ceux que touchent directement les bouleversements climatiques.
La Taïga court c’est aussi un panorama, un paysage textuel fait de mots éparpillés, de longues listes et de brefs dialogues, de typographies variées, de caractères 12 et de caractères 46, de points et de lignes, De souffles et de silences également. 


La salle du Maillon sera divisée en deux clans, métamorphosée à l'occasion de la venue de cet OVNI théâtral, plus scénographique que textuel. Quoique...Invité à se placer à sa guise dans des sofas moelleux, le public enveloppe la scène, sans vraiment lui faire face.L'ambiance est au cabaret avec l'apparition de cette splendide animatrice pailletée, montée sur talons hauts, micro à la main. C'est l'introduction, prologue à cette fable écologique, signe des temps bouleversés de l'inversion climatique. Un sujet galvaudé qui commence à agacer mais quelque peu prémonitoire à l'époque de la genèse de l'opus "La Taiga court". On lui déroule le tapis doré de la survie pour en faire un chemin de table froissé. Et pour dépoussiérer le sujet, c'est à un défilé de mode déjanté, style "voguing" tranquille que l'on assiste. Une mine de trouvailles esthétiques: pneu en guise de ceinture,sèche linge adapté pour un ange déchu aux ailes cabossées, bidons d'eau, pièces recyclées à profusion pour stigmatiser la catastrophe des objets perdus, en surplus que génère notre société consumériste. Du très bel ouvrage, visuel, humoristique qui fait mouche, touche et illustre fort bien la déchéance, la pollution sous des couverts et porte drapeaux symboliques: des accoutrements de fortune pour prendre conscience de l'avènement du pire.Clara Hubert, designer costumière de choc pour une haute couture sur mesure, saison inaccoutumée pour acheteuses industrieuses en mal de culpabilité environnementale...Sur fond de rideau de scène étoilé, archipel des continents en divagation.



Eco anxiété,  cours toujours...

Les personnages  portent et transportent leur chagrin, étonnement en attitudes de suspens, face à un décor opaque qui masque un intérieur où trône l'un d'entre eux. Petit cercle, tribu de fortune qui semble lutter pour sa survie en notre compagnie consentante. Ni prédiction, ni prévision, ces mots et paroles transpirent la constatation de l'émigration, de ces "migrants" déplacés comme les glaciers qui fondent, les torrents qui débordent de leur lit mineur et font des coulées de boue inéluctables, irrévocables phénomènes climatiques de notre époque décalée, déboussolée. En quatre chapitres, après avoir siroter une boisson glacée aux framboises gelées, on parcourt des distances humaines, des situations abracadabrantesques qui mettent du piment à la déclaration de catastrophe naturelle dénoncée. Ces jeunes comédiens, metteur en scène, porte drapeaux, relais de ces olympiades de glace. Le flambeau se passe, le message nous invite à nous lever de concert pour honorer la "fondation" éphémère et utopiste, ambassade des plainte, cahier de doléance de cette terreur climatique vérifiée, estampillée par les actes militants de ces acteurs du présent.Ouragan qui déplace les murs ou barricade, ce dispositif scénique mobile qui nous menace, comme ces ours porteur de mitraillettes qui sont dans votre dos.Vigiles, guetteurs ou veilleurs agissant pour notre sécurité? Ou dispositif de répression policière, politique improbable de mesures politiciennes internationales déjouées? A vous de répondre, d'être consterné, concerné par ces états de faits,  et d'acter hors de votre fauteuil cosy dévolu à votre confort moral. Cette fable enjouée pourtant n'est pas pessimiste et la mise en espace, originale atteste de la recherche de ce groupe qui cherche à impacter le spectateur en l’arrogant. Adopter un émigré LGBT, sauver le monde à sa façon, oui, elles courent, elles courent la taiga, la pampa ou la brousse pour être poursuivies, dépassées, stoppées tant qu'il en est encore temps. Antoine Hespel se saisit des mots de l’autrice Sonia Chiambretto, qui dresse le tableau de l’aveuglement du monde, mais aussi celui d’une incompréhension entre celles et ceux qui vivent l’écroulement des équilibres et celles et ceux qui les regardent… ou pas. Pour son travail de fin d’études à l’École du TNS, le metteur en scène s’est entouré d’une joyeuse équipe de sa génération, sur scène comme dans les coulisses. en savoir+

Un spectacle responsable, équitable, bouée de sauvetage indispensable à la prise de conscience ludique et bienvenue en ces temps de tenue de promesses politiciennes de polis petits chiens de pacotille.

Il cout, il court le furet du bois joli ou la maladie d'amour, ritournelle, manège , routine de notre déni face à l'inversion climatique.Transition écologique et cohésion des territoires en figure de proue..Totale énergie pour Danone et autre Nestlé qui se refont une virginité et une bonne conscience en finançant l'opus, barricade salvatrice d'un soulèvement communard de bon aloi ! Et que les climato- septiques ou dépressifs ne tombent pas dans la fosse aux lions: « Où sont-elles·ils les éco-réfugié·es, les déplacé·es, les réfugié·es climatiques ? ». Nuls par ailleurs...



Antoine Hespel nous donne à voir et à entendre les mots de Sonia Chiambretto, qui dresse le tableau de l’aveuglement du monde, mais aussi celui d’une incompréhension entre celles et ceux qui vivent l’écroulement des équilibres et celles et ceux qui les regardent… ou pas. Mais la poésie n’est pas une leçon de morale pour autant : à la manière du film Don’t Look Up d’Adam McKay, l’humour aussi peut aider à ouvrir les yeux. Pour son travail de fin d’études à l’école du TNS, le jeune metteur en scène s’est entouré d’une joyeuse équipe de sa génération, sur scène comme dans les coulisses.
Ils nous invitent, assis dans nos fauteuils sur le plateau, à regarder en face ce qui s’avance lentement vers nous.

Avec Jonathan Bénéteau Delaprairie, Yann Del Puppo, Quentin Ehret, Felipe Fonseca Nobre, Charlotte Issaly, Vincent Pacaud

Au Maiilon jusqu'au 18 Novembre dans le cadre de "premières, la suite focus jeunes scènes européennes"

vendredi 17 novembre 2023

Stras' is voguing: my mother is beautiful... Une gouvernante de choc: Lasseindra Ninja, passeuse de choc!


Résidence artistique « Stras is voguing »

Du 13 au 17 novembre le dialogue et l’expérimentation collective autour de la culture voguing s’invitent à l’Université de Strasbourg à travers une résidence artistique initiée par trois étudiantes en Master « Approche des politiques des arts de la scène et de leur médiation ». Ksu LaBeija, vogueuse strasbourgeoise, présentera aux étudiantes et étudiants le voguing et ses valeurs par la pratique chorégraphique et la découverte de la communauté ballroom.

Professeure de danse au Centre chorégraphique de Strasbourg et vogueuse depuis de nombreuses années, Ksu LaBeija considère cette semaine de résidence comme une initiation au voguing, une expérimentation collective de ce que peut être une résidence de voguing dans une université, ponctuée par des temps de réflexion autour de cette danse festive qui porte également un héritage politique pour les communautés queer, noires et latinos.


Ksu LaBeija transmettra son approche théâtrale et sensible du voguing lors d’un workshop qui permettra aux étudiants et étudiants de s’emparer des codes de cette danse et de la culture ballroom du lundi 13 au 15 novembre 2023 (accès aux étudiantes et étudiants de l'unistra, sur inscription, dans la limite des places disponibles).

Deux événements ouverts à toutes et à tous pour découvrir le voguing : la communauté universitaire et le grand public sont invités à découvrir le voguing lors de deux événements :Projection-discussion : documentaire Paris is voguing de Gabrielle Culand  (2016)

Et échange avec Lasseindra Ninja et Ksu Labeija
Jeudi 16 novembre à 20h | La Pokop, salle de spectacle Paul Collomp

Réalisé par Gabrielle Culand, ce documentaire contextualise l’arrivée du voguing sur la scène parisienne. Cette danse, née dans les années 1970 dans les clubs new-yorkais fréquentés par les gay latino et afro-américains, s’inspire des codes des défilés de mode et des poses des mannequins. Les danseuses et danseurs se regroupent en houses et s’affrontent lors de compétitions : les balls. Ce documentaire retrace les débuts de la scène ballroom française en suivant Lasseindra Ninja et Stéphane Mizrahi, pionniers du voguing en France. Il et elle transmettent les codes de cette danse à leurs “kids” qui apprennent à se sentir fiers de leur genre et de leur couleur de peau.

Danse de toute la peau, danse, élucubrations savantes et très techniques, issue d'une discipline féroce et d'un savoir être et vivre ensemble draconien. Telle serait la devise de la fer de lance du mouvement voguing hors des USA, Lasseindra Ninja . Un témoignage hors norme pour cette icône, cette star du voguing, battante, combattante depuis ses 13 ans où elle goute aux joies de cette posture et attitude de vie collective, le voguing. Une stature bien ancrée, franche et bâtie pour se mouvoir, se soulever toujours pour gravir les "sentiers de l'âne", là où tout est possible dans le respect et la considération de l'autre. Danser, se travestir, organiser des ballrooms en catégories très agencées, hiérarchisées comme à l'armée ou en batterie d'art culinaire: chef de rang, de party, elle-il faussement relax et débonnaire, se livre devant la caméra, discret témoin des événements festifs de la communauté voguing. Radicale position révolutionnaire revendiquée ici et vécue sans concession. On se donne en être adulte, on est "mother" par compétence et détermination pour cette communauté si attachante, virulente ou tendre aux évolutions artistiques sidérantes. 

La maisonnée comme foyer, berceau, nid d'accueil fraternel: nidifier pour sortir de sa chrysalide, accepter d'être éduqué, averti, drivé et coaché dans le bonheur de la confrontation.

Un ballroom c'est aussi un spectacle, une compétition entre "genre", une filiation avec l'insoumission, la désobéissance dans les règles d'un art strict et porteur de dignité, d'intégrité, d'altérité. La "mère des mères" est devant lors du débat qui suit la projection de ce documentaire, bijou du genre "la vérité ou rien". Ici on ne se cache pas, on ne dissimule rien, on tente, on essaie en public, on sex-pose, on se livre. Et ce don de soi est un échange constant entre gens du même bord. Une soirée riche et prometteuse d'une ouverture vers la pratique du voguing et ses effets bénéfiques sur la société en sommeil: debout, réveillez vous, la danse comme art du combat pour mieux se connaitre soi-même et celui qui est face à vous. Une "gouvernante" aux mains de fer derrière ses gants de velours, son minois confiant, son humour et son ironie constante. On ne badine pas avec le voguing et Marivaux aurait adoré ce que revendique aussi Didi Huberman: le soulèvements des corps dans des transports en commun hors norme. Au sein de "house" bien équipées!Home sweet home pas de tout repos! Cocooning s'abstenir.

Un sacerdoce intransigeant pour une "légende" vivante, "petite mère", Claude Bessy du voguing...

À la suite de la projection du documentaire, le public a  interagi avec Lasseindra Ninja (House of Ninja). Elle a répondu avec franchise et distanciation à des questions posées en amont sur Instagram, et a transmis des éléments clés de la culture ballroom. Danseuse de formation "classique" et internationale chez Alwin Aley, Martha Graham, interprète chez Boris Charmatz, La Horde, voici une porteuse, relais d'un flambeau, d'une esthétique singulière: défilé de corps costumés, affublés de vêtements extravagants, extra-ordinaires, magnifiant les corps rompus à une pratique galvanisante de la danse, hirsute, forte, puissante. Des ballrooms sous le signe entre autre de Néfertiti sont hallucinants d'inventivité, de créativité pour des métamorphoses singulières des personnes... Comment dès lors situer les travaux d'une Robyn Orlin, d'un Steven Cohen ou Trajal Harrell, champions du voguing "scénique", artefact d'une expression "populaire" en voie de réappropriation...?

𝑺𝒕𝒓𝒂𝒔 𝒊𝒔 𝒗𝒐𝒈𝒖𝒊𝒏𝒈 met à l’honneur Ksu LaBeija, French Mother of the Royal House of LaBeija, en résidence d'artiste à l’Université de Strasbourg !
Invitée par trois étudiantes en Master d’Arts de la scène, la vogueuse strasbourgeoise souhaite diffuser le voguing et ses valeurs par la pratique chorégraphique et la découverte de la communauté ballroom.