dimanche 29 septembre 2024

Quatuor Diotima | Axelle Fanyo: "Arnold Schonberg visionnaire" : un quatuor pour trois compositeurs majeurs

 


ARTE et Musica dévoilent en avant-première le documentaire d’Andreas Morell sur Arnold Schönberg réalisé à l’occasion des 150 ans de la naissance du compositeur.

Pour illustrer le caractère visionnaire du maître de la Seconde école de Vienne, le Quatuor Diotima donne son Deuxième Quatuor, œuvre charnière dans le passage de la tonalité à l’atonalisme — en compagnie de la soprano Axelle Fanyo, puisque, fait rare dans l’histoire du genre, deux des mouvements comportent des lieder sur des poèmes de Stefan George. Grido d’Helmut Lachenmann et Bobok de François Sarhan complètent le concert et nous montrent combien l’expressionnisme a irrigué la musique contemporaine jusqu’à nos jours.


François Sarhan, Quatuor n°1 “Bobok” (2002)

Voici de quoi réjouir et étonner le public, "habitué" aux élucubrations dantesques et inventives, drôles et décalées de François Sarhant. Une composition rigoureuse, sorte de conversation entre les instruments, réinterprétation de la nouvelle de Dostoevski "Bobok". Ce mot magique, leitmotiv, récurrent, transformé par analogie en un accord, entendu dès le début, qui lui-même se développe et se renverse au fil de la pièce.Bel ensemble cohérent d'architecture musicale menée de doigts de maitres par les interprètes complices du quatuor Diotima.


Arnold Schönberg, Quatuor à cordes n°2 (1907-1908) 

Une mine de sons, quasi mélodiques et fort flatteurs à l'oreille alors que la cantatrice à la voix de bronze émet une plainte tendue. Comme un prolongement du jeu des cordes qui prennent le relais dans de vastes et longues tenues.


Helmut Lachenmann, Quatuor à cordes n°3 “Grido” (2001) 

Ouevre phare de cette soirée qui débute par des sifflements, effets sonores de sirène portuaire émis par les cordes. Souffle des archets sur les instruments en virevoltes, ornements, grincements, étincelles.Dans une atmosphère sombre et sourde, très contrastée. Les sons y sont organiques, animal, raclements, râles: de gorge, de pharynx, très anatomique, charnels. Puis plus légers au fil de l'oeuvre, diffus, vifs, aériens, sautillants. L'écoute est tendue, acérée. L'exercice musical est virtuose, à l'affut des incidents tectoniques de la partition lumineuse, chaotique. Des sons infimes maintiennent en haleine et concentration. Un concert hommage de toute beauté: le quatuor Diotima au mieux de sa "petite forme" de chambre!


soprano | Axelle Fanyo

Quatuor Diotima
violon | Yun-Peng Zhao
violon | Léo Marillier
alto | Franck Chevalier
violoncelle | Alexis Descharmes


présenté avec Arte

A la Cite de la musique et de la danse le 29 Septembre dans le cadre du festival MUSICA

Arnold Schönberg : L’inlassable visionnaire : un documentaire rare et édifiant


ARTE et Musica dévoilent en avant-première le documentaire d’Andreas Morell sur Arnold Schönberg réalisé à l’occasion des 150 ans de la naissance du compositeur.

Puis pour illustrer le caractère visionnaire du maître de la Seconde école de Vienne, le Quatuor Diotima donne son Deuxième Quatuor, œuvre charnière dans le passage de la tonalité à l’atonalisme — en compagnie de la soprano Axelle Fanyo, puisque, fait rare dans l’histoire du genre, deux des mouvements comportent des Lieder sur des poèmes de Stefan George. Grido d’Helmut Lachenmann et Bobok de François Sarhan complètent le concert et nous montrent combien l’expressionnisme a irrigué la musique contemporaine jusqu’à nos jours.

La vie et l'oeuvre de Schonberg en 90 minutes: une gageure, un chalenge un défi pour la production et le réalisateur. Pari tenu où tout concourt à nous dévoiler le méconnu de ce personnage singulier autant que magistral compositeur. Le contexte socio-économique, familial y est relayé par des témoignages contemporains de ses proches héritiers: conservateurs, bibliothécaire et famille! Bel échantillon de paroles, de souvenirs, de renseignements Ses oeuvres en regard de ce destin singulier, inatendu, méconnu. En bref, un document rare et édifiant Andreas Morell joue et gagne.

A la Cité de la Musique et de la Danse, le 29 Septembre dans le cadre du festival MUSICA

"Log Book" François Sarhan | Zafraan Ensemble: à babord! Boussole intime pour voyage dans le temps

 

CONCERT


Ni vie d’exception, ni révélations tonitruantes. L’ordinaire, rien que l’ordinaire.

Avec son Log Book initié en 2019, François Sarhan pratique l’autobiographie de façon bien particulière : une observation du monde menée d’un point de vue personnel, par accumulation, mise en musique spontanément, comme croquée sur le vif. Ce carnet de bord infini, aujourd’hui d’une durée de quatre heures, fait écho aux stratégies poétiques de Jacques Roubaud ou à l’« infra-ordinaire » de Georges Perec. Un concert matinal comme un grand journal que l’on feuillette en serpentant dans nos dernières années (in)oubliables, de petits tracas en grandes histoires, en compagnie de le Zafraan Ensemble.

Jeux de l’ouïe

Cela aurait pu être "le jeu de Marseille", jeu de cartes des surréalistes...C'est un flip book musical étonnant, détonnant! Série de saynètes musicales, dramatiques, contées en direct par François Sarhan...Quatre heures durant à potron minet. Belle performance en perspective en compagnie de Zafraan Ensemble. Du texte, narration intime, sorte de récit authentique très personnel, ponctuée ou couverte par la musique toujours écrite. Le canevas fonctionne à merveille, des images vidéo doublant ces couches et nappes sonores à l'envi C'est un calendrier du tendre, une carte du temps géologique qui se déroule: des dates précises de 2020 à 2024.. Des événements marquants, anniversaires, voyages..Le tout étayé de commentaires vivifiants. 


Cimetière, cadenas, platane, tout est pré-texte à jouir des mots, des sons-frissons, des bruits ou babillages de Lilou. Très vivant, direct et touchant, ce spectacle hors norme que l'on déguste en position couchée ou assise est le récit d'aventures. Épopée intime mais largement partagée par un public certes restreint mais très captif. Des scènes corporelles très drôles où contact, rejet, attirances et embrouilles réjouissent et renforcent la narration. François Sarhan en conteur-récitant, officiant de cet événement. Les images du fameux Log Book en contrepoint donnent un côté enluminures médiévales, grimoire et autre parchemin enchanteur. Quasi surréaliste, fantastique, mystique et ésotérique. Une balade sonore dans le temps où la boussole garde le cap, où le capitaine tient la barre. E la nave va! En épilogue de cette longue navigation: "Mais tu dois apprendre à fermer les oreilles": on sait qu'elles n'ont pas de paupières..On va trouver une solution pour les laisser ouvertes!Ça va Sarhanger !


conception, musique et performance | François Sarhan 
performance | François Sarhan, Ensemble Zafraan 
Management Zafraan Ensemble | Sofia Surgutschowa


Zafraan Ensemble
saxophone | Martin Posegga
violon | Emmanuelle Bernard
alto | Josa Gerhard
contrebasse | Jakob Krupp
percussions | Daniel Eichholz
synthétiseur | Clemens Hund-Göschel


production Zafraan Ensemble

Sans doute une similitude incongrue avec "le jeu de Marseille"?


Un hommage plus personnel est rendu à Alfred Jarry, le Père Ubu servant
de joker. Le jeu de cartes de Marseille a été publié pour la première fois
aux États-Unis dans un article de la revue VVV en 1943 puis édité en coffret
en 1983. En hommage à Varian Fry, le jeu est offert au Musée Cantini en
2003 par la fille d’André Breton et de Jacqueline Lamba.
Frédéric Delanglade –