Pour Exit, le chorégraphe flamand Piet Van Dycke a invité quatre spécialistes de disciplines différentes à inventer ensemble un langage commun. Pas d’agrès ni d’accessoires pour cela, mais cinq portes et un mur pivotant. Dans cet espace qui leur réserve des surprises, les artistes entrent et sortent, apparaissent et disparaissent, sautent et tombent, se retiennent et se propulsent, se soutiennent et s’entraident. Tous les quatre se hissent dans les airs, glissent du mur et cherchent un état d’équilibre commun qu’ils finissent par trouver. En jouant de l’intérieur et de l’extérieur, explorer l’environnement et ses obstacles devient une façon d’explorer la relation entre l’individu et le groupe. Selon Piet Van Dycke, le cirque ne consiste pas à réaliser, mais à défier l’impossible : en quête perpétuelle d’interaction, frôlant régulièrement la chute, les circassiens découvrent peu à peu la nécessité de la confiance en l’autre. Une manière de donner une forme physique au vivre-ensemble, dans un spectacle brillant sur l’importance du collectif.
Chacun s'y croise ou évite sa relation. Suspens et élévation au menu sur des plaques glissantes, parois du petit cube qui deviennent hélice tournante de moulin à vent pour ces quatre garçons dans le vent .Le ravi de la crèche, innocent personnage très intrépide s'en donne à coeur joie pour exécuter les figures les plus audacieuses. C'est quasi une piste de skateboard pleine de surprise.Le danger est constant, les prises de risques se succèdent dans un sans faute remarquable. Alors que les complicités se tissent pour devenir berceau de réception faite de confiance et d'acceptation et de soutient de l'autre. On gravit mieux la montagne ensemble dans cet "être ensemble" fort aventureux fait d'expériences physiques remarquables. La musique transporte toujours les corps dans l'éther, éternité spatiale très construite. Le vertige s'empare du spectateur en apnée. Au seuil de cette petite bâtisse, le monde est vaste et la surface de réparation dangereuse. Les couleurs des maillots change, caméléons de camaïeux gris ou verdâtre.Cette folle virée vers des acrobaties proches du rock n'roll ou de la capoeira, du cirque est tonitruante et haletante. En suspension comme eux, on oscille, on bascule dans l'équilibre-déséquilibre permanent. La notion de poids et de contact, fondements des déplacements et appuis se révèle bien opérationnelle et fil conducteur d'une dramaturgie sur le vif, sur la sellette. La chorégraphie de Piet Van Dycke célèbre cette pesanteur-apesanteur en cérémonie burlesque où l'on s'emboite sans claquer les portes ou l'on s'empoigne sans heurt mais dans la joie et la jouissance du partage. "Danser sur moi" disait Nougaro en parlant des planchers de bal si propices à l'échange. Pivot du spectacle, le corps en mouvement défie les chutes et construit une architecture tectonique frissonnante.








