dimanche 21 septembre 2025

installation "Thunder Sheet Machine Le Grand Souffle" Johannes Kreidler : le vent se lève à MUSICA à la HEAR

 


Une installation pensée comme un parcours sonore et visuel à travers le bruit blanc des éléments, du souffle d’air au tonnerre.

Depuis une vingtaine d’années, Johannes Kreidler bouleverse les codes de la création musicale à travers ses performances et ses propositions conceptuelles. Son dernier projet, accueilli avec la HEAR, est une installation mécanisée et s’attache aux conditions physiques et climatiques du son. Souffleurs de jardin, sifflets imprimés en 3D et plaques-tonnerres (thunder sheet) sont quelques-uns des ingrédients d’une installation conçue comme un parcours sonore et visuel à travers le bruit blanc du vent.La 43e édition du festival marque un partenariat fort entre Musica et la HEAR. Au programme de l’événement, dix rendez-vous accueillis dans les espaces de l’école, une exposition à La Chaufferie et une programmation de clôture confiée aux étudiant·es. Ce partenariat marque un engagement commun en faveur de la création contemporaine.


 Le vent se lève en tornade et tempête quand s'ébranle le souffle de curieuses trompes-ventilateurs au souffle de fun dévastateurs. Le public est assis ou en déambulation au sein de la Chaufferie, espace haut de plafond, au volume cubique de white cube ici dévolu à l'accueil de série de panneaux sonores, plaques suspendues à des cintres: de couleurs, en métal résonant dont une machinerie diabolique actionne le rythme par des frappes régulières, sonores, percussives. La matière résonne, haute en couleurs et hauteurs diversifiées. Comme des lambeaux flottant émus par des percussions successives. Des ombres démultipliées dessinent sur les murs des conteurs doubles spectraux, fantomatiques discrets. Des perspectives s'ajoutent ainsi à la lecture très physique que l'acteur-spectateur déclenche en lui. Des sifflets à disposition du public pour couvrir le son du vent, des frappes et enjouer l'atmosphère pas toujours sereine de cette installation. Cela pourrait se dérouler dans un désert aux confins de dunes de sables venteuses. On déambule ou songe à ces paysages fait de lumières, de grains de minéral, de souffle indomesticable. L"ambiance est à la méditation qui se laisse surprendre par les interventions d'une machinerie ingénieuse commandée par une technologie savante. Du bel ouvrage pour cette tempête sonore loin d'être dans un verre d'eau. L'air de rien ce dispositif ne manque pas de souffle et les effets de couleurs ondoyants, les respirations de ces petits fragments de métal évoqueraient les palpitations et vibrations de cage thoracique, de poumons du monde en régulation constante.


L’installation de Johannes Kreidler est pensée comme un parcours sonore et visuel à travers le bruit blanc des éléments, du souffle d’air au tonnerre. Dans le cadre du festival Musica.

Depuis une vingtaine d’années, Johannes Kreidler bouleverse les codes de la création musicale à travers ses performances et ses propositions conceptuelles. Son dernier projet, accueilli par la HEAR avec Musica, est une installation mécanisée et s’attache aux conditions physiques et climatiques du son, et plus particulièrement à différentes qualités de souffle. Ventilateurs, sèche-cheveux ou plaques-tonnerres (thunder sheet) sont quelques-uns des ingrédients d’une installation conçue comme un parcours sonore et visuel à travers le bruit blanc du vent. 

HEAR Chaufferie MUSICA jusqu'au 5 Octobre

samedi 20 septembre 2025

Concert" Elja" Kronos Quartet Benedicte Maurseth Kristine Tjøgersen : la transparence à l'infini du violon norvégien

 


Depuis plus de 50 ans, le Kronos Quartet a constamment cherché à élargir le champ des possibles. Son répertoire comprend les chefs-d’œuvre de la musique américaine pour quatuor à cordes, mais également de nombreux projets tournés vers les musiques populaires ou traditionnelles de tous les continents.

En 2025, le quatuor collabore avec les Norvégiennes Benedicte Maurseth et Kristine Tjøgersen. Toutes deux compositrices, la première dans le registre des musiques traditionnelles et populaires, la seconde dans le champ de la création contemporaine, elles créent ensemble Elja, une œuvre inspirée de la musique folklorique nordique. Sur scène, les quatre membres du quatuor accompagnés au violon et au chant par Benedicte Maurseth utilisent des instruments à cordes Hardanger — instruments traditionnels norvégiens —, se différenciant notamment des instruments classiques en ce qu’ils sont munis de cordes sympathiques et ornés de motifs en marqueterie. La fusion musicale qui en découle est renforcée par une partie électronique composée de sons naturels enregistrés dans des paysages reculés du pays.

Benedicte Maurseth, Kristine Tjøgersen
Elja (2025) 

C'est l'église ST Paul qui abrite le premier concert de "quatuor" de MUSICA 2025 et c'est un écrin sonore et architectural puissant comme la musique qui va nous être délivrée une heure durant en cette "cathédrale" du son et de l'espace lumineux. Kronos Quartet interprète ici une oeuvre rare composée par un tandem tout aussi étrange: deux compositrices inspirées par la nature autant que par le monde de la musique dite contemporaine. Une oeuvre lumineuse aux accents très contrastés, oscillant entre force tellurique et discrétion infime et imperceptible de sons crées pour ces instruments à cordes. Bordés d'images magnifiques évoquant des paysages nordiques, des arbres mouvants aux eaux transparentes de rivières joyeuses. Des instants de grâce époustouflants où l'on perd pied, où l'on prend son envol vers des espaces infinis de notes disséminées dans l'espace. Le jeu des musiciens est tendu, concentré sur le moindre détail d'écriture: l'interprétation vécue comme un partage de risque et de rareté étonnant. C'est dire si le voyage est presque trop bref, le temps de s'immerger dans les eaux changeantes de ces courants transparents de bulles tournoyantes d'eau claire. La lumière auréolant ainsi le quatuor comme un phare inspirant et flatteur. Une heure de délice d'écoute collective, bordée par des chants d'oiseaux lointain et la voix de Benedicte Maurseth.

Distribution

Kronos Quartet

violon David Harrington, Gabriela Díaz
alto Ayane Kozasa
violoncelle Paul Wiancko

violon Hardanger Benedicte Maurseth

lumières, vidéo Evelina Dembacke

A ST Paul le 20 Septembre dans le cadre du festival MUSICA 

© Ingo Biermann
© Ingo Biermann

" The Sad Album" Laura Bowler collectif lovemusic : Condoléances sincères....

 


Auréolé du Prix de la Fondation Ernst von Siemens de l’ensemble en 2025, le collectif strasbourgeois lovemusic invite la compositrice et chanteuse anglaise Laura Bowler.

The Sad Album est une plongée dans les recoins les plus sombres, absurdes et tendres du deuil. Réunissant Laura Bowler et les musicien·nes de lovemusic sur scène, ce spectacle nous invite dans un salon habité d’histoires personnelles, chargées de frustrations, de rage et de complicités.

“The Sad Album, c’est une multiplicité de chagrins. Chaotique, bouleversant, beau, parfois déclencheur, toujours touchant.
The Sad Album est une lutte pour atteindre la vérité du deuil.
The Sad Album est une tentative de retirer le masque du deuil pour en toucher le noyau.
The Sad Album, c’est une heure de désordre maîtrisé autour de l’impossibilité de définir comment l’on doit faire son deuil.
The Sad Album, c’est l’absence.
The Sad Album est une nouvelle pièce de théâtre musical qui explore les chemins et les masques du deuil.
The Sad Album interroge la manière dont nous fuyons — ou affrontons — le deuil.
The Sad Album, c’est être heureux de parler de ce qui nous rend tristes.”
Laura Bowler

Comment faire passer, communiquer émotions, dérèglements et disfonctionnement de tout un être à la suite d'un décès d'un très proche? En musique, en chantant, en se regroupant pour faire de cette épreuve un passage quasi joyeux, communicatif et rayonnant. Cela tient pour l'essentiel à la présence de cette femme audacieuse autant que modeste qui partage douleurs et joie en notre présence, entourée de compagnons artistes complices. Elle, c'est une conteuse, chanteuse , Laura Bowler, fragile autant que forte en propos et mélodies d'emprunt. Encadrée et soutenue par ses partenaire de Lovemusic qui font une première apparition en spectres tout de noir recouverts pour annoncer le deuil. Le voile se soulève d'emblée pour laisser place à un texte dit et psalmodié de toute beauté sur la mort, ses contours, ses rebonds, ses répétitions en onomatopées, en rayures comme celle d'un 33 tours qui déraille sur la platine.Des images morcelées circulent sur un écran vidéo en fond de scène, des cartes de condoléances bien kitch, des visuels vintage pour accompagner les condoléances de bienséance sociale. Tout est savamment détourné: la douleur devient communion possible, le regret s'évacue, la peur et la tristesse ne submergeront pas notre chanteuse qui de toute sa superbe voix de soprano irrigue texte et musique. En renfort, les autres musiciens soutiennent, épousent celle qui se libère peu à peu de son traumatisme.Et l'on passe en leur compagnie le grand fleuve de la mort sans y perdre sa raison. La camarde a fauché, les foins seront généreux et fertilisant. En partage, la musique mise en scène et en image par Lovemusic fait office de passerelle, de tremplin pour s'envoler à tire d'ailes au plus haut des pensées libératrices. Un très beau moment à méditer encore en résonance...

The Sad Album (2025)

composition, texte Laura Bowler
mise en scène Sam Redway
développement électronique Matthew Fairclough

Distribution

lovemusic

flûte Emiliano Gavito
clarinette Adam Starkie
violon Emily Yabe
violoncelle Céline Papion
guitare Christian Lozano Sedano
percussions Marin Lambert
électronique Finbar Hosie

voix Laura Bowler

A la HEAR le 20 Septembre dans le cadre du festival MUSICA