samedi 27 septembre 2025

Heure musicale - "La Ballade : Lieder et Mélodrames": Emmènez moi au pays des merveilles...

 


Nous avons le plaisir de vous emmener en Bal(l)ades... et vous faire découvrir, en concert, un genre musical qui a inspiré les plus grands compositeurs comme Schubert, Schumann, Brahms, Loewe, Liszt, …
Des écrivains tels que Bürger, Goethe, Mörike, Herder, Victor Hugo, y ont trouvé matière à déployer des scènes fantastiques et terrifiantes, toujours baignées d’irréel, à développer ces thèmes et ces images d'un Moyen Âge tel que l'a rêvé l’imaginaire romantique.

Les compositeurs romantiques, ont puisé dans ces récits essentiellement tirés du fonds mythologique nordique, pour créer des Lieder (un chanteur  accompagné au piano) et des Mélodrames (texte déclamé par un comédien avec un accompagnement de piano).
Notre programme vous invite à découvrir quelques chefs d’œuvre de ce genre.
L’interprétation de ballades pour piano seul ponctue
les différentes parties de notre programme.


Frissons, épouvante, fantastique, mais aussi poésie et humour garantis !

Samedi 27 septembre au Temple Neuf à 16h30
Pl. du Temple Neuf, 67000 Strasbourg

Quelle idée judicieuse que d'introduire avant chaque lieder, la traduction jouée et interprétée par le fameux comédien Jean Lorrain: de quoi se régaler des mélodies chantées par René Schirrer et accompagnées au piano par Luc Benoit !Une totale réussite, un concert qui relie peur, histoires fantastiques et terrifiantes, angoisses et fureur d'un univers traversé par l'émotion musicale. Romantique, "Sturm und Drang"l'atmosphère est inquiétante, bordée de suspens et les paroles émises par Jean Lorrain prennent corps avec gravité autant qu'avec sourire et humour. Trois parties composent ce récital, du "lugubre au macabre" jusqu'au "fantastique et humoristique" en passant inévitablement par "le sinistre et le fantastique". Trois chapitres palpitants, haletants et plein de verve et de talent. Les traductions des textes, précises et fidèles, l'interprétation judicieuse de chacun fait de ce concert un bijou de programmation élaborée avec intelligence et justesse. On y redécouvre un répertoire, autant qu'on y déguste des morceaux de choix peu connus. Alors les deux "bis" ou rappels en sus débordent de générosité et de plaisir partagé.

 

PROGRAMME  du concert "La Ballade - Lieder et Mélodrames"

La ballade lugubre et macabre…

  1. Edward                                                         Lied de Loewe

  2. Der Zwerg                                                    Lied de Schubert

  3. Les Fugitifs (Die Flüchtlinge )                   Mélodrame de Schumann

  4. Pièce pour piano : Ballade op. 10, n°1 de Brahms

      « Nach der schottischen Ballade Edward »


La ballade sinistre et fantastique…

  5. Erlkönig                                                          Lied de Schubert

  6. Der Feuerreiter                                             Lied de Wolf

  7. Le Moine Triste (Der traurige Mönch)         Mélodrame de Liszt

  8. Pièce pour piano : Ballade op. 118, n°3 de Brahms


La ballade fantastique et humoristique…

  9. Le Pas d’Armes du Roi Jean                       Mélodie de Saint-Saens

10. Die wandelnde Glocke                                 Lied de Loewe 

 11. Tom der Reimer                                            Lied de Loewe 


vendredi 26 septembre 2025

"Nexus de l’adoration" de Joris Lacoste : un carnaval chatoyant, un voging musical décapant inoxidable.

 


Créé avec succès au Festival d’Avignon en juillet, le dernier projet de Joris Lacoste est un spectacle « pop-liturgique » sur l’hétérogénéité de nos modes d’existence et de nos expériences du monde.

Nexus de l’adoration imagine un nouveau culte pour notre temps, une religion de l’inclusivité maximale dont le principe serait d’embrasser toutes les formes de vie (et de non-vie), de respecter toutes les manières d’être, de célébrer toutes les choses : une cigarette électronique et un amas galactique, une mitochondrie et le dernier son de Jul, un cerf dans la brume et un orgasme multiple, un triple-double de Simone Biles et une fausse moustache, une motion de censure et un grec complet sauce algérienne. Cette multiplicité radicale est une condition de notre temps. Réunissons-nous pour inventer la cérémonie qui la célébrerait.


 Un nexus est une connexion, généralement là où de multiples éléments se rencontrent.Lien, liaison, communion, tout contribue ici à tisser des relations entre les protagonistes, les situations, les disciplines artistiques requises pour faire union, réunion, assemblée, forum, agora ....Alors voici un portail grand ouvert pour passe murailles incultes mais épris  de cérémonies spirituelles d'un genre nouveau..La scène devient lieu de partage et de communion pour une tribu, une gentille horde, une meute docile et bien dressée à de nouveaux instruments de foi et de croyances...Une célébration païenne se profile au fur et à mesure dans l'arène scénique où chacun existe, connecté, relié comme cette fleur "la renouée". C'est la danse, la chorégraphie qui soude l'ensemble dépareillé de cette fresque épique et picaresque à la diable.Les officiants de cette grand-messe sans nef ni clocher  sont unis par une singulière parole, des gestes mesurés, souples aléatoires dans ce grand espace ouvert, habité par les musiciens et leurs instruments. La musique, hybride et déjantée sourd de cette assemblée explosive qui rayonne, bon-enfant, bienveillante.Comédie musicale ou divertissement savant, cet opus est source de diversité, d'engagement pour œuvrer vers un langage commun que chacun peut utiliser à sa guise pour naviguer sur cette mer intranquille.Nexus sera le dieu des divergences, du soulèvement jubilatoire des corps vêtus de lambeaux chatoyants, d'un pelage quasi animal révélant nos inclinaisons vers d'autres mondes.De ce joyeux fatras ambiant, cette cavalcade intranquille colorée et burlesque, on ressort essoré mais ni blanchi ni repassé: pas de manières, de codes imposés pour cette représentation d'une cour des miracles utopique, ludique. Les règles du jeu ne sont pas communion solennelle ni repentir ou confession: si une nouvelle religion est née c'est une façon d'être plurielle, La parole n'est pas divine, elle est danse et musique, expression de l'altérité dans une agora rythmique facétieuse. Au final de ces deux heures d'office pour pèlerins assoiffés, encore quelques injonctions en direction du public: en voulez-vous, en voilà de farces et attrapes de comédie humaine bien relevée. "J'adore....." aurait chanté Katerine!
 
Conception, texte, musique, mise en scène, chorégraphie Joris Lacoste

scénographie, lumières Florian Leduc
collaboration à la danse Solène Wachter
collaboration musicale et sonore Léo Libanga
costumes Carles Urraca


Distribution

interprétation et participation à l’écriture Daphné Biiga Nwanak, Camille Dagen, Flora Duverger, Jade Emmanuel, Thomas Gonzalez, Léo Libanga, Ghita Serraj, Tamar Shelef, Lucas Van Poucke

son Florian Monchatre
assistanat à la mise en scène Léo Libanga, Raphaël Hauser
régie générale Marine Brosse
stagiaire Seydou Grépinet

 


Au Maillon les 26 et 27 Septembre  dans le cadre du festival MUSICA





jeudi 25 septembre 2025

Anna Gaïotti( LOVALOT) a la rage au corps et le soulèvement comme credo

 


Rage

Anna Gaïotti est performeuse, musicienne et poète. Elle fabrique une écriture chorégraphique et musicale qui relie texte et corps endossant humanités et inhumanités. RAGE est un une création pour lequel elle rassemble Clément De Boever (performeureuse), Léo Dupleix et Jean Bender (compositeurs et musiciens), Sonia Saroya (artiste visuelle). Le public est invité à être autour, actif par sa seule présence, intégré comme un paysage vivant. La pièce met en lumière différents mouvements de rage, allant des impressions individuelles et communes aux réalités symptomatiques biologiques et politiques. Dans RAGE, le temps est celui de l’urgence et de la résilience. Dans cette danse il y a les gestes de collisions, de morsures, de chutes, de fièvre, de vertige, faire chuter les fondations sociales au fond du corps, troubler les contours du corps.

Quant la rage est loin d'être agressivité, combat interne indécent ou thérapie publique, elle est expression d'une rare présence ici en proximité confidentielle, le long de ce dispositif en estrade et aligné de plain-pied dans le studio de Pole Sud. Deux interprètes, homme et femme de noir vêtus disposent de cet espace singulier , les deux musiciens postés à l'opposé faisant résonner électro-acoustique et instrument proche de l'épinette ou du clavecin, un "virginal"aux cordes pincées. Dans des compositions lumineuses rarissimes venant auréoler les poses et attitudes des danseurs, les évolutions de part et d'autres de ces deux derniers font office de dessins, d'enluminures de grande qualité. Les leurres ainsi rendus sur les contours des corps mouvant ou au repos sont de toute beauté. Bras et mains au diapason pour ces deux êtres hybrides qui ne font plus qu'un.Rare est cet engouement pour l'irréel, le corps en mutation ou métamorphose constante. Les regards impassibles, lointains malgré la grande proximité physique avec le public au coeur du dispositif scénique. Lui est puissant à l'envergure des bras démesurée et enveloppante. Elle est plus versatile, tétanique dans ses mouvements anguleux, rectilignes ou proche d'un qi kong dansé en équilibre constant sur des orteils déployés comme autant d'appuis bénéfiques et volages. De fortes percussions des pieds au sol pour prolonger les rythmes du virginal, ensemble, rebondissant à l'envi.Debout, parfois au sol en roulade ou enchevêtrés, ils dansent avec énergie, détermination et beaucoup de précision temporelle. La musique se fait répétitive et leurs geste épousent cette continuelle et enivrante reprise comme entêtée, pugnace, versatile aussi. Une composition musicale et chorégraphique singulière, originale où l'on se prend à songer que la révolte ou de dépassement, l'indignation sont loin d"être ce soulèvement à la Didi Huberman que nous proposent Anna Gaiotti et Clément De Boever.

 

A Pole Sud le 24 Septembre dans le cadre du festival MUSICA

 

 

Conception : Anna Gaïotti
Chorégraphie incitée du texte La Rabbia de Pier Paolo Pasolini : Anna Gaïotti avec la collaboration de Clément De Boever
Danse, performance : Clément De Boever, Anna Gaïotti
Composition et musique live : Léo Dupleix (Virginal), Jean Bender (électronique modulaire)
Création et régie lumière : Sonia Saroya, Agathe Patonnier
Sonorisation et régie son : Étienne Foyer