dimanche 28 septembre 2025

"The People united will never be defeated !" Hymens...Hymnes à la liberté.


RÉCITAL:À partir du chant révolutionnaire chilien El pueblo unido jamás será vencido (Le peuple uni jamais ne sera vaincu), Frederic Rzewski compose en 1975 une œuvre majeure du piano contemporain.

En 36 variations d’une étonnante liberté et d’une beauté intense, c’est l’histoire des luttes du XXe siècle qu’il fait résonner, comme l’illustrent deux autres mélodies qui habitent la pièce, le Bandiera Rossa italien et l’hymne antifasciste Solidaritätslied de Hanns Eisler. « Elles apparaissent, écrivait le compositeur, pour mieux souligner les similitudes entre les menaces fascistes présentes et passées, et insister sur l’importance d’en tirer les leçons. »


Frederic Rzewski
, The People United Will Never Be Defeated! (1975) piano | Ralph van Raat

Il est seul en compagnie d'une mélodie fétiche des libertaires. Seul mais avec 36 versions de cet hymne à la liberté et le voila, ce virtuose à exécuter par cœur sans partition cette œuvre atypique.L'originale version fait figure de prologue, d'introduction à toutes celles qui vont prolonger notre écoute et varier selon hauteur, rythme, ton et autres modalités de facture de composition. Tantôt version "romantique",  à petits pas légers, foisonnante, à la dérive, divagations, chemins de traverse et sentiers de l'âne. C'est surprenant et envoutant, la mélodie s'effaçant devant l'inventivité et l'ingéniosité du compositeur. Prolongement, adaptation de l'hymne en font de multiples interprétations , fluides ou segmentées, colorées ou vindicatives. Toujours dans des tonalités qui échappent à la formule d'origine. La dramaturgie de l'ensemble nous proposant un savoureux cocktail sensitif et émotionnel. En glissements, soubresauts et autres systèmes ingénieux de fabrication musicale. Parfois version mondaine de salon, ou agressive et virulente proposition populaire et militante. De quoi réjouir tout un public réuni ce matin là salle Ponnelle par curiosité et appartenance politique diversifiée. Distingué ou affolé voici ce slogan chanté en mode transformation et mutation perpétuelle et permanente. Soulèvement ou berceuse, on pénètre dans divers univers culturels, géographiques et sur d'autres continents. Ces variations virtuoses, alertes, pleine de tonus troublent et engendrent une réelle empathie avec l'oeuvre. De toutes ces évasions, on retourne au sol en un atterrissage soigné: retour aux sources de l'inspiration première, fondement de cette gigantesque proposition musicale. Ralph van Raat au sommet de son génie d'interprète. En rappel, une oeuvre de Debussy et d'un compositeur hollandais, généreuses prestations supplémentaire impressionnantes, toujours par "corps", par coeur!

Au Munsterhof dans le cadre du festival MUSICA  le 2 OCTOBRE 8H 30

Quatuor Bozzini : tout un programme, vivier québecois prometteur!

 


Un panorama de la création musicale canadienne par le Quatuor Bozzini.

Le Quatuor Bozzini est une voix originale en Amérique du Nord. Moteur de la scène montréalaise, la formation cultive le goût de la recherche artistique, de l’expérimentation et s’aventure hors des sentiers battus. À Strasbourg, il présente un programme de découverte de la création musicale canadienne autour de Nicole Lizée et Cassandra Miller, de la chanteuse et compositrice inuite Tanya Tagaq et de Claude Vivier, compositeur canadien majeur, disparu prématurément au début des années 1980.

Tout un programme riche en diversités et signatures musicales remarquables

Tanya Tagaq et sa pièce Sivunittinni (2015) arr. Jacob Garchik engendre des sonorités et des façon d'utiliser l'archet pour émettre des sons fabuleux, étranges, bordés d'effets spéciaux pour inventer une ambiance singulière.

Avec Cassandra Miller et Leaving (2011)c'est une oeuvre très inspirée des singularités de Steve Reich dans l'utilisation des cordes tendues vers une acoustique feutrée et unique.

A nouveau Cassandra Miller avec Warblework (2011 / 17) donne aux interprètes l'occasion de rendre au quatuor toute la richesse d'un ensemble qui garde son altérité : les quatre musiciens complices de cet opus intriguant.

Nicole Lizée pour Hexbreakers (2022) confirme ses talents de composition que l'on découvre tout au long du festival et Claude Vivier avec Pulau Dewata (1977)délivre des nuances musicales toute de diversité et surprise tenant l'auditeur en alerte et en complice

Quatuor Bozzini

violon Clemens Merkel, Alissa Cheung
alto Stéphanie Bozzini
violoncelle Isabelle Bozzini

Au Bouclier dans le cadre du festival MUSICA le 28 septembre



MUTEK #2 Quatuor Bozzini | Sixtrum | Kara-Lis Coverdale | Guillaume Coutu Dumont et Line Katcho | France Jobin : un monde poly-sons

 


MUTEK est l’un des plus importants festivals internationaux dédiés aux musiques innovantes. Depuis 2000, il se produit chaque année au mois d’août dans le Quartier des spectacles de Montréal.

Invité dans le cadre d’une « prospective Québec/Canada », MUTEK propose un véritable festival dans le festival en une soirée. À travers un programme ambient dans l’église Saint-Paul, haut-lieu des soirées contemplatives de Musica, sont présentés des artistes qui font aujourd’hui vibrer la scène canadienne.

La 25e édition de MUTEK Montréal 2025 s’est achevé, marquant un quart de siècle d’inspiration, de réflexion et de créativité. Cet anniversaire symbolise bien plus qu’une simple célébration : c’est le début d’une nouvelle ère.

Cette nouvelle ère se justifie par les transformations profondes initiées cette année. Que ce soit à travers l'intégration accrue des technologies émergentes, l'accent mis sur l'inclusivité, ou l'exploration de nouvelles formes artistiques, nous avons redéfini ce que signifie être un festival.

Il s'agit d'un engagement à ne pas seulement suivre les tendances, mais à les anticiper et à les façonner. Fidèles à un esprit d’innovation, il se réinvente pour tracer de nouvelles voies,  invitant à explorer des territoires inconnus et à laisser libre cours à aux émotions. L’heure est venue d’entamer le prochain cycle.

Le Festival ne cesse de se transformer, construisant un écosystème global d’idées et de propositions artistiques, où chaque participant·e joue un rôle clé. Il est appelé à faire partie d’un ensemble pluriel, à imaginer des lendemains qui ouvrent de nouvelles opportunités pour les générations à venir.

Alors en avant pour plus de trois heures de show dans l'écrin vouté de S T Paul, scénographié de lumières orangées et rouges. Le feu et l'embrassement des notes au programme de cet événement où l'on est invité à s'asseoir à terre et à déguster des sons inédits.

Quatuor Bozzini + Sixtrum

En première partie, le quatuor à cordes Bozzini et l’ensemble à percussion Sixtrum, tous deux basés à Montréal, proposent un programme court autour de Folk noir/Canadiana (2018) de Nicole Lizée, une œuvre qui incarne un des aspects de la culture musicale contemporaine canadienne : le dialogue entre différents registres musicaux, qu’ils soient populaires, expérimentaux ou contemporains. Un régal d'audaces sur fond d'images vidéo, sorte de collage d'images surréalistes, cadavre exquis d'icônes de jeu de cartes, de bandes colorées émergents de fissures dans du papier de partitions. Tout un univers décalé s'ouvre à nous dans cette coirte pièce très imagée où l'on se perd à rêver d'un univers à la Lawis Carol.


Kara-Lis Coverdale

Pianiste, organiste et compositrice, Kara-Lis Coverdale est une des sensations de la scène minimaliste et expérimentale au Canada. Tout en évoluant comme organiste et cheffe de chœur dans différentes paroisses canadiennes depuis l’âge de 13 ans, elle a développé une trajectoire artistique singulière et une identité musicale contemplative, spectrale et organique. Après Kali Malone, Ellen Arkbro, Sarah Davachi et Claire Singer, elle complète la cartographie des « divas de l’orgue » dressée à travers la programmation de Musica au cours des dernières éditions.Il faut la voir en contre-plongée, longue chevelure déployée, oscillant sans cesse entre ses claviers. C'est une atmosphère onirique, planante et débordante d'énergie face à ce buffet d'orgue monumental qu'elle transforme en instrument à vent dans une tempête et des accalmies sonores sidérantes.



Guillaume Coutu Dumont & Line Katcho


Guillaume Coutu Dumont et Line Katcho s’unissent pour créer une expérience immersive où la musique électronique rencontre l’art visuel. Guillaume Coutu Dumont, compositeur et musicien montréalais, apporte sa maîtrise des rythmes organiques et des textures électroniques, tandis que Line Katcho, artiste audiovisuelle, enrichit cette collaboration avec des paysages visuels enveloppants et une approche expérimentale du son. Ensemble, ils explorent les frontières entre le sonore et le visuel. Les images mouvantes, spectrales très chaleureuses s'éparpillent et s'épanouissent sur l'écran de fond de scène. Pièces après pièces courtes, les images se précisent, des architectures futuristes dignes de BD de science fiction se font hallucinantes et très proches d'un contexte de fin du monde, d'apocalypse inévitable.Les deux complices naviguent sereins dans cet univers musical fait de basses et de vibrations. Tenant en haleine le public qui persiste dans une démarche d'écoute et d'ouverture sans égal: pour preuve, le parterre est encore plein et les esprits imprégnés d'étrangeté continuent ce voyage au bout de la nuit

France Jobin

Artiste sonore, compositrice et curatrice basée à Montréal, France Jobin développe une pratique singulière à la croisée de l’art sonore et de la recherche électroacoustique. S’inscrivant dans une esthétique minimaliste, son travail est souvent qualifié de « sculpture sonore ». Elle explore avec finesse les interactions entre sons analogiques et numériques, donnant naissance à des paysages auditifs subtils et profonds. Ses installations immersives, à la fois musicales et visuelles, dialoguent étroitement avec l’architecture des lieux investis, invitant le public à une expérience d’écoute attentive et sensorielle.Elle est seule aux consoles, auréolée de lumières, debout et très studieuse. Face à nous, imperturbable magicienne de vibrations multiples et de résonances accrues selon le point de vue corporel qu'on y engage. Invité à divaguer et se perdre dans les volumes et décibels, le public déambule, spectre noctambule, animés de fatigue, ectoplasmes bien vivants dans ce monde fantaisiste .

Nicole Lizée
Folk noir/Canadiana (2018)

arr. Isabelle Bozzini et Fabrice Marandola

Alexandre Amat, Simon Chioini
Dissolution (2024)

Kara-Lis Coverdale
From where you came (2025)

Guillaume Coutu Dumont, Line Katcho
Les Empires (2025)

France Jobin
Inter/sperse (2018)

Quatuor Bozzini

violon Clemens Merkel, Alissa Cheung
alto Stéphanie Bozzini
violoncelle Isabelle Bozzini

Sixtrum

percussions João Catalão, Catherine Cherrier, Philip Hornsey, Kristie Ibrahim, Fabrice Marandola, Stuart Jackson

orgue, électronique Kara-Lis Coverdale
électronique Guillaume Coutu Dumont
vidéo Line Katcho
installation sonore, électronique France Jobin



Les Empires © Jean-François Brière
France Jobin © Karlina Knezin


 

en partenariat avec MUTEK et Le Vivier (QC/CA)
avec le soutien des Délégations générales du Québec à l’étranger, du Conseil des Arts et des Lettres du Québec, du Conseil des arts du Canada et de l’Institut Français

Les Empires bénéficie d’un accompagnement dans le cadre du projet Itérations immersives de MUTEK réalisé grâce à l’appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec.

   
A ST Paul le 27 Septembre dans le cadre du festival MUSICA