Invité dans le cadre d’une « prospective Québec/Canada », MUTEK
propose un véritable festival dans le festival en une soirée. À travers
un programme ambient dans l’église Saint-Paul, haut-lieu des soirées
contemplatives de Musica, sont présentés des artistes qui font
aujourd’hui vibrer la scène canadienne.
La 25e édition de MUTEK Montréal 2025 s’est achevé,
marquant un quart de siècle d’inspiration, de réflexion et de
créativité. Cet anniversaire symbolise bien plus qu’une simple
célébration : c’est le début d’une nouvelle ère.
Cette nouvelle ère se justifie par les transformations
profondes initiées cette année. Que ce soit à travers
l'intégration accrue des technologies émergentes, l'accent mis sur
l'inclusivité, ou l'exploration de nouvelles formes artistiques, nous
avons redéfini ce que signifie être un festival.
Il s'agit d'un engagement à ne pas seulement suivre les
tendances, mais à les anticiper et à les façonner. Fidèles à un esprit d’innovation, il se réinvente pour tracer de nouvelles
voies, invitant à explorer des territoires inconnus et à laisser
libre cours à aux émotions. L’heure est venue d’entamer le prochain
cycle.
Le Festival ne cesse de se transformer, construisant un
écosystème global d’idées et de propositions artistiques, où chaque
participant·e joue un rôle clé. Il est appelé à faire partie
d’un ensemble pluriel, à imaginer des lendemains qui ouvrent de
nouvelles opportunités pour les générations à venir.
Alors en avant pour plus de trois heures de show dans l'écrin vouté de S T Paul, scénographié de lumières orangées et rouges. Le feu et l'embrassement des notes au programme de cet événement où l'on est invité à s'asseoir à terre et à déguster des sons inédits.
Quatuor Bozzini + Sixtrum
En
première partie, le quatuor à cordes Bozzini et l’ensemble à percussion
Sixtrum, tous deux basés à Montréal, proposent un programme court
autour de Folk noir/Canadiana (2018) de Nicole Lizée, une œuvre
qui incarne un des aspects de la culture musicale contemporaine
canadienne : le dialogue entre différents registres musicaux, qu’ils
soient populaires, expérimentaux ou contemporains. Un régal d'audaces sur fond d'images vidéo, sorte de collage d'images surréalistes, cadavre exquis d'icônes de jeu de cartes, de bandes colorées émergents de fissures dans du papier de partitions. Tout un univers décalé s'ouvre à nous dans cette coirte pièce très imagée où l'on se perd à rêver d'un univers à la Lawis Carol.
Kara-Lis CoverdalePianiste,
organiste et compositrice, Kara-Lis Coverdale est une des sensations de
la scène minimaliste et expérimentale au Canada. Tout en évoluant comme
organiste et cheffe de chœur dans différentes paroisses canadiennes
depuis l’âge de 13 ans, elle a développé une trajectoire artistique
singulière et une identité musicale contemplative, spectrale et
organique. Après Kali Malone, Ellen Arkbro, Sarah Davachi et Claire
Singer, elle complète la cartographie des « divas de l’orgue » dressée à
travers la programmation de Musica au cours des dernières éditions.Il faut la voir en contre-plongée, longue chevelure déployée, oscillant sans cesse entre ses claviers. C'est une atmosphère onirique, planante et débordante d'énergie face à ce buffet d'orgue monumental qu'elle transforme en instrument à vent dans une tempête et des accalmies sonores sidérantes.
—
Guillaume Coutu Dumont & Line Katcho

Guillaume
Coutu Dumont et Line Katcho s’unissent pour créer une expérience
immersive où la musique électronique rencontre l’art visuel. Guillaume
Coutu Dumont, compositeur et musicien montréalais, apporte sa maîtrise
des rythmes organiques et des textures électroniques, tandis que Line
Katcho, artiste audiovisuelle, enrichit cette collaboration avec des
paysages visuels enveloppants et une approche expérimentale du son.
Ensemble, ils explorent les frontières entre le sonore et le visuel. Les images mouvantes, spectrales très chaleureuses s'éparpillent et s'épanouissent sur l'écran de fond de scène. Pièces après pièces courtes, les images se précisent, des architectures futuristes dignes de BD de science fiction se font hallucinantes et très proches d'un contexte de fin du monde, d'apocalypse inévitable.Les deux complices naviguent sereins dans cet univers musical fait de basses et de vibrations. Tenant en haleine le public qui persiste dans une démarche d'écoute et d'ouverture sans égal: pour preuve, le parterre est encore plein et les esprits imprégnés d'étrangeté continuent ce voyage au bout de la nuit
France Jobin
Artiste
sonore, compositrice et curatrice basée à Montréal, France Jobin
développe une pratique singulière à la croisée de l’art sonore et de la
recherche électroacoustique. S’inscrivant dans une esthétique
minimaliste, son travail est souvent qualifié de « sculpture sonore ».
Elle explore avec finesse les interactions entre sons analogiques et
numériques, donnant naissance à des paysages auditifs subtils et
profonds. Ses installations immersives, à la fois musicales et
visuelles, dialoguent étroitement avec l’architecture des lieux
investis, invitant le public à une expérience d’écoute attentive et
sensorielle.Elle est seule aux consoles, auréolée de lumières, debout et très studieuse. Face à nous, imperturbable magicienne de vibrations multiples et de résonances accrues selon le point de vue corporel qu'on y engage. Invité à divaguer et se perdre dans les volumes et décibels, le public déambule, spectre noctambule, animés de fatigue, ectoplasmes bien vivants dans ce monde fantaisiste .