lundi 17 novembre 2025

Hugo Meder et Arthur Hinnewinkel avec l’AJAM violon – piano: fougue et intimité automnale.


 Artiste généreux au jeu raffiné, chambriste accompli, le violoniste Hugo Meder vient de graver un disque unanimement salué par la critique avec son Trio Pantoum, dont il est le fondateur. Le pianiste Arthur Hinnewinkel, quant à lui, est lauréat du prix Thierry Scherz en 2024, primé au Concours Reine Elisabeth en mai 2025 et a consacré un enregistrement à l’œuvre concertante de Robert Schumann.


Leur passion commune pour le compositeur allemand prend forme à travers deux œuvres majeures, dont l’énigmatique Sonate no 3, ainsi que la Sonate no 2. Quant à Franz Schubert, autre grande figure de la période, il étendra vers des horizons poétiques la complicité de cette réjouissante collaboration.

Un violon classe et chaleureux. 
Un pianiste imaginatif au toucher ensorcelant. 

Avec pour démarrer le concert une oeuvre de Robert Schumann, "Sonate n° 3 en la mineur WoW027": ce duo de musiciens amoureux et passionnés de musique romantique investit l'église protestante de Bischwiller, nichée aux confins de la bourgade: ambiance crépusculaire du soir qui présage d'un parfum et d'une lumière musicale automnale, romantique, précieuse et nostalgique. Deux interprètes hors pair pour un répertoire audacieux, virtuose qui nous fait voyager dans les contrastes de la musique de Schumann avec doigté, précision et beaucoup de professionnalisme. La dextérité et la technique sans faille aux bouts des doigts voici nos deux "alsaciens" de souche, Hugo Meder et Arthur Hinnewinkel, dans l'arène de la volupté parfois acre et très tonique d'une musique très inspirée: fougue et vitesse, ralentis et douceur pour cette oeuvre écrite dans la douleur par le compositeur atteint d'une longue maladie. Les soubresauts, les écarts des mouvements qui s’égrènent renforcent une dramaturgie musicale puissante et émouvante. Les voir en complices, vivre et incarner cette partition très habitée est un plaisir et une épreuve émotive sans précédent.


De Franz Schubert, "la Sonate en la majeur, op. 162" succède , un choix judicieux pour faire se rejoindre les oeuvres de deux auteurs-compositeurs voisins et quelque part frères d'inspiration et d'écriture. Plus douce et tendre, cette oeuvre semble grandir au fur et à mesure, additionnant les mouvements dans des fractures ou selon, une continuité salvatrice. Le violon murmure ou exulte, le piano frémit, résonne et vibre de tout son corps d'instrument percussif. Les deux complices, toujours aux aguets, pétris de musicalité, attentifs à toutes les nuances de la partition qu'ils maitrisent par corps, par coeur.


De Robert Schumann, la "Sonate n° 2 en ré mineur, op. 121" est au final de ce concert de choix, une oeuvre d'un Schumann éperdu de force quasi brutale dans les entrées en matière, puissance du violon qui même pincé, exprime fragilité et souffrance. Tandis que les mouvements s'enchainent, l'auditeur en apnée, suit ce parcours musical avec l'empathie qu'il se doit. Fougue et virulence à proximité d'une intimité feutrée de l'interprétation de cette vague musicale, houle et accalmie en contrastes saisissants.Une musique "bien chambrée" dans un écrin religieux, sobre et vibrant des ondes très spirituelles d'une musique chatoyante autant que dramatique. Des interprètes généreux et passionnés de haute voltige pour partager "la musique" qu'ils embrassent avec passion et rigueur.

Église protestante 11 rue de l'église 67240 BISCHWILLER le16 Novembre

En partenariat avec la MAC Bischwiller et l'AJAM 

dimanche 16 novembre 2025

"The Brotherhood , Trilogie Cadela Força – Chapitre I"I , Carolina Bianchi et Y Cara de Cavalo : fraternité j'écris et je raie ton nom....

 


Après La Mariée et Bonne nuit Cendrillon, retentissant moment de théâtre, Carolina Bianchi présente au Maillon le deuxième opus de son triptyque Cadela Força consacré aux violences sexuelles et à leur représentation dans les arts. Pour cette exploration, elle adopte avec The Brotherhood un angle nouveau : celui de cette « fraternité » masculine, lien puissant qui innocente les hommes et cautionne leurs crimes à l’endroit des femmes. 

Il berce un nourrisson dans ses bras et lui conte sa vie à venir: plutôt flatteur et encourageant pour ce petit être venu faire ^perdurer la tradition du pouvoir masculin et de ses attitudes formatés à l'égard des femmes: jolie destinée toute tracée pour mieux épier et transmette au bon endroit la la continuité de relations toutes tracées: domination, soumission et acceptation de tout geste, de toute parole engageant la feodalisation des rapports hommes/femmes. Et cela soutenu par la fraternité, la complicité la tribue et ses règles de domination. Puis sur un écran le visage de la protagoniste du "spectacle" Carolina de Cavalo, gros plan en noir et blanc où elle livre sa parole avant de donner un interview à un metteur en scène, histoire de concrétiser ses propos. La femme est en danger permanent dans le mondes des arts et du spectacle vivant.Son visage magnétique raconte la condition des femmes artistes, leur subordination, leurs défaites dans cette course au pouvoir patriarcal archaïque admis dans le déni par des générations d'hommes abusant d'elles. Féminicides, viols dont la définition va être décortiquée et nous apprendre que c'est bien plus qu'une pénétration abusive et obligée. Les mots pour le dire, le raconter dans la bouche d'une femme victime de ces violences aujourd'hui reconnues et dénoncées. A "l"époque" ce sont des Jan Fabre, Polanski et autres sommités qui s'adonnaient sans vergogne à ces pratiques admises, conditionnant la place et la hiérarchie des femmes dans leur carnet de bal...Comme regarder ces hommes, ces artistes démiurges abusant de leur situation dans des endroits bénis par la place de l'Art dans une société.. Le suicide du metteur en scène est l'aboutissement de cet échange alors que notre actrice mène un coït dominateur où elle semble remporte sa revanche...Un corps de ballet masculin vêtu de noir et blanc illustre à la fois la victoire de ces derniers plus que machos ainsi que leur future défaite à venir. Chacun y va de son solo et affiche sa supériorité et son appartenance à la horde, la secte anti féministe et dominante, toxique et psychopathe. La seconde partie de l'opus de plus de trois heures est une sorte de banquet où les hommes réunis, assis vont lire chacun un extrait du livre-enquête de l'autrice sur les phénomènes de viols, tous plus affligeants les uns que les autres.Tous semblent accablés par les faits ici relatés et une sorte de solidarité semble s'installer au regard de la condition féminine bafouée, torturée par des dénis renouvelés de meurtre ou d'humiliation source de désespoir pour les victimes ciblées. Repas qui se termine en danse fracturée, tonique où les têtes et les bustes baissés semblent affligés et coupables. Les légendes et la mythologie dénoncée dans les textes lus et parlés, les analyses savantes des comportements de héros littéraires en apprennent beaucoup sur ces secrets et crimes susjacents. Chapeau à cette artiste, figure de proue de l'engagement de l'expérience performative où elle joue sa propre vie, ses risques et peut-être la rémission de ces sévices faites à son corps et sa pensée. Pensée en mouvement qu'elle nous livre brutalement sans fioriture avec fracas autant qu'avec l'émotion qui engendre la compassion et le partage de douleurs irréversibles, irrévocables de la violence faite aux femmes, aux artistes, aux actrices pour le bon vouloir des hommes dominants.

Au Maillon jusqu'au 15 Novembre


 

samedi 15 novembre 2025

31ème REVUE SATIRIQUE "FAKE l’amour pas la guerre" Lon eich nit FAKE......La Chouc en roue libre! En piste sur le tarmac du vélo cargo à la remorque!

 





Notre 31ème revue satirique se moquera de tout et de tout le monde. Elle passera à la moulinette les politiques locaux, se moquera des Lorrains, parlera du Racing, de l’écologie… et caricaturera l’actualité marquante de l’année. Elle n’oubliera pas non plus d’égratigner au passage quelques phénomènes de société !
Bien sûr, ça va chanter, danser et sketcher. Cette revue se jouera toujours en alsacien dans une salle et en français dans l’autre. Les comédiens continueront de courir de l’une à l’autre pour vous faire rire dans les deux langues.


C'est toujours un plaisir de retrouver en tête de gondole Roger Siffer pour nous brosser un concentré-résumé bien trempé de ce qui va nous tomber sur la tête: une farandole de sketches , alerte, vive et bien menée sur les fausses routes de l'actualité: le "mensonge", c'est quoi, c'est permis de se conduire comme nos  heureux élus, le bracelet chevillé au corps comme Guy Riss le colporteur seul sait le faire, c'est la vélo-cité de tous et d'un seul qui pédale dans la choucroute sur un vélo-cargo à la remorque, fumées polluantes en poupe : un Vetter Jean Philippe incarné par Arthur Gander, à la mèche bien gominée. Mille et un détails, très fouillés pour nous révéler dans une mise en scène de Céline d'Aboukir que "tout est faux, archi faux" et que chacun se débrouille pour sauver la mise de ces faussaires, monte en l'air de la politique qui s’agite dans l'urgence et la proximité des municipales. 


Alors c'est Jeanne qui est l'otage de sa mairie, en vert et contre tous, incarnée par Magalie Ehlinger qui a toujours la banane, la pêche ou la fritte et brûle les planches face à une Trautmann invisible qui hante le plateau avec son retour souhaité par elle seule, cavalière sans selle, à cru et à dia sur la sellette des octogénaires en voie de mutation politique. A droite, à gauche on ne sait plus ou donner de la dynamo ,dans ce fatras où les véhicules sont l'objet de polémique. On recycle comme on pneu....La piste cyclable et les travaux d'Hercule de la Robertsau donnent l'occasion à Susanne Mayer d'être un gamin perspicace à l'arrière d'une auto conduite par des parents foudroyants de nervosité et d'hystérie drôlatique. On reprendra une part du gâteau, une vraie crinoline, telle un entremets plastique de toute beauté évoquant le partage improbable de la vérité. Et puis, vive Airbnd qui offre des possibilités financières calculées pour s'enrichir sur le dos des autres, boite à clefs en collerette pour touristes fascinés par une cathédrale de pacotille dressée pour un qui Trump énormément: Magalie toujours au taquet pour de multiples incarnation de personnages hauts en couleurs dans cette mascarade bigarrée désopilante. Un solo de danse de cigogne magistral pour Sébastien Bizzotto, moitié oiseau , moitié mirabelle pour saluer l'Alsace et la Lorraine: une danse bien relevée, très poétique dans des atours signés Estelle Duriez et Magali Rauch : danse façonnée sur mesure pour ce volatile et tous les autres, par l'oeil et la conscience corporelle de la choré-graphe Charlotte Dambach, désormais maitresse de ballet attitrée, côté cour, côté jardin. Pas facile de faire se mouvoir des tendres rebelles qui de revue en revue peaufinent gestes et agilité, motricité et souplesse inégalées. Les attitudes, pauses et autres gymnopédies bien ajustées aux capacités de chacun, habitant son corps comme jamais!Les comédiens s'en donnent à coeur joie, alors que le pianiste Thomas  Valentin joue et gagne dans tous les registres de chansons revisitées; les "Cornichons" pour un déjeuner sur l'herbe endiablée, un "Ce n'est rien" plein de charme et un "slam"vertigineux de Bizzotto , du Diam's en barre, tambour battant dans un rythme fulgurant. Du bel ouvrage de performeur aguerri à toutes signatures de mise en scène et d'interprétation. La malice et le charme opérant auprès de ses compères, complices de longue date. On se réjouit ici de cette osmose qui donne le meilleur d'une tribu hors pair qui invente et signe des textes fameux, insolites et d'actualité, mordants, incisifs et décapants.Ca fourmille de bonnes idées, en carapaces molletonnées tout de noir pour évoquer les galeries de la supercherie ambiante. La Chouc inoxydable, galvanisée par une équipe soudée et dont le challenge "pédagogique" une fois de plus expose les soucis d'une recteure royale, au "pouf" et costume fascinant: Susanne Mayer au top, discrète et facétieuse dame de coeur et de répartie digne d'une reine de chateau de cartes. Votez pour eux "Élysées" les sur le champ, ces saltimbanques au grand coeur cinglant et lucide. Pour Schlagg, Marie Hattermann et Nathalie Muller, pour la liste la plus déjantée d'objets d'élections à venir! Alors Takata" fera son show sans se dégonfler, Guy Riss ajustant les risques d'absorber les électro-chocs comme des bulles gigantesques de chewing gum sans  mâcher ses mots! On ne perd pas les pédales douces sur son deux roues, sur les chapeaux deux roues dans cette revue où la magie opère comme dans une de ses saynettes où l'on tranche dans le vif du sujet la tromperie et le leurre, le mensonge et la vérité qui font du bien!

Une sucette rose en coeur comme présent, cadeau de sortie de campagne électorale, péché mignon capital à confesser de toute urgence pour bien déminer les grenades et autres fruits défendus de ce spectacle garanti par la belle équipe d'une "institution" du cabaret vivant de notre territoire.Mine de rien sur internet on fait moins bien et les bécanes informatiques ne valent pas le cycle-amen de la Mairie...Et on se met sur son 31 pour saluer le talent et la verve de tous!

 


Avec : Sébastien Bizzotto, Magalie Ehlinger, Arthur Gander, Marie Hattermann, Bénédicte Keck, Susanne Mayer, Nathalie Muller, Guy Riss, Jean-Pierre Schlagg et Roger Siffer
Piano (alternance) : Jean-René Mourot, Thomas Valentin, Sébastien Valle
Textes : équipe de la Chouc’
Mise en scène : Céline D’Aboukir – Chorégraphie : Charlotte Dambach – Costumes et scénographie : Estelle Duriez, Magali Rauch et leur équipe – Lumières : Cyrille Siffer –

Jusqu'au 22 Mars à la Choucrouterie