samedi 6 décembre 2025

Infinite - Performance chorégraphique Cannes Jeune Ballet Rosella Hightower: des étoiles en liberté


 De la danse oui, mais pas que. À la rencontre des arts plastiques, le Cannes Jeune Ballet propose des performances chorégraphiques originales en résonance avec l’œuvre de Jean-Michel Othoniel.
Encore étudiants, déjà professionnels. Après s’être illustrés, lors de la précédente édition du Festival, au cours de la soirée-évènement consacrée aux six écoles nationales supérieures de danse, le talentueux Cannes Jeune Ballet revient avec une nouvelle promotion d’élèves en fin de cursus, enthousiastes et aguerris.

C'est une pluie d'étoiles filantes, 9 jeunes danseurs qui s'emparent des espaces du centre d'art. Déambulation discrète au départ de ce sentier d'anneaux de Janus, qui peu à peu devient solo, duo, mouvements d'ensemble de vagues convergentes. On est en bord de mer et la lecture des installations de Jean Michel Othoniel s'agrandit, de  flux et reflux au-delà de son univers minéral, ou de feu. Au son des fontaines de jouvence en verre de feu de Murano. C'est une chorégraphie très inspirée de méandres, enchevêtrement, spirales, anneaux chers au sculpteur plasticien. De ses totems vibrants de lumière, la danse en fait des joyaux vibrants, magnétiques, animés d'ondes, de faisceaux. Les interprètes impassibles, se frayent un chemin parmi les anneaux de perles rares, les boucles suspendues dans leur regard. Une adaptation,prolongement de l'énergie quasi fossiles de ces colliers enroulés comme des infinis ou des anneaux de Mobius. En rangées très orchestrées,les corps se font et se défont à l'envi et la proximité avec le public fonctionne dans le respect et l'immersion jusqu'à atteindre l'émotion. Les 9 danseurs inspirés, respectueux et en phase avec ce qui n'est pas un décor, mais une œuvre plasticienne mise en scène. Des poussières d'étoiles filantes dans la cosmogonie sacrée d'Othoniel. Dans une chorégraphie originale de la talentueuse L'Oréal Nogal,les chaînes,mailles et points de chaînette des corps façonnent des colliers de perles raresDans un labyrinthe d'orpailleur où l'on perd ses repères mais jamais pied. L'ancrage de la danse pailletée de bleu scintillant comme les pierres précieuses de l'alchimiste Othoniel.

A la Malmaison le 6 decembre
Élèves de l école rosella Hightower 
A la Malmaison le samedi 7 Décembre dans le cadre du festival de danse de cannes

vendredi 5 décembre 2025

Anton Lachky & Eléonore Valere Company - "noVLand": planète Urgence."

 


Dans un futur menaçant, cinq humains privés de parole redécouvrent la danse puis les mots. Un captivant récit en mouvement, qui sensibilise les enfants aux dangers des totalitarismes.

Première française

Difficile d’accès, la danse contemporaine ? Pas pour Anton Lachky qui s’emploie à mettre à portée de tous et en particulier des plus jeunes une danse aussi populaire qu’exigeante, dans son inspiration comme dans sa gestuelle. Après la crise écologique, thème de son précédent opus Les Autres, il aborde ici la crise démocratique dont l’ombre plane sur les sociétés européennes.

Des questions brûlantes d’actualité - c’est quoi une démocratie ? pourquoi est-elle in fine préférable aux autres systèmes politiques ? à quoi sert la liberté ?... - ont nourri un scénario à suspens, écrit en amont par Éléonore Valère-Lachky :



Nous sommes en l’an 3000 sur la Terre, et plus personne ne sait qu’un jour, les humains ont parlé, se sont raconté des histoires…
Plus personne ne se souvient qu’ils ont su rire, danser, aimer…Aujourd’hui, les humains ne savent plus qu’une seule et unique chose : un jour, ils iront à noVLand. Alors ils marchent, encore et encore, même s’ils oublient sans cesse pourquoi ils marchent, même s’ils ne savent plus pourquoi il faut y aller. Mais tout de suite, sur la Terre, il vient de se produire quelque chose de totalement inattendu… Un événement, qui pourrait changer à jamais le cours des choses…

Sur cette trame dystopique, Anton Lachky développe au plateau une écriture riche et complexe fondée sur sa propre technique du Puzzle Work. Chaque motif gestuel initial est développé dans le temps et l’espace en variant les qualités de mouvement, jusqu’à conjuguer précision et musicalité. Le résultat est un véritable « Thriller SF chorégraphique » pour cinq danseurs, qui rappelle aux spectateurs de tous âges combien le monde a besoin d’histoires.


C' est un spectacle hors norme, digne d'un roman de science fiction bien trempé pourtant dans une réalité politique et éthique de notre futur proche. Une voix omniprésente  baigne d'un son monocorde et envoûtant l'atmosphère oppressante qui s'installe très rapidement sur le plateau. Un conte qui n'est pas de fée égrène une histoire de renoncement à la liberté si l'on ne souhaite pas s'affranchir du joug de la dictature de comportement dicté par l autorité. Cinq danseurs vont se frotter à ce récit documentaire de propagande pour la planète Normandie le paradis des humains robotisés et asservis par un régime autoritaire qui les astreint et les contraint de force à se soumettre. La danse prend forme de mouvements tetaniques récurrents.brusques.violents pour les corps jetés dans la bataille.le consentement ou la résistance.Corps hatletiques projetés dans l'espace,mouvements saccadés rompus à un rythme effréné. Dans l'urgence de la perte du don de soi,de l'engagement sans borne des danseurs. La puissance de l'écriture chorégraphique est sans limite et les interprètes galvanisés par la musique tonique et rude se donne sans compter.Une performance sous tension autant pour le spectateur impliqué que pour ces généreux artistes ,danseurs de toute leur énergie solidaire et collective.Un travail en amont avec le chorégraphe.dialogue.suggestions et propositions à l'appui. Pas de paraphrase ni d'illustration du récit,mais une narration très personnelle des corps sollicités. Quel travail remarquable pour cette compagnie aguerrie au partage et à l'entreprise commune d'une œuvre unique et enthousiasmant.Courage et détermination pour lutter contre l'oppression possible et le danger encouru d'une politique de répression et de sabotage de la liberté d'expression.Un "Metropolis" du cinéma 
Très inspiré du rythme,de l'urgence de danser pour se maintenir debout dans la dignité. 

 Création 2025 - Pièce pour 5 interprètes
Chorégraphie et mise en scène : Anton Lachky - Texte : Eléonore Valère-Lachky
Avec : Lysanne Van Berlo, Cassandre Cantillon, Nino Patuano, Yamuna Huygen, Lewis Cooke/ en alternance avec Pjotr Nuyts
Voix : Eléonore Valère-Lachky
Son : Jérémy Michel
Lumières : Jean-François Philips

Vendredi 5 Décembre a Carros dans le cadre du festival de danse de Cannes au centre culturel forum Jacques Prevert. 


jeudi 4 décembre 2025

"MINIMAL Pépin, Reich, Bärtsch, Washington,Song" : vous avez dit "minimal"? Les percussions de Strasbourg "XXL"....

 


Récital pour 2 vibraphones et 2 marimbas explorant le registre minimaliste, par Les Percussions de Strasbourg ⎼ Concert de sortie d’album à Strasbourg.

Un concert sous les signe du "minimalisme" pour une formation unique en son genre: marimbas et vibraphones en majesté.


Le programme (1h15)

Camille Pépin (1990, France) – Avant, pendant, et pourtant* démarrait le récital, oeuvre pleine de finesse, de douceur, de tempérance, aux accents limpides et lumineux comme cet éclairage subtil tombé des douches de lumières, sur cette architecture instrumentale, digne d'une structure urbaine signée Portzamparc..Eclairages signés Claude Mathia, orfèvre en la matière qui souligne chaque morceau de points lumineux de couleurs vert fluo, ou de cercles magiques concentriques, et magnifie la scène musicale percutante.

Au tour de l'oeuvre de Yang Song (1985, Chine) – Ombres* de succéder au morceau inaugural: écriture plus serrée, plus répétitive et enivrante, solide en contrastes inattendus, mêlant douceur et rudesse des percussions : toujours à l'écoute les uns des autres dans une grande jouissance d’exécution collégiale et collective. Comme des carillons flottant dans l'ether, comme des ondes récurrentes de sons qui se répondent, se répandent dans l'espace. Les interprètes tout de noir vêtus, très zen dans des vêtements amples bougent et se meuvent comme des danseurs souples et attentifs. 


C'est Steve Reich (1936, USA) – avec "Mallet Quartet", le morceau à l'origine du projet artistique de "minimal" qui fédère la ligne directrice éditoriale de ce concert unique en son genre. On y retrouve et redécouvre toute la rigueur enchanteresse du grand maitre avec des fantaisies sonores rares et dissimulées sous la virtuosité des musiciens, leur exigence et excellence musicale: marque de fabrique de l'ensemble.

Nik Bärtsch (1971, Suisse) – Seven Eleven enchaine joyeusement, oeuvre sérieuse et rigoureuse, très précise comme l'écriture de celui que l'on connait comme pianiste très inspiré. Perles de pluie, notes égrenées à l'envi dans une atmosphère aérienne, douce autant que parfois vindicative.

Shelley Washington (1991, USA) – avec Sunday fait la clôture du concert en beauté, toujours dans des registres très contrastés de la frappe solide, au touché méticuleux et subtil des mailloches sur marimbas et vibraphones. Le quatuor d'interprètes toujours en mouvements, a l'affut de tous ces changements de rythmes, vibrant d'émotions et de sensations , passeurs de tempéraments et de fougue évidente.

Un concert qui annonçait le "départ" de "Tâm",  Minh-Tâm Nguyen de la direction de l'ensemble, salué par ses pairs, compagnons et complices, tout son fidèle et indéfectible environnement humain. Une intervention de ce musicien-danseur hors pair au service de la musique, de ses amateurs, de son public local autant qu'international! La nouvelle directrice, percussionniste bulgare Vassilena Serafimova, émue par tant d'empathie se présentait, fidèle à l'esprit "maison", maison de la haute couture musicale dédiée à la percussion dans tous ses états!
* commandes Percussions de Strasbourg


 Musicien·nes Minh-Tâm Nguyen, Lou Renaud-Bailly, Thibaut Weber, Hsin-Hsuan Wu

 Jeudi 04 décembre, 20h
Théâtre de Hautepierre, Strasbourg