lundi 8 décembre 2025

Ballet de l'Opéra Grand Avignon - "United Dances of America" Cultures en bonne compagnie

 


Où en est aujourd’hui l’émergence version US ? Réponse avec ce triple bill porté par l’interprétation aiguisée du Ballet de l’Opéra Grand Avignon. À découvrir d’urgence !
Elle et ils s’appellent Rena Butler, Mike Tyus & Luca Renzi, Stephen Shropshire. Peu connus en Europe, ils incarnent quelques-uns des nouveaux visages de la danse Outre-Atlantique.

Pour sa première saison à la tête de la compagnie avignonnaise, Martin Harriague les réunit autour d’un programme donnant à voir la créativité audacieuse d’un pays confronté à toutes les tensions contemporaines.

Dans This That & The Third l’Afro-américaine Rena Butler, originaire de Chicago, dénonce sur fond de musique urbaine les normes sociales et comportementales menaçant les identités individuelles. Avec Holy, le Californien Mike Tyus et son partenaire Luca Renzi rendent un hommage humaniste et spirituel à la contre-culture, sur un poème du chantre du mouvement hippie Allen Ginsberg. Quant à Stephen Shropshire, vivant actuellement aux Pays-Bas mais né à Miami, il orchestre dans Mythology un rappel musical et poétique de la terrible insurrection d’Attica, qui révéla en 1971 le racisme systémique régnant dans les prisons américaines. Point commun de ces trois regards passionnants : le rejet de tout enfermement, physique, spirituel ou symbolique, et un puissant désir de liberté. À ces enjeux forts la danse donne magnifiquement corps, dans une grande diversité de styles et d’inspirations.



United Dances of America
Création 2025

This That and The Third
Pièce pour 6 interprètes - Chorégraphie : Rena Butler - Musique : Chance The Rapper, Justin Hurwitz

C'est chacun pour soi au départ,tenue sportive  gestes vindicatifs de boxeurs en colère,individualistes et rageurs. Couleurs des costumes à l'appui qui parcourra la pièce jusqu'au bout.Puis c'est la curiosité des contacts entre membres de différentes couches sociales  qui fera le reste.La narration,le récit sont ici portés par les six interprètes dévolus entièrement aux phrasés très écrits d'une chorégraphie tirée au cordeau.Les corps s'y plient et s'y déploient sans cesse dans une fluidité où une tétanie contagieuse à l'envi.Un fulgurant solo au sol d'une des interprètes,électron libre renforce l'idée de peur,de traque de ceux et celles différents d'origine sociale.Au final c'est le groupe qui l'emporte dans une solidarité adoptée, acquise à force de contacts fructueux.La danse au delà des mots pour fédérer les énergies,rapprocher les inconnus ou les parias.Belle ode à l'altérité..Toute en couleurs chatoyantes et rayonnantes d'espoir.


Holy
Pièce pour 2 danseurs et 1 violoncelliste - Chorégraphie : Mike Tyus & Luca Renzi - Musique : J.S. Bach, Allen Ginsberg

Un duo de deux hommes quasiment nus se profile d'emblée dans la lumière sur le plateau nu.Deux corps splendides et canoniques,en miroir évoluent au sol s'assemblent,se repoussent,s'attirent pour une ode à l'amour interdit,bafoué dans une société intolérante et castratrice.Sensualité garantie dans une interprétation distinguée,sobre et mesurée. Toujours très écrite, la danse s'y déploie, sereine et autoritaire dans des gestes et attitudes amoureux.Une œuvre osée ,virtuose et sans concession aux pensées rétrogrades.


Mythology
Pièce pour 12 interprètes - Chorégraphie : Stephen Shropshire - Musique : Frederic Rzewski

La pièce finale de ce programme riche et fort pertinent s'impose pour évoquer la lutte,la résistance à l'oppression,à l'humiliation.Les corps sous tensions,performants et aguerris à un style percutant s'affrontent à l'ordre et la soumission dans une écriture solide comme le propos l'impose.La Musique se fait voix et rythmes ascendants pour une apogée réelle de l'humanité encore possible.La poétique très politique de cette pièce laisse penser et réfléchir :je danse donc je pense,philosophie à rependre d'urgence pour apaiser les conflits.

Notons qu'a chaque intermède une courte séquence filmée introduit les problématiques et laisse faire connaissance avec chaque chorégraphe de façon très pédagogique.Une compagnie soudée et virtuose des savoir-êtres multiples partagent avec le public des éclairages sociétaux comme seule la danse est en possession de la faire.Un être ensemble façonné de main de maître par Martin Harriague,celui qui relie en toute intelligence et laisse la danse porter sa voix au delà des mots.Le "cum panis" laïc d'une communauté dansante de toute beauté. En bonne compagnie..

Avec : Daniele Badagliacca, Sylvain Bouvier, Lucie-Mei Chuzel, Aurélie Garros, Joffray Gonzalez, Léo Khébizi, Hanae Kunimoto, Tabatha Longdoz, Kyril Matantsau, Marion Moreul, Ari Soto et Giorgia Talami

Maitresse de Ballet : Brigitte Prato

le 7 Decembre dans le cadre du festival de danse de cannes theatre palais stephanie

dimanche 7 décembre 2025

10 eme anniversaire des studios de danse du PNSD: des joyaux prometteurs dans une architecture vibrante.


 L'excellence,la maîtrise,le travail concourent à cette présentation des jeunes talents du Ballet Rosella Hightower. Une pépite de jeunes interprètes déjà aguerris à la scène,ce soir là pour interpréter en public quatre chorégraphies.

"L'orchestre" de Jean Sébastien Colau offre la visibilité de toutes sortes de marches et démarches à l'unisson entre autre.Un exercice cher à la danse contemporaine de Cunningahm à Mathilde Monnier entre autres chercheurs de rythmes, déambulations,divagations savantes de parcours dans l'espace imparti.Au diapason,à l'écoute,les danseurs font  corpus et s'adonnent au mouvement avec  naturel,aisance et très belle présence.De très beaux portés illuminent Mozart en majesté. 

Comment ne pas citer  ce solo"internally unbound" impressionnant et très prometteur de Sofia Naumenko qui incarne une chorégraphie périlleuse,véloce et virtuose signée Thais Fayaubost sur une musique de Robert Ruth.Sa disponibilité corporelle est fameuse et laisse augurer de bien belles perspectives de prises de rôle ou de diversité de style à venir!

Suivent deux pièces de Ruben Julliard du Ballet du Rhin: "Et là " et "Soudainement ici" pour laisser apprécier les talents confirmés ou en devenir de  ces interprètes au delà d'une technique maîtrisée, vecteurs,passeurs d'émotion,de musicalité et d'intelligence de la danse."Penses à ce que tu danses" édictait Trisha Brown. Et l'architecture lumineuse du grand studio,remarquable outil de travail,de faire rayonner les interprètes au sein de leur école dirigée par Paola Cantalupo.Et l'architecte Dominique DESHOULIERES architecte-urbaniste architecte consultant MIQCP DESHOULIERES JEANNEAU architectes, de main de maitre de ballet d'offrir un site, un endroit, une niche pour la danse de toute beauté et de grande efficacité!Un maitre-à-danser d'architecte:Compas à longues branches croisées et incurvées, qui sert à mesurer une épaisseur ou un diamètre intérieur.


Au studio de danse de l'PNSD Rosella Hightower le 6 décembre. 

 

https://www.archistorm.com/realisation-campus-georges-melies-cannes-christophe-gulizzi/ 


Companhia Paulo Ribeiro & Orchestre national de Cannes - "Louis Lui": musique et danse au diapason"

 


Voici, présenté en création mondiale, le deuxième volet d’une traversée musicale et chorégraphique où le corps - social, politique, sentimental - est le baromètre du temps.
Première mondiale
Coproduction Festival de Danse Cannes - Côte d’Azur

Plus que toutes autres, les cent dernières années auront sacré l’alliance du corps et de la musique. Paulo Ribeiro a ainsi dédié à chacune des époques de sa « Trilogie » - le début du 20e siècle, les années soixante et le monde actuel, une partition spécifique qui nourrit et détermine son inspiration. Ancrée dans les débuts du siècle passé, la Partie I, présentée en 2024 à Coimbra au Portugal, faisait écho aux œuvres de Maurice Ravel et de Luís de Freitas Branco.

Selon le même principe d’alliage entre « un son et corps universels », l’acte II met à l’honneur notre présent en associant les contemporains Louis Andriessen et Luís Tinoco. Le titre reflète la similitude de leurs deux prénoms mais également le mystère de cet autre, « Lui », qui toujours surprend et apporte « le paradis ou l'enfer ». Créant non pas avec mais sur la musique, le chorégraphe se laisse guider par ces deux pièces musicales, interprétées en direct par l’Orchestre National de Cannes.

À rebours d’une époque aseptisée où les émotions sont passées à la moulinette dévastatrice des réseaux sociaux, il s’attache avec ses six interprètes à ce qui nous lie irrémédiablement les uns aux autres. Et affirme, dans les corps traversés du « souffle du temps », le pouvoir salvateur de la danse.


Il faut mettre en avant la création musicale de cette pièce issue de la rencontre d'un chorégraphe et d'un compositeur de notre temps.Un challenge fort réussi que cette alliance danse et musique,unique et jouée en live par l'orchestre de  Cannes. Une première qui cherche encore son rythme, mais donc la croisière s'annonce prometteuse.Les danseurs engagés dans cette aventure incarnent solitude et presence forte dans une chorégraphie basculant d'une œuvre musicale toute fraîche, pleine de  contrastes, de sonorités inédites,à celle d'une partition connue.Deux compositeurs s'y confrontent avec bonheur.Une seconde partie plus narrative,des costumes rougeoyants,bottines et tuniques carmin et le récit se prolonge en gestuelle  doucement tétanique.On y avance au rythme de la musicalité de la partition à découvrir même sans la présence de la danse. Une œuvre inspirée bicéphale dont le binôme fonctionne dans les harmoniques de la composition.


Création 2025 - Pièce pour 7 interprètes
Chorégraphie et direction artistique : Paulo Ribeiro
Assistante chorégraphe : Ana Moreno
Musique : "Symfonie voor Losse Snaren" / "Symphony for Open Strings" de Louis Andriessen (1978)
"Au fond, la lumière" une création originale de Luís Tinoco 

Avec : Diogo M. Santos, Francisco Ferreira, Liliana Oliveira, Marta Cardoso, Rodrigo Loureiro, Beatriz Correia et Vivian Põldoja
Et l’Orchestre national de Cannes, chef d’orchestre Arie van Beek


le samedi 6 Décembre palais des festivals dans le cadre du festival de danse de cannes