Mais qui sont-ils donc ces saltimbanques qui osent se prendre pour ce qu'ils sont: des artistes! Tout court et tout bonnement!
Evelyne Chanut, danseuse et metteur en scène, joue avec bonheur sur le pari de réunir quatre fortes têtes, dont la sienne, sur le plateau de l'Illiade à Illkirch-Graffenstaden.
Rénate Pook pour la danse et la chorégraphie, Anita Pirman à l'accordéon, Christian Vidal au piano, Evelyne Chanut pour la voix!
Un spectacle de belle facture qui fait se mêler et s'entremêler quatre talents aux multiples résonnances.
Evelyne Chanut en pleine maturité vocale, interprète à sa façon, sobre, dosée mais toujours très habitée de gestes précis et jamais superflus, une panoplie de chansons. Connues ou pas, référencées comme Brel, Brassens ou Barbara. Sinon piochées au gré de ses recherches dans un répertoire de chansons à texte, pleines de suspens, d'émotions, de fantaisie.
Pendant ce temps là et parfois, le plateau s'anime des apparitions-disparitions de Renate Pook, tantôt discrète danseuse soulignant les paroles énoncées par la chanteuse, tantôt elle-même reine de la scène pour ce très beau "numéro" de Lola: Elle jaillit littéralement des coulisses, pérruquée fluo, endiablée, possédée par le démon du bond et du rebond, pitre à souhait dans une suave sensualité diabolique. Un grand moment!
Quant aux musiciens, ils se la jouent discrets mais pas tant que cela. Christian Vidal interprète, accompagne avec bonheur ce trèfle à quatre feuilles puis surgit lui aussi de l'ombre pour nous confier une lecture édifiante sur le destin du pianiste: faut-il évacuer ces génies de l'ombre qui semblent destinés à s'effacer pour de bon derrière les autres talents, les chanteuses en particulier?
Le spectacle va bon train, sans faille et l'accordéon d'Anita Pirman y ajoute une touche de nostalgie édifiante
CETTE BANDE DES QUATRE est bien efficace, enjouée, maline et séduisante, mordante et piquante à souhait. Tant et si bien qu'on a du mal à les quitter, à s'en séparer sans un dernier rappel.
Quelle bande de malins "culottés", sachant envouter et séduire, dérouter le public sans faillir le tenant en haleine sans jamais lui couper le souffle!
vendredi 15 février 2013
mercredi 19 décembre 2012
Monaco Dance Forum:grand écart entre "Juana" et "Poulet bicyclette"
La programmation du dernier Monaco Dance Forum est éclectique et plurielle, ouverte à de multiples langages de la danse d'aujourd'hui: Zimmerman et Depero, Pina Bausch pour les "grosses pointures" et pour les plus petits pas ou formats, deux spectacles à découvrir pour la diversité de leur esthétique et de leur message.
"Juana" de Eric Oberdorff et Analia Llugdar s'inscrit dans ces compositions chorégraphiques conceretantes, telle une musique et danse "de chambre"
Intime et déclicate cette pièce fait appel à une composition musicale exécutée en direct, remarquable.
Sur scène une chanteuse, belle soprano au timbre velouté,Donatienne Michel Danzac, une violoncelliste, Myrtille Hetzel et une clarinettiste, Annelise Clément.
Formation intimiste qui prend largement son espace sonore et scénique durant la pièce. La musique est de Annalia Llugdar et rappelle les compositions de Georges Aperghis.Textes, jeux de sons , de timbres et sonorités inédites dictent à la danse des soubresauts, des alignements très tectoniques, forts en ponctuation, en souffle.Quatre danseuses y évoluent en symbiose et confèrent aux mouvements sobre et larges, des accents de poésie lointaine, de nostalgie d'une atmosphère d'antan.
On pourrait s'y inventer une narration à partir des corps qui évoluent au gré de la présence sonore, inventive et séduisante.Les deux artistes, complices pour ce projet inédit de création musique et danse font sourdre et jaillir gestes et sons avec une synergie très convaincante.Inspirée d'un texte de Borges, cette pièce est juste et touchante, comme ce "miroir" évoqué fait d'images qui passent et qui demeurent."Et l'art, notre seule manière de retenir le temps"
"Poulet bicyclette" est d'un tout autre registre: danse africaine tout azimut pour un propos festif et ludique signé Georges Momboye.
De la verve, du punche, de la dynamique et de la dinamite pour ce spectacle tout public programmé en "matinée" pour petits et grands. C'est dire si cela fait mouche. Histoire de poulet à bicyclette, c'est à dire à la vélocité incroyable, épopée drôlatique d'une petite tribu joyeuse, voilà le propos, simple et accessible.
Le volatile est symbole de liberté, pas de captivité en Afrique. Momboye nous livre ses souvenirs de jeunesse et évoque les élucubrations de cinq danseurs aux prises avec ce poulet magique qui ne cesse de divertir et tendre des pièges à cette communauté tonitruante.
Le rythme est endiablé, la danse très inspirée des rituels africains et ça bouge, ça balance en cadence pour le meilleur d'une rythmique contagieuse. C'est jouissif et la scénographie, sobre est composée d'une grande cage, sorte de piège de lumière bienveillant et efficace .
Le bonheur est sur le plateau et l'on quitte les artistes, rassasié de joie et de bonnes respirations, de bonne humeur
Bon pied, bon œil, que du positif dans cette Afrique chatoyante qui résonne de belles intentions.
Décidément le Monaco Dance Forum fait la part belle à la danse d'aujourd'hui sur toutes ces facettes
Encore un petit tour du côté du cinéma avec le film récent "Pina" de Wim Wenders et le tour est joué.De la "mémoire" à la création, la boucle est bouclée et la sensation que la danse est un art pluriel autant qu'unique se fait concrète et convaincante.
Jean Christophe Maillot est bien un monsieur Loyal, orchestrant compagnie, école et festival avec brio et pugnacité.
DE wIM wENDERS
aco aàydb
"Juana" de Eric Oberdorff et Analia Llugdar s'inscrit dans ces compositions chorégraphiques conceretantes, telle une musique et danse "de chambre"
Intime et déclicate cette pièce fait appel à une composition musicale exécutée en direct, remarquable.
Sur scène une chanteuse, belle soprano au timbre velouté,Donatienne Michel Danzac, une violoncelliste, Myrtille Hetzel et une clarinettiste, Annelise Clément.
Formation intimiste qui prend largement son espace sonore et scénique durant la pièce. La musique est de Annalia Llugdar et rappelle les compositions de Georges Aperghis.Textes, jeux de sons , de timbres et sonorités inédites dictent à la danse des soubresauts, des alignements très tectoniques, forts en ponctuation, en souffle.Quatre danseuses y évoluent en symbiose et confèrent aux mouvements sobre et larges, des accents de poésie lointaine, de nostalgie d'une atmosphère d'antan.
On pourrait s'y inventer une narration à partir des corps qui évoluent au gré de la présence sonore, inventive et séduisante.Les deux artistes, complices pour ce projet inédit de création musique et danse font sourdre et jaillir gestes et sons avec une synergie très convaincante.Inspirée d'un texte de Borges, cette pièce est juste et touchante, comme ce "miroir" évoqué fait d'images qui passent et qui demeurent."Et l'art, notre seule manière de retenir le temps"
"Poulet bicyclette" est d'un tout autre registre: danse africaine tout azimut pour un propos festif et ludique signé Georges Momboye.
De la verve, du punche, de la dynamique et de la dinamite pour ce spectacle tout public programmé en "matinée" pour petits et grands. C'est dire si cela fait mouche. Histoire de poulet à bicyclette, c'est à dire à la vélocité incroyable, épopée drôlatique d'une petite tribu joyeuse, voilà le propos, simple et accessible.
Le volatile est symbole de liberté, pas de captivité en Afrique. Momboye nous livre ses souvenirs de jeunesse et évoque les élucubrations de cinq danseurs aux prises avec ce poulet magique qui ne cesse de divertir et tendre des pièges à cette communauté tonitruante.
Le rythme est endiablé, la danse très inspirée des rituels africains et ça bouge, ça balance en cadence pour le meilleur d'une rythmique contagieuse. C'est jouissif et la scénographie, sobre est composée d'une grande cage, sorte de piège de lumière bienveillant et efficace .
Le bonheur est sur le plateau et l'on quitte les artistes, rassasié de joie et de bonnes respirations, de bonne humeur
Bon pied, bon œil, que du positif dans cette Afrique chatoyante qui résonne de belles intentions.
Décidément le Monaco Dance Forum fait la part belle à la danse d'aujourd'hui sur toutes ces facettes
Encore un petit tour du côté du cinéma avec le film récent "Pina" de Wim Wenders et le tour est joué.De la "mémoire" à la création, la boucle est bouclée et la sensation que la danse est un art pluriel autant qu'unique se fait concrète et convaincante.
Jean Christophe Maillot est bien un monsieur Loyal, orchestrant compagnie, école et festival avec brio et pugnacité.
DE wIM wENDERS
aco aàydb
mardi 18 décembre 2012
"Le laveur de vitres" de Pina Bausch illumine le Monaco Dance Forum
Cette pièce emblématique, une des plus fameuses de la chorégraphe Pina Bausch datée de 1997 a été présentée ce week-end au Monaco Dance Forum. La fureur et la poésie qui en émanent sont de toute beauté et le regard se perd devant tant de propositions dansées qui fusent et diffusent comme un parfum de vie intense et fulgurant.
Les interprètes que l'on retrouve toujours avec bonheur, fidèles à l'esprit de celle qui a forgé pour eux tant de rôles, trouvé en eux tant de potentiel inouï, sont entiers et galvanisé par la grâce.
Tout démarre par la vision dantesque d'un dôme de pétales de roses rouges évoquant Hong Kong tiraillé entre modernité et tradition.Cette montagne accouche de mystères, d'une danseuse égarée, longtemps dissimulée dans cette antre énigmatique. Dôme qui joue sur sa présence magique et enrôle plus d'un personnage qui tente de le gravir, de le détruire ou de l'effeuiller.Toute l'humaine condition s'y retrouve et gravite autour de ce totem symbole de l'absurde.
On s'y plait à y sourire de plaisir, à trembler en empathie intime avec les acteurs-danseurs virtuoses de leur propre langage façonné de main de maître par Pina.
Le Tanztheater Wuppertal Pina Bausch restitue l'esprit et l'âme de la chorégraphe avec fougue et passion, respect et dignité.L'impact visuel de la scénographie est trois heures durant fascinant, envoutant et la danse, hypnotique.
On y retrouve "les robes de Pina" portées par ses fidèles femmes danseuses, femmes qui dansent de toute leur peau, de toute leur robe. Car ce n'est pas de l'apparat ni de la frivolité, ces robes de bal, de baptême, de soirée.Ce sont ces "secondes peaux" qui magnifient leur corps, dénudent leur sensualité et ravissent les cœurs des hommes qui s'y frottent.
Quand le laveur de vitre apparait dans ce vaste champ de bataille et d'actions multiples, c'est pour mieux rappeler le labeur quotidien, la vie de tous les jours qui sillonne le spectacle de début à la fin.
C'est parfois très drôle aussi quand un des danseurs interroge le premier rang des spectateurs
et lui propose de réaliser ses souhaits; recevoir un café, du chocolat, du champagne. Tel un magicien banalisé, il exhausse les rêves et fait naitre la magie de l'instant partagé.
Accueillir cette troupe, c'est recevoir une compagnie radieuse, vivante, animée par la grâce autant que par le souvenir de celle qui les fait vibrer devant nous. En résonance, on ne peut résister à fondre en communion avec ce petit monde animé des meilleures intentions du "monde"!
Avant chaque spectacle dans le "puits de lumière " du Grimaldi forum, deux belles prestations animaient ce lieu ouvert au public avant l'heure.
Ces "inattendus" désormais très attendus et prisés proposaient "Contigo" de la compagnie portugaise de cirque O Ultimo Momento. Un moment à haut risque puisque l'interprète Joao Paulo Dos Santos, spécialiste du mât chinois y exécute des figures à vous couper le souffle tant la virtuosité, le suspens y sont de rigueur.Très bien adaptée au lieu, en plongée ou contre plongée, la visibilité de ce cette performance y gagnait en espace, en tension et intensité. Seul avec sa chaise, son mât, l'artiste déroute, fascine, envoute et sooulève la peur et l'émotion.
La seconde prestation "Variations pour les colonnes" fut celle de Gaetan Morlotti, artiste du Ballet de Monte Carlo, de l'ensemble "Small Bang" en compagnie d'un comédien et d'un contrebassiste. Une interrogation ludique sur la proximité de l'artiste dans et devant le public, en interaction et interactivité.En sympathie.aussi car sa marque de fabrique, ces "actes" ou "actions" est synonyme de conversation concertante et enjouée. Du bel ouvrage dense et risqué où l'artiste s'expose à son corps défendant.
Les interprètes que l'on retrouve toujours avec bonheur, fidèles à l'esprit de celle qui a forgé pour eux tant de rôles, trouvé en eux tant de potentiel inouï, sont entiers et galvanisé par la grâce.
Tout démarre par la vision dantesque d'un dôme de pétales de roses rouges évoquant Hong Kong tiraillé entre modernité et tradition.Cette montagne accouche de mystères, d'une danseuse égarée, longtemps dissimulée dans cette antre énigmatique. Dôme qui joue sur sa présence magique et enrôle plus d'un personnage qui tente de le gravir, de le détruire ou de l'effeuiller.Toute l'humaine condition s'y retrouve et gravite autour de ce totem symbole de l'absurde.
On s'y plait à y sourire de plaisir, à trembler en empathie intime avec les acteurs-danseurs virtuoses de leur propre langage façonné de main de maître par Pina.
Le Tanztheater Wuppertal Pina Bausch restitue l'esprit et l'âme de la chorégraphe avec fougue et passion, respect et dignité.L'impact visuel de la scénographie est trois heures durant fascinant, envoutant et la danse, hypnotique.
On y retrouve "les robes de Pina" portées par ses fidèles femmes danseuses, femmes qui dansent de toute leur peau, de toute leur robe. Car ce n'est pas de l'apparat ni de la frivolité, ces robes de bal, de baptême, de soirée.Ce sont ces "secondes peaux" qui magnifient leur corps, dénudent leur sensualité et ravissent les cœurs des hommes qui s'y frottent.
Quand le laveur de vitre apparait dans ce vaste champ de bataille et d'actions multiples, c'est pour mieux rappeler le labeur quotidien, la vie de tous les jours qui sillonne le spectacle de début à la fin.
C'est parfois très drôle aussi quand un des danseurs interroge le premier rang des spectateurs
et lui propose de réaliser ses souhaits; recevoir un café, du chocolat, du champagne. Tel un magicien banalisé, il exhausse les rêves et fait naitre la magie de l'instant partagé.
Accueillir cette troupe, c'est recevoir une compagnie radieuse, vivante, animée par la grâce autant que par le souvenir de celle qui les fait vibrer devant nous. En résonance, on ne peut résister à fondre en communion avec ce petit monde animé des meilleures intentions du "monde"!
Avant chaque spectacle dans le "puits de lumière " du Grimaldi forum, deux belles prestations animaient ce lieu ouvert au public avant l'heure.
Ces "inattendus" désormais très attendus et prisés proposaient "Contigo" de la compagnie portugaise de cirque O Ultimo Momento. Un moment à haut risque puisque l'interprète Joao Paulo Dos Santos, spécialiste du mât chinois y exécute des figures à vous couper le souffle tant la virtuosité, le suspens y sont de rigueur.Très bien adaptée au lieu, en plongée ou contre plongée, la visibilité de ce cette performance y gagnait en espace, en tension et intensité. Seul avec sa chaise, son mât, l'artiste déroute, fascine, envoute et sooulève la peur et l'émotion.
La seconde prestation "Variations pour les colonnes" fut celle de Gaetan Morlotti, artiste du Ballet de Monte Carlo, de l'ensemble "Small Bang" en compagnie d'un comédien et d'un contrebassiste. Une interrogation ludique sur la proximité de l'artiste dans et devant le public, en interaction et interactivité.En sympathie.aussi car sa marque de fabrique, ces "actes" ou "actions" est synonyme de conversation concertante et enjouée. Du bel ouvrage dense et risqué où l'artiste s'expose à son corps défendant.
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