dimanche 12 septembre 2021

"Voix et route romane" : Canticum Novum" : Samâ-ï" : territoires musicaux en partage.

 


Samâ-ï Les routes d’Al-Andalous de Cordoue à Alep
La musique arabo-andalouse est le fruit d’un métissage entre la musique arabe venue de l’Orient, la musique afro-berbère du Maghreb et la musique pratiquée dans la péninsule ibérique avant l’arrivée des musulmans en 711. Ce brassage de civilisations a donné lieu à un art musical qui se développa durant plus de huit siècles en Andalousie, au Maghreb, et bien plus loin : sur la route de la soie. À la croisée des répertoires traditionnels syriens et de l’identité cosmopolite de Canticum Novum, Samâ-ï évoque ce carrefour culturel que fut l’ancienne Alep et l’imprégnation musicale des cultures en présence.

L'église Saint Pierre le Jeune, est pleine à craquer pour ce dernier concert de l'édition Ibérica, dernière programmation signée par Denis Lecoq! C'est dans ce terreau musical cosmopolite que l'Ensemble partage la culture de ces sillons, chants et champs nouveaux d'investigation musicale.Emmanuel Bardon aux commandes de ce carrefour polyphonique si excitant! La musique comme espace sans frontière dans le brassage des cultures qui se côtoient.

Le bel instrumentarium est déjà un régal pour les yeux, magnifiquement éclairé par un as de la scénographie des églises et autres lieux sacrés de cette fameuse route romane d'Alsace, ici enchantée par les formations musicales invitées. Les percussions telles des nénuphars, flore rehaussée dans leur transparence par la lumière...Le concert introduit par une liturgie byzantine navigue dans des accents orthodoxes, balançant, lentement rythmés par une pondération et une ponctuation sonore, timbrée, vibrante, quasi marche solennelle qui tangue, ondule à souhait. Les voix s'y fondent, telle des instruments au souffle enivrant, hypnotique.Les solos vocaux interprétés par Gulay Hacer Toruk tintent de multiples variations, modulations virtuoses aux accents orientaux sidérants.Danse tournoyante hypnotisante. Bien d'autres morceaux de ces répertoires, malicieusement conjugués viennent enrichir sonorités, rythmes mais aussi paysages et évocations de la Syrie, de la Grèce, de l'Arménie... Solos, duo, trio vocaux introduits par harpe, vièle ou percussions pour un périple dans le temps et l'espace, vertigineux! Le tout oscillant entre calme et verve, sagesse ou exubérance tonique, modulation des voix, chant, les yeux fermés tant est grande la concentration. Enthousiasme aussi pour les morceaux vifs, relevés, entrainant aux accélérations fulgurantes. Une mélodie qui affleure parfois, soutenue dans une verve, un duo endiablé, tectonique.On ressent une réelle empathie partagée entre l'Ensemble et le public qui a vécu des instants uniques et précieux de complicité entre tradition grecque, arménienne, espagnole.Un dernier adieu participatif avec une ritournelle et le tour du bassin méditerranéen s'achève, convivial, de haute voltige, ravissant plus d'un auditeur charmé par tant de diversité conjuguée et transmisse dans le partage de territoires musicaux

festival voix et route romane sama-i le dimanche 12 Septembre

 

La cité d’Alep, une des plus anciennes cités du monde, antique capitale d’un royaume Amorrite, fut également un point commercial névralgique au débouché d’une des routes de la soie, et bâtit sur le long terme sa prospérité sur les échanges commerciaux et sur sa place dans les enjeux stratégiques au Proche-Orient ancien et médiéval. Au fil des conquêtes et des dominations, la ville a développé une forte tradition multiculturelle nourrie de ses communautés byzantines, arabes, turques, kurdes, séfarades, et incluant la variété méconnue et pourtant étonnante de la chrétienté d’Orient faite de chrétiens maronites, de grecs-orthodoxes, d’Arméniens, de chrétiens syriaques, nestoriens et coptes.

Avec Samâ-ï, Canticum Novum rend compte de la richesse et de la complexité des registres poétiques, littéraires, linguistiques qui ont mûri dans ce creuset fertile des religions et cultures dont on voit qu’elles ne furent jamais des blocs imperméables, fixes et identitaires mais des passerelles entre les hommes, leurs besoins de créativité et leurs aspirations spirituelles.

Ce programme est enrichi des créations inédites de l’oudiste syrien Bayan Rida, qui a intégré en 2019 le collectif de Canticum Novum

10 musiciens
Direction musicale : Emmanuel Bardon

Gulay Hacer Toruk, Emmanuel Bardon, Chant / Valérie Dulac, Vièles / Aliocha Regnard, Nyckelharpa & Fidula / Marie-Domitille Murez, Harpe / Bayan Rida, Oud & Chant / Spyros Halaris, Kanun, Luth, Chant / Isabelle Courroy, Flûtes Kaval / Henri-Charles Caget, Ismaïl Mesbahi, Percussions

 

 

vendredi 3 septembre 2021

"Les lectures musicales sous l'arbre des bords de Loire" à Chamalières sur Loire: quand les ânesses passent leur Bach d'abord!

 


Quelle belle initiative que d'"importer" un concept né du festival du Chambon sur Lignon,organisée par l’association Chamalières-Animation en écho aux Trente ans des « Lectures sous l'arbre », une manifestation littéraire renommée qui se tient tous les ans sur le plateau du Vivarais-Lignon.

Après les présentations de Pierre Fayolle et Christian Delrue, la manifestation a commencé par un concert dans l’église romane où Ewa Miecznikowska, violoncelle solo de l’Opéra national de Lyon, accompagnée au piano par Pascal Roy, diplômé du Conservatoire supérieur de musique de Genève, a interprété avec brio quelques morceaux emblématiques du répertoire classique pour violoncelle et piano dont la Troisième sonate pour violoncelle et piano en sol mineur de Jean-Sébastien Bach et le 1er mouvement de la sonate N°5 op.102 pour violoncelle et piano de Ludwig Van Beethoven. Le violoncelle sublimé par l'acoustique du chœur de l’église Saint-Gilles de Chamalières a soulevé l’enthousiasme du public nombreux: plus de cent cinquante personnes attentives et charmées par ce duo 

qui fait passer Bach comme une lettre à la poste.La virevolte musicale et sonore du violoncelle comme une spirale ascendante, virtuose et envoutante, dansante comme une volte de derviche tourneur.Une berceuse espagnole en bis pour enchanter en perles pianistiques et caresses des cordes une atmosphère et ambiance recueillie à l'écoute, en alerte.
 
Puis, place aux lectures variées et choisies de façon collégiale par l'ensemble des protagonistes de cette édition réunis autour de Christian Delrue:une sélection de textes extraits de plusieurs livres édités par « La Fosse aux ours », une maison d’édition lyonnaise dirigée par Pierre-Jean Balzan. Au programme, des textes des livres suivants : « Arbres en liberté », « Saisons » et « Le Livre des animaux » de Mario Rigoni Stern, ainsi que « Matériaux pour une histoire raisonnée des insectes » de Bernard Dumortier, que Pierre-Jean Balzan a présenté au public avant chaque intervention des lecteurs.
Pour l’occasion, Chamalières-Animation avait invité Gaspard Bardel, lauréat du concours « Si on lisait à voix haute » organisé par France Télévisions et l’émission « La Grande librairie ». Un lecteur hors pair, véloce, efficace et sensible à la diction fluide et accélérée.D’autres lecteurs étaient présents : Annick Belliot, cadre de santé et passionnée de lecture à voix haute et de musique, Marie-Jeanne Montagne, responsable de la bibliothèque municipale, et Jean Tempère, adjoint au maire, historien et romancier. Les lectures étaient illustrées de Préludes des suites pour violoncelle seul de Jean-Sébastien Bach interprétés par Ewa Miecznikowska. Lectures,qui à l'intérieur de la prieurale, peu à peu donnent corps et chair aux voix qui s'approprient l’acoustique, s'apprivoisent entre résonance, écho et musicalité des textes
Le "clou" du spectacle et c'est le cas de le dire au regard de la légende du clou de la prieurale:
Jean Tempère a agrémenté l’événement de deux histoires en prise avec le terroir local : la genèse du jardin médiéval  et les ânes au cœur de l’ancien patrimoine viticole de Chamalières.Une histoire "vraie" fabuleuse d'ânesse chargée de transporter autant les fardeaux agricoles que viticoles et de traverser ainsi rive gauche et rive droite sur un bac: quel honneur pour cet animal familier et laborieux que de passer ses universités avec toutes ses facultés navigables: un bateau qui fait mouche dans  cette traversée poétique du verbe incarné
Une initiative à renouveler absolument: autre thème, autres auteurs, lecteurs, danseurs et musiciens au coeur de cette manifestation participative, fédérative, collective et pleine de ferveur et d'enthousiasme
 
Le samedi 21 Aout 2021

Festival de la Chaise Dieu 2021 : ça démarre sans tambour mais avec trompettes !

 


Cinq garçons dans les vents..ça trompette énormément !Et jamais à bout de souffle!

A Chamalières sur Loire dans le désormais célèbre Jardin Médiéval, démarre la série de balade-sérénades, orchestrée par un quintette de trompettes et de jeunes interprètes truffés de talent. Cinq garçons dans les vents pour interpréter un répertoire original, revisité à l'occasion pour cette instrument mal connu ou trop souvent connoté de "trompettes de Jéricho" ou de jingle du festival d'Avignon...Cinq originaux musiciens au service de réadaptation pour l'instrument de "tubes" classiques bien connus et référencés:du Bach eu ouverture en choral, la "Strada" de Fellini à la trompette à coulisse, du Ennio Morrico pour valoriser la musique de film, chapeau de cow-boys à l'appui....C'est drôle, inventif accessible au vu des interludes, entremets explicatifs et très pédagogiques de la part des instrumentistes. Le Concerto d'Aranjuez au "bugle" pour couronner le tout, sans oublier Porgy and Bess de Gershwin avec son "Sommertime", "Aida" et son ouverture avec trompette d'Egypte, le tout mis en espace judicieusement au regard du cloitre de la prieurale.


Du très beau travail joyeux, communicatif, ludique où chacun est valorisé selon son "dada", sa forme de trompette expérimentale jusqu'à inventer comme Raymond Devos, des instruments improbables: tuyaux de jardinage et entonnoir en embouchure pour mettre une seconde touche d'humour et de distanciation clownesque et burlesque: messieurs, mesdames les spectateurs, à vos jeux d'enfants; c'est simple et pas sorcier selon toute apparence !Les trompettes ont le nez en poupe et tout se termine avec une audace espagnole de bon aloi. Un public chaleureux, nombreux, à l'ombre de l'abbatiale accueillant cette "mise en bouche" du festival; une balade salvatrice et enjouée de grande qualité.Souffler c'est jouer et ça coupe pas le souffle pour autant!

 Le quintette,Tromba Camerata aux commandes :fondé il y a 8 ans,  constitué de 5 trompettistes : Pierre Favennec, Florent Cardon, David Dusawon, Simon Dougnet, Sébastien Debeaufond. Nos trompettistes sont originaires de toute la France et se retrouvent régulièrement à Paris et ailleurs pour interpréter leur répertoire. Ils aiment partager toutes les facettes de leur instrument et un répertoire varié entre musique classique, variétés ou jazz. L’improvisation fait également partie de leurs prestations. 

Vendredi 20 AOUT