mercredi 27 avril 2011

TRILOGIE RUSSE Ballet du Rhin


TRILOGIE RUSSE : Trésors enfouis ressuscités !
« De la musique avant toute chose »
La danse cosmopolite et la musique russe en cavale
Un programme inédit et virtuose : voici ce que propose Bertrand d’At pour impulser une fois de plus le Ballet du Rhin à côtoyer des univers musicaux et chorégraphiques inédits, à se plonger dans l’inconnu pour surprendre, séduire, déranger et déplacer les propos qui pourraient faire croire qu’une œuvre est définitivement référencée.
« De l’audace, toujours de l’audace » ou bien « Etonnez-moi » seraient-il ses leitmotiv de direction artistique ? Il faut le croire au vu des paris engagés sur trois nouvelles productions de pièces courtes « coups de poings », nouvelles chorégraphiques signées par trois « pointures » de la discipline. De Stravinsky, Bertrand d’At retient « Le baiser de la fée » qu’il confie à Michel Kéléménis, « Le Sacre du Printemps » qui échoue à Garry Stewart et Virginia Heinen se voit attribuer « Chout » , une pièce exhumée de Prokofiev.
Que dire de créations en cour, si ce n’est confier les ambitions, les envies et désirs de création qu’elles suggèrent ou contiennent pour celui qui doit triturer la masse sonore, façonner les compositions corporelles qui semblent convenir aux musiques convoquées pour l’occasion ?
Michel Kéléménis, actuel fondateur d’une Maison de la Danse dans son fief marseillais, aborde « Le baiser de la fée » avec sérénité, conviction et force : celle d’oser la narration dansée, le récit des corps pour épouser à l’origine le conte d’Andersen. Oui, une histoire, pas une illustration. Une révélation de cette pièce de Stravinsky, méconnue, voire ignorée. La danse subtile et raffinée de cet ancien interprète de Dominique Bagouet va sans nul doute dans le sens de la préciosité des gestes, dans la direction des choix radicaux chorégraphiques inspirés par le révolutionnaire en son temps des tempi, rythmes et instrumentalisation de l’orchestre « classique ».Une belle rencontre qu’il fallait provoquer pour raviver la flamme du son et des sonorités incongrues de Stravinsky. Encore ce dernier à l’honneur avec la version du « Sacre du Printemps » mise en corps et en espace par le féroce et redoutable Garry Stewart, chorégraphe invité et chéri par le Ballet du Rhin. De l’art brut et tribal qui jaillit à chaque note du Sacre, Garry retient la sauvagerie, le questionnement de la danse foudroyante et inspirée par la passion et la violence du propos. Que sera le destin de l’Elue, entre les mains de ce nouveau démiurge de l’écriture contemporaine chorégraphique ? Que de l’audace et du rebond, à coup sur ! Et dans cette tempête et tourmente, face à cette tornade jubilatoire, la douce et tendre Virginia Heinen ne se positionne pas cependant comme la brebis consentante. Elle s’attèle à une partition quasi inédite de Prokofiev, virulente, exaltante, elle qui abonde dans la danse d’expression et la tradition de ses maitres Kurt Joos et Jean Cébron, les chantres de la danse allemande des années 1920-1950.La voici qui ose provoquer Prokofiev en oubliant et évacuant le contenu du livret d’origine, le thème du bouffon. Quel toupet !
« Trilogie russe » promet de la déflagration, comme la révolution qui valut au pays à l’époque la venue des Ballets Russes de Serge de Diaghilev qui allait refondre la pensée et l’acte chorégraphique à partir de l’œuvre emblématique de Stravinsky : le désormais éternel et fascinant « Sacre du Printemps » !
Geneviève Charras
« Trilogie Russe » à Mulhouse les 13 14 15 Mai, à Strasbourg du 1 au 5 Juin à l’Opéra


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