Pas un festival "Musica" sans une étroite collaboration avec le groupe de recherche musicale "L'Accroche Note"!
Cette année ne dérogeait pas à ce très édifiant rituel qui convoquait l'ensemble strasbourgeois crée par Françoise Kubler, soprano, et Armand Angster, clarinettiste à élargir son vaste répertoire dédié à la création grâce au cycle de Stefano Gervasoni et à la toute nouvelle partition de Philippe Manoury.
"Poesie francesi" de Gervasoni fut donné en cycle complet: les poèmes de Ghérasim Luca, poète roumain né en 1923 qui passa sa vie en France et qui séduisit Deleuze, qui le considéra comme "le plus grand poète français" , sont donc mis en musique afin de développer en eux le sens musical par la sanction, le phrasé vocal. Françoise Kubler assure la rude tache de l'interprétation de ces textes, psalmodiant , triturant les mots et les sons, toujours surprenante par son apparente facilité à rendre, à se fondre dans de nouvelles œuvres.Textes à l'appui la voici qui s'empare d'une langue multiple aux accents polyphoniques, accompagnée par des sons produits par des objets hétéroclites qu'elle manipule en alternance. Tout se termine d'ailleurs par quelques coups de ciseaux, coupures toniques , final de la partition et des textes chantés.Accompagnée par l'ensemble, voici une prestation forte et décapante, digne de cette formation toujours à l'affut de la création. L'œuvre suivante de Manoury "Hypothèse du sextuor"ne dérogeait pas à cette foi dans un engagement envers l'audace de l'investigation créative contemporaine dans la musique d'aujourd'hui.Création pour le Festival, co-commande avec l'Accroche Note, voici une œuvre mêlant cordes, vents et claviers avec bonheur, avec "hauteur"!"Ecrire de la musique de chambre revient à imaginer des conversations qui vont et viennent" confie Philippe Manoury dont le répertoire est pétri d'idées nouvelles. Convergences, rencontres fortuites ou savamment "pensées", la musique de Manoury est de la dynamique, du mouvement. Inspiré par la neige qui tombe comme autant de notes et de sons, ce morceau est limpide, scintillant et ces"pas dans la neige" résonnent comme des traces de déambulations sonores, de parcours géographique dont le tracé, le phrasé serait invisible, seulement audible dans la plus grande des correspondances baudelairiennes: couleurs, sons, matières et fragrances se mêlent, s'emmêlent, se chevauchent.
Le concert suivant interprété par l'Orchestre Philarmonique de Strasbourg, laissait également la part belle au compositeur qui désormais nous est familier. Par sa présence constante déjà sur le Festival, par sa façon dynamique, convaincante et très "pédagogique" de présenter ses œuvres en début d'exécution. Simplicité, amour du partage, don et talent d'orateur efficace pour laisser l'auditeur librement pénétrer son œuvre
Avec "Sound and Fury" (1998), voici un pan de sa musique, relié à l'évocation de Faulkner, puissant, révélateur de sa passion pour toute forme d'écriture.
La juxtaposition avec "Okhtor" de Christophe Bertrand magnifiait les deux auteurs: force de l'écriture, du propos, envoutement de l'écoute collective de cette musique qui ne cesse de nous révéler atmosphère, ambiance sonores inouïes, digne de ces compositeurs si proches: ceux que Musica nous donne à fréquenter à l'aube de leur existence dans le temps donné du concert.Une chance à mesurer!
vendredi 7 octobre 2011
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