lundi 18 août 2014

"Au grès du jazz": comme il vous plaira! Le jazz de plein gré!

Fort belle édition 2014 du festival de jazz de La Petite Pierre, "Au grès du jazz".
Au pays du gré des Vosges, ce beau matériau minéral rosé qui fait de la cathédrale de Strasbourg sa force, sa majesté autant que sa fragile porosité qui s’effrite, voici une solide manifestation joyeuse, chaleureuse et de très haute voltige : un franc succès public aussi pour cette bourgade séduisante qui draine des centaines de spectateurs de toutes origines confondues. Ceci porté par une équipe rodée et sous la précieuse et pertinente direction artistique de Guy Hergott.Il faut voir l'engagement de tous et celui de Madame la Maire Nadine Holderith-Weiss, passionnée, séduisante et convaincue par cette manne musicale, pour croire au message universel du jazz: l'humanité, l'amour que véhicule une telle musique, engagée, combative, contemporaine.Inventive.
"Dancer in love"
Du concert de Michel Portal et Vincent Peirani, sur la grande scène en plein air (sous la menace de la pluie), on retiendra la très belle complicité du saxophoniste-clarinettiste avec cet accordéoniste de génie, tout "jeune", aux côtés de son ainé, toujours lui aussi "jeune" et guilleret, plein d'humour et d'histoires coquines à raconter avant chaque morceau.Un Woody Allen ou André Dussollier de la musique!Virtuose sans effet de manche, au souffle à vous le couper, le musicien sobre et de noir vêtu, répond en ricochet et rebonds aux propositions de l’accordéoniste. Les visages se plissent, les traits se tendent et la concentration fait mouche: des sons inédits, des notes qui se décrochent ou s'assemblent pour surprendre toujours! Ils dansent à leur manière et le revendiquent "dancer in love", meneur de valse musette, arrangeurs pour ne surtout pas tourner en rond, voici un duo-duel atypique qui donne le meilleur de lui-même dans la construction, la composition autant que dans l'improvisation de l'air du temps! Au "gré" de leurs humeurs, les voici qui ondulent, voguent et naviguent dans les contrées multiples du son-frisson, polisson (poly-sons). Belle rencontre!

Concert fort différent à 21H, celui du "Avishai Cohen trio".
Un musicien solide, sensuel qui prend sa contrebasse comme un corps et qui en fait un sujet de désir ardent, un objet résonnant sous la caresse des doigts ou de l'archet.
Voyages dans les contrées culturelles hébraïques, les rythmes orientaux, les frissons méditerranéens et latinos!
En compagnie du pianiste Nitai Hershkovits et du batteur Ofri Nehemya, Avishai Cohen séduit, captive, enjôle, joue de son charisme et de sa fougue, déride le public un peu réfrigéré par la météo capricieuse et nous invite à partager des rythmes chaleureux latino en fin de partie, pour bouger sa musique, se réchauffer cœur et corps!
Sa contrebasse le quitte pour sa voix chaleureuse et sensuelle que l'on découvre après ce torrent de musique acoustique, avec émotion et recueillement.Du bel ouvrage pour une soirée au gré des cultures du monde.Trois ou quatre rappels sans compter pour la plus grande joie du public conquis!

Dimanche, 17H l'événement: Grégory Porter et sa mystique musique entre gospel et jazz: une voix suave, sensuelle qui sourd d'un corps planté généreusement, d'un visage "casqué" par une coiffe singulière qui le caractérise si bien.
Jovial, débonnaire sincère et séduit par le site champêtre de la Petite Pierre autant que par son "bon vin", le voici ce géant captivant qui gravit les marches du plateau. La part belle à son ensemble, toujours dans le respect des rôles: vedette sans oublier que seul, on est pas grand chose!
Son répertoire, des digressions vers les standards, tout semble lui convenir, tout lui sied à merveille.

Ses accents graves, son souffle enivrent, font décoller celui qui écoute, regarde ce phénomène tendre et amoureux. Universel passeur de musique d'amour et de réconciliation. C'est "1960 What", "Pretty" que l'on retrouve avec joie et émotion avec ses partenaires, Chip Crawford génial complice au piano, aux gestes larges et enveloppant son clavier, Aaron James à la basse, Emmanuel Harrold à la batterie et Yosuke Sato au saxophone. Chacun son solo bien sûr, aux cotés du géant qui à l'issue du concert retrouve ses fans avec simplicité et générosité.
Que du bon monde à La Petite Pierre et l'on marquera d'une belle pierre, le succès et la richesse de cette édition judicieuse et peine d'allant!
Et on y retournera de notre plein "gré"!Cela nous agrée, bon gré, mal gré et l'on vous en saura gré car on ne trouvera pas plus à son gré, malgré tout!On souhaite au festival une longue "carrière"!

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