Mardi 30 Juin
C'est avec une oeuvre de Jonathan Harvey "Chu" (2002) pour voix, clarinette et violoncelle que démarre par ce beau soir d'été dans l'Eglise du Bouclier à Strasbourg, ce concert intimiste et recueilli.
La voix pure de Françoise Kubler borde d'une vibration chaude et grave les mélodies improbables d'une partition en tibétain en hommage à l'oppression d'un peuple, en souvenir de la chanteuse engagée Soname Yangchen. C'est troublant et empreint de grâce, de sensualité comme une mélopée incantatoire, tout juste surgie des limbes."Dans sa danse, Tara, la protectrice de ce peuple tibétain, frappe en colère, les forces destructrices de l'univers".
Une oeuvre unique aux résonances profondes et mystiques, graves et chargée d'une poésie, où la voix, les sonorités émeuvent jusqu'à très profond dans l'âme de celui qui écoute, aux aguets, les sons si savants d'une musique , mémorial d'une culture menacée.
Pour interpréter de Manuel De Falla "Fantasia Baetica" (1919) pour piano, le virtuose Wilhem Latchoumia, prète sa dextérité, toute l'envergure de son doigté sur les touches percussives, pour enchanter une oeuvre hispanisante, chaleureuse, hésitante, envoûtante. Une découverte, qui sous ses doigts, révèle l'épure de l'oeuvre, en décèle les moindres recoins de subtilité stylistique et rejoint le panthéon des interprétations de génie. Une chance de retrouver ici, un musicien, pianiste qui fait corps avec ses touches, son instrument. Belle rencontre avec un public, attentif, séduit, ravi comme à l'accoutumée!
Retrouvailles avec Pascal Dusapin et ses "Wolken" (2014) pour voix de femme et piano: Françoise Kubler enchante, fait naître et donne corps aux paysages multiples qui défilent sous nos yeux, jaillissent à nos oreilles, se jouent des mirages et de la magie d'une écriture complexe et pourtant si abordable !Goethe en forme de nuages évanescents, menaçants, enjôleurs........La beauté de l'interprétation pianistique ajoute intensité et dramaturgie mélodieuse à cette oeuvre pour voix de femme seule au firmament des cieux tumultueux ou apaisés!
Au tour de Gabriel Fauré avec "Trio opus 120" (1923) pour clarinette, violoncelle et piano et la soirée bat son plein de modernité, d'histoire aussi de la musique qui se déploie dans le temps et l'espace.
Au final de ce concert unique en son genre,une création de Martino Traversa "Trois poèmes de Stéphane Malarmé" (2015) pour voix clarinette,violoncelle et piano commande Accroche Note –Une création qui fait mouche, élégante, bordée de rêves, de mémoire, de nostalgie dans sa texture et structure traditionnelle, inspirée de la musique de chambre
Et en prime, oh, surprise une improvisation des quatre interprètes, pour mieux se jouer des embûches, surprendre, séduite et ravir: quand quatre virtuoses se rencontrent, échangent et vivent leur musique devant témoin, on ne peut que saluer la générosité et tout le travail de ce projet ambitieux: faire dialoguer les époques, les styles pour rendre les "ancêtres" contemporains et les contemporains "familiers" du monde de la musique . Merci et bravo à cet esprit d'entreprise et d'échanges qui anime le groupe "Accroche Note" et dont ils sont loin de décrocher à la tradition!!!!
Avec.Françoise Kubler, soprano / Armand Angster, clarinette / Christophe Beau, violoncelle / Wilhem Latchoumia, piano
Suite des concerts ce mercredi et jeudi, 20H 30 Eglise du Bouclier à Strsbourg
www.accrochenote.com
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