vendredi 25 mai 2018

"D'à côté": ici et ailleurs ! Attention, fragile !


"Habité et nourri depuis toujours par des mondes imaginaires, Christian Rizzo compose un univers fait de plasticité et traversé par d’étranges présences.Avec trois danseurs et figures hybrides, d’à côté développe une narration abstraite construite en ruptures, métamorphoses et libres associations 
d’images. De ce langage surgissent des formes fantasmagoriques où les corps ne sont pas l’unique vecteur d’écriture. Au plateau, apparitions et disparitions construisent un paysage mouvant où la danse et les objets dialoguent avec la lumière et le son. Un espace onirique dans lequel chaque protagoniste invite l’autre à la découverte de son univers.Christian Rizzo débute son parcours à Toulouse où il monte un groupe de rock, crée une marque de vêtements avant de se former aux arts plastiques puis de se tourner vers la danse, de façon inattendue . Dans les années 1990, il est interprète auprès de nombreux chorégraphes contemporains et fonde l’association fragile avec laquelle il monte plus d’une trentaine de productions.En 2015, Christian Rizzo prend la direction du Centre Chorégraphique National de Montpellier, aujourd’hui nommé Institut Chorégraphique International (ICI)."




Trois danseurs, trois hommes, de vert, bleu et rouge vêtus, trois êtres qui transportent des plantes en pot sur une musique de percussions et de chants d'oiseaux: compères, complices de cette petite cérémonie, sur "la plante" des pieds.
Trois passeurs de gestes, entrelacs incessants entre eux, faits de portés, de tirer-pousser et de rebonds. Ils se manipulent à l'envi dans un décor très plastique, de néons en tiges verticales où de petites lucioles pétillent comme des chenilles processionnaires...Drôle et ludique, sans faux rires ni effets de narration ou de récits, la pièce avance en autant de tableaux, de séquences où se passe le flambeau d'une gestuelle fluide, virevoltante. Un solo, avec des courses en arrière, à reculons, des vrilles et torsades, des déséquilibres savamment calculés....Chacun son style, sa grâce, sa vélocité, sa promptitude et quand ils se rejoignent c'est pour une unisson de formes, bête à trois dos, manège de courses folles, ou bestiole à six pieds, six bras, des hybrides tout simples qu'il fallait inventer. Sans jamais s’arrêter dans une forme, les métamorphoses opèrent et deux "têtes de mule" à la Xavier Veillant sèment le trouble, masques tectoniques. Des ondes de lumière tracent en fond des vagues, des montagnes qui vibrent, un paysage changeant, où se confondent les corps qui se plient sous les effets de rythmes graphiques. Alors que la musique se glisse dans ses entrelacs de corps dansants.Des silhouettes de visages impriment les blocs blancs qui se déplacent pour incarner une architecture mouvante, nomade.Le courant passe à travers des diagonales de tiges lumineuses sur fond de voix et de souffles haletants.Une danse rituelle, quelques rondes trad ou folkloriques pour mener le jeu, de jambes et de pieds. Un voyage à travers les sources de l'écriture chorégraphique, de la danse, et le tour est joué !
Dans le taillis et la forêt, les lutins colorés dansent, dans les clairières des dispositifs mouvants, l'horizon s'ouvre et se ferme, le ciel étoilé appariait. Jolie esquisse d'un travail plastique, entre danse des bâtons, ritournelle et routine.
Le rythme d'un métronome vient remettre de l'ordre dans cette joyeuse tribu, dans ce fatras de blocs blancs mobiles, dispositif ingénieux qui se construit et déconstruit à l'envi.



De beaux élans dans les courses, un solo de l'homme en rouge, cascade de gestes toniques, enroulés, fragmentés, véloces. Christian Rizzo signe ici un opus sobre et efficace, poétique et abstrait qui se nourrit d'une énergie magnétique entre les trois interprètes en osmose et symbiose évidente.Et quand parait l'homme sauvage et le monstre noir aux tentacules volatiles, le bestiaire magnifique et fantastique l'emporte et la danse de ce mikado noir aux bras multiples, enchante dans un climat serein où la peur n'a pas droit au registre. Fantastique évocation de mondes habités par des hommes simples et mouvants, des êtres qui vivent l'espace en le construisant constamment dans une belle énergie partagée.Nicolas Fayol, Bruno Lafourcade et Baptiste Ménard à l'écoute, au diapason d'une écriture signée "fragile" bien d'"ici" et de nulle part ailleurs,dans ces paysages urbains ou bucoliques si évocateurs d'atmosphères lumineuses, signées Caty Olive sous les bons auspices musicaux de Pénélope Michel et Nicolas Devos.
Et quand les sculptures mouvantes disparaissent dans les brumes des fumigènes, le rêve est terminé !



Une "bande" de créateurs pour ce "D'à côté"séduisant, pour petits et grands !
Au TJP jusqu'au 25 Mai

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire