lundi 13 juillet 2020

Ryoji Ikeda: un démiurge de la datamatique !

 Né en 1966 à Gifu, Japon, il vit et travaille à Paris et Kyoto.

Figure clé de la musique et de l'art électronique, le compositeur et artiste visuel japonais Ryoji Ikeda s’intéresse principalement aux caractéristiques essentielles du son lui-même et celles du visuel en tant que lumière, en utilisant l’esthétique et la précision mathématiques. Reconnu comme l'un des rares artistes internationaux qui travaillent à la fois sur les médias visuels et sonores, il orchestre minutieusement les sons, les images, les matériaux, les phénomènes physiques et les notions mathématiques dans ses spectacles et ses installations immersives.
Ses œuvres ont été présentées dans les plus grands musées, théâtres et festivals à travers le monde.
Parmi ses spectacles, superposition (2012) a tourné dans plus d’une vingtaine de lieux jusqu’à ce jour, notamment au Centre Pompidou à Paris, Barbican Centre à Londres, Concertgebouw à Brugge et Amsterdam, Metropolitan Museum à New York.
En 2016-2017, il crée music for percussion, une pièce acoustique pour l’ensemble suisse Eklekto, ainsi qu'une symphonie de drones, A [for 100 cars], commandée par le Red Bull Music Academy Festival de Los Angeles.
En 2019, LA Philharmonic lui commande une nouvelle composition acoustique, 100 cymbals, pour le Fluxus Festival, et il collabore avec Hiroshi Sugimoto sur une commande du Ballet de l’Opéra de Paris, At the Hawk’s Well.
En 2020, outre le focus que lui consacre le Festival Musica Strasbourg, dans lequel plusieurs de ses pièces et de nouvelles compositions acoustiques sont présentées, il collabore à la nouvelle création du chorégraphe Pontus Lindberg pour le Royal Danish Playhouse Copenhague et s’occupe de la programmation du festival de musique MODE 2020 à Londres.
Parallèlement à son activité musicale pure, il travaille sur des projets de spectacles, installations, livres et CDs, qu’il mène à long terme.
Début 2018, accompagnant la sortie de music for percussion [cd + booklet], Ryoji Ikeda crée sa source en ligne sous le nom de codex | édition.
Ryoji Ikeda est lauréat du Prix Ars Electronica Collide@Cern 2014.

Ryoji Ikeda, « Datamatics » [prototype-ver.2.0], audiovisual concert, 2006-08 
Utilisant des données pures comme autant de sources sonores et visuelles, la datamatique combine des présentations abstraites et mimétiques de la matière, du temps et de l'espace. Projetant une série d’images en noir et blanc, générées par ordinateur, avec des incises de couleurs, ces rendus graphiques des données prennent de multiples dimensions. Après des séquences 2D de motifs dérivés d'erreurs de disque dur, les images se transforment en vues tournoyantes de l'univers en 3D, jusqu’aux scènes finales, où le traitement mathématique ouvre des perspectives spectaculaires. La bande-son reflète ce processus de l'imagerie par une stratification méticuleuse des composantes sonores, créant des espaces acoustiques immenses et apparemment illimités.


Au sein de Mutations/Créations, Coder le monde présente un état de la création digitale contemporaine dans différentes disciplines. Revenant sur l’histoire du code numérique et la manière dont les artistes s’en sont emparés depuis l’avènement de l’ordinateur dans les années 1960, l’exposition fait apparaître un univers esthétique et critique commun qui questionne notre quotidien entièrement irrigué par les logiques numériques. Articulée autour de six timelines, l’exposition met au jour de multiples correspondances dans les logiques de création et offre une lisibilité globale de ce qui constitue une culture du numérique.


Ryoji Ikeda, « Formula » [prototype - ver.2.3], audiovisual concert, 2000-05
Formula, qui se renouvelle à chacune de ses présentations, est une synchronisation parfaite entre les fréquences sonores et les mouvements sur l'écran. L’œuvre place le spectateur dans une géométrie binaire de l'espace et exploite l'obscurité pour amplifier les perceptions. Il y a une intégration complète des éléments composant la musique, les images, l'éclairage et leurs relations, suivant une partition très précise.


En résonance avec la collection du Frac Franche Comté de Besançon qui se concentre sur la question du temps et du son, l’installation Test pattern [04] de l’artiste et musicien japonais Ryoji Ikeda invite le visiteur à entrer dans un univers ultra-contemporain, à faire l’expérience d’une immersion dans l’image, la lumière et un son électronique minimal.

Ryoji Ikeda
Test pattern [04]

Test pattern est un programme informatique qui convertit en temps réel les signaux, qu’ils soient sonores, comme c’est le cas ici, textuels, ou visuels, en images de codes barres ou de données informatiques binaires constituées de 0 et 1. L’installation est composée d’images projetées sur une surface au sol de 12m x 3 m accompagnée par un dispositif sonore.
La vitesse extrême des images noir et blanc, des centaines de compositions par seconde, quasi en effet stroboscopique, est une expérimentation sur les limites de la perception pour le visiteur en référence aux tests de fonctionnement des appareils de diffusion (les «test pattern» sont aussi le nom donné aux mires qui permettent de tester les images des téléviseurs). Ce projet, qui s’intègre dans la série datamatics, ensemble d’installations et concerts, explore la capacité à percevoir les données informatiques qui pénètrent jour après jour notre quotidien.
Les bases de données sont donc à la fois le sujet des recherches de Ryoji Ikeda, et son matériau de création. Par nature invisibles, l’artiste cherche à capter ces bases de données pour nous les restituer à travers une expérience esthétique puissante et fascinante.
Pour le Frac Franche-Comté et dans le cadre de son ouverture, la pièce est accompagnée exceptionnellement de sa version sous forme de concert-performance, test pattern [live set]. Depuis 2008 en effet, l’artiste développe le projet test pattern à travers plusieurs angles: sortie d’un CD, création d’un concert audiovisuel et à ce jour quatrième version de l’installation test pattern, sans oublier la version monumentale présentée à Park Avenue Armory à New York en mai 2011.


Infrabasses, sons purs et séquences quasi- bruitistes sont les ingrédients de ses compositions minimalistes, converties en direct en images vidéo. Le projet de Ryoji Ikeda dans la salle du rez-de-chaussée inaugure une programmation régulière d’œuvres pensées en fonction des caractéristiques de cet espace d’exposition. Qu’il s’agisse de productions, c’est-à-dire des œuvres créées pour l’exposition et donc encore jamais présentées au public, d’œuvres in situ qui n’existent que dans une architecture donnée et ne peuvent pas être présentées ailleurs car elles perdraient tout sens, d’installations, adaptables, notamment dans leurs dimensions, en fonction du lieu, ou encore d’œuvres éphémères, qui disparaitront après l’exposition; les œuvres qui seront présentées dans cet espace auront toujours un caractère expérimental et fortement ancré dans une actualité.
Ryoji Ikeda est né en 1966 au Japon à Gifu et vit actuellement à Paris. Il s’est fait connaître dès les années 1990, dans l’effervescence de la scène électronique mondiale. D’abord DJ, il ouvre progressivement sa pratique à l’art sonore et sort son premier CD en solo en 1995. Ses compositions prennent source dans les sons de l’environnement numérique (clicks et autres buzzs) pour arriver jusqu’à une abstraction qui tend à explorer les limites mêmes du perceptible, entre l’infra et l’ultra son, et, dans l’univers du visuel, entre la lumière blanche et le défilement stroboscopique.
Ses performances sur scène et installations sont des expériences sensorielles qui opèrent des transpositions permanentes entre images et sons. Ses œuvres ont toujours le caractère très ciselé et précis des recherches mathématiques dont elles sont issues et auxquelles il emprunte plastiquement des logiques de superposition, de séquences ou de flux continus.

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