lundi 11 décembre 2023

Amala Dianor "Dub" : united colors of Amala : "Voyages!"....

 


Elles s’appellent le whacking, le dancehall, le hell, le jookin, la pantsula. Diffusées via les réseaux sociaux, ces danses urbaines 2.0 sont issues de communautés spécifiques implantées en Corée, Europe, aux États-Unis ou en Afrique du Sud et de l’Ouest. Leurs interprètes, aussi connectés que virtuoses, puisent leur énergie rythmique dans les beats de DJ remixant des musiques traditionnelles ou populaires. Tout en empruntant aux références chorégraphiques de leurs aînés de la génération hip-hop, ils inventent une gestuelle libre et hybride qui inspire Amala Dianor. Le chorégraphe est allé à leur rencontre physique dans leurs différents lieux de vie, accompagné du photographe Grégoire Korganow. Selon le processus d’appropriation de la Dub music, qui distord le reggae acoustique en le mêlant à des sons électroniques, il les a ensuite invités à déplacer et prolonger leurs techniques de danse respectives autour d’un champ commun d’expérimentation, « territoire éphémère conçu comme un espace de rencontre ». Dans le même esprit, le dispositif visuel de la pièce s’inspire des espaces vus sur place, du ballroom collectif à l’appartement privé, tandis que la composition musicale d’Awir Léon se nourrit des influences propres à chaque pratique. De la citation à la (re)-création, un tableau vivant, créatif, jouissif, des danses d’aujourd’hui. 
 
D'amblé le ton est donné: un solo emprunt de bharatanatyam aux esquisses fortes et affirmées. Le danseur livré à son art métamorphosé par toutes les passerelles chorégraphiques de la signature de Amala Dianor. Expression vite rattrapée par celle de ses compères qui viennent envahir le plateau et se saisir de l'espace; son espace propre et celui des autres, partagé, vécu, reçu et écouté à l'unisson. Unis par le son, transportés d'une estrade à l'autre en vagues successives. Ici pas de "meublé" dans les déplacements et gestes mais une écoute et un déploiement d'énergie incroyable, juste et ressentie. Le groupe est soudé, au diapason de la musique live: chacun se "jette", se projette dans sa danse, intègre et singulier. Les horizons de chacun s'ouvrent, se mêlent, se disputent l'espace dans un esprit partageux, fraternel et ludique: ouvert, toujours. Une porte d'entrée auréolée de néons comme entrée et sortie des artistes. Puis c'est le revirement spatial avec l'apparition scénographique d'un véritable immeuble, tranche architecturale qui rend visible simultanément cinq facettes d'une danse scénographiée pleine d'audace, de risque de danger aussi. Tranche de vie, tranche de cake ou pièces détachées d'un immeuble où chaque pièce recèle son histoire de corps, de horde, de meure bigarrée. Une partie de bonheur partagé où chacun excelle en mouvement ondulatoire, en course poursuite, en déroulé haletant et ludique. On se traque, on se chamaille on s'écoute et se répond franchement au delà des différences, des origines, des styles de danse. Amala Dianor réussit à fédérer des hommes et femmes de tous horizons et ce voyage-paysage est esquisse éphémère et joyeuse de rencontres fertiles. Les couleurs du temps s'y fondent allègrement et l'énergie surgie de toute part fait mouche. Dans cette habitation architecture offerte au regard, la vie va bon train en bonne compagnie. On y partage autant que l'on y donne et reçoit et l'écriture de cet opus est forte et puissante. Pas de concession dans la grammaire, la syntaxe de cette tour de Babel jubilatoire, offerte au regard comme une devanture de boutique fantasque de l'humanité, recomposée, famille d'adoption au creux de la vraie filiation. La danse sans nul doute, à tout prix et de toute urgence pour vivre.Les néons, les couleurs pour magnifier l'union qui fait la force de cette pièce du déjà très beau et bon répertoire du chorégraphe. Amala Dianor comme un berger, un guide, un meneur de jeu, un arbitre des différences d'une grande maturité.
Le dub tire ses rythmes et mélodies du reggae, mais modifie le son en utilisant des trucages électroniques et de l'écho. Ce "DUB", c'est un genre musical de la culture underground, des free party et du clubbing.Dans ces antres on y retrouve des ambiances colorés et festives, des pièces gorgées de rouge et de bleu, qui débordent d'énergie.Nicolas Tallec s'inspire de ces lieux qu'Amala Dianor, chorégrahe de DUB, a visité pour nourrir cette création. Avec en prime une séquence voguing fort prisée...
 
Au Théâtre Debussy Palais des Festivals de Cannes dans le cadre du Festival de Danse de Cannes
 le 9 Décembre

 

COMPAGNIE AMALA DIANOR
Après un brillant parcours d’interprète, Amala Dianor a créé en 2012 sa compagnie Kaplan. Depuis son solo Man Rec en 2014, où il explorait ses origines africaines, à The Falling Stardust (2019) pour neuf danseurs contemporains et classiques, ou Emaphakathini (2022) pour les Via Katlehong, il hybride avec bonheur formes et styles entre le hip-hop, sa terre artistique d’origine, et le contemporain – il a été formé au Cndc d’Angers. En 2021, il a également réalisé les courts-métrages CinéDanse avec Grégoire Korganow.

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