mardi 27 août 2024

"les gros patinent bien": et ça cartoone au pays des sirénes du port de Bussang!


 

« Oui bon à ce stade, plus personne ne comprend rien... »
Le Maigre, Les Gros patinent bien

C’est parti pour un tour du monde, avec un voyageur, qui ne bouge pas d’un pouce, mais voit du pays comme personne, grâce à un accessoiriste qui fait défiler derrière lui, dans une course effrénée, les décors et les paysages, simplement nommés au marqueur noir sur des cartons. Un procédé malin, vieux comme le monde, essence même du jeu, qui efface toutes les limites, ouvre grand les possibles.

Après Shakespeare, un retour aussi, celui de Pierre Guillois, Olivier Martin-Salvan et leurs compères, heureux à l’idée d’arpenter à nouveau la fameuse scène du Théâtre du Peuple - ils l’aiment tant - dans un voyage aussi burlesque qu’absurde, sur la glace et sous l’eau.

Complices depuis quinze ans, Pierre Guillois et Olivier Martin-Salvan rêvaient de faire un duo. Ils l’ont fait, tout de cartons. Clowns sans en être, s’inspirant davantage du slapstick anglo-saxon, ces "Laurel et Hardy bien à la française" ont écrit, pas à pas, l’absurde voyage d’un homme qui ne bouge pas mais qui pourtant traverse l’Europe grâce à son complice, qui, tout maigre qu’il est, fait défiler derrière lui les paysages, personnages et éléments rencontrés le long de la route.

C'est un prodige de régie technique qui se déroule devant nous près de deux heures durant..Deux personnages tiennent la scène: l'un plutôt grassouillet, assis sur une chaise en carton où les contours sont dessinés évoquant l'objet. L'autre, lutin malin et foldingue va s'échiner brillamment à nous faire voyager par l'imagination, uniquement via les inscriptions sur des bouts de carton qui se lèvent comme des slogans brandis sur des barricades : noms de lieux, d'objets et autres indications de lecture. C'est subtil, réactif et drôle de bout en bout. Au départ c'est un grommelot sonore mi anglais mi langue issue de métissages qui sourd des lèvres de "Laurel" alors que "Hardy" ne pipe mot. Nos deux compères vont bâtir des châteaux en Espagne, des plages où les mouettes virevoltent, des océans, des boutiques fantasques...


Des univers incarné par le jeu extravagant de Pierre Guillois, un pantin désarticulé autant qu'une sirène sensuelle barbotant dans le flot de l'amour: un coeur en carton qui bat sa coulpe! Alors que l'autre, celui qui ne bouge pas, ne rêve que de coca colas et de son Amérique perdue. Tout est en carton et l'on peut dire que ça cartonne pour ces sous-titres, de cartoon qui en disent long sur les humeurs, les actions, les ambiances: embruns, brumes et autres effets réels de magie.Comme des cartels signifiant qui comme par "hasard" ou magie apparaissent pour commenter, souligner l'action. Un film muet en vrai, en chair et en os avec un comédien-danseur virtuose, véloce, espiègle, charmeur, érotique à souhait. Danseur aussi tant les gestes qui tanguent et gigotent sont justes et jamais mimés. Le rire éclate quand débordés par tout ce qu'il se passe, c'est celui qui ne fait rien qui déclare sa fatigue!Chaussé de bottes le voici qui se redresse et Olivier Martin Salvan cède la parole à son Marsupilami préféré.L'adresse de ce dernier, son exigence de rapidité de manipulation bordée du jeu d'acteur sont sidérantes et l'on se prend au jeu de vitesse, d'accumulation de gags, de saynètes désopilantes toujours de "bon genre"et de bon gout.


Des moments de pur désobéissance civique aussi tant ce qui s'y passe dépasse l'entendement pour une grande réjouissance collective. Un spectacle qui "renoue" avec la malice, la virtuosité, l'inventivité dans le plus simple appareil des corps mis à rude épreuve de l'humour et de la distanciation. Un vrai bonheur pour le festival de Bussang et ce théâtre où même le hêtre devient "carton" que traverse notre héros de pacotille sans vergogne, passant de l'autre côté du miroir pour mieux y revenir. Meli-mélo ou pêle-mêle, c'est de la chiromancie où, les yeux exorbités, notre héros en slip noir et casque de bain fait des siennes à longueur de journée!pDes bannières révolutionnaire brandies en cartons, .pour un Théâtre du Peuple au coeur de la foret linguistique décalée qui sent bon la renouée et le spectacle burlesque, absurde, surréaliste et bon vivant. Le tandem Guillois-Martin-Salvan comme un duo-duel incessant dans un univers de carton-pâte inénarrable.Et utopique à souhait!Au final les abysses après un tsunami géant nous redélivre et restitue notre héroine fictive: une sirène protéiforme, leitmotiv de la pièce qui tisse des liens amoureux avec notre bonhomme débonnaire qui ne bouge pas.On souligne le travail remarquable de la régie et des accessoiristes et la création sonore de Loic Le Cadre qui épouse cette rocambolesque épopée aventurière avec grâce et adéquation au petit poil! Sauve qui peut, la vie!



Au Théâtre du Peuple à Bussang le 31 Aout

hOUT EST EN Csonores

 

mercredi 21 août 2024

Fanny de Chaillé, Tiago Rodrigues, Baro d'evel et "Vive le Sujet! Tentatives "en Avignon dans le "IN" 2024.


 Fanny de Chaillé : "Avignon,une école" de bonne conduite.

Fanny de Chaillé est une "pédagogue" chercheuse hors pair qui sait extraire et tirer d'un interprète les profondeurs de ses potentialité de jeu, d'incarnation. Tout en demeurant dans les sphères de l''identité, de l'intégrité. Son "Ecole",  "une école" en Avignon en compagnonnage avec La Manufacture de Lausanne en serait un bel exemple. De jeunes interprètes s'adonnent en groupe à l'expérience théâtrale de A à Z. Construire un spectacle, trouver un argument, une histoire qui tient la route, en édifier un texte, une mise en espace et in fine le donner à voir....dans le mythique Cloitre des Célestins. Il est 21H au crépuscule du soir les corneilles se rassemblent dans les branches des platanes et dialoguent avec les comédiens. Donnent la réplique sonore au festival d'Avignon qui ce soir est à l'honneur. On lui fait la cour et on refait son histoire avec une grande H hache pour en faire un mas de la Saint Jean Vilar. Voir et entendre ces jeunes professionnels évoquer, incarner les grands de cette histoire du théâtre est troublant et attachant. Pierre Henry et sa Messe du Temps présent, Jean Vilar, Gérard Philippe et tous ceux qui ont traversé des époques, des directions artistiques différentes s ' y succèdent dans un rythme joyeux, énergique et tectonique. Le Masque et la Plume: un moment désopilant sur les critiques du temps passé qui nous parlent encore sur les ondes...Souvenirs, souvenirs quand vous nous tenez! Des numéros inénarrables parsèment la pièce dans une diction générale impeccable. Des questionnements sur le métier viennent sur le tapis, le féminisme, la société...Le Living Theatre y est passé à la moulinette aussi et la Suisse, ce pays, danger public après les arabes et les juifs s'en prend plein pot dans la figure.Tous ces événements, petits et grands, choisis pour leurs possibilités d'être ré-incarnés, restitués non moulés à la louche comme autrefois, mais dépecés de complexes et hypocrisie. Une réussite totale et enthousiasmante.La mise en scène, sobre, opérationnelle est bien de la veine d'une chorégraphe qui sait faire bouger les corps dans l'espace: danser, se mouvoir en s'exprimant verbalement, naturellement sans entrave.


Tiago Rodrigues: "Hécube, pas Hécube": une légende d'aujourd'hui fait carrière.

La Carrière Boulbon fait miracle et magnifie toute mise en espace digne de ses volumes surprenants, de son acoustique, de ses failles murales impressionnantes. Elle ne pardonne rien comme la Cour d'Honneur et voici Tiago Rodrigues qui s'empare du lieu en compagnie des comédiens du Français.Réussite totale tant le mariage d'un texte inspiré de la mythologie et de ses facéties épouse les entrailles du lieu et fait se mouvoir. Entre le tribunal où Hécube -celle d'Euripide-et la première de la pièce de théâtre répétée, tout se construit autour de ses personnages de légende devenus de veine contemporaine. L'histoire personnelle de la comédienne phare, Nadia, mère d'un fils autiste malmené dans son institution d'acueil est sidérante. Hécube, pas Hécune" est de la pure syntaxe d'autisme où la répétition fait figure d'acte d'existence, de réussite. Les comédiens, une bande d'acteurs en répétition sont au diapason de ce récit cruel et sensible. Faite de répliques qui n'appartiennent qu'à eux et à Tiago Rodrigues, la narration va bon train et file deux heures durant dans cette carrière où tout résonne juste. En écho avec ce drame personnel, cette joyeuse assemblée d'acteurs, meilleurs les uns que les autres. Sept d'entre les sociétaires de la Comédie Française animent le jeu, se déplacent aisément sur ce plateau naturel où la poussière de sable laisse les empreintes de bien des pas. Costumes sobres, jeu à la perfection de ceux qui exercent un métier où la communication avec le public est chose évidente et respectée. Un moment de grâce dans un écrin où la vie semble irréelle alors que sur la scène se joue les destins politiques, sociaux de toute urgence et qui n"ont rien de fictifs.


"Qui som" de Baro d'evel: failles et  fractures terrestres

D'emblée le chemin qui mène à la cour du Lycée Saint Joseph est un couloir où nous reçoivent des personnages en frac d’hôtellerie, gardiens du temple ou personnel au service d'un établissement de renom. Des céramiques, sculptures contemporaines dignes d'un musée d'art moderne jalonnent le parcours, éclairées comme dans une salle d'exposition. C'est dire si la partie scénographique du spectacle sera "plasticienne" et scénographique. Les éléments du décor le prouvent au premier clin d'oeil: immense monticule de franges en muraille à la Polux le chien, bouteilles de plastique  à la mer jonchant le sol. Une introduction désopilante avec une diatribe sur la terre et la boue qui façonne les pots alignés le long de la scène et le tour est joué. On plonge en empathie avec cette tribu un peu folle, cette horde sympathique de personnages ubuesques plongée dans un décor à la Miquel Barcelo. La matière première de ce show atypique est bien la terre comme dans la performance de Josef Nadj et Miquel Barcelo "Paso doble" en 2013... Chant, cirque et petit chien qui traverse la scène inopinément, tout se mêle et s'enchaine pour le plus grand plaisir absurde de cette condition humaine farfelue et déroutante. Le bruit de la mer en furie, le flux et le reflux des divagations des êtres sur terre mouvante. La polution aussi avec ses amas de bouteilles plastiques qui résonnent comme une ode à l'injustice faite à la nature. Le final en fanfare débridée nous conduit ailleurs pour terminer la soirée en toute convivialité. Le jingle même du festival légendaire revisité pour faire écho à cet esprit de bande délurée très attachante.

"Vive le sujet! Tentatives Série 2"

La SACD continue son travail d'expérimentations scéniques et textuelles avec cette deuxième série de l'édition 2024 du "Sujet à vif"!


"Méditation" de Stephanie Aflalo: la mort leur va si bien.

L'humour caustique et décalé de l'autrice française est une fois de plus source de trouvailles, de surprises. En compagnie de Jérôme Chaudière et Grégoire Schaller la voici attablée pour un festin de jeux de mots, de situations ubuesques, de positions absurdes. Quand la chaudière donne de la chaleur, tout le monde se rit de soi et le sarcasme tendre va bon train. C'est frustre, drôle, décalé et enjoué, mis en scène sobrement sur le plateau nu du Jardin de la Vierge. Intempestif, décalé, inaccoutumé, tout se renverse, bascule joyeusement. Des transports en commun dans l'au-delà terrestre qui enchantent les cranes et autres vanités liés au culte désuet de la mort. Ce trio infernal pour braver la camarde, éradiquer les méfaits de la faucheuse et réjouir le théâtre de si étranges productions.


"Baara" de TidianiN'Diaye

Un duo inspiré des gestes du travail trivial quotidien se révèle emblématique d'une recherche sur la répétition, l'ancrage des gestes domestiques ou laborieux. Comme un rituel en blanc, la pièce démarre, solennelle, la musique live bordant les pauses d'un personnage mythique. Un second le rejoint pour entamer une danse duo, fragile, inspirée de postures du travail. "Les raboteurs de parquet" de Caillebotte ne sont pas éloignés tant la précision et richesse des détails suggèrent les emplois.En compagnie de Adonis Nebié Tauwindsida, le chorégraphe malien touche et les us et coutumes du labeur sont évoquées sans honte ni déni sur des corps soumis à l'effort, à la rudesse. A l'indifférence aussi...

Un programme insolent et tendre à la fois réunissant des artistes courageux, frondeurs ou pacifistes qui oeuvrent à la singularité des écritures et inspirations. La SACD en fer de lance de ces recherches inédites.

mardi 20 août 2024

LES HIVERNALES 2024: "On (y) danse aussi l'été ! ": les cigales dansent aussi !!

 Les Hivernales c'est la scène chorégraphique incontournable du festival off d'Avignon qui a pignon sur rue depuis belle et lurette et qui ne cesse de rassembler un public nombreux et hétéroclite.



Cette année à potron minet c'est "UNTITLED" Nostalgia Acte 3" de Tiran Willemse qui démarre la journée de programmation intense.

Un solo très émouvant où le fantôme de Giselle semble animé les pauses stylées danse classique, les diagonales et autres manèges, les piétinements de "la danseuse classique". Bien vite se défont ces formes apprises à travers le corps de Tiran Willemse qui se libère du carcan et offre une dans libre et évocatrice d'une culture africaine. Pour la beauté du geste, la précision des intensions chorégraphiques, ce solo inspire empathie et respect.


"HOPE HUNT AND THE ASCENSION INTO LAZARUS" de Oona Doherty OD Works

Révolution et Commune

C'est Sati Veyrunes qui s'y colle à ce solo emblématique de la chorégraphe irlandaise.Telle une SDF sans toit ni loi, la voici projetée sur la scène, vindicative, forte et pleine d'une énergie féroce et animale. La performance de l'interprète est sidérante et toutes les luttes sociales passent à travers son corps. Barricades et autres murailles à franchir en compagnie d'Allegri ou d'autres musiques toniques.  Un moment de méditation intense sur le pouvoir poétique et politique de la danse.


"VISCUM" de Noé Chapsal compagnie les corps jetés

Se jeter dans la bataille

D'emblée on est conquis: ils sont deux à se confronter dans un mouvement à répétition: esquive et embrassade, hallucinantes qui font mouche. Décliner à l'infini un mouvement, en carapace de cuir, se frotter, s'étreindre et se rejeter.D'un geste, d'une figure phare cette déclinaison d'énergie, buste contre buste dans un choc organique est splendide. Autant dans "le réel" il, elle, semble timide à l'approche dans un questionnement sur les possibles, autant la passion les poussent à l'impossible. Ils s'autorisent humblement à faire quelques gestes l'un envers l'autre et se défoncent dans la fiction irréelle. Tout leur est permis dans cet échange loin de l'intimité. Sans frontières, ni barrières: oser ou ne pas oser faire à l'autre ce que l'on souhaiterait ressentir ou vivre.Charlotte Louvel et Noe Chapsal: un couple féroce et hypnotique.


"2048" de Annabelle Loiseau et Pierre Bolo compagnie chute libre

Ça disjoncte

Une joyeuse bande fait la fête sans se douter que le temps passe Le compte à rebours démarre pour cette pièce pleine de pièges, de trappes et d'oubliettes. Attention, les joies et embrassades sont peut-être éphémères et Le Boléro de Ravel ravive souvenirs et mouvements compulsifs à l'envi.Une catastrophe en vue et l'insouciance est menacée. Danger sans panneau indicateur; l'ambiance est fumeuse et inquiétante. Une DJ polaire suit cette meute, cette horde de six danseurs dont une danseuse forte et puissante semble mener le bal.La danse est fluide et belle. Tout retourne au calme. Mais que c'est-il vraiment passé durant ces 2048 secondes?  


"TENDRE CARCASSE" de Arthur Perole CieF

Des petits riens pour une danse à soi.

Intimité et tendresse au menu de cette pièce fort séduisante et émouvante. Nos tics et tocs, nos habitudes et obsessions quotidiennes y sont évoquées en paroles, en gestes adéquats.Et l'empathie se fait maitresse de ce jeu plein d'humour, de recul, de distanciation naïve Être soi et le revendiquer, le dévoiler pour se construire en compagnie des autres et non en "monstre" à dénoncer ou vouloir exterminer. C'est beau et touchant: le geste relaie la paroles et ces quatre personnalités ne nous dissimulent rien. On est proche et complice, en fraternité et vulnérabilité avouée.Un bel aveu de tendresse, de sensible et de beau. Après une danse d'allégresse commune dans des costumes rutilants, des chrysalides sans paillettes éclosent des papillons dans des oripeaux du quotidien. Casse-croute et n'avoue jamais, ça fait trop de bien de s'exprimer: le naïf, la petite, le gay à chevelure, la belle métisse: un portrait de famille composée des plus véridique..  


"RUUPTUUR"de Mercedes Dassy ama brussels

On achève bien les chevaux

Coup de gueule pour cet opus qui pourtant contient en germe tant de possibilités inexplorées. Quatre walkyries échevelées et féroces simulent la révolte sous couvert d'une musique inaudible et vorace. Féminisme outrancier sans nuance et révoltant. De leurs chevaux, sortes de prothèses mal articulées, elles ne font rien que chevaucher le ridicule. Ces structure robotiques dont elles s'affublent restent inopérantes. Mégères et fébriles, vengeresses et porte drapeau d'une émancipation absente. La danse, le mouvement n'adhèrent à rien qu'à  des moulins à vent inefficaces.Ces amazones détrônées auraient pu nous emballer et nous conduire au summum du burlesque. Là, c'est la chute équestre libre et sans appel. Cavalcades et chevauchées vaines, manège pas enchanté du tout: trivial et violent, cet anti manifeste féministe nous plante et ce quatuor au tiercé non gagnant de mécaniques défoncées, mal huilées est indécent.


"TOUT SE PETE LA GUEULE, CHERIE" de Frédérick Gravel DLD

Tout va mâle

Ils sont épatants et à la fois attendrissants ces mâles qui ont du mal à être différents de leur éducation primitive. De la bière à gogo qui explose en mousse, des biscotos et autres attributs masculins pour nous faire bander de joie: et le tour est joué. C'est malin et mutin, bien interprété, solidement affirmé et soutenu pour nous faire éclater de rire. Ou de désespoir tant ces quatre escogriffes québécois semblent sans avenir. Un portrait désopilant de la gente masculine en perdition entre tradition et perte de soi sans issue possible. Torse nu bien sûr et plein de clichés machos mais "vertueux" malgré tout dans leur déclin. Sauve qui peut, ça va de mâle en pire et tout fout le camp!



Festival "Avignon le off" 2024 : trouvailles....

 Quelques trouvailles en allant fouiner et chiner dans le grand bazar du off


A la Manufacture au Chateau Saint Chamand "BARULHOS" de Bouba Landrille Tcouda compagnie Malka

Les bruits du monde

De l'énergie à revendre et offrir pour cette troupe à la technique virtuose dotée d'un sens du rythme inné. De la très bonne musique pour soutenir la chorégraphie tectonique, emballante. Un mur d'eznceintes comme scénographie qui sans être du Pierre Henry sonore demeure un espace visuel très esthétique. Solos et unisson au petit poil, des ralentis parfaits et onctueux pour une pièce inspirée de Bouba Landrille Tchouda. Les bruits du quotidien comme source d'inspiration pour ces six danseurs aux aguets de tout ce qui fait son et sens au pied du mur d'enceintes symbolique.


Toujours au Chateau programmé par La Manufacture "DUOS IMPROBABLES" – Claire Durand-Drouhin, BALLET BRUT. 

Tous différents

Une pièce comme un petit miracle tant elle fait appel à la générosité et au partage. Partages des différences: l'aspect physique, la personnalité des danseurs, bref tout ce qui fait l'identité d'un être humain, artiste. Quant au handicap moteur, celui qui en est "atteint" a autant de chance de danser en duo, en solo s'il est considéré et invité à exprimer son énergie, sa confiance en soi, en l'autre.Un homme privé de l'usage de ses jambes, en fauteuil ou pas sait faire passer le message. On se transporte ici avec joie et bonheur à partit d'une structure, architecture comme un long banc posé et sol qui récupère et fait rebondir les corps qui s'y posent. Duos ou addition de solos de toutes formes pour cette compagnie très à l'aise, débonnaire et accueillante. De beaux portés, une masse de corps soudés, deux estrades pour les accueillir et les faire vibrer. On y a la pêche, le vocabulaire fertile et prolixe: on y parle chinois aussi sur fond de musique live. C'est très engagé, engageant et cela se vit comme une belle lettre à la poste.


"KIFESH 2.0" de Oumar Diallo

"Je suis un voyageur"

Dans le cadre des "Garden Party" au Théâtre des Doms, voici un duo singulier plein de force et d'espoir. Deux danseurs noirs s'y confrontent une demi-heure durant dans la chaleur et la lumière de l'après midi en plein air.Un tête à tête, poids du corps en figure de proue pour signifier le duel, la confrontation, le combat. Mais aussi des appuis solides en "chef" et indéfectibles. Ce duo brodé de mots jetés et lancés au public, "je peux voler", pas vous peut-être...Popping, Locking, et Krump comme langue commune.Israel Nggashi pour donner la réplique, tempérer les élans frondeurs ou simplement danser la diaspora noire africaine.




"YE (L'EAU)" de Circus Baobab Kerkalla Bakala Camara

A La Scala c'est l'émeute: on se bouscule pour voir ces circassiens hors pair nous conter l'eau. Des bouteilles plastiques en pagaille pour nous rappeler que la pollution est omniprésente quant à la consommation de l'eau dite minérale de masse.Une légende guinéenne que cette troupe d'athlètes fabuleux, danseurs, acrobates, circassiens et contorsionniste de surcroit. Du jamais vu en terme de performance physique: des pyramides d'hommes qui montent au ciel, du danger, du risque constamment devant nous. C'est troublant cette histoire d'0 qui trahit notre négligence face à ce trésor indispensable à la vie que nous consommons et gaspillons sans cesse et sans vergogne.Du cirque sans animal avec toute la force animale de ces 13 danseurs prodiges, entrainés comme des bêtes de foire à tout rompre.Nedjma Benchaibauc commandes chorégraphiques de cette performance olympique hors norme. Des sensations fortes pour ébranler nos consciences consommatrices.



"SOUS TENSION" compagnie DTS

Sans détente....

Au théâtre Golovine, une jeune troupe pleine de pêche, d'énergie et de talent. Une heure durant, une dynamique d'enfer fait se succéder les tableaux de choc d'une bande boostée par la jeunesse et l'enthousiasme. Tensions de la vie, des relations humaines pour une danse pleine d’élan et de punch. L'impact de certains maux quotidiens sur notre existence les fait agir, réagir et bondir. Hip-hop et danse contemporaine pour exploser le genre et exploser d'énergie communicative.Comme dans une toile d'araignée les fils tendus emprisonnent les corps: tension tonique d'une architecture éphémère à la Jean Nouvel.


"DE CORRELATION/CORRELATION de ormone

Apparitions sonores

A Présence Pasteur, le fief de la Région Grand Est c'est Aurore Gruel qui nous offre une courte pièce dans le noir et dans l'ombre.Dissocier le son du geste et la musique de la danse est ici son crédo.Alors que la danseuse évolue dans le noir, une musique sourd de ses gestes comme envoutée par le silence et les sons de sa danse. Une expérience hors du commun en compagnie du créateur Hervé Birolini qui nous conduit vers une séance hypnotique de toute beauté.


"LE GLANEUR"

Se payer une étoile

Romain Bertet (l'oeil ivre) investit intra muros La Manufacture. Petit espace à potron minet pour un interprète qui se joue des embûches. Sur son petit scooter de poche il se balade dans sa mémoire et nous conte ses souvenirs d'images animées: le cinéma est source d'inspiration mais aussi de construction de l'imaginaire et le voyage pluridisciplinaire en sa compagnie est riche et fertile en émotions. Le corps conquis et animé par le jeu de tous ceux qu'il semble avoir rencontrés sur l'écran noir de ses nuits blanches.

Festival Montpellier Danse 2024: les valeurs "sûres" et certaines!

 Les "grosses pointures" sont fragiles en danse et nul n'est à l'abri de la répétition, du déjà vu..


Chansons de gestes

Avec "Requiem" au Corum, Angelin Preljocaj échappe à cette fausse idée convenue et nous offre une oeuvre, certes emblématique, mais pas dénuée de surprises.Un spectacle où les émotions dues à la perte d'un être cher sont prégnantes. Entre l'intime et le tribal, Preljocaj rassemble, relie, réunit les religions et toutes croyances figées. Dans une sorte de rituel il soude l'image d"une histoire universelle avec sa grande "H". Les images, fierté pour les danseurs s'y adonnent en gros plans vidéo.Naitre et mourir dès le premier cri. La musique du groupe 79 D est aussi une mosaïque d'images, d'émotions. Le corps pense à l'âme écrivait Spinoza. Trois grappes suspendues en scénographie à la Ernesto Neto délivrent des corps, accouchent de personnages mythologiques. Trois groupes de danseurs les accueillent et la vie peut commencer. Sur fond de musique métal, la danse opère à l'unisson, très angulaire et parfois redondante.Tout s'enchaine sans faute ni heurt. Dans une certaine monotonie, monocordie et mélancolie. Le deuil de corps perdu que l'on traine au fossé, heurte. On les lance en l'air aussi... Des figures rituelles de personnages mystérieux dans de beaux costumes comme devin ou gardien du temple, séduisent. Duos, ensembles impeccables tiré au cordeau rythment l'univers sonore fait d'extraits musicaux choisis; réquiems et autres musiques choisies pour leur impact. L'émotion demeure ténue pour ce spectacle ambitieux, très esthétique aux belles lumières. La perfection de l'interprétation n'appartenant qu'à l'écriture très fouillée de Preljocaj.


Quatuor saisonnier

Anne Teresa de Keersmaeker et Radouane Mriziga avec ""Il Cimento dell'Armonia e dell'Inventione" de Rosas et A7LAS à l'Opéra Comédie est un trèfle à quatre feuilles. La scénographie luminzeuse de départ est cinétique et les barres parallèles en tableau changeant digne d'un créateur plasticien magnétique. Dans le silence et le rythme plastique de ces bandes verticales. Moment d'intrigue et de suspension qui dérange et agace. Et c'est bien! Un solo d'un danseur, virtuose comme il se doit démarre la pièce qui n'aura de cesse de tricoter, démultiplier à l'envi les gestes phares de De Keersmaeker. Les saisons s'enchainent, de l'automne charmant au printemps foisonnant. Tout s'écoule sereinement, les trois autres interprètes masculins se fondant dans ces lumières changeantes. Enjoués, lumineux les interprètes se donnent, sautillent, simulent des "claquettes" dans un duo prestigieux. Un numéro magique qui désoriente et ponctue l'énergie ambiante. Stricte et virtuose. Le baroque s'invite à cette cérémonie, ce quatuor d'abord silencieux puis très loquace. Les saisons s'égrainent, la musique de référence de Vivaldi, remodelée. Les cordes maniérées comme des gestes mesurés. Danse au sol, marquage lumineux en plongée pour une grâce nonchalante. Des emprunts au hip-hop sur fond blanc au final. La lumière comme évocation principale de la succession du temps selon les saisons. Le silence se repose et les corps se taisent." La géométrie, l'abstraction et l'observation de la nature comme crédo.


Cunningham ressuscité

Avec "CRWDSPCR", "Rainforest" et "Sounddance" le CCN Ballet de Lorraine(direction petter jacobson) Merce Cunningham, une fois de plus aposituoone le maitre au  coeur de la modernité et de l'expérimentation. On redécouvre les costumes colorés arlequins à carreau, les lignes et sauts vertigineux de Cunningham. La rigueur, le calcul, au cordeau, le lyrisme et la joie de la chorégraphie innovante de CRWDSPPCR. La vitalité, la coordination jubilatoire sans hasard ni yi-jing de cette oeuvre révolutionnaire émeut!Les ballons qui réfléchissent la lumière étincelante de "Rainforest" sont magnétisme visuel et sensoriel. Les corps sont plongés dans la matière volatile, légère, éphémère et l'apesanteur nait, sensible. La lenteur, les duos, les couples s'enchainent et les jetés de ballons et coups de pieds contrastent avec cette ambiance aérienne, indicible. Nonchalance et singularité pour une scénographie dansante évanescente à la Warhol et Johns de bon aloi! Quand danse et art plastique se rejoignent, la symbiose est organique, sensuelle et véridique. Avec ses rideaux plissés d'où jaillissent les danseurs, tout saute, virevolte en éruption comme des singes habiles. Transports et enthousiasme, humour, sourire et clins d'oeil au "bird", oiseau rare et libre graphiste de l'espace. La musique live électronique, électroacoustique au diapason de ces inventions chorégraphes diaboliques!Les danseurs du Ballet de Lorraine relevant le défi avec volupté et engagement, intelligence et intuition.

Le Festival Montpellier Danse toujours dans l'actualité patrimoniale et inventive comme il se doit grâce à la patte, au flair, à l'intuition de son directeur artistique de légende, Jean-Paul Montanari !

Montpellier Danse 2024: traces et signes d'auteurs, d'autrices singuliers

 Un festival de danse laisse des empreintes, des traces, lance des signes et fait ricochet dans "le lac" qu'il ne faudra jamais assécher à l'encontre de ce que disait Jean Cocteau.

Alors deux mois après sa clôture magistrale que reste-t-il de ces représentations, manifestation de cet art qui ne cesse de grandir, évoluer, prendre toutes sortes de formes?

Des images, du son, des bruissements, des sensations et émotions à fleur de peau.Des ambiances selon les lieux à redécouvrir à chaque nouvelle invitation d'artistes.


Ivresse

Avec Armin Hokmi et son "Shiraz"au Hangar Theatre ce sont six danseurs qui tanguent sans cesse au rythme d'une musique lancinante, hypnotique: bercement des corps aux mouvements infimes, tenues dans des costumes pastel, baskets. Les regards des danseurs figés sur le sol comme une méditation cosmique, minimale, envoutante qui peu à peu dérive. Chaloupes dans l'espace nu, blanc. La tension monte une heure durant, les corps se frôlent petit à petit en duos. Révérences, jeux de mains, de bras, de hanches...Une danse lumineuse, contagieuse qui agite nos esprits capturés, captivés par ces mouvements altiers, nobles, marqués de culture du bassin méditerranéen. Harmin Hokmi fabrique une gestuelle originale, empreinte de biens des styles mais toujours solide et inscrite dans des emprunts loyaux aux autres cultures....


Dance-club

Michèle Myrrray surprend avec "Dancefloor" au Théâtre de l'Agora. En "compagnie" des danseurs du CCN Ballet de Lorraine (direction petter jacobsson), au crépuscule du soir, alors que les danseurs peu à peu investissent les différents niveaux du théâtre de plein air. Ils apparaissent du haut des cursives, les lumières naturelles changeantes encore à cette heure miraculeuse. Le plateau blanc est nu: sobriété exige. Comme des électrons libres, ils dansent, isolés, gestes libres, solitaires. Pauses classiques, tous virtuoses et enthousiastes. Des duos complices très pasoliniens les unissent: beauté et singularité, sauvagerie intime et complicité. Les ambiances lumineuses éclairent et magnifient le tout. Comme des salves lancées dans l'espace, ils dévorent l'espace où ils sont à l'unisson d'une chorégraphie singulière. Entre chorus et isolement, entre langage classique et inventivité contemporaine.


Idée: très bonne!

"Idée": une surprise pour tous que ce solo signé Abdel Mounim Elallami: dans une diagonale de lumière au studio Cunningham de l'Agora ce danseur chorégraphe soliste signe une performance de trente minutes: gracieux, baroque et maniéré, humble et discret, il tient l'espace et maitrise directions et intentions avec fragilité autant que détermination. "Tu n'es pas une fille" en filigrane pour cet homme qui se questionne sur l'identité autant genrée que gestuelle. L'éducation, la culture nous façonne à l'encontre de nos désirs profonds et ce solo exprime toute cette liberté d'expression contenue dans la danse: celle qui sauve et affranchit des contraintes sociétales.Une couronne d'argent, hérissée comme design scénographique en dit long sue la genèse de ce solo, très abouti.


Tombe, la danse.

"We learned a lot at our own funeral" de Daina Ashbee déconcerte à l'envi au studio Bagouet de l'Agora. Les spectateurs encadrent la scène et s'y trouvent comme à l'intérieur entre frontalité et horizontalité.Une forme mouvante investit cet espace singulier, solide et présente. Elle ôte les lés du tapis de sol, déchirés.Bruits et sons envahissent l'espace et l'atmosphère est singulier. Voix et sons à l'unisson pour un univers sonore très élaboré. Au sol, immobile puis virtuose d'une danse animale, se meut une créature étrange. La peau à vif, les pauses hip-hop sidérantes comme un défi à cette humilité.Elle-il-investit le sol quadrillé, le sable omniprésent laisse les traces des empreintes de pieds bruissant. Une autre créature, nue, en maitresse absolue, couchée au sol rampe puis se dirige vers le public éclairé, à vue. Sable au centre. Elles dansent de très près, frôlent les corps des assistants de cette curieuse cérémonie. Gêne, abandon total des uns et des autres dans cette communion partagée. Du jamais ressenti sur la question de l'ensevelissement, de l'enterrement.Elles participent à la sensation synergique du public rassemblé autour d'elles. Deuil et force du groupe qui le berce et l'encadre, cette pièce est unique et bouleverse. Ces corps inversés au sol, dénudés dans l'écoute extrême de ce qui se passe sur le plateau. Énergie et subtilité des gestes infimes. Les échanges sont évidents, naturels sans contrôle mais extrêmement maitrise pour ne choquer personne. Au final Daina Ashbee reptile aguéri, dans une reptation lovée, laisse traces et signes dans le sable de son pays d'origine. Souffle d'un rituel mémorable, funérailles sensibles et surréalistes des corps ensevelis qui ne cessent de faire résurgence.Momo Shimada en contorsionniste virtuose aux multiples facettes envoutantes.

Betty Boop à la Case à Preuschdorf....L'Ile Art en émoi...Danse, danse....Elle tremblait de mettre quoi????

 

Betty Boop fait une halte à la Case à Preuschdorf dans le cadre de "l'ILE ART" ces deux prochains week end des 24/25 AOUT et 31 AOUT/1 SEPTEMBRE...

Une invasion de Betty Boop figurines en état de danse, en 65 costumes bigarrés de danseuse de toutes les danses sans favoritisme: hip-hop, samba, gitane et autre danse indienne dans une scénographie originale de MIRIAM SCHWAMM

Un événement à ne pas rater: performances de Geneviève Charras, chahuteuse, charivarieuse


 le dimanche 25 AOUT 15H/ 16H/ 17H: "un deux trois elle rêvait de mettre quoi?"...



A la Case à Preuschdorf les 24/25 AOUT

Entrée libre