de Too moved to talk Belgique solo création 2024
To be schieve or a romantic attempt
Ancienne violoncelliste passée par P.A.R.T.S, l’école d’Anne Teresa De Keersmaeker, la Bruxelloise Fanny Brouyaux s’intéresse à l’un des aspects viscéraux du mouvement romantique : la corde sensible. À partir d’un patient travail rythmique plein de maîtrise, allant de la tension physique aux mécaniques des états émotionnels, naît la performance To be Schieve or A Romantic Attempt. Sur une bande son de Caprices pour violon solo de Niccolò Paganini, ce jeu de mot sur « Schieve », signifiant tordu ou fou en bruxellois, explore les frictions entre gestes techniques et mouvements incontrôlés qui la traversent lors de crises de spasmophilie : des gestes-mémoire permettant au corps d’expurger un stress post-traumatique. Spasmes et tremblements pulsionnels anarchiques s’enchevêtrent à une virtuosité lyrique pour détricoter les tensions qui habitent son corps.
Dans le silence absolu, elle divague sur des notes de musique tout le long de son corps, les doigts fébriles agités de petits bougés spasmodiques.
Doigts et pieds vif argent ou d'acier qui tintent dans l'espace comme autant de petites aiguilles agitées, percutantes,luisantes. Elle façonne et caresse l'espace. Le corps de Fanny Brouyaux devient instrument mimétique, mémoire d'une matière que l'on lui aurait dérobée et dont les formes et les sensations lui seraient encore très présentes. Solo à vif qui tranche l'espace de soubresauts tétaniques, de gestes voisins d'un mime étrange et sans référence, habité comme les solos de Chaplin, d'une malice énigmatique. Les lèvres marquées par un dessin en coeur glacé de bleu. Changement de veste, tout en noir elle danse sur des bribes de sons mélodiques de violon. La musique lui inspire des déplacements, circonvolutions ludiques et fraiches. Comme un colibri ou sphinx qui hésite à choisir sa corolle de fleurs pour butiner et palpite devant sa proie.Oiseau mouche à battement d'aile véloce et rapide.
Puis fend l'air et absorbe son élixir de jouvence. Beaucoup de grâce et de fébrilité dans cette mouvance, éclairée juste au corps, qui navigue à l'envi. La danse hypnotise, captive et marque son territoire en circulant lentement en poses dans les gradins. Moments de suspension du temps, replis vers le silence et la beauté plastique de son corps sculpté par la lumière changeante. Fanny nous livre sa perception et sa sensibilité musicale à fleur de peau, troublante vibration d'un corps en émoi qui se joue des rythmes intérieurs et de leurs répercutions sur le geste organique autant que réfléchi.
A la Pokop dans le cadre du festival "L'année commence avec elles" initié par Pole Sud le 27 Janvier
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