Le chorégraphe samoan installé en Nouvelle Zélande,nous revient après une prestation très politique, pour sa création récente "Birds with skymirrors".Une façon très personnelle de revendiquer une position écologique et équitable sur la thématique de l'écosystème. Mais tout ceci dans une esthétique loin des discours lénifiant sur le sujet.
Il s'inspire du comportement des oiseaux de l'Atoll Tarawa, qui malgré eux portent un bec scintillant au soleil à cause des reflets des bandes magnétiques toxiques qu'ils collectent au large du Pacifique. Ironie du sort car cela donne lieu à un spectacle splendide, une scénographie très plasticienne.Ambiguïté donc pour cette évocation sans concession du monde qui bascule dans l'absurde,dans le paradoxe. Montrer, dénoncer cet état de fait avec la danse, le chant, les mots et la simplicité d'une mouvance quasi mystique et spirituelle, telle un rituel sacré, est une belle gageure qui réussit à Lémi Ponifacio par sa maitrise du propos. Sans glissade démagogique, sans excès mais dans une vérité qui touche et qui bouleverse celui à qui s'adresse ce spectacle très abouti. Regarder autrement l'univers, dévoiler l'impact grossier des interventions de l'homme sur l'environnement, ainsi se décline le credo du chorégraphe servi par sa compagnie dans une complicité fidèle et opérante.Que ces oiseaux ne soient pas de mauvaise augure, mais plutôt des phœnix renaissants de leurs cendres!!!
vendredi 9 décembre 2011
"Loredreamsong" de Latifa Laâbissi: quand des ectoplasmes dévoilent une certaine matérialité de l'hypocritie...
La compagnie "Figure Project" dirigée par Latifa Laâbissi est "hantée" par une préoccupation récurrente: dénoncer les ostracismes, dévoiler toutes les figures de la manifestation de l'intolérance, du racisme: toutes "les différences" qui subissent injures, humiliations, qui sont bafouées et meurtries.Avec "Loredreamsong", cette petite musique de nuit qui se niche en chacun, signal d'alarme ou de détresse, elle signe en compagnie de sa fidèle comparse, Sophiatou Kossoko, une pièce riche en rebondissements humoristiques et sarcastiques.
Deux jolis fantômes sautillent et virevoltent à l'envi, à l'image d'autant de figures de rhétorique sur le sujet brûlant qui les tarabuste: le racisme. On découvrira par la suite quand nos deux ectoplasmes se dévoilent, qu'elle est "blanche" que l'autre est "noire" et que chacune s'exprime dans son langage qui peu à peu devient le même.
La "femme arabe" et la "femme noire" revêtent les atours du singulier-pluriel, dans la joie, le respect, l'humour et la distanciation.Belle prestation de ses deux danseuses dont l'une est passée par les chemins de traverse d'un Boris Charmatz et d'une Robyn Orlin.
C'est peu dire sur la rigueur et l'authenticité de leur propos et de leur jeu , jamais gratuit, jamais fortuit; toujours juste et impertinent.Nadia Lauro signe ici la conception scénographique, sobre et efficace, Olivier Renouf au son affute son compagnonnage et sa complicité avec nos deux protagonistes.Un ouvrage de "dames" très osé, très indiscipliné pour énoncer parfois l'indicible, pour montere l'invisible de nos pulsions pas toujours avouables.
La différence a droit de cité dans l'agora de la danse!
Deux jolis fantômes sautillent et virevoltent à l'envi, à l'image d'autant de figures de rhétorique sur le sujet brûlant qui les tarabuste: le racisme. On découvrira par la suite quand nos deux ectoplasmes se dévoilent, qu'elle est "blanche" que l'autre est "noire" et que chacune s'exprime dans son langage qui peu à peu devient le même.
La "femme arabe" et la "femme noire" revêtent les atours du singulier-pluriel, dans la joie, le respect, l'humour et la distanciation.Belle prestation de ses deux danseuses dont l'une est passée par les chemins de traverse d'un Boris Charmatz et d'une Robyn Orlin.
C'est peu dire sur la rigueur et l'authenticité de leur propos et de leur jeu , jamais gratuit, jamais fortuit; toujours juste et impertinent.Nadia Lauro signe ici la conception scénographique, sobre et efficace, Olivier Renouf au son affute son compagnonnage et sa complicité avec nos deux protagonistes.Un ouvrage de "dames" très osé, très indiscipliné pour énoncer parfois l'indicible, pour montere l'invisible de nos pulsions pas toujours avouables.
La différence a droit de cité dans l'agora de la danse!
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lundi 5 décembre 2011
Crazy Horse: le film, le livre, les croquis: crazy!!!!
En vogue bien sur, mais de tout temps, le "Crazy Horse", célèbre cabaret parisien, a donné lieu à un documentaire de création atypique, "Crazy Horse" de Frédérik Wiseman.Déjà auteur du très beau documentaire sur l'Opéra de Paris et son Ballet, le scénariste prend à bras le corps son sujet et nous fait pénétrer dans les coulisses du temple mondial de la sensualité.Troisième institution française après la Comédie française et l'Opéra de Paris, s'il vous plait!!! Au cœur du plus avant-gardiste des cabarets parisiens, la caméra du documentariste américain suit le metteur en scène Philippe Decouflé et Ali Madhavi, directeur artistique, qui réinventent les numéros de la célèbre revue de danseuses nues.Découvrez la vie du Crazy, des répétitions aux représentations publiques!!!Les premières images sont kaléidoscopiques, la caméra frôlent les corps nus, sculpte les fesses arrondies des danseuses sans pudeur: c'est bien la lumière qui les habille et non un oeil de voyeur.Indescent? Jamais, car le propos du chorégraphe et de l'institution se rejoignent pour manifier la femme, la décaler de son image de petit soldat à la frange coupée court à la Louise Brook.
Les "dessous" du Crazy s'affichent lors de scènes de tournage du quotidien: salon d'essayage, de coiffure, visionnage déconcertant d'un bêtisier du Ballet du Bolchoi....Les filles sont croquées "nature", belles, simples, artistes exigeantes découvrant une gestuelle habitée par Decouflé qui tente de leur faire passer un autre "phrasé", érotique dans sa sobriété. Le pari n'est pas gagné pour lui quand il se confronte à la mécanique bureaucratique de l'institution parisienne et de ses actionnaires! Mais il tient tête et l'entreprise est réussie.Des images du cabaret, seaux de bouteilles de champagne translucides, verres pétillants, ambiance calfeutrée et cosy: tout y est pour entrer dans cet univers de rêve ou l'inaccessible beauté des corps devient réalité. Intouchable, certes!!! Voici un grand documentaire qui fera date! Intrusion dans l'univers d'un casting aussi: une scène plus vraie que nature, insolite, implacable réalité incontournable?,impitoyable : ce sont les plus belles fesses et cambrures qui gagnent..."Obscène", ce film? Oui dans la mesure ou il dévoile l'arrière scène, celle qui se dévoile, ses coulisses, ce qui se passe derrière le rideau.Alwin Nikolais serait ravi de voir que son art de la lumière, des formes , des volumes est transcendé, magnifié sous la houlette de son fiston spirituel: Decouflé décidément en pleine possession d'un imaginaire fécond, respectueux et innovant.
Deux livres accompagnent cette coqueluche "Crazy":
"Crazy" par Antoine Kruk, couverture de velours rouge et croquis de danse savoureux...(éditions Eyrolles 2011)
"Crazy Inside" de Corinne Decottignies, photos de Antoine Poupel. (éditions du Chêne E/P/A, photos)
Les "dessous" du Crazy s'affichent lors de scènes de tournage du quotidien: salon d'essayage, de coiffure, visionnage déconcertant d'un bêtisier du Ballet du Bolchoi....Les filles sont croquées "nature", belles, simples, artistes exigeantes découvrant une gestuelle habitée par Decouflé qui tente de leur faire passer un autre "phrasé", érotique dans sa sobriété. Le pari n'est pas gagné pour lui quand il se confronte à la mécanique bureaucratique de l'institution parisienne et de ses actionnaires! Mais il tient tête et l'entreprise est réussie.Des images du cabaret, seaux de bouteilles de champagne translucides, verres pétillants, ambiance calfeutrée et cosy: tout y est pour entrer dans cet univers de rêve ou l'inaccessible beauté des corps devient réalité. Intouchable, certes!!! Voici un grand documentaire qui fera date! Intrusion dans l'univers d'un casting aussi: une scène plus vraie que nature, insolite, implacable réalité incontournable?,impitoyable : ce sont les plus belles fesses et cambrures qui gagnent..."Obscène", ce film? Oui dans la mesure ou il dévoile l'arrière scène, celle qui se dévoile, ses coulisses, ce qui se passe derrière le rideau.Alwin Nikolais serait ravi de voir que son art de la lumière, des formes , des volumes est transcendé, magnifié sous la houlette de son fiston spirituel: Decouflé décidément en pleine possession d'un imaginaire fécond, respectueux et innovant.
Deux livres accompagnent cette coqueluche "Crazy":
"Crazy" par Antoine Kruk, couverture de velours rouge et croquis de danse savoureux...(éditions Eyrolles 2011)
"Crazy Inside" de Corinne Decottignies, photos de Antoine Poupel. (éditions du Chêne E/P/A, photos)
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