Alors que la présidence britannique bat son plein au Conseil de l'Europe, le Ballet du Rhin propose une programmation inspirée de la culture chorégraphique et musicale "made in England".
Au programme une reprise du merveilleux "Jardin aux Lilas" de Antony Tudor, l'un des fleurons de la chorégraphie anglo-saxonne dont l'existence tangible se fait ressentir à l'aube du XXème siècle.Une histoire d'amour troublée et dérangée, quasi romantique où la présence des fleurs demeure un signe de garantie assuré.Un retour aux source comme une fontaine de jouvence.
Avec "Many" c'est à une création de Thomas Nonne, jeune chorégraphe britannique que nous assistons.Un univers peuplé d'individus confrontés au groupe. Vont-ils y perdre leur identité ou y gagner une altérité pour mieux s'identifier dans ce monde pluriel et anonyme?
Autre révélation de ce programme en trois parties, la création de Mathieu Guillaumon, "Tea for six (or ten)". Une proposition qui loin des clichés sur la vielle Angleterre, nous conduit sur les traces de la tradition revisitée à bon escient:: des objets emblématiques tels que parapluie, tasse de thé ou autres y deviennent des prétextes de symboles à détourner.
Vous reprendrez bien une petite tasse de thé avant de vous lancer dans l'aventure de cette confrontation de danse entre tradition et modernité, sans que cela soit votre "Last dance"!
A découvrir dès le 15 Février 20H à l'Opéra du Rhin àStrasbourg jusqu'au Dimanche 19 Février 15H
www.operanationaldurhin.fr
mardi 14 février 2012
dimanche 5 février 2012
mercredi 1 février 2012
"Je cherchais dans mes poches" de Thierry Bae: des leurres, du trouble, de la joie.
Non, Thierry Bae n'a "toujours pas disparu", ni terminé son "journal d'inquiétude": le revoilà sur scène avec trois comparses pour une pièce unique, taillée sur mesure à sa démesure. Il est un chorégraphe, discret qui sait conduire ses gestes et ses paroles. Un musicien, pianiste, Benoit Delbecq orchestre ce petit monde de trois danseurs qui égrènent leurs souvenirs, leur " ce que je ne suis pas devenu" avec bonheur et humour, distance et proximité à la fois. Vrai ou faux, peu importe, on se laisse emporter par des récits de corps, des histoires humaines, des contes de fées qui n'ont rien d'extra-terrestre mais qui nous projette parfois dans nos propres souvenirs. Les images défilent sur l'écran de la mémoire, tendu derrière eux et réfléchissent le passé, font resurgir en résurgence, les flux et reflux des gestes incorporés, digérés par le corps, ses strates et la vie qui s'écoule.Tout concourt à nous immerger dans leur univers: la musique, présente, charnelle au même titre que les évolutions des trois interprètes y joue du sien avec malice, s'immisçant dans le chœur de la chorégraphie.Thierry Bae signe ici un petit manifeste de son art bien à lui, un souffle qui n'est jamais court malgré une anatomie toute singulière qui le pousse à vaincre son asthme qu'on aurait pu prendre pour un handicap chez un danseur. Thierry Bae cherche au fond de son âme, de ses poches tout plein de petits trésors que l'on garde précieusement près de soi, sur soi, dans ses vêtements.Et y ajoute un zeste d'autobiographie avec ceux qui l'entourent: Sabine Macher, Corinne Garcia, et Benoit Delbecq. Ils se présentent tour à tour, d'abord suspendus à des cintres d'armoire, comme des marionnettes un peu paralysées par le trac. Puis, les deux femmes se succèdent au devant e la scène, en alternance et offrent chacune de brefs solos très personnels, Sabine, sensuelle, évaporée, nostalgique et très glamour, Corine plus tonique, à la danse hachée, toujours inachevée, stoppée par de petits spasmes réguliers ou envolés.l Sabine chante aussi du Kurt Weill avec beaucoup de sensibilité, de subtilité dans le geste vocal.Alors que notre pianiste s'éclipse pour aller faire une partie de ping-pong avec les techniciens derrière le rideau de scène. La scène est filmée en direct et pleine de dérision et de distance! C'est désopilant et démystificateur. Les femmes revêtent à l'envi les robes de leur jeunesse, de leur vie et ne se dérobent aucunement à leur vocation d'actrice, de danseuse. Leur petit défilé démonstration est plein de charme et touche là où cela parle à notre mémoire, à nos envies partagées.Au final, la danseuse, en robe rouge, traverse et sillonne l'espace, fugitive, emportée par une mouvance aussi fluide qu'interrompue par une sorte de fragilité dans le geste inachevé, suspendu. Alors Thierry Bae se lève, lui qui a assisté, assis de côté à toute la représentation:: avec sa trompette, ilclot le spectacle qui s'éteint sous nos yeux à petits feux.Du bonheur assuré, assumé et transmis généreusement au public de Pôle Sud qui ce soir là lui fit un accueil chaleureux en retour.
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