Une adaptation est toujours un pari risqué. Ici, du roman de Laurant Seksik paru en 2010, on découvre une version bande dessinée aux allures de film lent. Ayant lu l'original, c’est avec une légère appréhension que j’ai pris place à bord des premières planches. Réalistes, aux couleurs des terres qui attendent les Zweig, elles se dévoilent avec une sorte de langueur, propre, d’une certaine façon, à l’état d’esprit des personnages.
Stefan Zweig et sa seconde épouse, Lotte, beaucoup plus jeune que lui mais si fragile. Leur nouvel exil, loin d’une patrie qui les a rejetés, de pays étrangers qui craignent leur double identité. Juifs. Autrichiens. Le questionnement sur leur futur, sur la littérature, sur l’aura d’un homme estimé et pourtant profondément accablé d’une culpabilité de vivre alors que tant d’autres meurent. Et puis, en toile de fond, un Brésil bigarré et contrasté voire contradictoire. Les Zweig cherchent un abri, un refuge. Mais ils se sentent en danger même à l’intérieur d’eux-mêmes. L’écrivain, surtout, qui entraîne dans sa longue descente mélancolique sa jeune épouse si peu charismatique. Son amour de l’ombre. Celle avec qui il est bon de quitter ce monde, en fin de compte.
Le roman de Laurent Seksik abordait avec beaucoup d’intériorité et de sensibilité ces derniers mois de la vie du célèbre auteur. Cette bande dessinée arrive quant à elle à trouver l’accent juste pour en donner une approche en touches impressionnistes, approche dont les planches finales sont le meilleur exemple. Difficile de donner un avis détaché du roman mais il reste, à la fin de cette lecture, un soupir ému et empli de compassion face à cette histoire si simple d’un désespoir si complexe…
Page 71: une maginfique image d'insurrection!Carnavalesque, endiablée!
Et au finale, scène de bal, pages 75/76, tragédie où tout se termine: "je crois que j'ai trop bu...Tu vois que tu es le plus merveilleux des partenaires de danse" et puis rideau!
vendredi 2 mars 2012
"Klezmer IV Trapèze volant": pour circassien, musicien, danseur: ça balance chez Sfar.
Après un épisode riche en coups de poings et malversations, les membres du groupe klezmer poursuivent leurs pérégrinations et semblent tous emportés par des sentiments amoureux. Vincenzo est séduit par une jeune et belle trapéziste malheureusement encombrée d'un mari tandis que Yaacov s'enhardit et veut embrasser Hava.
Ca tourne, ça virevolte toujours chez Sfar: "trois petits tours de danse et puis s'en va" page 38 et 39 tout rebondit!: "fais-moi tourner" "plus vite", "vite parce que je dois retourner travailler"
Les étreintes, le accolades vont bon train dans cet univers bigaré de voltiges, de courses contre la montre, plus vite que le temps...
C'est magnifique et troublant de densité graphique, de mouvement, de rythme.
Et quel coloriste!
Ca tourne, ça virevolte toujours chez Sfar: "trois petits tours de danse et puis s'en va" page 38 et 39 tout rebondit!: "fais-moi tourner" "plus vite", "vite parce que je dois retourner travailler"
Les étreintes, le accolades vont bon train dans cet univers bigaré de voltiges, de courses contre la montre, plus vite que le temps...
C'est magnifique et troublant de densité graphique, de mouvement, de rythme.
Et quel coloriste!
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lundi 27 février 2012
danse et cinéma : N°6 Thierry De Mey
Thierry De Mey pour William Forsythe avec "One Flat thing reproduced" musique Thom Willems
Ce réalisateur de films, musicien, vidéaste, compagnon de route de Anne Teresa De Keersmaeker, Michèle -Anne De Mey, Wim Vandekeybus.ne se revendique pas comme"compositeur-réalisateur" et encore moins comme "compositeur-chorégraphe". Sa démarche interdisciplinaire se centre sur le mouvement parce qu'il conçoit ce dernier comme le fondement d'un dialogue entre les arts: "Le mouvement fédère et rassemble les approches, et provoque la fusion en une démarche synthétique".En outre qu'il s'agisse du mouvement dansé ou du mouvement produit par le musicien sur son instrument, ou du mouvement de la caméra."Venir à la rencontre" a toujours été pour lui une force alliée, une invitation, un risque excitant pour écrire, réaliser, composer de la musique: rencontre avec le poétique dans l'ouverture de cet espace très intérieur où le sens émerge, non encore formulé en mots, en notes, en images.Puis parallèlement à la rencontre avec la matière, le son, la lumière, la présence de ceux qui vont le porter: musiciens, acteurs, danseurs...
Sur la musique de film, il confie:
"Trop souvent, musiques de scène, de chorégraphie, musiques de films sont des musiques pauvres dont la raison d'être s'arrête à leur fonctionnalité au service du visuel, oubliant le souffle, l'inspiration, les sources du dépassement, de renouvellement que peut constituer le dialogue avec d'autres disciplines artistiques, avec d'autres modes de perception du réel."
Dans "One flat" grâce aux rapports entre les objets fixes, les corps en mouvement et l'articulation de la caméra, le film capture les principes chorégraphiques développés par Forsythe, fondés sur un système de signes visuels et interactifs entre les danseurs, en les transformant en langage du cinéma.
En 1905 dans "L'esprit des formes" Elie Faure prophétisait que le film de danse serait l'œuvre à venir où fusionneraient toutes les disciplines artistiques, dans un acte de création qui ne serait pas le fantasme totalitaire de l'addition de médias différents, mais au contraire une œuvre où toutes les données circuleraient pour se mettre mutuellement en tension.
Avec "Counter Phrase", chorégraphié par A.T De Keersmaeker et mis en musique par différents compositeurs contemporains-Aperghis, De Mey, Steve Reich....-Thierry De Mey propose un aboutissement de cette réflexion et porte aux nues ses axiomes tension-mouvement-souffle et interprétation.Il filme la danse sous des angles inhabituels pour élaborer une syntaxe d'images originales et transcrire la danse.Il porte aussi la danse dans des lieux extérieurs pour lui créer des espaces singuliers où elle trouve d'autres territoires d'écriture.
Cette même séance, visionnage de "Allée des cosmonautes" de Sahsa Waltz, fiction dansée et réalisée par la chorégraphe allemande berlinoise:une saga familiale sur fond de crise sociale dans un HLM.
Et "Annonciation" de Angelin Preljocaj (chorégraphie et réalisation)
Ce réalisateur de films, musicien, vidéaste, compagnon de route de Anne Teresa De Keersmaeker, Michèle -Anne De Mey, Wim Vandekeybus.ne se revendique pas comme"compositeur-réalisateur" et encore moins comme "compositeur-chorégraphe". Sa démarche interdisciplinaire se centre sur le mouvement parce qu'il conçoit ce dernier comme le fondement d'un dialogue entre les arts: "Le mouvement fédère et rassemble les approches, et provoque la fusion en une démarche synthétique".En outre qu'il s'agisse du mouvement dansé ou du mouvement produit par le musicien sur son instrument, ou du mouvement de la caméra."Venir à la rencontre" a toujours été pour lui une force alliée, une invitation, un risque excitant pour écrire, réaliser, composer de la musique: rencontre avec le poétique dans l'ouverture de cet espace très intérieur où le sens émerge, non encore formulé en mots, en notes, en images.Puis parallèlement à la rencontre avec la matière, le son, la lumière, la présence de ceux qui vont le porter: musiciens, acteurs, danseurs...
Sur la musique de film, il confie:
"Trop souvent, musiques de scène, de chorégraphie, musiques de films sont des musiques pauvres dont la raison d'être s'arrête à leur fonctionnalité au service du visuel, oubliant le souffle, l'inspiration, les sources du dépassement, de renouvellement que peut constituer le dialogue avec d'autres disciplines artistiques, avec d'autres modes de perception du réel."
Dans "One flat" grâce aux rapports entre les objets fixes, les corps en mouvement et l'articulation de la caméra, le film capture les principes chorégraphiques développés par Forsythe, fondés sur un système de signes visuels et interactifs entre les danseurs, en les transformant en langage du cinéma.
En 1905 dans "L'esprit des formes" Elie Faure prophétisait que le film de danse serait l'œuvre à venir où fusionneraient toutes les disciplines artistiques, dans un acte de création qui ne serait pas le fantasme totalitaire de l'addition de médias différents, mais au contraire une œuvre où toutes les données circuleraient pour se mettre mutuellement en tension.
Avec "Counter Phrase", chorégraphié par A.T De Keersmaeker et mis en musique par différents compositeurs contemporains-Aperghis, De Mey, Steve Reich....-Thierry De Mey propose un aboutissement de cette réflexion et porte aux nues ses axiomes tension-mouvement-souffle et interprétation.Il filme la danse sous des angles inhabituels pour élaborer une syntaxe d'images originales et transcrire la danse.Il porte aussi la danse dans des lieux extérieurs pour lui créer des espaces singuliers où elle trouve d'autres territoires d'écriture.
Cette même séance, visionnage de "Allée des cosmonautes" de Sahsa Waltz, fiction dansée et réalisée par la chorégraphe allemande berlinoise:une saga familiale sur fond de crise sociale dans un HLM.
Et "Annonciation" de Angelin Preljocaj (chorégraphie et réalisation)
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