lundi 30 septembre 2013

MUSICA: les corps à l'oeuvre: en corps, encore!

Regarder la musique, le chant, écouter la gestuelle des corps des interprètes est aussi un exercice d'écoute, de concentration, d'intelligence d'appréhension de la musique live, celle qui se fabrique sous nos yeux, dans l'instant du spectacle vivant éphémère.
Du corps gracile et longiligne de Mario Caroli qui épouse sa flûte, comme un prolongement naturel des commisures des lèvres, de la silhouette élancée, épurée de Pascal Dusapin , dévoilée lors des saluts...quel spectacle sensible et vrai, qui ne trompe pas sur la façon de chacun à "habiter" son corps d'artiste, dans l'acte de créer.
Celui du chef d'orchestre bondissant, tendu de Peter Rundel (orchestre de Stuttgart), celui du pianiste Wilhem Latchoumia, comme un félin rivé à son piano, attentif et en éveil, à l'affut, en quête d'immédiat.
Le corps majestueux de Karen Vourc'h, la chanteuse de "Harawi", le poème musical d'Olivier Messian: corps sculptural, offert à l'interprétation, dansant comme le font les femmes des tableaux de Holder: danse symboliste, souple, généreuse. Sa stature en impose, se déplace avec gravité, mains tendues, voix murmurant jusqu'à l'infini les notes égrenées.Le phrasé de la voix, allié à celui du geste en fait une sculpture vivante, massive.Les corps virtuels des images de Robert Cahen dans l'extrait des "sept visions", criant à l'offrande de la mort, dans des ralentis savamment orchestrés en faveur de la dramaturgie.
Les corps zoomés de l'opéra filmé "written on skin": on se rapproche furieusement des corps du déli, lié à eux par la proximité du cadrage, à fleur de peau, à fleur de prise.
La tête penchée, inclinée de Pierre Boulez, le corps en fauteuil de Pierre Henry, penché sur son ouvrage électronique comme sur un établi d'artisan
Le corps constitué des orchestres, corps de garde massif qui révèle par sa masse les couleurs de la musique symphonique: un "corps de métier" à l'oeuvre!
Les corps dansants des interprètes de Preljocaj, tyran du mouvement tétanique ou sensuel, dréssés comme des penseurs de la grâce faite vie.
Les gestes étranges des interprètes de "L'ensemble de percussions du Conservatoire de Paris" tendus à leur archet glissant sur les armatures des marimbas;;;
Autant de signes, de signeaux pour baliser la lecture visuelle de la musique, du chant, des voix, du son des corps....Comme des fondations, des charpentes, des socles pour échafauder le langage musical: une architecture bien "bâtie" au service de l'émission des sons, frissons.

lire
"histoires de gestes" chez Actes Sud de Isabelle Launay 2012
"le petit lexique des gestes Hermès" de Olivier Saiilard Actes Sud 2012

samedi 28 septembre 2013

Musica: à mi-parcours, pas une seule "fausse note" ni couac de canard!

A mi parcours et après l'enchantement de la soirée du 27 Septembre où Pascal Dusapin nous illuminait de "Microgrammes" interprété par l'Ensemble Moderne, et "Go", "Uncut" interprété par le Radio-Sinfonieorchester Stuttgart des SWR, le Festival Musica, à nos oreilles attentives et aiguisées, n'a pas fait un seul "couac". Jean Dominique Marco y veille de sa présence chaleureuse, et de la pertinence de la programmation.
Donc, illustration du fond de mon musée!

vendredi 27 septembre 2013

"Wanderer, post scriptum": la "marche", ça ne marche pas toujours!!!

Marcher, au dire du sociologue David Le Breton est une philosophie de vie, comme celle de Nietzsche dans Zarathoustra, comme celle de Mathilde Monnier dans sa pièce chorégraphique "Déroutes": de marche en danse, comme Trisha Brown en faisait "une tâche", un exercice quotidien au nom du "chorégraphique"
C'est aussi "das Wandern ist des Mullers Luts", Lle chant, le souffle, la promenade, la déambulation.
C'est aussi ce très beau film "The Way", la route ensemble, de Emilio Estevez sur la quête personnelle des pèlerins de Saint-Jacques....
C'est la métaphore de "My way", de "chacun sa route, chacun son chemin, passe le message à ton voisin"!!
Ce ne fut pas hélas la félicité de la "démarche" de Antoine Gindt avec sa mise en scène minimale de ce "Wanderer" découvert lors du festival Musica.
Assembler comme de bons cépages les musiques de Ligeti, Eisler, Rihm, the Doors, Wagner, Pesson (quels beaux mondes hétérogènes), ne fait pas toujours du bon "Andante" ou un bon "Edelswicker"!
Un baryton, une pianiste, un dispositif vidéo quelque peu galvaudé où l'acteur mimétisme selon les couleurs ou le flux de lumières projetée, ne suffisent pas à faire un argument.Ce "marcheur-promeneur" évoqué, est triste et sans corps, sans présence, diaphane...
Seule la mélodie des Doors, "Riders on the Storm" y trouve du sens, murmurée à capella par la pianiste, dans un silence recueilli. C'est beau.
Marcher, n'est pas tricher.