mardi 1 octobre 2013

le jaune, couleur "musica": qu'en pense Goethe dans sa théorie des couleurs?

Musica a démarré en 1983, en jaune et bleu....

Sans le savoir, comme monsieur Jourdain?

Voici ce qu'en dit Goethe dans son traité des couleurs....

Goethe et la théorie
des couleurs opposées

La théorie des couleurs opposées, contrairement à la théorie trichromatique, prétend qu'il existe quatres couleurs fondamentales qui s'opposent deux par deux. Certains aspects de la perception des couleurs ne peuvent être expliqués que par la théorie des couleurs opposées.
Toute la théorie repose sur l'équilibre entre les deux pôles de couleur : le bleu s'oppose au jaune et le rouge s'oppose au vert, et dans ce contexte, le blanc s'oppose au noir. Elle s'appuie sur une réalité physiologique puisque notre perception cérébrale - et non l'oeil - fonctionnent sur ce principe.

L’œuvre de Johann Wolfgang von Goethe

De 1790 à 1823, Johann Gœthe écrit quelque deux mille pages sur les couleurs sous le titre de "Traité des couleurs". Il fonde sa théorie sur la polarité des couleurs et développe son système à partir du contraste naturel entre le clair et le foncé (qui ne joue aucun rôle chez Newton). Dans un écrit sur la division des couleurs et leur rapport mutuel, Gœthe établit que seuls le jaune et le bleu sont perçus par nous comme des couleurs entièrement pures, Le jaune est la porte d’entrée vers la lumière (« tout proche de la lumière ») et le bleu très apparenté à l’obscurité (« tout proche de l’ombre ») sont les deux pôles opposés entre lesquels toutes les autres couleurs se laissent ordonner.
Le cercle chromatique Bien que les mélanges soient obtenus dans un système trichromatique (cyan, magenta et jaune), Gœthe partage son cercle en quatre parties fondamentales :

A gauche, le côté positif (pur) formé de 2 familles de couleurs les jaunes et les rouges.
A droite, le côté négatif (obscur) formé de 2 familles les bleus et les pourpres.

Aquarelle de la propre main de Goethe. 1808. Goethemuseum, Hochstift.
Il termine son livre avec des considérations allégoriques et mystiques de la couleur, et y ajoute les connotations suivantes : le jaune est mis en relation avec « Savoir, clarté, force, chaleur, proximité, élan », le bleu avec « dépouillement, ombre, obscurité, faiblesse, éloignement, attirance ». la démarche de Gœthe repose sur l’aspect moral et intuitif des couleurs isolées. Les couleurs du côté positif « évoquent une atmosphère d’activité, de vie, d’effort », le jaune est « prestigieux et noble » et procure une « impression chaude et agréable » ; les couleurs du côté négatif « déterminent un sentiment d’inquiétude, de faiblesse et de nostalgie », le bleu lui-même « nous donne une sensation de froid ». Cette démarche peut faire sourire aujourd’hui, il n’en reste pas moins vrai que Gœthe a apporté sa pierre à l’édifice de la compréhention de la couleur. Beaucoup de peintres ont été influencés par son "Traité des couleurs" et en ont tiré partie comme William Turner qui est passé maître dans les effets de transparence des ciels nuageux. C’est grâce à Gœthe qu’on a remarqué qu’une même lumière (par exemple visible grâce à une fumée) avait une dominante jaune devant un fond blanc, puis une dominante bleutée devant un fond noir.
Goethe centralise la notion de couleur sur l'expérience sensorielle spontanée, notion que l'on retrouve aujourd'hui dans les secteurs les plus avancés de la science, par exemple dans les phénomènes cérébraux de dynamique non linéaire. Si pour la plupart des scientifiques opposés à Goethe, la couleur est révélatrice du monde extérieur, pour Goethe, elle est révélatrice d'une démarche intérieure.

"The Perfect American": un opéra filmé pour "petits rats" et canards à la Walt Disney!

Phil Glass en signe la composition musicale, Phelim McDermott, la mise en scène, Rudy Wurlitzer, le livret d'après "Le roi de l'Amérique" de Stephan Jungk...Du beau monde pour honorer la mémoire du démiurge inventeur du dessin animé, Walt Disney, celui qui fit danser des hippopotames sur de la musique classique dans "Fantasia". Le géniteur aussi de Mickey, de Donald, Bambi, figures populaires mythiques qui hantent les Disneyland de la planète.
Destin tragique, ambitieux de ce despote aux rênes d'un empire, d'une fortune et d'une notoriété quasi divine!
On le décrit ici en proie à l'angoisse de la maladie, du syndicalisme, de la famille oppressante qui l'entoure, l'enferme.
En compagnie de son mentor, son frère, il vit une torture quotidienne et peuple son univers trouble de petits démons, de rats, de bestioles omniprésentes comme des figurines cauchemardesques.
Voici un portrait décoiffant de ce phénomène, affublé de son infirmière, "blanche-neige" ( d’ailleurs à l'origine basée sur les gestes de la vraie danseuse Marge Champion) et qui rêve de se faire cryogéniser pour l'éternité et qui termine sa carrière incinéré!!!
Filmé par Janos Darvas, sous la fidèle direction de Denis Russel Davies, compagnon artistique de Phil Glass, l'opéra a pour intéret de nous dévoiler l'envers du personnage, fourbe, raciste, exploitant ses troupes de dessinateurs et artisans de son succès....
Mégalomane, misogyne, antisémite mais attendrissant devant la mort et l'innocence d'un enfant, ange qui partage sa chambre d’hôpital dans ses derniers instants de gloire.
Le film est aussi un document sur les protagonistes, producteur (Mortier à l'Opéra de Madrid), Phil Glass lui-même évoquant sa façon à lui de concevoir une "musique populaire", colorée, bigarée pour évoquer Disney, sa part d'ombre et de lumière!
Ce soir là à Musica, à l'UGC, une salle comble écoutait attentive l'introduction d'Annette Gerlach, productrice d'émissions culturelles à ARTE,
Quand la souris Mickey n'est plus là, les canards et hippopotames dansent encore!


lundi 30 septembre 2013

MUSICA: les corps à l'oeuvre: en corps, encore!

Regarder la musique, le chant, écouter la gestuelle des corps des interprètes est aussi un exercice d'écoute, de concentration, d'intelligence d'appréhension de la musique live, celle qui se fabrique sous nos yeux, dans l'instant du spectacle vivant éphémère.
Du corps gracile et longiligne de Mario Caroli qui épouse sa flûte, comme un prolongement naturel des commisures des lèvres, de la silhouette élancée, épurée de Pascal Dusapin , dévoilée lors des saluts...quel spectacle sensible et vrai, qui ne trompe pas sur la façon de chacun à "habiter" son corps d'artiste, dans l'acte de créer.
Celui du chef d'orchestre bondissant, tendu de Peter Rundel (orchestre de Stuttgart), celui du pianiste Wilhem Latchoumia, comme un félin rivé à son piano, attentif et en éveil, à l'affut, en quête d'immédiat.
Le corps majestueux de Karen Vourc'h, la chanteuse de "Harawi", le poème musical d'Olivier Messian: corps sculptural, offert à l'interprétation, dansant comme le font les femmes des tableaux de Holder: danse symboliste, souple, généreuse. Sa stature en impose, se déplace avec gravité, mains tendues, voix murmurant jusqu'à l'infini les notes égrenées.Le phrasé de la voix, allié à celui du geste en fait une sculpture vivante, massive.Les corps virtuels des images de Robert Cahen dans l'extrait des "sept visions", criant à l'offrande de la mort, dans des ralentis savamment orchestrés en faveur de la dramaturgie.
Les corps zoomés de l'opéra filmé "written on skin": on se rapproche furieusement des corps du déli, lié à eux par la proximité du cadrage, à fleur de peau, à fleur de prise.
La tête penchée, inclinée de Pierre Boulez, le corps en fauteuil de Pierre Henry, penché sur son ouvrage électronique comme sur un établi d'artisan
Le corps constitué des orchestres, corps de garde massif qui révèle par sa masse les couleurs de la musique symphonique: un "corps de métier" à l'oeuvre!
Les corps dansants des interprètes de Preljocaj, tyran du mouvement tétanique ou sensuel, dréssés comme des penseurs de la grâce faite vie.
Les gestes étranges des interprètes de "L'ensemble de percussions du Conservatoire de Paris" tendus à leur archet glissant sur les armatures des marimbas;;;
Autant de signes, de signeaux pour baliser la lecture visuelle de la musique, du chant, des voix, du son des corps....Comme des fondations, des charpentes, des socles pour échafauder le langage musical: une architecture bien "bâtie" au service de l'émission des sons, frissons.

lire
"histoires de gestes" chez Actes Sud de Isabelle Launay 2012
"le petit lexique des gestes Hermès" de Olivier Saiilard Actes Sud 2012