jeudi 17 octobre 2013

"Aqua bon?" Laurence Demaison rencontre Patrick Bailly Maître Grand: grandiose!

Un bocal, une tête immergée dans l'eau, cheveux flottants comme les tentacules d'une méduse: c'est "Aqua bon" une photographie de Laurence Demaison, exposée à la Galerie Yves Iffrig.
C'est comme l'image d'un rituel, d'une cérémonie, où l'actrice, photographe de son propre corps, se met en scène et s'immerge dans le liquide amiothique.
Une renaissance salvatrice où l'on puise à la source la beauté de ce geste photographique.
Les bras en couronne, comme agenouillés sur la table du sacrifice.
La quiétude est reine, les cheveux ondoient dans la lumière translucide; le solide, le liquide se rejoingnent dans une mystique, un univers onirique sans fond.
Bain de jouvence, plongée en apnée dans le bain rituel....Le noir et blanc appuient la gravité du geste. Une composition hors norme où le corps enveloppe une source d'énergie contenue, prête à jaillir!Comme le corps d'une voyante, radieuse, irradiant un savoir mystérieux.
Comme une offrande ou une prière émanant de son centre, pulsant de la chaleur, blanche.
En-visager un "face à face" entre Laurence Demaison et PBMG, Patrick Bailly Maitre Grand, c'est "dé-visager" leurs travaux, les mettre en résonance! 
Chose faite et assumée avec les portraits de PBMG, portraits de mannequins de cire, de visages de poupée enserrée dans de la glace, ou brisée de mille morceaux.
Le visage comme émietté, froissé, foulé, brisé.Revisité.
Un duo de deux artistes qui se répondent, s'interrogent, se font face à face en noir et blanc, en grands et petits formats.
Une réussite à déguster sans modération à la galerie Yves Iffrig à Strasbourg

Ville(s) en-jeu(x) : "ceci n'est pas....une vitrine!!!!!"

Place d'Austerlitz à Strasbourg depuis le 10 Octobre et jusqu'au 19, une étrange boite-vitrine dévoile chaque jour une mise en scène live qui intrigue et choque les passants.
Une performance de rue signée Dries Verhoeven et son collectif de performeur.
Dans le cadre des projets urbains initiés par le Maillon:"ville(s) en-jeux
Exposer aux regard des chalands, des quidams des scènes "coup de poing", choc, dans une grande quiétude et protégées par les vitres comme blindées d'un dispositif visible à 360°....
Quel pari audacieux en ces temps d'indifférences!
Des tableaux vivants qui sèment le trouble Et un certain malaise, mal-être devant la cruauté du monde quotidien, devant la routine et l'habitude!
Justement tout ceci se joue dans la différence et la banalité de ces scènes provocantes: un noir affublé en bonhomme Y a bon  Banania, les pieds enchainés qui se la coule douce: quels clichés sont ainsi véhiculés?
Un jeune garçon qui nétoie douilles et révolver, couché sur un lit de douilles, avec un regard routinier, indifférent, blasé.
Une femme naine, assise à un bar qui fume, maquillée à outrance...
Autant de personnages qui interpellent gravement sur notre regard sur le monde.
Un "quasimodo" en permanence où la vitrine rappelle le grand magasin ou celle ou Édouard Degas n'osa jamais montrer sa "petite danseuse de 14 ans", un petit rat au visage de criminelle!!!!
Le monstre, celui ou celle que l'on montre à la foire du Trône, celui qui appelle la compassion, la pitié ou l'indifférence!
En tout cas, pas ici où ceux qui passent discutent, se fâchent, sont choqués ou se demandent ce qu'il se passe!!!
Les enjeux de l'opération? Dévoiler, découvrir, dénoncer , en "jeux" les horreurs et abus des sociétés et des hommes en oposition à la "différence" à l'étrange, à l'étranger!!
Belle leçon des choses de la vie, sans maître ni professeur: avec l'art comme médium pour mieux faire passer la pilule!

Sello Pesa: la danse en grandes pompes funèbres

C'est dans le cadred de "Ville(s) en-jeux" que le chorégraphe sud américain Sello Pesa présentait hier soir à Pôle Sud sa performance "Lime Light on Rites" en compagnie de Humphrey Maleka, Simon Bayoli et la collaboration du performeur "local"  Androa Mindre Kolo.
Ce n'est pas dans la salle sur les fauteuils que le public est amené à voir cette performance, mais installé sur des chaises sur le plateau en rectangle, entourant ainsi la scène des futures déambulations de trois personnages déjà installés sur place.
Un écran de tv déverse en direct films et informations, alors qu'un bureaucrate tampone des papiers officiels et convoque le même personnage sous différents noms à se présenter à son bureau.
Au sol git une chèvre dépecée, morte qui va bientôt prendre place sur un étal rempli d'huile, de bouteilles d'eau et d'ingrédients nécessaires à la cuison.
Un maitre de cérémonie, une hôtesse accueillent le public et font leurs condoléances à chacun: salutations, accolades, embrassades.
Car nous sommes chez un marchand de pompes funèbres "le service des anges".
"Reposer en paix auprès des siens"est la devise de la maison.
L'action démarre: la chèvre sera baladée, balancée violemment de part et d'autre de la pièce, sanglante, comme un corps qu'on traine sans respect, comme une trainée, un cadavre désolé.
Abandonnée mais traitée comme le corps de ce danseur qui fait irruption pour lui même être traité de la même façon: vilolenté, agressé, jeté au gouffre.
L'amalgame entre bête et homme opère rapidement et nous rapelle les conditions faites aux populations noire de l'apartheid en Afrique du Sud.
Le spectacle continue sur ce ton , le public est chassé de ses chaises, pour boire un dernier verre d'adieu au salut de défunt, des morts, de la morgue qu'est devenue la scène, chambre froide ou simple magasin d'exposition de cercueils!
Quand le rideau se lève à l'inverse faisant découvrir la salle et ses gradins c'est bien à un buisness de la mort qu'on assiste: une vidéo de promotion de la bonne maison du deuil fait sa pub: "pack cérémonie funèbre 6000" euros: la mort vous va si bien et a un prix!
Celui des corps et âmes meurtris à jamais par un régime sans pitié pour les hommes et les animaux: ces derniers étant mieux traités en ce qui concerne la préparation au rituel culinaire!!!!