mardi 29 octobre 2013

"Sur le fil" de Javier Perez: mordant, franchant!

La danse vue par ce plasticien bien connu est étrange, mais aussi l' objet du désir.
L'exposition à la Galerie Papillon à Paris est accérée et tranchante!Elle "tranche" littéralement dans le vif du sujet: le pied, le chausson de la danseuse classique sont des objets de torture!
« C’est sur ce pied que je me fonde pour produire cet écartèlement qui pose une existence. »
Jacques Lacan, Encore, 1999
Après deux expositions, à la Galerie Claudine Papillon, d’œuvres relevant d’hybridations où les substances humaines, animales et végétales se relaient et s’épousent, Javier Pérez présente ici un ensemble pensé davantage à l’aune de la culture, où les objets entrent en scène. On pourrait être surpris par ce qui apparait comme un contraste. Pour autant, le propos n’a pas changé. Javier Pérez nous avait habitués à un corpus visuel troublant, très érotique, fibreux, essentiellement organique, mais bonne part des pistes explorées ici suivent son sillon précédent. En faisant usage d’objets codifiés pour raconter les tensions affectives et les émois du corps, il ne fait que décaler vers le champ social une réflexion verticale sur l’instabilité inhérente à la vie.
Sur le fil, on marche en équilibre. Le fil de cette exposition est évidemment – visiblement - celui d’une lame, mais cette lame traverse les épaisseurs et les forces à la manière du boucher de Tchouang Tseu, qui ; écartant les muscles dans l’intervalle exact qui les sépare au lieu de trancher les chairs.
Cette lame menace apparemment à plusieurs titres, ceux vers qui elle est dirigée, ceux qui la regardent, ceux qui la portent ou tiennent sur elle. Mais sa récurrence dans les œuvres présentées ici révèle aussi sa possible innocuité. Si on la comprend pour la place qu’elle occupe en nous, elle indique la condition d’un rapport entre les êtres qui évite la violence, en tant qu’il la reconnaît et la prend en compte.
Entre les êtres, mais également entre les êtres et les choses, entre l’être et lui-même à travers les choses. Tous ces objets de la culture occidentale qu’on voit ici à peine modifiés, plutôt à rendus à leur nature réelle par la présence de cette lame, sont des moyens d’accès des hommes à eux-mêmes, des hommes aux femmes, des femmes aux hommes. On s’approche mutuellement, on se séduit, on se touche, par le truchement de la musique et de la danse. Dûment chaussés, on se juche et on se campe, on se talonne, on s’étalonne, on se mesure. Tous ces actes du désir contiennent la possibilité d’agressions très violentes. Chacun d’eux peut devenir le moment d’une harmonie très juste. Le choix entre les deux branches de cette alternative est perpétuellement en jeu. Comme les danseurs de tango, les amants se mènent ou se malmènent au gré de leurs états. L’adresse et la précision sont la fin d’un exercice sans terme, que le piano résume ici dans plusieurs grands rôles inusuels.
Habillées de lames, ses touches peuvent couper en deux, dans le sens de la longueur, la pulpe des doigts du pianiste. Cela semble presque inévitable. La performance jamais exécutée en public, que suggère cette photographie consiste à trouver, à force de douceur, le seul toucher qui permette de ne pas blesser. Il est physiquement possible d’appuyer jusqu’en bas chaque note, avec les doigts des deux mains, si et seulement si la pression exercée est infiniment légère. Les cordes caressées au lieu d’être frappées ne produiront aucun son.
L’autre piano est en duo, lui, avec une femme. Il finira son tour de scène scarifié, parcouru d’un inextricable dessin de stries. Il est insupportable, le crissement des pointes de la danseuse qui s’y tient debout et s’y déplace. Insupportable aussi, l’anxiété qui nous gagne à voir l’effort brutal qu’elle fournit à chaque instant pour ne pas tomber d’une hauteur aussi considérable. Les pointes de ses chaussons de danse sont prolongées de lames, tout le poids de son corps repose sur leur extrémité.
Rassemblés dans un écrin insupportable de transparence, les enjeux du travail de Javier Pérez nous déséquilibrent. La boîte à musique, qui joue si on l’ouvre un nocturne de Chopin, présente les deux pieds sur lesquels la vie humaine  s’avance: un chausson de satin et une chaussure orthopédique, tous deux à la pointure d’une très jeune fille. La beauté boîte. La vie se déhanche.

mardi 22 octobre 2013

Irving Penn: "dancer": un recueil de photos de danseurs incongrus!!!

 L’intérêt de Penn pour la danse aurait pu se limiter à son seul aspect classique, de loin le plus spectaculaire. Il n’en fut rien. Nous le savons désormais, il suivit les tentatives, très choquantes pour l’époque, des jeunes compagnies américaines. Aucun voyeurisme chez le voleur d’images. Il se borne à capter le travail des corps en mouvement, il observe la grâce mélancolique de couples juvéniles et nus, leurs gestes tendres, leurs regards timides tandis qu’il s’adonnent ensemble au plaisir du bain. Isadora n’est pas loin qui prônait le retour des pieds nus. Comme elle, mais avec d’autres moyens et avec sa furieuse vitalité, sa joie de vivre en moins, des jeunes chorégraphes en 1967, choquaient les tenants du classicisme en rêvant de rendre aux corps leur liberté, de débarrasser la danse du carcan de l’apparat, de l’entrave des justaucorps et de l’étroite prison des chaussons.
Est-ce par goût des contrastes que Penn a voulu que ses photos du Workshop de San Francisco soient placées non point sous le signe de Matisse et de sa Ronde mais sous le signe de Cézanne et de ses robustes Baigneuses qui, dans la glorieuse lumière de la campagne d’Aix, se livrent avec bonheur aux joies du soleil et de l’eau ? Soudain les audaces de Penn et celles de Cézanne se rejoignent. 

Sont ce des monstres qui dansent, des corps glorieux, grotesques, difformes, callipiges?
Dansent-ils?
En tout cas pas des corps canoniques, mais irrévérencieux à souhait, nus comme la danse l'a rarement osé!!!

lundi 21 octobre 2013

Kougelhopf : pour une "ligne éditoriale" danse!

Au "régime" kougelhopf, les danseuses devraient s'adonner pour avoir un beau "corps de balai"!
En vitrine à Strasbourg, 7, 5 kg, salé ou sucré pour vos cocktails d'après spectacle de danse.
Tomy Ungerer avait bien dessiné deux danseuses en tutu en forme de kougelhopf pour une publicité sur les boulangers et EDS!!!!