samedi 15 février 2014

"Chorégraphier pour la caméra": Cunningham et ses images!

Quand le cinéma adoucit le Merce!Livre Merce Cunningham


CHORÉGRAPHIER POUR LA CAMÉRA
Merce Cunningham
Conversation avec Annie Suquet et Jean Pomarès
Figure artistique majeure de la seconde moitié du XXe siècle, le danseur et chorégraphe américain Merce Cunningham (1919-2009) s’intéressa aussi, tout au long de sa vie, aux progrès de la technologie – de l’audiovisuel à la modélisation en 3D et au multimédia – comme moyens d’enrichir sa création chorégraphique.
Avec Westbeth et Blue Studio, les premiers films qu’il réalise avec Charles Atlas au milieu des années 1970, Merce Cunningham est considéré comme l’inve teur de la «vidéo-danse ». C’est dire le prix de ses réflexions sur les singularités de la danse filmée, qu’il s’agisse d’adapter des œuvres créées pour la scène ou de chorégraphier directement pour la caméra.
Le 17 novembre 1996, il était justement l’invité d’une rencontre publique au Centre Pompidou, organisée dans le cadre de la manifestation Vidéodanse, films de danse, sur le thème « Chorégraphier pour la caméra ». Cet ouvrage reprend l’intégralité des propos tenus par Merce Cunningham à cette occasion et les prolonge par des textes de ses interlocuteurs d’alors, Annie Suquet et Jean Pomarès, qui reviennent, chacun à sa manière, sur l’œuvre filmée de cet immense artiste.
Présenté par Myriam Blœdé, l’ensemble est illustré par des images de films réalisés par Cunningham avec Charles Atlas ou Elliot Caplan.

Danseur formé à la danse moderne (écoles américaine et allemande) et au baratha natyam, puis au classique, à la technique Graham, au khatakali et à la notation Benesh, Jean Pomarès a également suivi l’enseignement de Karin Waehner et celui de Mirjam Berns, professeur au studio Cun- ningham de NewYork. Interprète dans dif- férentes compagnies, en France et à l’étranger, il a chorégraphié une trentaine de pièces entre 1969 et 1985. Inspecteur pour la danse au ministère de la Culture et de la Communication de 1991 à 2008, il enseigne depuis 1972.
Historienne de la danse, Annie Suquet a été accueillie comme chercheure en résidence à la Merce Cunningham Dance Foundation à New York pendant trois ans. Elle est l’auteur de « Le corps dansant : un laboratoire de la perception », in Histoire du corps, t. III, Seuil, 2006 ; de Chopinot, Cénomane, 2006 ; et de L’Éveil des modernités : une histoire culturelle de la danse (1870-1945), Centre national de la danse, 2012. Elle a éga- lement traduit Chaque petit mouvement de Ted Shawn, Complexe/CND, 2006.
Créé par Merce Cunningham (1919-2009) en 2000 pour détenir et gérer les droits de son œuvre (plus de 150 chorégraphies et près de 800 Events), et veiller à la transmission de son héritage, le Merce Cunningham Trust a pour mission de préserver, valoriser et garantir l’intégrité des œuvres de Merce Cunningham, et de rendre ces œuvres accessibles dans l’intérêt du public (www.mercecunningham.org).
2013, 80 p., n&b et cahier couleur, 13 x 21 cm - 12 € - 978-2-913661-60-8 - essais & entretiens

Peter Vogel à la médiathèque Malraux:un oiseau rare!







"SONOMATIQUES 2 Musique-machine"
Il expose actuellement à la médiathèque Malraux: un cadeau pour les fans de musique électronique, interactive, et des oeuvres d'art cinétique qui dansent et font danser aux sons que l'on peut provoquer en frôlant toutes ces machines-sculptures sonores.
Au vernissage,l'artiste s'est adonné à coeur joie à une belle démonstration chorégraphique devant l'une de ses sculptures musicales! Superbe gestuelle improbable en réaction avec le son, et vice et versa!
Il a travaillé avec des danseurs du cru lors de chacune de ses expositions en Europe:à Strasbourg, c'est Antje Schur qui s'y frottera les 6 et 27 Mars à 18H....

vendredi 14 février 2014

"Clairière rouge":sang pour sang dense! Tableaux de chassés-croisés!


Par la Cie Dégadézo avec Alice Godfroy, Jules Beckman, Antje Schur et Régine Westenhoeffer, conception, chorégraphie, scénographie Antje Schur et Régine Westenhoeffer.
Clairière rouge © Compagnie Dégadézo Clairière rouge

 La compagnie Dégadézo emmène le spectateur vers une clairière qui n'est pas aussi calme qu'on pourrait croire. Comme le titre l'indique, elle est rouge : rouge comme la passion mais surtout rouge comme le sang. Les interprètes d'horizons différents (danseurs, acteurs, musiciens, plasticiens ou vidéastes) font de cette clairière le lieu d'une chasse à courre. Un tableau de chasse qui se termine en véritable voyage initiatique.
La compagnie Dégadézo présente ce spectacle en Alsace à Strasbourg jusqu'au 15 Février au TJP en coproduction avec Pôle Sud.
Tout démarre par le son du cor dans une atmosphère glaciale hivernale, suggérée par un long drap blanc, froissé au sol: plaine de neige?
D'étranges bestioles vont apparaitre et disparaitre, comme autant de futures victimes d'une chasse à courre qui démarre dans le lointain. Comique, burlesque des poses, arrêts sur image se succèdent dans un vrombissement sonore et musical très adapté à cette situation de danger, de tension, d'apnée.
Que va-t-il bien se passer pour ces quatre animaux à la gestuelle ralentie, mimétisme un peu appuyé d'une démarche animalière.On cadre le tout comme des tableaux de chasse, ces "cadres" suspendus dans tout bon foyer et salle à manger du dimanche!
Les saynètes se succèdent sur fond d'une très belle tenture sorte de kelsch alsacien kitsch, comme une broderie rouge traçant des pistes de  pas sur la neige.
Un cadavre, carcasse d'animal sacrifié est suspendu comme un tableau de Soutine évoquant la boucherie de la chasse et sa cupidité, sa vanité.Une table, telle  un autel de sacrifice sert de support à un futur festin de chasse.
Une biche en plastique rappelle l'imagerie d'Epinal, très populaire, liée aux biches et chevreuils dans les sous-bois.

Un géant de carnaval, façon photographie des Wilderman de Charles Fréger, se dresse,menaçant avec son pic, ses falbalas d'étoffes bigarrées.
Sommes nous alors au carnaval,plutôt qu'à la chasse?
"Gibier de passage" ou "scènes de chasse en Bavière"?
Les univers se perturbent, se confondent dans une jubilation chaleureuse, mais pas toujours cohérente.
On perd "le fil rouge" d'Ariane dans ce dédale de propositions séduisantes, pas toujours convaincantes.
Des costumes drôles agrémentent la scène finale;guignols, caricatures, faciès carnavalesques....Poupées affublées de seins, de sexe grotesques: c'est vivant, décapant, décalé!
Du très beau travail de costumes signés Antje Schur, doublé par l'univers sonore très riche de Xavier Fassion.
Belle séquence où deux comédiennes chantent un air populaire en déliant les viscères d'un animal mortellement blessé.
Tas de tripes rouges, qui se déroule comme un long fleuve de sang, se détricote pour refaire sans doute un oripeau de peau, de chair à dévorer.
Sang pour sang, made in "sous-bois",blanc sur rouge, rien ne bouge, rouge sur blanc, tout fout le camp!
"Clairière rouge" a le mérite de nous faire voyager dans l'animalité de nos comportements, le ridicule et le grotesque de l'univers du chasseur à l'affût de tout ce qui "bouge", donc qui danserait...
Feu de tout bois de cerf, pied de biche aux abois, cette pièce demeure séduisante et mériterait un rythme plus soutenu:on lui souhaite un déploiement, une vie tonitruante, comme un tableau de R.E. Waydelich: "Help", il y a danger dans l'air champêtre!Que résonne le son des corps dans les forêts de nos fantasmes!
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