mercredi 12 mars 2014

Danse de la mort:étrange Sattler!

La camarde, béquilles en jambes, danse-t-elle en 1912 à Berlin?
Joseph Sattler en atteste! Elle avance!
Un strasbourgeois, de surcroit!

Après un apprentissage comme peintre et doreur chez son père à Landshut, il fréquente l’Académie des beaux-arts de Munich.
Pour l'Exposition universelle de 1900, il exécute une suite de gravures impressionnantes, Die Nibelungen présentée au pavillon allemand. Le recueil est imprimé à 200 exemplaires.
En 1917, il devient professeur à l’école des Arts Décoratifs de Strasbourg. C'est là qu’il fait la connaissance de l’artiste Léon Hornecker. Sattler a pour élèves, entre autres : Léo Schnug et Dorette Muller.
Une illustration pour le lancement de la revue d'art Pan (Berlin, 1895) est reproduite dans Les maîtres de l'affiche dirigée par Jules Chéret et éditée par L'Imprimerie Chaix à Paris (1895-1900).
Josef Sattler est considéré comme l’un des pionniers de l’Art nouveau et a publié ses illustrations dans la revue Simplicissimus, un hebdomadaire satirique allemand créé à Munich.

Picasso danseur:la beauté du geste! Picasso picador!

Avant la réouverture du Musée Picasso à Paris, le voici, dansant esquissant quelques pas tauromachiques devant sa toile! On lui doit tant de décors et costumes pour les ballets russes, du "Tricorne" à "Parade", que cela n'est pas une surprise:il réussissait à imposer les pas de danse au chorégraphe Massine pour faire ce "théâtre" des peintres, ces touches et poids de couleurs changeantes, selon les dispoisitions des interprètes, changés en pinceaux et palettes de couleur!
Quel génie de la chorégraphie picturale!

"Le Misanthrope" selon Jean-François Sivadier au TNS: revu et corrigé!



Kilt ou double!
Un Misanthrope de plus?
Pas vraiment! "Le" Misanthrope de Molière, l'actuel, le moderne, celui qui parle à tous, ce personnage pétri d'astuce, malin, jamais aigri pourtant égrenant des propos terrifiants de vérité sur l'humaine condition et ses mensonges "mondains" de toute part édictés pour survivre!
D'emblée, l'espace est ouvert: scène jonchée de débris scintillants, comme un parterre de feuilles mortes dorées et bruissantes sous les pas des comédiens.
Ils sont là sur le plateau, Alceste à la Murnau, docteur Mabuse, hirsute, punk déjanté,allumé, tonton flingueur de vérités sur ces proches:il les hait, les considère comme corrompus et veules, menteurs et cachotiers, lénifiants. Bref, humains, trop humains.L'hypocrisie règne en maitresse!Un trublion dans une micro société délicieuse et emperruquée, sexy et apprêtée!
Alceste qui danse en kilt, loufoque sur un air de rock, débridé, léger, aérien et subtil comme tout son jeu, tout au long de la pièce!
Cheveux longs, perruques et idées pas courtes!
Le ton est donné, il sera d'aujourd'hui ce "misanthrope", pour les jeunes et moins jeunes qui s'y reconnaitraient dans la beaté des alexandrins, dans la beauté des gestes des comédiens, soulignés par une mise en scène très chorégraphique.
On y fait des clins d’œils à la danse baroque:légers pliés, petits sauts dérobés au regard , élévations discrètes, glissés, tounoyés...
Jean Christophe Parré n'est pas loin! Ni les créateurs de ses "comédie-ballet" style que Molière affecte et développe avec Rameau et Lully, ses "maitres de ballet"
Clins d'oeils aussi à Pina Bausch dans un duo, "entremets" gouleyant et à déguster sans modération où les deux protagonistes esquissent déboulé, cambrures arrières et autres gestes à la Pina pour mieux la rendre vivante aussi dans ce "Tanz-Théater" évoqué à bon escient.
Décor de récupération très ingénieux: lustres bricolés avec des chaises de collège, petits jets d'eau moqueurs pour les jardins de Versailles de pacotille, musique de toujours et de tous les inconscients collectifs! Vivaldi!
Le parterre de débris de strass et paillettes, nous rapelle la vanité des choses et des caractères de chacun
Et quand Alceste balaye au final ce champ de mensonges, il court désespérément à la poursuite de l'innocence et de la probité!
Pour Alceste, la nature humaine est pétrie de vices, vanités et hypocrisies. Idéaliste et idéalisant le monde, il préférerait fuir ce qu’il exècre. Mais son amour pour l’électrique Célimène le rattrape. Que faire lorsque la façon d’être de l’être aimé va à l’encontre de nos convictions personnelles ? Jean-François Sivadier propose une mise en scène du texte de Molière énergique et habitée de fureur, sur fond de musique de Vivaldi se heurtant à celle des Clash. Dans cette comédie noire, Alceste prend la figure d’un poète torturé, bouillonnant de vie, face à une Célimène rayonnante et éprise de liberté.

 C'est enjoué, grave et drôle à la fois et Sivadier décape sans démagogie ni racolage un petit chef- d’œuvre de théâtralité deux heures et demi durant, sans faille , sans béance dans le piège de "re-looking" des grands classiques.
Il faut dire que les comédiens, rodés et très à l'aise y servent une direction d'acteur respectueuse des qualités de chacun: le choix des physiques atypiques est bienvenu et que ce soit Nicolas Bouchaud ou tous les autres, il y a de la jouissance et de la jubilation à partager!
Molière, comme on l'aime aussi au lycée:plein de verve et de chaleur, de musicalité, de chair et de bonté malgré la férocité de la description de cette humanité en vase, pas si clos que cela!
"Revue", et incorrect, ce joyaux de Molière,incorrigible maestro d'une comédie, voiture à ballet, de l'histoire du théâtre! est à découvrir à tout prix!
Au TNS jusqu'au 21 MARS
www.tns.fr