lundi 24 mars 2014

"Fichu serpent":divin chemin d'enfer! L"Evasion n'a pas perdu son Eurydice!

Danse serpentine!
Une belle production du Théâtre de l'Evasion de Sélestat, ce "Fichu serpent" n'est pas une couleuvre, et on l'avale sans modération!
L'histoire d'Orphée et Eurydice de l'Odysée revisitée par une compagnie singulière, celle de L'Evasion", ce lieu de promotion et de savoir faire des personnes handicapées. Basé à Sélestat, c'est aussi un espace d'échange culturel, de production et de création, sous la houlette d'un artiste-écrivain du cru, Albert Strickler!
Des tableaux très poétiques défilent sous nos yeux ébahis et enchantés.Mêlant corps, graphisme et manipulation; une envoutante musique rythme en direct l'épopée d'Orphée, ce jeune et éperdu amoureux, parti chercher sa belle aux enfers Tous ici, quatre musiciens, sept danseurs revisitent ce mythe fondateur, de manière très sensible et délicate, sobre et subtile
Quatre musiciens en permanence sur le plateau accompagnent ces ombres chinoises dansantes, ces diables de l'enfer, ce Lucifer qui donne lieu à de jolis jeux de mots, tracés sur une toile tendue en fond de scène.
L'enfer, c'est les autres! Pas vraiment mais un peu quand même, si l'on songe au regard que l'on porte trop souvent sur le handicap mental!
L'enfer du décor, l'enfer solitaire ou l'envers solidaire???
Ce chemin de fer est bien celui d'une troupe aguerrie au jeu, à la musique, au graphisme qui se trace devant nos yeux. C'est magnidique et illustre parfaitement le propos.
"Orphéo Négro" n'est pas loin et son leitmotiv est repris à l'envie par les musiciens de cet orchestre savant.Tout est réuni sous la direction artistique de François Small et Marie-Paule Lesage pour faire de ce spectacle un bijou de poésie, de tendresse de plasticité très réussie entre images mouvantes en ombres, danses magnétiques ou sataniques, dessins et personnages de fil de fer pour accentuer l'aspect pantin de cette valse de la vie et de la mort.
La descente aux enfer d'Orphée, creusant son chemin ou sa tombe est surprenante.
Tous ici rassemblés, deux éducateurs compris dans le jeu musical et corporel pour une "mixité" intelligente et de mise.
Plus rien à prouver ici pour être professionnels et assurer, assumer sa vie d'artiste.

Cie de l’Evasion – mise en scène François Small – assistante mise en scène Isabelle Hospital – scénographie Marie-Paule Lesage – régie Roger Denis – jeu, manipulation et graphisme Thierry Heidt, Soufian Boulaich, Cindy Wenger, Françoise Marmillot, Yann Bruckmuller – orchestre et bruitages Gilles Klopfenstein, Geoffrey Masson, Jonathan Schemyte, Frédéric Rieger – production Etablissement et Service d’aide pour le Travail EVASION / APEI CENTRE ALSACE.




Aux "Giboulées" à Strasbourg
www.tjp-strasbourg.com

"Matière à rire":Christophe Feltz et Devos revisité, complices, compères, comparses!!

Le Théâtre"Lumière" ne reste pas dans l'ombre et à présent dispose d'un joli répertoire, trèfle à quatre feuilles: hommage à Prévert, Desproges, Gainsbourg et Devos!
Dans "Matière à rire" Christophe Feltz metteur en scène et comédien donne une très juste idée du personnage, auteur, clown musical qu'était Raymond Devos, cet inventeur de sketches désopilants, désorientants.
Un choix judicieux de textes, pour beaucoup extraits de son recueil culte" Sens dessus dessous" oriente le ton du spectacle.
Mise en scène et scénographie très sobres:un piano bien sûr, un fauteuil et un reposoir rouges en  velours de théâtre style boulevard.Et les mots égrenés à l 'envie, susurrés, chuchotés, machés, décortiqués comme savait le faire l'artiste multi talentueux, ce faiseur de trouvailles, de jeux de mots, de virelangues, de charades, de calembours..."Mon chien, c'est quelqu'un", "Tout va trop vite", "Parler pour ne rien dire", "Dégoutant personnage", "Les parcmètres".... "Je suis un imbécile", autant de sketches qui font resurgir à bon escient la silhouette, la verve, la gouialle d'un personnage aux multiples facettes, toujours surprenantes!
On se délecte de ne pas tout capter tant le rythme, la cadence des surprises et jeux de mots vont bon train!
Complicité aussi entre le pianiste Grégory Ott et le comédien, qui tour àtour prennent le dessus, le dessous l'un sur l'autre. Mises en boites, retournements de situations, étonnement, incompréhension, on navigue dans le sens de la vie dans le courant ou à contre-courant!
Course contre la montre sans effet de manche, que voici un bel hommage à une écriture très ressérée qui ne donne pas de place au hasard ni à la futilité.Tout est écrit au cordeau, taillé dans le vif des sujets, au vif du sujet, dans le vif, dans le mille!"Entre parenthèses", "Sex-shop" ravissent et renouent avec ces formes courtes d'humour cinglant, caustique, décapant!
Le jeu du comédien est sobre, juste mimétique parfois en mémoire de ce grand corps de Devos, déployé dans l'espace, généreux comme dans le Godard "A bout de souffle" où Devos jubile, s’esclaffe ou fait le timide, le discret qui déborde et se retient de ne pas exploser!Ila le verbe et le geste large!
Comme un danseur extatique!
Oui, il y a matière à rire, à éclabousser la langue française en la faisant ricocher, rebondir d'un mot à l 'autre sens dessus dessous de table!Un clown de taille est devant nous et nous fait voyager ailleurs devant une mer démontée ou un vélodrame dans un mélodrome..C'est irrésistible et on se laisse ravir, capturer et capter par le suspens aussi, en apnée devant tant de grâce verbale, de joutes linguistiques, taillées pour Devos mais très bien portées et revisitées par Christophe Feltz.
Un spectacle, lumineux, sensible, intelligent, à l'image de la ligne éditoriale du "Théâtre Lumière" et de ses fidèles complices: Chantal Richard et son œil aguéri, affuté,Rita Tatai pour les costumes et clins d’œil vestimentaires de l'époque!
Devos en verve et pas contre tous! Tout contre fait!

A l'espace théâtre du musée Wurth à Erstein,ce dimanche 23  MARS

Dimanche 27 AVRIL "Si proche de Desproges" et
Dimanche 1 JUIN "Je suis un saumon" de Philippe Avron
au Musée Wurth 16H !
www. musee-wurth.fr



"Devos nous manque…
Sa liberté, sa fantaisie, sa dérision, son cynisme, son humour et son intelligence nous manquent….
Si Raymond Devos nous manque c’est bien qu’il a tissé avec nous tout au long
de sa carrière une vraie relation d’amour et de partage sincère…
Raymond Devos nous touche…
Il nous livre son intimité, ses angoisses, ses blessures, ses joies et ses éclats de rire…
avec une générosité et une vérité saisissantes…
Raymond Devos nous interpelle…
Son regard ciselé et aiguisé sur le monde et l’humanité est unique….
Il décortique les sentiments, analyse les comportements avec ses yeux d’humain
fragile et sensible…
Raymond Devos nous parle à l’oreille…nous chuchote quelques vérités…
toujours avec une grande humilité et beaucoup d’autodérision….
Il fait partie de ces grands artistes que l’on aimerait entendre aujourd’hui…
parler de ce monde globalisé et déshumanisé….
de ce moment de l’humanité où l’humain fabrique un monde où il n’est lui-même plus le bienvenu….
de cette fameuse « crise » qui n’est pas qu’économique ou financière,
mais aussi identitaire, existentielle… « crise » de la dépossession, de la perte de contrôle
de l’homme sur le monde et sur lui-même…début sans doute d’une longue déshérence, d’une perte sans retour…
de cette fraternité oubliée…de ce monde enfermé sur lui-même, atrophié par des soucis
matérialistes égocentrés et sans espoir…
Raymond Devos est un grand artiste et un poète rare car il réinvente le monde…
Il le triture, le malaxe, le déconstruit pour mieux le faire entendre et comprendre…
Raymond Devos est un artiste différent, unique et original qui restera longtemps dans nos cœurs…
car ses textes finalement ne parlent que d’amour…
C’est pour toutes ces raisons…que je me sens si proche de Devos…
Raymond Devos est vivant !"
Christophe Feltz
Comédien, metteur en scène

Mise en scène Christophe Feltz
Collaboration artistique Chantal Richard
Lumière et scénographie Daniel Knipper
Piano Grégory Ott
Univers sonore Francesco Rees
Jeu Christophe Feltz
Costumes Rita Tataï
Régie son Léa Kreutzer

dimanche 23 mars 2014

"Fama":la Zouze, zizanie, chambardement!

Hier en fin d'après midi:inauguration de "La biennale internationale" corps-objet et image, les giboulées à Strasbourg, initiée par le TJP...
La Zouze, sous la houlette de Christophe Haleb, y présentait une performance dans son dispositif "Fama"
Une mise en espace, installation de bric et de broc, d'objets recyclés en paysages sculptures, à vivre physiquement en déambulation personnelle.Cinq danseurs, une heure durant y gravitaient, manipulant objets, cartons et autres accessoires dans une joviale ambiance de récréation!
De splendides images vidéo élargissent les perspectives panoramiques, issues d'architectures et paysages du monde entier!
Belle performance, bruitages et musiques singuliers pour accompagner un événement rare et ludique!

Bravo à Christophe Haleb, performateur de grand format!

Un nouveau lieu d’expérimentation, une nouvelle forme !
Le chorégraphe Christophe Haleb déploie de nouvelles collaborations artistiques pour construire un objet polymorphe sur la rumeur, l’île et l’exil.
Embarquez-vous pour FAMA dans les locaux de la Laiterie-Hall des Chars transformée, pour l’occasion en île métaphorique. Un prototype, un mythe dans lequel nous sommes impliqués pour vivre une expérience chorégraphique incertaine et ouverte.
Le territoire de FAMA nous invite à se décrocher un peu de la terre pour aborder des rivages géo-imaginaires mêlant films, installation sonore et plastique, performances dansées et musicales.
Nous entrons dans l’espace d’un récit, d’une fiction, dans la contemplation d’un horizon perdu, le rêve d’un archipel, d’une communauté en transformation dont nous sommes les témoins involontaires.
Hall des chars jusqu'au 30 MARS
www.tjp-strasbourg.com