Matinée plutôt édifiante pour la présentation publique des "Ateliers" dirigés par Philippe Manoury auprès de publics non initiés à la musique contemporaine ou à l'écriture.
Ateliers Percustra: ça cartonne!
L'expérience est généreuse, riche et belle: confier une de ses œuvres à un groupe d'élèves du lycée professionnel Saint-Jean de Colmar: "Klag" ce "Schlag" ou "Klang" remodelé devient sous la direction et l'exécution de ces jeunes, une pièce fragile, simple mais où tout le rythme requiert une attention à l'autre, au groupe et à son propre jeu.Sons et chocs à l'appui!
Belle concentration et musicalité de ces jeunes, sensibilisés à la méthode simple et efficace "Percustra" que les percussions de Strasbourg avaient mise au point pour rendre accessible un solfège corporel et percussif "pour les nuls".Les corps et attitudes des interprètes trahissent trac ou maladresse, mais jamais un manque d'investissement ni d'authenticité. C'est troublant et émouvant, et l'oeil et l'oreille du public sont à l'écoute, bienveillante de ce chalenge.
Pari tenu pour ces "professionnels" d'un jour confronté au concert, à la communication d'un long travail!
Même aboutissement pour les six interprètes de la pièce de Annette Schlunz auprès des élèves du lycée professionnel Le Corbusier de Illkirch."Traces" leur permet d'investir écriture et jeu, pratiques des percussions corporelles et instrumentales, mise en scène et jeu d'acteur.Prendre son pouls, c'est aussi sentir la percussion première, organique, sensible et sensuelle, vitale de son corps! Très beau début!
Autour de six cartons, les voilà à frapper la matière de concert avec audace, écoute et musicalité.La prestation est sincère, directe et sans chichi; combat de fleurets, à l'appui.
Ateliers de la création
Toujours avec des élèves de Colmar, c'est l'oeuvre collective "Electro ,what?" qui fait mouche: électroacoustique, née des balbutiements en la matière de ces tous jeunes créateurs, la pièce est singulière, tonique, humoristique. Félicitetions à ces jeunes "apprentis" de la musique d'aujourd'hui qui se frottent avec enthousiasme à la création à partir de leurs nouveaux outils de prédilection:audiovisuel, multimédia, électro-domestique, électronique industrielleembarquée, télécommunication et réseaux.
De quoi faire pour alimenter la musique de demain!
Puis c'est au tour des deux protagonistes de cette expérience, Claude Ferrier et François Papirer de s'y coller dans deux oeuvres ludiques: ""Clash Music" de A. Huber et "Toh" de Minoru Miki.
Duel, duo, sourires et complicité pour ces deux associés des Percussions de Strasbourg: et ceci ne s'invente pas: l'exécution est brillante et sans faille, les corps justement engagés et sereins, sans tension, hormis celles nécéssaires au jeu et à l'interprétation.
Bravo à ces jeunes pousses de la musique, du travail collectif dont l'aboutissement est remarquable par sa qualité et le justesse du pari tenable et tenu: en "ignorant" tout de la fabrication de la musique, on gagne en justesse et spontanéité, cette "virginité" de la connaissance évite ainsi de gommer références, citations et auitre acquis qui parfois plombent la créativité.
Vive la liberté de l'enseignement haute couture de Manoury et des "Percustra"!
Ensemble Linéa
Sous la direction de Jean Philippe Wurtz, les deux oeuvres de Unsuk Chin "Fantaisie mécanique" de 1994 et "Gougalon" de 2009 seraient ici deux coups de coeur!
Musique charmeuse, quasi mélodique et pourtant pleine d'écueils, d'obstacles à franchir pour l'oreille et l'écoute.
Inspirée de la musique foraine, "Gougalon" est un puits de surprises, d'univers évoquant foire et cirque à la Nino Rota. Suspens aussi de la contrebasse qui rappelle quelques bribes fameuses d'"Ascenseur pour l’échafaud" de Miles Davis. Musique, comme autant de saynètes de rue, de sons de ces petits métiers ou de musique circasienne, endiablée, emballante, suggestive.C'est magnifique et plein d'évocation des contrées coréennes de l'auteur:une musique populaire imaginaire, stylisée, déstructurée et seulement en apparence primitive".
Le "Graphein" de Raphael Cendo paraissait entre les deux morceaux, bien radical, complexe, "chose étrange à l'orée de deux mondes".Comme les écritures varient et livrent sons, ambiances et univers singuliers.
"Te craindre en ton absence"
Un spectacle signé Georges Lavaudant sur des textes de Marie NDiaye et musique de Hector Parra et interprèté par l'Ensemble intercontemporain, sous la direction de Julien Leroy, cela ne se refuse pas!
Scénographie lumineuse très pointue, parterre de plumes blanches:un écrin pour Astrid Bas, comédienne qui une bonne heure durant incarne une femme en prise avec son destin. Monodrame de cette voix seule face à la musique, comme un voyage au plus profond de l'âme, de l'inexprimable, de l'étouffement.La femme y porte le poids de la vie et du souvenir.Œuvre intime sans grand éclats, feutrée où la mise en scène sobre de Lavaudant révèle quelques superbes moments chorégraphiques: assise sur un tronc d'arbre, l'actrice se livre à une gestuelle inédite et originale, issue de tout son corps, si "parlant" à ces instants!
La musique, venue du fond de scène protège, entoure et berce l'actrice usant d'une solide science orchestrale et un emploi subtil de l'électronique qui constellent la psyché du personnage!
dimanche 5 octobre 2014
samedi 4 octobre 2014
"Cataloguer" Buren!
Dresser un catalogue "raisonné" de l'oeuvre "in situ" de Daniel Buren: un projet titanesque piloté par Joëlle Pijaudier-Cabot et Estelle Pietrzyk, commissaires de l'exposition "comme un jeu d'enfant" au MAMCS...
Chose faite et aboutie grâce aux talents d'édition du Musée, aux graphistes,et au texte édifiant de Marie-Ange Brayer!.
Faire et prolonger l'oeuvre spatiale de Buren, la "contenir" dans un ouvrage livresque,lui rendre ses volumes, espaces et respirations...
Laisser entrevoir des perspectives inattendues grâce aux regards, focales inventés par Sophie Steefkerk
On y plonge dans l'humour des points de vue, dans les couleurs, spirales, architectures multiples!
Un catalogue "souvenir" et en prime une édition spéciale dans un coffret cartonné avec en couverture une photographie originale, insérée et une gravure des initiales DB tamponnée, estampillée ainsi de sa griffe!
Il reste encore quelques uns de ses "livres d'artistes" pour les amis du musée MAMCS!
Chose faite et aboutie grâce aux talents d'édition du Musée, aux graphistes,et au texte édifiant de Marie-Ange Brayer!.
Faire et prolonger l'oeuvre spatiale de Buren, la "contenir" dans un ouvrage livresque,lui rendre ses volumes, espaces et respirations...
Laisser entrevoir des perspectives inattendues grâce aux regards, focales inventés par Sophie Steefkerk
On y plonge dans l'humour des points de vue, dans les couleurs, spirales, architectures multiples!
Un catalogue "souvenir" et en prime une édition spéciale dans un coffret cartonné avec en couverture une photographie originale, insérée et une gravure des initiales DB tamponnée, estampillée ainsi de sa griffe!
Il reste encore quelques uns de ses "livres d'artistes" pour les amis du musée MAMCS!
Musica: le trio K/D/M et Bamberg: du simple au gigantisme!
De la petite formation, à trois petits génies de la percussion et de l'accordéon, à la gigantesque formation de l'orchestre symphonique de Bamberg, il n'y a qu'un saut!
Le festival Musica le fait allègrement, renversant les frontières de l'intime, vers l'extime exubérant d'une formation éléphantesque et pachidermique: l'orchestre bavarois dirigé par Jonathan Nott.
Commençons par l'intimité du concert de 18H 30 Salle de la Bourse, pleine à craquer comme il se doit (ne dite pas qu'il n'y a pas de public pour la musique contemporaine) !
Une formation simple, trois musiciens très décontractés, agréables à fréquenter du regard et de l'oreille tant leur discrétion et présence semble aller de soi.
Un trio idéal pour les compositeurs soucieux de rendre hommage et place légitime au "piano à bretelle du pauvre", l'accordéon, ici joué par Anthony Millet
Du souffle, de la détente, de l'étirement pour cet instrument hybride, à touche à vent qui semble pulser et respirer comme un corps accroché à celui de l'interprète Accordéons nous pour avouer que la présence de cet instrument connoté populaire tonifie, rapproche et exhausse la musique à un caractère de simplicité autant que de sophistication.
Gérard Grisey avec "Stèle" et Luis Rizo-Salom avec "Rhizomes"échappent à la règle dans ce programme avec leur oeuvre pour percussions seules, en confrontation, en face à face ou regards croisés.
Le dispositif est fascinant déjà a observer: bric à brac d'instruments percussifs qui donneront naissances à des sons inouis, découvertes simultanée de l'objet et de sa résonnance
La musique est art visuel et chorégraphique: le son est mouvement et prolongation de la musicalité des corps!
La pièce de Clara Ianotta "3 sur 5 " en est bien le manifeste éclairé et revendiqué: "éxpérience existencielle et physique" elle doit être autant vue qu'entendue, la musique!
"Chorégraphie des sons" plutôt que "orchestration", nous voilà au corps, au coeur du sujet!
François Narboni avec "The mosellan psycho" de 2009 dédie lui aussi une pièce pour le trio virtuose K/D/M: associer l'accordéon à deux percussions: clavier, marimba et vibraphones se lovent, s’alignent, se doublent s'entremêlent pour des accord, désaccords parfaits entre eux!
Quant à Martin Matalon, il ajoute un soupçon délectronique à cette cuisine savante des chefs qui se libère ainsi des recettes pour rejoindre le registre des mets gastronomique et de la bonne nouvelle cuisine de bistrot!
C'est savoureux et jouissif à l'oreille, au regard et l'on respire les sons, comme autant de rémanences lointaines qui se démultiplient dans l'espace, sonore, physique.
Un trio "modeste" en dimension, très grand en interprétation et pertinence! En corps, encore!
Suite de la soirée au PMC Salle Erasme, l'écrin idéal pour recevoir l'orchestre de Bamberg!
Ondrej Adamek avec "Endless Steps" de 2006/2008 révisée pour l'occasion fait mouche et touche, tectonique des montées et descentes vertigineuses, envolées vers des contrées vastes et turbulentes, cette pièce pour orchestre (8 contrebasses entre autre) est forte et puissante.Le compositeur, alerte et jeune, très bien mis, en couleurs salue avec modestie devant cet ensemble gigantesque, gargantua de la musique à dévorer sans modération. L'oeuvre est mouvante, changeante, énivrante.
Les percussions plongées dans l'eau nous immerge dans une atmosphère aqueuse, et feutrée. On plonge sans retenue dans l'inconnu, l'oeil toujours aux aguets tant le spectacle est intéressant: qui est à la source de quoi?
Du côté de Jarell avec "Spuren" c'est le retour au calme apparent après la tempête.
Mais le silence des eaux dormantes est de courte durée et résonnent grâce à la présence magique du quatuor Arditti Les "empreintes" se dessinent pour mieux imprimer dans l'espace des figures musicales qui tendent à une calligraphie sonore.
Enfin retrouvailles avec une grosse pointure légendaire, figure de repère dans le parcours de la musique contemporaine: le très attendu" Lulu suite" de 1934 de Alban Berg. Un monument, un gigantisme quelque peu diluvien et pachydermique, un moment de grâce comme de félicité
Puissance, masses sonores, poids des appuis musicaux, voix profonde de la soprano: nous voici embarqués pour un voyage nostalgique au pays des modernes.On y goute les références, citations multiples et l'on fait la liaison avec les créateurs d'aujourd'hui.Lulu version courte, c'est inédit et donne envie d'y retourner!Du tonal, à l'atonal,des formes anciennes à la modernité, voici un bain de jouvence où il fait bon se plonger!
Comme une archéologie du futur de la musique!
Au loin ce soir là, les hélicoptères (du rally automobile) vrombissent...Stockhausen n'est pas loin!!!
Le festival Musica le fait allègrement, renversant les frontières de l'intime, vers l'extime exubérant d'une formation éléphantesque et pachidermique: l'orchestre bavarois dirigé par Jonathan Nott.
Commençons par l'intimité du concert de 18H 30 Salle de la Bourse, pleine à craquer comme il se doit (ne dite pas qu'il n'y a pas de public pour la musique contemporaine) !
Une formation simple, trois musiciens très décontractés, agréables à fréquenter du regard et de l'oreille tant leur discrétion et présence semble aller de soi.
Un trio idéal pour les compositeurs soucieux de rendre hommage et place légitime au "piano à bretelle du pauvre", l'accordéon, ici joué par Anthony Millet
Du souffle, de la détente, de l'étirement pour cet instrument hybride, à touche à vent qui semble pulser et respirer comme un corps accroché à celui de l'interprète Accordéons nous pour avouer que la présence de cet instrument connoté populaire tonifie, rapproche et exhausse la musique à un caractère de simplicité autant que de sophistication.
Gérard Grisey avec "Stèle" et Luis Rizo-Salom avec "Rhizomes"échappent à la règle dans ce programme avec leur oeuvre pour percussions seules, en confrontation, en face à face ou regards croisés.
Le dispositif est fascinant déjà a observer: bric à brac d'instruments percussifs qui donneront naissances à des sons inouis, découvertes simultanée de l'objet et de sa résonnance
La musique est art visuel et chorégraphique: le son est mouvement et prolongation de la musicalité des corps!
La pièce de Clara Ianotta "3 sur 5 " en est bien le manifeste éclairé et revendiqué: "éxpérience existencielle et physique" elle doit être autant vue qu'entendue, la musique!
"Chorégraphie des sons" plutôt que "orchestration", nous voilà au corps, au coeur du sujet!
François Narboni avec "The mosellan psycho" de 2009 dédie lui aussi une pièce pour le trio virtuose K/D/M: associer l'accordéon à deux percussions: clavier, marimba et vibraphones se lovent, s’alignent, se doublent s'entremêlent pour des accord, désaccords parfaits entre eux!
Quant à Martin Matalon, il ajoute un soupçon délectronique à cette cuisine savante des chefs qui se libère ainsi des recettes pour rejoindre le registre des mets gastronomique et de la bonne nouvelle cuisine de bistrot!
C'est savoureux et jouissif à l'oreille, au regard et l'on respire les sons, comme autant de rémanences lointaines qui se démultiplient dans l'espace, sonore, physique.
Un trio "modeste" en dimension, très grand en interprétation et pertinence! En corps, encore!
Suite de la soirée au PMC Salle Erasme, l'écrin idéal pour recevoir l'orchestre de Bamberg!
Ondrej Adamek avec "Endless Steps" de 2006/2008 révisée pour l'occasion fait mouche et touche, tectonique des montées et descentes vertigineuses, envolées vers des contrées vastes et turbulentes, cette pièce pour orchestre (8 contrebasses entre autre) est forte et puissante.Le compositeur, alerte et jeune, très bien mis, en couleurs salue avec modestie devant cet ensemble gigantesque, gargantua de la musique à dévorer sans modération. L'oeuvre est mouvante, changeante, énivrante.
Les percussions plongées dans l'eau nous immerge dans une atmosphère aqueuse, et feutrée. On plonge sans retenue dans l'inconnu, l'oeil toujours aux aguets tant le spectacle est intéressant: qui est à la source de quoi?
Du côté de Jarell avec "Spuren" c'est le retour au calme apparent après la tempête.
Mais le silence des eaux dormantes est de courte durée et résonnent grâce à la présence magique du quatuor Arditti Les "empreintes" se dessinent pour mieux imprimer dans l'espace des figures musicales qui tendent à une calligraphie sonore.
Enfin retrouvailles avec une grosse pointure légendaire, figure de repère dans le parcours de la musique contemporaine: le très attendu" Lulu suite" de 1934 de Alban Berg. Un monument, un gigantisme quelque peu diluvien et pachydermique, un moment de grâce comme de félicité
Puissance, masses sonores, poids des appuis musicaux, voix profonde de la soprano: nous voici embarqués pour un voyage nostalgique au pays des modernes.On y goute les références, citations multiples et l'on fait la liaison avec les créateurs d'aujourd'hui.Lulu version courte, c'est inédit et donne envie d'y retourner!Du tonal, à l'atonal,des formes anciennes à la modernité, voici un bain de jouvence où il fait bon se plonger!
Comme une archéologie du futur de la musique!
Au loin ce soir là, les hélicoptères (du rally automobile) vrombissent...Stockhausen n'est pas loin!!!
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