lundi 13 octobre 2014

ARTE let's dance: tous à poils!

Suite de la série TV ARTE sur une "histoire" de la danse à faire en images, selon un "documentaire" de création "pour les nuls"!
Historiens, sociologues et chorégraphes attestent de leurs expériences en la matière!
Histoire du nu en danse: Isadora Duncan et ses voiles protecteurs, le nu aux USA avec show dénudé et midinettes sexy, cabarets nus à Berlin, le nu dans la société de consommation pour faire vendre!
Toit y passe en "revue" et c'est un peu didactique!
Les propos de Raimund Hogues y sont les plus interessants: faire voir un corps "monstrueux" et de surcroit nu: une gageure et un moment de reconnaissance dans sa vie!Steven Cohen, le provocateur y témoigne de ses expériences de nu in situ dans la rue: les images sont fort belles, prises sur le vif!
Preljocaj, Dubois et d'autres Jêrome Bel ou Alain Buffard y content la maladie ou la peau du corps...
synopsis
Le corps est l'instrument des danseurs. C'est à travers lui qu'ils s'expriment, que le chorégraphe lui aussi raconte et crée. Mais qu'en est-il de la nudité dans la danse, cette pratique presque commune aujourd'hui, posture ou cliché qui fait oublier qu'il faut d'abord que le danseur se dénude, se montre dans son plus simple appareil. La nudité traverse tout le XXe siècle, gênante parfois, mais finalement jamais banale. Affaire de morale, de politique, de sexe, de pudeur, de provocation, bref de révolution, la nudité sur scène force au questionnement. S'y intéresser, c'est donc voir ce que les corps nus ont à raconter.
 



http://genevieve-charras.blogspot.fr/2014/02/tragedie-de-olivier-dubois-dont-on-fait.html

dimanche 12 octobre 2014

La peau souple de BIC..Que du bleu!

Souplesse de danseur en "bleu" BIC comme Jan Fabre????

"Pulcinella": désordes, folie dans la basse-cour! Il Cortile!

Voici Julie Brochen en prise et en empathie avec la Commedia d'ell arte, un art ancestral, archaïque, pantomime jouée avec des masques au IVème siècle dans le sud de l'Italie!
Pulcinella, personnage venu des sous sols et qui est toujours en relation avec les enfers!
C'est donc à ce mythe et à la musique de Stravinsky, commandée en 1919 par Serge de Diaghilev, célèbre manager et inventeur des fameux Ballets russes, que s'attaque et s'attache vaillamment la comédienne et metteur en scène
Un spectacle pour clore en beauté six années de direction artistique foisonnante du TNS.
C'est à la musique de démarrer, chatoyante, connue et reconnue pour son "néo-classisisme" emprunté à Pergolèse entre autre: clins d’œils et citations musicales à l'appui: les cordes et vents de l'Orchestre Philarmonique de Strasbourg n'en font qu'une bouchée!
Apparait un personne d'antan sur le proscénium, sorte de podium à défilé(voir le Don Juan de Julie Brochen), un dispositif frontal ici qui laisse peu d'espace aux évolutions des comédiens.
C'est un vieillard bien vivant et alerte qui entame le jeu, ("Pappus", le vieux?), campé par un André Pomarat en pleine verve. Lui incombe la belle et lourde tache d'introduire le sujet.
Puis un volatile bizarre et fort bien vêtu prend ce plateau dangereux comme estrade de parade animale: on renoue ici avec l'inspiration de la commédia du monde animal, des comportements, attitudes, pauses organiques et bien senties.
Chaque masque ici est associé à un animal ou a une figure démultipliée de Pulcinella: en trouver le rythme, en brosser les caractéristiques, en habiter et incarner le vécu corporel: une loi de Michele Monetta, spécialiste et pratiquant éclairé de cet art sur le fil du mime, des arts martiaux de la comédie burlesque ou satirique: bouffons et bouffonnes, basse cour où les voix des chanteurs agrémentent la divine musique de Stravinsky: les trois protagonistes incarnent des personnages fétiches et costumés colorés et chatoyants, on fait ici de belles rencontre avec l'excellent ténor Peter Kirk, qui, la rage au corps, prend acte d'une lettre compromettante assurément: sa diction est superbe, son jeu convainquant, ses attitudes mesurées et contenues pour nous communiquer rage et agacement.Nathanael Tavernier, une basse remarquable, et Gaelle Alix, soprano forment à ses côtés un trio burlesque et charmant au jeu plus concret que nos Pulcinella de pacotille qui apparaissent et disparaissent à l'envi tout au long de la représentation...Trois voix issues de l'Opéra Studio de l'OnR, en coproduction à cette occasion:merci pour ce "prêt", cet échange et partage pour aguerrir ces "jeunes" pousses au métier d'acteur-chanteur!
Et pendant ce temps s'engouffrent nos polichinelles dans les entrailles de ce bas monde: bouches d'égouts, oubliettes, passages interdits pour mieux les faire surgir en pleine lumière: de blanc vêtus, chapeau à la Mélusine, grotesques sans vulgarité aucune, ils arpentent le podium, gestes de mime à l'appui, démarches sur demi-pointes, très calculées à la Etienne Decroux, sans nul doute!Ces mouvements corporels, y sont appuyés par la pratique du masque, l'étude des canevas et des attitudes, leur façon de marcher, l'étude des caractères humains fort utiles pour l'acteur ou le danseur d'aujourd'hui
Et la musique de tisser avec ce petit monde hétéroclite de jolis liens:"Ne pas cacher la musique" par l'action théâtrale prépondérante, laisser parler les corps, regarder se faire les bruissements des cordes, les souffles des vents et le jeu du chef d'orchestre, Marko Letonja, complice du comédien, partenaire singulier, en jeu, lui aussi acteur farceur à sa manière.
Pulcinella, c'est aussi cette humanité difforme quasi "baroque", perle rare et déformée, miroir perturbant de notre humanité ambitieuse et prétentieuse...Les pantins tout blancs, ces "petits poussins" qui sortent de l'oeuf et se lancent sans filet dans la vie complexe et sans concession ... "Une image intéressante et étrange puisque l'oeuf est le symbole du cosmos, de l'harmonie et de l'équilibre d'où sort Pulcinella, image de folie et de grandeur!"
Surtout ne pas tuer dans l'oeuf ce "bibbele": qu'est ce (kaes) que c'est donc, cet être multiple, animé, désarticulé, segmenté, si proche et éloigné de nous Dans la basse cour, le "cortile", les volatiles s'amusent et défient le passé. Qu'est-ce que ce spectacle hybride, atypique, OVNI , troisième genre engendré par la musique, le jeu corporel et la voix?
Cette farce musicale très stylée nous rappelle que Stravinsky, le ballet, la danse et le corps ne font qu'un: du "Sacre" à "Petrouchka",aux "Noces" plus d'un chorégraphe s'y est frotté: au tour de la Commedia d'ell arte d'y retrouver ses petits poussins!Pulcinella saccageur, agitateur en verve, errant dans notre inconscient collectif, bouleversant l'ordre établi, évoluant en se démultipliant, clone et démon, à la rencontre du monde....
Merci aux artistes du TNS, de l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg, à l'Opéra du Rhin de nous offrir un cadeau équitable, de proximité, du slow-show local qui mérite une belle délocalisation en tournée, histoire de nous faire revivre un art du passé bien de nos jours!Une rencontre inespérée, si pertinente!
André Pomarat réapparait au finale pour conclure cette mascarade, parade et cavalcade joyeuse:il s'éteint comme une luciole à la Pasolini, sur le tremplin de la comédie, berceau de toute sa vie d'artiste, sur ce proscénium, terre de jeu et de vie du théâtre: celui qui se fait par corps, par cœur et amour du beau: les couleurs de la musique et des costumes en attestent.Sur le chemin de bois, comme une digue entre l'orchestre et les spectateurs, des trappes et farces et attrapes, surgit un monde très underground....

Et ce "je suis venue te dire que je m'en vais" de Julie Brochen comme couronnement avec quelques jolies auto-citations de sa carrière de metteur en scène et comédienne
"E la nave va, bon voyage Madame" et revenez si le pays vous plait" si le cœur des spectateurs fidèles vous en dit: l'occasion bientôt avec la quête du Graal Théâtre et son "Lancelot du lac"!
Ce n'est qu'un au revoir, ne tirez pas votre révérence si tôt!