mardi 21 octobre 2014

"Chante ton bac d'abord": et puis on danse!

Le BAC enchantant!
Un film ovni où chanter et bouger va de soi et se glisse dans le scénario pour faire camper aux ados des personnages hauts en couleurs et très attachants!
Chante ton bac d’abord raconte l’histoire tumultueuse d’une bande de copains de Boulogne-sur-Mer, une ville durement touchée par la crise. Un an entre rêves et désillusion. Imaginées par ces adolescents issus du monde ouvrier ou de la classe moyenne, des chansons font basculer le réel dans la poésie, le rire et l’émotion.
Drôle d’idée de réaliser un documentaire en chansons. Elles sont composées par le réalisateur et le projet d’allier une "histoire vraie" avec de la musique et des acteurs non professionnels sont à l’origine du film. Qualifié de documentaire, "Chante ton Bac d’abord" fait pourtant davantage penser à un film de fiction, dans la lignée d’un Christophe Honoré. Chansons obliges. La réalisation extrêmement soignée de David André participe de cette impression, tant le cadre est précis, tout comme sa lumière, ainsi que l’écriture.

Non professionnels, les six participants apportent une spontanéité et une fraîcheur qui habitent "Chante ton Bac d’abord" du début à la fin. Si chacun d’eux a une personnalité bien définie, ils ne sont pas des archétypes. Quand nombre d’entre nous regarde en arrière, cette année de Terminale, pour ceux qui ont passé le Bac, demeure inoubliable et un des meilleures souvenirs de jeunesse. 17-18 ans, marque le pic de l’adolescence avant le glissement vers l’âge adulte, comme un rite de passage, également marqué d’angoisse. "Chante ton Bac d’abord" traduit parfaitement ce sentiment, où l’on reconnaît des modèles que l’on a pu croiser, ou des expériences vécues.

"Chante ton Bac d'abord" de David André
 Le film est habité d’une délicatesse qui s’attache à chacun des protagonistes. Aucun n’écrase l’autre ou tire la couverture. Cet esprit de bande fait intervenir la solidarité et permet d’entrer dans des familles différentes, avec des inquiétudes face au futur, souvent exacerbées par celles des parents. Ce réalisme documentariste est contrebalancé par les chansons. Elles interviennent à des instants clés pour traduire les moments les plus dramatiques vécus par les personnages, comme si le chant permettait de passer le pas.


"Chante ton Bac d’abord" n’est pas dénué de nostalgie, sans être passéiste. Les préoccupations contemporaines sont bien présentes. Le film parle d’aujourd’hui, mais traite aussi d’émotions éternelles. Pour les spectateurs qui ont vécu des instants semblables, mais aussi les lycéens du film. L’on sent leur expérience de la fin d’une époque. Celle où l’on s’éloigne du giron familial, mais aussi des amis de toujours. Certains restent, d’autres pas. "Chante ton Bac d’abord" pourrait donner lieu à une suite pour savoir ce que sont devenus ces personnages attachants. D’autant que la réalisation de David André est des plus élégantes et pertinentes.

"La légende de Manolo": magnifique!

Les images parlent d'elles-mêmes!
De Jorge R. Guttierez

Depuis la nuit des temps, au fin fond du Mexique, les esprits passent d’un monde à l’autre le jour de la Fête des Morts. Dans le village de San Angel, Manolo, un jeune rêveur tiraillé entre les attentes de sa famille et celles de son cœur, est mis au défi par les dieux.
 Afin de conquérir le cœur de sa bien-aimée Maria, il devra partir au-delà des mondes et affronter ses plus grandes peurs. Une aventure épique qui déterminera non seulement son sort, mais celui de tous ceux qui l’entourent.
Personnages mis en scène dans de belles perspectives, costumes rutilants, ambiance à craquer de paillettes et falbalas!
La Légende de Manolo est centrée autour d'une jeune homme issu d'un village perdu au fond du Mexique. Tiraillé entre l'avenir tout tracé que veut lui imposer sa famille et ses envies propres, il sera l'objet d'un pari entre deux divinités gardiennes des royaumes des morts.
Autour de lui, Maria et Joaquin, deux amis d'enfance. La première est devenue l'objet de son affection, le second... Rival amoureux, puisqu'il est également amoureux de Maria.

Un pitch qui reprend des idées assez classiques, donc. Ceci dit, le scénario ne comporte pas de temps mort, et joue régulièrement avec les clichés tantôt pour les rejeter et détourner, tantôt pour les conserver, ce qui a l'avantage de créer quelques surprises.
Ainsi, si son rôle peut faire craindre une Maria essentiellement passive, elle se révèle plus complexe que prévue.

Sans doute par volonté de dédramatiser un univers qui pourrait sembler trop macabre aux enfants, l'humour parsème le film, y compris dans les moments de forte tension ; de même, la mort sera traitée avec légèreté.De nombreuses pauses musicales sont présentes dans le film, qu'il s'agisse d'airs connus adaptés ou de créations originales. Relativement courts, ces intermèdes sont bien intégrés et ne cassent pas le rythme, contrairement à ce que l'on a pu voir dans d'autres projets récents. Ils servent même parfois de ressort comique, ce qui n'est pas pour nous déplaire.
Les visuels et la bande-annonce ne mentent pas : les personnages sont visuellement très réussis. On note une grande inventivité dans le charactère design, qui nous présente des héros sous forme de marionnettes en bois et aux traits variés. L'animation n'est pas handicapée par ce choix artistique et reste fluide : le studio Reel FX, chargé de donner vie au film, a fourni un excellent travail.
Les décors, eux, sont également très esthétiques et stylisés. On notera tout de même un certain vide dans quelques scènes. Le budget (50 millions de dollars) n'est pas celui d'un Pixar, ce qui a peut-être eu une influence sur ce point.

Reste que l'univers est cohérent et riche en couleurs. Une bouffée d'air frais qui sort des codes habituels de l'animation américaine.

"Bande de filles": à part! Banlieue bleue....


Bande à part: l'azur est leur paradis!
Marieme vit ses 16 ans comme une succession d’interdits. La censure du quartier, la loi des garçons, l’impasse de l’école. Sa rencontre avec trois filles affranchies change tout. Elles dansent, elles se battent, elles parlent fort, elles rient de tout. Marieme devient Vic et entre dans la bande, pour vivre sa jeunesse.
Tour est bleu dans ce film atypique signé Céline Sciamma: une bande de filles affranchies, guerrières amazones, fortes et parfois si solidaires qu'elles ne font qu'une!
L'heroine, timide puis révoltée apprend à son corps défendant à vivre sa banlieue bleue, pour survivre et finalement renoncer, capituler!
Son corps, son apparence se métamorphosent: elle se bat, frappe, danse avec les autres dans deux très belles séquences: liberté du geste et du comportement, l'emportent sur l'esclavagisme!
Plans très rapprochés, cadres sérrées pour mieux glisser sur la peau noire de ces filles sensuelles, épaisses et denses. Atmosphère très sensuelle, très physique et puissante!
Elles sont redoutables, ces filles là, en bleu: de travail, de chauffe, en bleu du ciel comme l'espoir de s'en sortir un jour?
Bleu comme le métro, les murs de la cité décrépie?