lundi 30 mars 2015

"J'aime pas la danse" !


Toutes les petites filles n'aiment pas la danse classique. C'est ce que souligne avec humour Stéphanie Richard et Gwenaëlle Doumont dans "J'aime pas la danse" chez Talents Hauts Éditions.
« Moi, j’aime pas la danse. Mais Maman adore. Alors tous les mercredis, j’enfile mon tutu. Mais j’aime pas les tutus. Ça gratte et c’est rose. » Des cours ennuyeux au grand écart qui fait mal, la narratrice ne nous épargne rien, jusqu’au spectacle de fin d’année qui ne va pas se passer tout à fait comme prévu. Fou rire garanti.
À partir de cinq ans. 



C'est l'histoire de cette petite fille, dont on ne connait pas le prénom, qui dès le début prévient le lecteur :
« Moi, j'aime pas la danse. Mais Maman adore. Alors tous les mercredis j'enfile mon tutu. Mais j'aime pas les tutus, ça gratte et c'est rose ».
 
Et nous, pauvres spectateurs, impuissants, de suivre la peine de cette jeune fille qui n'est pas là où elle devrait l'être, qui n'a qu'une envie, c'est de fuir ou de faire le pitre. Et tiens, si c'était vraiment ça qu'elle aimait ?
J'aime pas la danse est un album de 32 pages, édité chez Talents Hauts. Les illustrations de Gwenaëlle Doumont sont absolument charmantes, il y a un peu de Sempé là-dedans. Le texte est très joli, Stéphanie Richard est créatrice de spectacles, elle sait de quoi il en retourne.

jeudi 26 mars 2015

" Nos solitudes": Julie Nioche seule et avec d'autres ! De poids et de mesure !

Faire le poids en apesanteur et sans rappel !
Sur le plateau nu, noir, peu de choses.
Mais dans les airs, l'air de rien, des poids suspendus, occupent l'espace, comme des notes de musique disséminées sur des partitions invisibles.Des poids, mesures anciennes de balances à peser.
Elle entre, danseuse et  femme, se vêt d'un harnais, enfile des liens aux chevilles et poignets, et ainsi harnachée commence un long et voluptueux voyage dans l'espace. Madame rêve aux sons d'une guitare électrique et sous les lumières de deux néons
Vol en suspension horizontale, lents déploiements de son corps pour faire ployer le dispositif, faire dégringoler les masses suspendues. En apesanteur, elle se joue des surfaces et crée une toile invisible dans laquelle elle invente de nouveaux appuis pour le corps, de nouveaux gestes pour la danse, dictés par les aléas de l'air!
Comme autant de multiples partenaires, les poids vont et viennent, montent, descendent, oscillent sous la tension ou la détente, vibrent, se jouent des rythmes, des bruits créés par leur retombée au sol.
Partition corporelle résonnante, le paysage visuel et sonore hypnotise et ravit, conduit dans des sphères et atmosphères incongrues
Julie Nioche fait bien le poids et la danse prend ainsi la pesée de l'atmosphère, sans deux poids ni deux mesures!
Le poids du monde est léger et grave à la fois: la gravité, la pesanteur se jouent des impulsions pour inventer un rapport de rêve à l'espace: flotter à l'horizontale, suspendre le temps, le voir se déployer dans une délicieux volupté sensuelle.
Et quand la danseuse chute, elle s'abat au sol et l'on frissonne comme au cirque tant le danger et le risque parcourent nos imaginations!

Cette œuvre est imaginée autour d’un corps suspendu. Dans un rapport nouveau à l’espace et à la gravité, le corps de Julie Nioche fait l’expérience de la solitude. Ici la danse est à considérer comme une métaphore scénique de nos attaches, de nos liens et de nos appuis. Nos solitudes parle de ces temps où l’on retourne en soi-même, pour un peu de réconfort. Aller vers une solution qui ne dépend plus de personne, la plus proche de soi. Elle fait le poids, cette fille d'aplomb !


Julie Nioche est ostéopathe et chorégraphe, danseuse diplômée du Centre National Supérieur de la Musique et de la Danse de Paris. En 2007, avec des collaborateurs venus de contextes professionnels différents, elle crée A.I.M.E. Association d’Individus en Mouvements Engagés. Elle accompagne ses projets artistiques et travaille particulièrement autour des cultures du geste et des représentations du corps dans les champs de la danse, du travail social et médical.
Au TJP du 26 au 29 Mars

mercredi 25 mars 2015