vendredi 8 janvier 2016

Sarah Murcia: Caroline et ses amis ont de l'avenir, du "future"!


Dans le cadre de la programmation de Jazzdor, Pôle Sud accueillait hier soir, la contrebassiste et chanteuse Sarah Murcia et son groupe Caroline pour introduire leur futur album "Never Mind the Future": fragrances rock et punk garanties, fortement inspirées des Sex Pistols!
En bonne compagnie s'il vous plait: Gilles Coronado à la guitare, Olivier Py aux saxophones, Franck Vallant à la batterie, renforcée par l'intervention fumeuse et palpitante du danseur-chanteur-performeur Mark Tompkins et du pianiste Benoit Delbecq!
Une musique libre de toute contrainte, dadaïste à souhait, qui revisite des univers déjà fort inquisiteurs et chahuteurs à l'époque des héros perturbateurs, les Sex Pistols!
Un sextuor dynamique, une musique futuriste et foudroyante, drivée par Sarah Murcia, femme électrique, sobre et sensuelle, sans bluff ni artefact: une prestation où chacun pouvait trouver des pistes, des citations, des références à l'univers très marqué des Sex Pistols, fougueux et iconoclastes musiciens, trublions des années 1970.....


Et Mark Tompkins de chanter de sa voix chaude et suave au timbre grave et profond
Esquissant pas de danse au début ,encore étriqués entre les instruments, se frayant un chemin étroit, corps ramassé, gestes encore entravés dans l'espace restreint.
Puis plus tard il déploie son long corps gracile, envergure des bras au zénith, petits bougés fugaces et tétaniques, orchestrés par la musique environnante.
Il marche, s'arrête, stoppe et interrompt ses gestes en apnée corporelle, puis reprend son chemin, en phase avec les rythmes et couleurs sonores. Se plie, se replie, à angles droits ou aigus, son grand corps se ramasse ou s'ouvre, vrille et sa silhouette à la Yves Saint Laurent fait mouche et émeut dans ce grand univers musical déployé autour et avec lui.
Un grand et irrévérencieux interprète, unique en son genre, et révérence oblige,qui  se soumet et s'incline de profil, à genoux ou au sol pour mieux irriguer le plateau de son corps; il se répand et fond avec ses appuis, tremplin du geste et les rebonds de la vie!Crooner punk rock sans caricature ni excès avec conviction et engagement corporel pour une présence physique intense et perméable au public!

On termine avec "My way" revisité, Tompkins,les bras tendus vers le public, ouvert, généreux, prometteur de temps meilleurs. Magnifique osmose entre chant et danse, sans chi-chi ni extravagance, sobre, convainquant: le souffle, c'est la danse, la voix est libre!

Et dire que Mark Tompkins nous murmure encore à l'oreille, "Rives de l'Aar" à l’arrêt du tram, en musique avec Rodolphe Burger !!!!

Santé !


"Histoire spirituelle de la danse" de David Wahl


« Je ne puis me dispenser de mentionner que l’Église chrétienne, qui a reçu dans son giron et mis à profit tous les arts, ne sut cependant rien faire de l’art de la danse… « La danse est maudite » dit une pieuse chanson populaire ; « quand tu vois danser, ajoute le chansonnier, pense à la tête coupée de saint Jean-Baptiste sur le plat sanglant, et la tentation infernale n’aura pas de puissance sur ton âme ».

Ce constat que dresse Heinrich Heine dans Lutèce sera le point de départ de notre enquête. D’où vient cette surprenante méfiance ? Et si, au lieu de les attribuer à l’ordre moral ou à la pudeur, si souvent invoqués, les causes à une telle exception spirituelle étaient d’une tout autre nature ? Car après tout il n’est aucune époque ou aucun lieu en Occident où l’on n’ait pas dansé… Les raisons en seraient donc assurément religieuses ? Mais selon des auteurs très savants c’est au paradis que l’on trouve les chorégraphies les plus excellentes ; et comme on le verra, rares sont les mystiques qui n’aient pas fait parler leur corps à en rendre jaloux les plus grands performeurs de notre temps.

N’y aurait-il pas quelque chose, un évènement formidable, des faits méconnus que l’on aurait oubliés, ou encore des héritages mal digérés, qui, assurément, nous aiderait à pénétrer les mystères de cet obscur paradoxe ? Serait-il possible de s’engager dans la toute première exploration d’une histoire spirituelle de la danse ?