jeudi 6 octobre 2016

"Poesia sin fin": Jodorowsky fait danser Carolyn Carlson!




Et Carolyn Carlson qui danse en rôle de diable!L'acteur est un véritable danseur de flamenco qui s'ignore et le film, un chef d'oeuvre onirique et déjanté à souhait! Poètes, vos papiers!
Dans l’effervescence de la capitale chilienne Santiago, pendant les années 1940 et 50, « Alejandrito » Jodorowsky, âgé d’une vingtaine d’années, décide de devenir poète contre la volonté de sa famille. Il est  introduit dans le cœur de la bohème artistique et intellectuelle de l’époque et y rencontre Enrique Lihn, Stella Diaz, Nicanor Parra et tant d’autres jeunes poètes prometteurs et anonymes qui deviendront les maîtres de la littérature moderne de l’Amérique Latine. Immergé dans cet univers d’expérimentation poétique, il vit à leurs côtés comme peu avant eux avaient osé le faire : sensuellement, authentiquement, follement.

Distributeur

"Ensemble Recherche": musique de chambre, de rêve, en alcove.


Un programme multicolore pour ce concert de l'ensemble Recherche, en chambre, en alcôve, logé au sein de la Salle de La Bourse qui fait toujours recette, fait le plein d'un pactole de moments musicaux, riches, fructueux.Concert inspiré par l'alchimie, la peinture, l'architecture et le rêve!

"Pas à pas" de Philippe Hurel de 2015 invite à regarder résonner un dispositif de percussions cuivrées, suspendues à la potence alors que le piano tout en verve, vigueur, relevés abruptes et rudes dessine un paysage sauvage.La musique semble avancer, progresser dans l'espace, chatoyante, réverbérante, à foison. Un silence et le piano reprend, bruissant, lent créant une ambiance solennelle, pesante; revirement soudain, volte face, persuasion dans les intentions sonores; la musique est alerte, rapide en crescendos réguliers, croissants, surprenants: tout se bouscule en tectonique des plaques, en chaos: Hurel toujours percutant, énergique et secouant!

"Nebaat" de Alberto Posadas en création mondiale repositionne l'ambiance,cordes et clarinettes en majesté.
Des sons ténus pour inaugurer la pièce, lisses, circulaires, gravitationnels: clarté des vibrations infimes des cordes.
La clarinette, comme en éveil délivre d'imperceptibles nuances, sur le fil, sur la brèche. Inouïe originalité des cordes, vertigineuses dans leur montée en puissance incroyable Hallucinante interprétation virtuose, dextérité sont de mise et enchantent pour une amplification démesurée du son Une lente retombée nous ramène, nous apaise, comme des sirènes au loin pour attirer de leurs charmes leur disparition, leur perte dans le lointain Posadas, poète et peintre de la musique!

"Ametsak" de Gabriel Erkorera de 2013 pour cordes, clarinettes et piano fait la part belle à ce dernier: souffle, présence extrême de l'instrument ici en majeur, sons étouffés pour démarrer , perles de notes égrenées sur les touches, graves des clarinettes, , les vibrations inventent des personnages, l'ambiance est menaçante, narrative, le piano, en cascade distille des sons lumineux, étranges, mystérieux: sa puissance est réelle et magnifique.

"L'Amérique" de Hugues Dufour en création française, pour clore la soirée: on assiste à vue à une très complexe reconfiguration du dispositif scénique: d'étranges percussions, de cailloux alignés dans ce grand magasin à la Ben, bazar impressionnant où tout est ajusté au plus précis, chacun à sa place! Impressionnante, la mise en place!
Tout semble au point pour que le piano démarre, en majesté, seul, performant, clavier en alerte. Attaques, puis sons sobres, graves, fluides, quelques heurts et avancées par bonds. Le son feutré, étouffé des percussions succède, la lente intrusion des cordes et clarinettes impacte; les percussions grondent, incroyables instruments atypiques comme de petits animaux grimpés sur les timbales.Déferlement de sonorités entremêlées, tourmente, tornades inconfortables, écho des percussions pour élargir l'espace: son de pluie, percussions animées dans de petites boites colorées, incroyablement sonores, grande batterie résonnante, tout vibre et percute dans une ambiance de dérapage, glissade,descente vertigineuse. La puissance onirique de cet opus, comme une marée de sons en vagues fracassantes, éclabousse, dérange, déplace, déstabilise
Des tintements suraigus, un triangle incisif répond au piano, en dialogue complice. Violoncelle et scie, pour terminer; et toute l'énergie du percussionniste convoquée qui manipule ses boites étranges, comme pour les briser, les achever, les empoigner pour en extraire le meilleur: il les maltraite à l'envi pour clore cette oeuvre vivante, virtuose, virulente



Rodolphe Burger/ Play Kat Onoma: pincez-moi, je rêve! Un hors la loi, sans toit ni loi, bandit corse, Rimbaud ressuscité!


Burger, king of song!
La chevauchée fantastique du king Burger.

Soirée en deux parties à la Cité de la Musique ce soir à Musica: Burger, le retour en fanfare, trombone et trompettes, si attendu, chéri des Strasbourgeois et alsaciens, enfant du pays: bref, on ne présente plus celui qui cet été bordait de sa musique en Avignon, le "Ludwig" de  Madeleine Louam en compagnie de Julien Perraudeau et Loic Touzé et de la compagnie Catalyse.

Bande à part pour notre Burger King à Musica!
"Billy the Kid" I love you", expérience narrative et scénique, avec film, scénario,montage de Loo Hui Phang, conception visuelle Philippe Dupuy et Fanny Michaellis, pour  les dessins et images animées   Vision iconoclaste d'un mythe qui lui ressemble, enfant terrible du Western, habitant déjanté d'un Far West imaginé, décalé, on chevauche la musique à coup d'étrier, sur un étalon emballé, titillé par les éperons aiguisés.Un écran pour trois images simultanées et non des moindres: une sélection très pointue et documentée d'extraits de scènes de western:paysages ubuesques, chevauchées fantastiques de cavaliers poursuivis, visages de malfrats triturés par le vent et les intempéries; saisissants "clichés" de l'histoire du cinéma américain, pour évoquer ce héros, image, icone de l'enfance rêvée du chanteur.
Deux graphistes vont s'attacher à mettre du trait de crayon sur ces bandes affolantes de références, en noir et blanc: en direct, de leur établi d'artisan dessinateur, ils bordent ces images, inventent de petits personnages, tracent signes et courbes, arabesques ou animaux fantastiques alors que les musiciens racontent une histoire!Un très beau texte sur les aventures de Billy, the Kid signé de la scénariste, évoque un héros attachant, à la voix charmeuse, suave, Rimbaud du Far West, romantique personnage plongé dans des pérégrinations dangereuses, toujours sur le qui vive.
On l'aime aussi, ce fragile trublion, évoqué par Rodolphe Burger, sampler, guitare au poing, à la voix qui berce, enjôle, cajole.Force naturelle de la scène, il est accompagné par son fidèle complice, Philippe Poirier, à la guitare et, au piano, l'incontournable homme au costume cravate, Julien Perraudeau Un spectacle multi média original, une façon unique de positionner un récit d'images animées, de calligraphie en direct, de musique aux tonalités nostalgiques, des voix et un texte fort séduisant: expérience à la "Burger", rebelle facteur de sons et d'atmosphères, trublion de la scène internationale, avide de nouveautés et d'écritures extraordinaires.Les confessions d'un héros mythique sont l'objet d'une empathie avec ces charismatiques interprètes, une heure durant immergés dans cette chevauchée fantastique, imagées, fructueuse et généreuse: oui Billy, on l'aime!



"Play Kat Onoma"
Burger, Poirier: guitare, voix, sampler: tout pour "sampler", dernière bande à part d'une musique rock qui fait son cinéma à la Godard, donne de ses nouvelles à la Cadiot, défie les lois et la pesanteur de sa voix rock, cailleuse et sensuelle!
Un concert qui réunit la sagrada familia, et de plus à la batterie Roméo Burger qui est tombé dans la musique quand il était petit!
Et nous de voyager à nouveau dans les tendres ou virulents univers de Burger, si évocateurs d'ambiances relâchées, communes, partageuses.Il chante, il joue de sa carrure athlétique, en bonne compagnie pour une prestation qui émeut, touche et met en éveil des souvenirs autant que des découvertes
C'est bien ici, "dans la vallée" que se fabrique cette écriture singulière aux sonorités désormais familières
Ce soir là, salle comble et ovations pour cet enfant du pays, kid ou caïd de la musique nouvelle!