vendredi 28 octobre 2016

"Danse des guerriers de la ville": Anne Nguyen bien "installée"au TND !


Artiste associée au Théâtre National de la danse à Paris, compagnie "Par terre", Anne Nguyen s'installe dans les sous sols du théâtre pour un spectacle interactif où le spectateur-acteur se tisse sa propre toile dans un univers virtuel, semé d’embûches, d' expériences à tenter, joyeuses, ludiques, participatives! Des étapes où le corps et son image sont mise en jeu, à l'épreuve , en péril pour le plus ludique des risques: se voir transformé, métamorphosé, vrillé...Bref, se voir comme on ne se voit jamais, par le truchement des artifices des machineries virtuelles, déus ex machina contemporaines de nos fantasmagories!

Cinq installations pour convaincre que notre image est source d'évolution, de distorsion, de distanciation aussi: on peut en rire et partager avec l'autre, inconnu, ce bonheur de caricature burlesque, ou de vertige des espaces virtuels
Poétique et tendre, l'univers de ces recherches très pointues technologiquement parlant, se révèle opérant et convaincant
"Tuts", "Feestyle", "Bounce", "Battle" ou "Jam" font mouche comme autant de saynètes où l'on s'amuse et se révèle danseur de hip hop improvisé, conduit à distance ou spirale magique digne d'une danse inventive et inouie!.
Tout y est accessible' et libre service une heure durant pour le grand bonheur de petits et grands!
A tomber par terre !!
Cette fois, vous ne serez pas simplement spectateur. Dans sa Danse des guerriers de la ville, la chorégraphe Anne Nguyen, artiste associée à Chaillot jusqu’en 2018, propose une immersion au cœur de la danse hip hop. En résonnance avec son traité poétique, le Manuel du guerrier de la ville, elle a conçu ce dispositif inédit pour que le public puisse appréhender intimement les principes de cet « art martial contemporain et universel ».

Grâce à des installations et divers procédés vidéo, le spectateur se retrouve dans le corps d’un danseur, exécutant en musique, physiquement ou virtuellement, des figures qui composent le vocabulaire complexe de la danse hip hop. Les images des visiteurs sont retravaillées en direct et mêlées sur des écrans à celles des danseurs de la compagnie. Le parcours se prolonge à l’extérieur de la salle, investissant une partie des espaces publics du théâtre.

Au TND jusqu'au 21 Octobre

"Volver": Gallotta fait d'Olivia Ruiz, un corps revolver !


Il fallait bien qu'ils se "rencontrent" un jour, après les péripéties "Rock" de Gallotta, le voici aux prises avec la chanson d'Olivia Ruiz, celle qui traine les pieds à la sortie de l'école et qui danse comme elle chante, fort bien, fort "juste"
Sur un texte de Claude Henri Buffard, voici la vie et les aventures amoureuses d'Olivia et de Rafael, contées sur fonds de danse, d'unisson à corps perdus. C'est beau et émouvant de voir la chanteuse se fondre dans le groupe, quasi identique aux autres danseurs, tant sa technique est pointue, agile, naturelle: une femme qui danse et chante: quelle performance et quel naturel !
Danseuse de toute sa peau, de toute sa voix, la voici sur la bonne voie, celle qu fait transpirer les corps, s'émouvoir les gestes entre de bonnes mains : celle d'un Gallotta galvanisé par la musique, les paroles et la trame narrative d'un spectacle en forme de douce et tendre comédie musicale sans fards, ni paillettes, ni strass, ni décors clinquants; "retour aux sources" de la danse pour Olivia, retour à des amours de musique plus légères pour Jean Claude et le tour est joué!
Amour sorcier entre les protagonistes pour un show sans histoire, qui s'écoule joyeusement
Elle danse, puis dans un instant de grâce absolu, son corps se "tait" pour interpréter "j'traine des pieds" où la femme Chocolat est doublée par un duo de danseurs magnétiques!

Au Théâtre National de la Danse à Paris du 6 au 21 Octobre

Tino Sehgal au Palais de Tokyo: révolution de Palais? Carte blanche, sur table !


Le Palais de Tokyo présente une exposition conçue par Tino Sehgal (né en Grande-Bretagne en 1976, vit à Berlin), deuxième édition d’une série de « cartes blanches » – ces gestes d’artistes investissant la totalité des 13 000 m² de surface d’exposition du Palais de Tokyo – initiée par Philippe Parreno en 2013. Pour cette exposition, qui a pour principale matière l’humain dans un Palais de Tokyo métamorphosé, Tino Sehgal présente ses œuvres aux côtés de celles d’artistes qu’il a choisi d’inviter : Daniel Buren, James Coleman, Félix González-Torres, Pierre Huyghe, Isabel Lewis et Philippe Parreno.

Alors, quoi de neuf pour cette méga performance de 12 h à 20 h au cœur du Palais, vidé de toutes œuvres ou installations, coque évidée où seuls les corps des 300 danseurs (en alternance) et spectateurs vont "errer", déambuler ou foncer à bras le corps dans les diverses propositions initiées dès l'entrée, derrière un rideau de perles transparentes ...Qu'est-ce qu'une énigme? Première question du parcours à laquelle vous répondrez comme il vous semblera: une devinette, un rébus, une quête initiatique semée d'embûche, une question à résoudre?
Seul juge et maître de votre "exposition" à la verticale, à l'horizontale, plongé dans des espaces immenses, parsemés de rencontres, de frottements, de discutions, le "visiteur" n'est jamais pris en otage, reste vigilant, inventif, garde son répondant et sa verve. Il peut interagir, regarder, flâner, s'ennuyer, tout sauf consulter des œuvres sur cimaises ou installées in situ.


Car le corps politique et poétique de cette "manifestation" singulière est convoqué pour réagir et garder son libre arbitre. Alors, bon voyage au pays des surprises avec un Tino Sehgal aguérri aux pratiques ubuesques, dantesques, qui n'a peur de rien, surtout pas d'affronter le réel et le lien, humain, social, artistique, véritable enjeu de ses créations au fil des nombreuses interventions en milieu muséal, renouant avec les pionniers "modernes" comme le Dupuy ou Trisha Brown ou les actuels trubloions de la danse. Boris Charmatz au Louvre en même temps investit la Cour Carrée du Louvre pour redéfinir l'espace muséal, l'oeuvre d'art et notre façon de "regarder" sans être assujetti au choix des autres sur les oeuvres consacrées par un pouvoir politique, artistique de "commisaire" ou curateurs despotes de la finance et du marché de l'art.
Retour à l'Agora, à l'échange, dans la nef désacralisée des cathédrales d'aujourd'hui: les musées d'art contemporain!