jeudi 1 décembre 2016

Blanche neige!





lundi 28 novembre 2016

Oskar Schlemmer à Metz: un homme qui danse !


Chorégraphe allemand Oskar Schlemmer (1888-1943), qui révolutionna l’art de la danse et de la performance au sein du Bauhaus notamment.
En plaçant l’étude du corps en mouvement et du corps dans l’espace au cœur de sa réflexion artistique, Oskar Schlemmer a posé des jalons précoces et essentiels dans l’histoire des arts scéniques. L’exposition témoigne de son désir de créer un art de la scène moderne à part entière à travers son œuvre-manifeste, Le Ballet triadique, mais aussi ses performances et installations, les Danses du Bauhaus et les fêtes du Bauhaus, ou encore ses mises en scènes d’œuvres d’Igor Stravinksy ou Arnold Schönberg.

L’ambition d’Oskar Schlemmer n’est autre que de renouveler la conception de l’art de son époque, reliant les conceptions humanistes de la Renaissance et l’énergie de l’avant-garde. A l’issue de la Première Guerre mondiale, Schlemmer prend conscience de la nécessité de réévaluer la place de l’homme dans ce nouveau monde envahi par la technique. Cette période, qui a vu éclore de nouvelles idées théâtrales d’avant-garde, est marquée par l’élaboration du Ballet triadique. Aboutissement de dix années de recherches, cette danse, libérée de toute règle préétablie, est imaginée à partir de costumes polychromes mis en mouvement. Lors de la première du ballet en 1922 à Stuttgart, Schlemmer lui-même endosse un costume, celui de L’Abstrait, qui incarne le « triomphe de la forme pure abstraite ». Ce sont ces treize figures du Ballet triadiquequi se déploient sur une scène centrale dans l’exposition, suivant l’évolution progressive des séquences colorées du spectacle : l’univers jaune burlesque, l’environnement rose plus mesuré et enfin la séquence noire mystique et fantastique. En regard de celles-ci, un document exceptionnel, le livre d’esquisses Danse Figures, rassemblant 80 pages de croquis et études préparatoires, dévoile la genèse de l’œuvre.
« L’histoire du théâtre est l’histoire de la transformation de la forme humaine », écrit Schlemmer en 1925 dans L’homme et la figure d’art. Il place ainsi l’étude du corps au cœur de sa réflexion artistique et de son enseignement au Bauhaus. Ses nombreuses conférences reflètent les débats qui animent l’école à l’époque autour de la synthèse des arts, de l’importance de la maîtrise des matériaux et techniques ou encore de la place de l’homme dans l’espace. Cette période de création féconde témoigne de recherches rigoureuses, qui tendent à se détacher d’une anatomie fixe pour réinventer un corps non déterminé. Schlemmer expérimente alors la combinaison de matériaux dans le prolongement du corps et invente des formes chorégraphiques nouvelles, telles la Danse des bâtons, la Danse du métal ou encore la Danse du verre, documentées dans l’exposition avec des sources pour certaines inédites.
Schlemmer s’est également illustré par l’organisation de grandes fêtes au Bauhaus, moments de jubilation et de cohésion où la fantaisie artistique des professeurs et des étudiants s’est exprimée pleinement, avant la fermeture de l’école par les nazis en 1933. Cette monographie non conventionnelle et les événements qui lui sont associés (performances et danses réactivées ou revisitées, concerts) renouent avec cet esprit festif et expérimental du Bauhaus des années 1920.
Le visiteur est ainsi invité à déambuler librement dans le monde foisonnant d’Oskar Schlemmer, artiste multiple, peintre, danseur, chorégraphe, théoricien exigeant et ouvert à toutes les nouveautés. L’exposition mêle œuvre graphique et peint, figures et costumes, rideau de scène, masques, sculptures, affiche, documents d’époque et pièces spectaculaires pour la plupart issus des collections du Bühnen Archiv Oskar Schlemmer. À travers l’œuvre d’Oskar Schlemmer, on découvre aussi un autre Bauhaus, loin d’une simple école d’arts appliqués, terrain essentiel d’expérimentations performatives et chorégraphiques dans l’entre-deux-guerres dont les échos sont encore perceptibles aujourd’hui.
Commissariat :
C. Raman Schlemmer
Emma Lavigne, Directrice du Centre Pompidou-Metz

vendredi 25 novembre 2016

"Mue": Carine Gualdaroni se métamorphose: chrysalide ou papillon?

"D’un magma de matières émerge une femme dans un corps à corps avec sa mue inanimée. On ne sait pas qui elle est, ni d’où elle vient, ni ce qu’elle a fait. Elle apparaît, figure sombre et énigmatique, présence indistincte qui sort de l’obscurité. La lumière nous révèle peu à peu certaines parties de sa peau, certains détails de son histoire."
A propos de: 
« Qu’est-ce qui nous transforme ? Qu’est-ce qui nous meut, nous émeut, nous déporte de nous-même ? Et que doit-on déposer à certains moments de notre existence pour rester en mouvement ? Si notre corps est une enveloppe charnelle, un lieu de passage, que se passe-t-il alors lorsque la vie le quitte ? Qu’advient-il alors de nos peaux ? ». Recherche à la croisée du corps et des matières, Mue questionne notre humanité, les contours mêmes de nos corps, traverse différents espaces, pour s’intéresser à ce qu’il y a, juste avant la vie, ou juste après la mort…
Carine Gualdaroni est diplômée de l’École Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette de Charleville Mézières. Interprète marionnettiste, elle développe son propre langage, à la croisée du corps, des matières et des figures. Au sein de la compagnie juste après, qu’elle a fondée avec Antoine Derlon en 2012, elle nourrit une dramaturgie de l’image et du geste, poursuivant un travail qui croise les savoirs-faire et se développe dans l’interdisciplinarité. En 2013, Carine Gualdaroni a participé à la création du solo Actéon de Renaud Herbin au TJP, spectacle qu’elle interprète depuis.

CONCEPTION & INTERPRÉTATION CARINE GUALDARONI / MUSIQUE JÉRÉMIE BERNARD / LUMIÈRES CHARLOTTE GAUDELUS / SCÉNOGRAPHIE, MATIÈRES ANNE BUGUET / ACCOMPAGNEMENT ARTISTIQUE (DRAMATURGIE & GESTUELLE) CLAIRE HEGGEN / COSTUMES OLIVIA LEDOUX/ REGARD MARIONNETTE JUSTINE MACADOUX / ASSISTANTE SCÉNOGRAPHIE CAMILLE DRAI

Un ciel constellé de lumières vagabondes,déferlantes ondes pigmentées de flashs lumineux: aurores boréales fulgurantes, faisceaux de feux d'artifice, artefacts de météorites phosphorescents....Le monde est volcanique et les scories de feux inondent le plateau. Un écran masque le tout et une forme s'y devine, derrière ce rideau, obscène. Que se passe-t-il dans ce laboratoire secret? La forme se précise et se donne à voir: noire, sorte de bestiole à huit pattes, mi homme mi femme, mi animal....Hybride de noir vêtu qui va errer sur le plateau dans une lenteur extrême, ondoyante. Les deux "corps" qui semblent constituer cet étrange créature se révèlent être du vivant et de l'artificiel. C'est une marionnette inanimée qui se love sur le corps de la danseuse qui se meut avec ce "fardeau" ou cette jumelle étrange sur son dos Le leurre a opéré, le trouble s'est démasqué. Un musicien guide et dirige ses pas, ses déplacements toujours au même rythme et une certaine lassitude émane de ses images.
Mutation dans un magma de lumières, transformation vers la création d'un être imaginé de toutes pièces, de tous membres, "Mue" émeut et trouble jusque dans un brouillard d'où surgissent des fantasmes et des rêves inaccessibles. La magie opère le temps du regard posé sur cet univers fantasmé Théâtre d'ombres, écran de lumières, caverne de mystères oniriques, la pièce questionne le double, la matière, le corps ...à bon escient.

Au TJP, Grande Scène jusqu'au 26 Novembre