mercredi 19 juillet 2017

Avignon le Off 2017 Danse aux Hivernales du singulier au pluriel, la danse s'expose.

Un lieu incontournable pour la Danse en Avignon: un cru 2017 excellent, des salles combles et le trottoir qui déborde devant le théâtre: on fait la queue bien avant l'heure pour être bien placé !
En avant pour le bal !

"La mécanique des ombres" de Sylvain Bouillet, Mathieu Desseigne, Lucien Reynès




Bien huilée !
Une pièce singulière fondée sur l'anonymat: celui de trois silhouettes masculines, jean, sweat shirt à capuchons, pieds nus, sobres, banals, urbains en diable! Sur le plateau nu, tapis noir,lumières tamisées, après un vrombissement étranges, ils vont évoluer, à terre, au sol dans une synchronisation hallucinante, faite de ricochet, de passation de tempo.  Dans une précision extrême, les mouvements tétaniques construisent et déconstruisent les corps conducteurs d'énergie.Mouvements hachés, désarticulés, décomposés, en petites touches saccadées. Ils se manipulent avec dextérité, chacun pour soi, contorsionniste à souhait Une unisson s'installe entre eux, ils se jouent d'un espace restreint, réduit à leur trio, qui peu à peu opère son érection vers la verticalité.Les visages impassibles, masqués de voile noir, plaqué sur la peau, tendus comme des faussaires ou braqueurs de banque Jeu de mains, de jambes, électriques, stratifiés et décomposés à l'extrême, c'est un savant mélange de virtuosité, de prouesse au service d'une montée en puissance de la dramaturgie. Trois corps complices dans une ambiance étrange, mannequins sans visage, ni regard, comme les sculptures de Daniel Firman ou les hip-hoper de Denis Darzacq Mécanique, machinerie à chutes, engrenages bien graissés.
On est en apnée, en empathie durant tout le temps de leurs évolutions quasi circassiennes qui donnent à la mouvance hip-hop, dans la musicalité des silences, une profondeur magnétique et palpitante qui tient en haleine et méduse sans concession
Un trio qui au final danse du "trad", comme une pause, un prolongement de leur langage urbain, comme un retour au source à l’enchaînement, au lien, à la solidarité: comme une mécanique bien huilée, celle des "temps modernes" aux rouages tous tracés.


Denis Darzacq


Daniel Firman
"Le récital des postures" de Yasmine Hugonnet


Sculpture en mouvement
Elle est seule sur le plateau, tout en lenteur, elle déploie des trésors de postures, attitudes et pauses, dans le silence recueilli d'une salle hypnotisée par sa présence magnétique. La lumière est son révélateur, son sculpteur qui tel Rodin ou Camille Claudel, transforment la masse organique en formes étranges, inachevées, en devenir constant. Les métamorphoses opèrent comme autant d'actions de sempiternelle évolution de la transformation du corps de la danseuse, bientôt nue, cheveux partie intégrante de la plasticité des images qui se font et se défont à l'envie. La beauté des icônes ainsi engendrée n'a de cesse que sa disparition définitive qui ouvre encore des champs de vision infinis, rémanence de lumière mobile, de fusion des matériaux nécessaires à la modélisation d'une créature hors norme.Corps, instrument privilégié d'une partition silencieuse, exécutée en virtuose par Yasmine Hugonnet.

"Nativos" de Ayelen Parotin


Chaos chamanique
Quand le théâtre de Liège s'accoquine avec les interprètes  de la Koréa National Contemporary Dance Company, ça fait des étincelles que Ayelen Parotin sait très bien provoquer, allumer, pour décaper l'image d'une Corée chamanique passée à la moulinette de son humour décapant. On l'a quittée à Montpellier Danse avec "Autoctonos" pour la retrouver ici avec quatre danseurs, forts en corporéité, une femme travestie les aguiche , le tout sous la coupe des percussions d'un piano préparé où résonnent les notes sempiternelles de Léa Pétra fidèle pianiste aux commandes.Tonitruante prestation décapante où chacun s'ingénie à performer, chanter, créer le chaos sur scène, déplacer sans cesse les regards des spectateurs gavés d'informations visuelles tumultueuses! On apprécie ce vaste chantier mobile pour sa verve, sa plasticité et l'incroyable performance de la pianiste, imperturbable percussionniste pianistique irremplaçable.

"My (petit) pogo" de Fabrice Ramalingom de R.A.M.


Cour de récréation
Un petit bijou précieux pour explorer le processus de création chorégraphique d'une petite compagnie de quatre danseurs qui se présentent comme tels, faisant de nous des témoins bienveillants d'une pièce qui s'invente, se trouve et se construit selon l'inspiration de chacun et l'organisation de toutes des découvertes gestuelles convoquées lors de cette démonstration en temps réeL. C'est gai et ludique, intelligent et rafraîchissant. On sent combien l'inventivité, la responsabilité et l'écoute sont les moteurs d'un travail partagé, vécu comme un vaste terrain de jeu où chacun trouve sa place et considère celle de l'autre. Comme un match performant , singulier, où il n'y a rien à gagner sinon la joie de danser.

"D'oeil et d'oubli" de  Nans Martin des "Laboratoires animés"


Architectonique
Quand la danse se construit comme un cantique, du noir total de la salle à la découverte d'une cathédrale de bois dressée, savamment empilée à la Dépéro et son futurisme italien, elle oscille et crépite en mutation constante. Silence et lenteur des gestes qui s'imbriquent et simulent la construction déconstruction de l'édifice central, cheville ouvrière de la pièce montée devant nous: fragile assemblage qui va subir une métamorphose selon les directives de la manipulation des danseurs, de ses éléments fondamentaux. Chantier en évolution, on déconstruit, déplace les plaques de bois, en même temps que se fabriquent les espaces entre les corps détendus, complices. Au final, c'est un plateau, puzzle de bois qui trace les fondations d'un sol fait pour la danse, alors que la musique en live accompagne tout du long, la pièce à conviction. Un chant choral fédère le tout pour cette agora versatile, plateau de la danse foulé de la verticale à l'horizontale.

"People what people" de Bruno Pradet


Ré-pulsions
Sur la même pulsion, en ouverture sept danseurs tiennent le plateau, nu,infatigables arpenteurs: un travail formidable sur la dépense, la perte, l'unisson avec lequel on entre en empathie de façon irrésistible. Coureurs de fond, les danseurs se donnent, regards et directions en mire,sur une musique binaire répétitive.Le calme fait irruption après cette performance ébouriffante pour tracer quelques belles diagonales animées d’enchaînements inspirés. Un cercle chamanique pour clore ces courses folle en spirales de lumière comme une scène tournante hypnotisante où la lumière court aussi pour rattraper les pas des danseurs La focale se rétrécie, les souffles, rires et jeux cessent et cette communauté engagée corps et âme retourne au calme: on achève bien les chevaux mais pas les danseurs portant exténués par cette représentation physiquement éprouvante pour la beauté empathique que l'on ressent à vivre tout près d'eux.

"The Hole" de Hsiao-Tzu Tien


Feux follets
Des visions spectrales, fantomatique hantent l'univers du chorégraphe de Taiwan: inspiré de ses rêves ou cauchemars, ces spectres ectoplasme en petit groupe serré, naviguent sur la scène comme des images spectrales subliminales. Une femme gigantesque dressée sur un tabouret fait une icône sculpturale de toute beauté et confère une atmosphère étrange, inquiétante à la pièce. Les costumes des cinq interprètes femmes, plissés, designés très contemporain, donnent à ces willis des temps modernes, un aspect onirique, transparent, invisible d'un monde fantasmé, grouillant de petits êtres vivants d'un autre monde.De très beaux éclairages soignés, une musique inventive et tendue vers le suspens, en mouvement perpétuel. Un opus singulier qui transporte vers d'autres cieux, d'autres lieux les vision rêvées de l'inconnu, de l'indicible.


mardi 18 juillet 2017

Avignon le Off :Danse aux Théâtre Golovine: Label "Off Danse 2017" !

"Contrepoint"  de Yan Raballand


Unisson
Un couple de noir vêtu fait chorus, corps et graphie, dans une danse très fluide, à l'unisson. Peu de contact mais une grande complicité s'installe entre les deux danseurs, tranquilles, voluptueux, fragiles esquisses graphiques dans l'espace très bien construit.Magnétique complicité entre eux, débordée par son corps de femme, enceinte, ronde et gracieuse.Ce duo d'une extrême lenteur dégage sérénité et quiétude.Un trio succède plus vif qui peu à peu s'anime, combat, se déchaîne. Corps à corps, amour à mort, à vie, les trois danseurs, excellents interprètes,dont Yan Raballand s'adonnent à leur art avec passion et engagement. La musique inspire le processus de création, le contrepoint de Bach si riche en rythmes et surprises.Elle amplifie la notion d'amplitude, de crescendo et envoûte au fur et à mesure.Comme une danse lyrique, des petits gestes précieux et précis à la Bagouet, lisse, sans histoire, fluide et rassurant.

"Five"

Enjeu !
Un quintet à quatre femmes de blanc vêtues et un homme pour se défendre de cette joyeuse communauté solidaire.Espiègles sportifs, malins, ils tricotent une danse reliée, bien construite et pleine d'humour De la verve, de l'enthousiasme, de la drôlerie, sans virtuosité ni performance mais très convaincants et fort bien joué. Les couleurs du sport s'y portent haut, ses mœurs aussi pas toujours très doux.Vêtements bigarrés pour dévoreurs de chips qu'on gobe en se les lançant comme un ballon, petits sacs portés sur le dos pour délivrer quelques anecdotes narratives: c'est charmant en diable et rondement mené, sympathique et léger, expressif et enjoué! A croquer comme un apéritif émoustillant.4 danseurs de la Batsheva, Vertigo et Kibbutz Dance Company accompagnent la chorégraphe Laura Arend pour cette pièce décapante.

"Identité en crescendo" de Rafael Smadja de la compagnie Tensei


Essai 
C'est un premier essai chorégraphique,  un autoportrait qui oscille entre aveux discrets et confidentiels et verticalité des erreurs ou hésitations de la vie. Comme un murmure  susurré à notre oreille qui n'aurait pas encore son écho . Une corde pour partenaire, des vinyles chéris de Rocé comme nostalgie musicale nourrissant la gestuelle hip hop qui se cherche sans vraiment d'organisation Rafael Smadja tâtonne, délivre son univers qu'il danse fort bien pour tenter la gageure d'être seul sur scène et gagner l'auditoire. 

"Focus" de Olé Khamchanla de la compagnie Kham

Mouvances, errances.
Dans une danse évoquant les tensions et désirs d'une femme, entourée bientôt de deux hommes qui feront irruption dans son univers, l'auteur, calligraphe de l'espace réussit des séquences fluides, qui semblent couler de source.La narration des corps à eux seul, suffit à séduire le regard sur cette danse tonique, habitée. Un solo de Olé lui même  est hypnotique, virtuose et vertigineux. Emeline Nguyen The et Rafael Smadja s'y révèlent lyriques, inspirés, sensuels.Partenaires attentifs, à l'écoute, dans une composition de l'espace bien distribué et très écrite.Une histoire simples qui se déguste des yeux à l'infini, d'inspiration capoeira ou hip hop, au sol, en spirale. Une traque par un faisceau lumineux entraîne le danseur dans une gestuelle de l'urgence très réussie. 

"Ballet bar" de la compagnie Pyramide



Panique au petit bar perdu !
Ils sont cinq pour évoquer les bas-fonds d'un petit bar plutôt louche, peuplé de malfrats,voyous et autres personnages sortis de comédies musicales, roman noir ou films cultes. Un mélange de style hip hop, mime et figures stylées, postures emblématiques d'un petit monde agité en diable.Chacun délivre sa technique au profit d'un mimodrame désopilant, espiègle, plein de suspens et de verve. Une heure de bonheur menée tambour battant sur des choix musicaux, de Garbarek à Comelade: du brio, de la virtuosité, de l'humour à revendre et un engagement physique impressionnant !


"Met me halfway" de Edouard Hue de la  Beaver Dam Compagny


Corps à corps mêlés
Un magnifique duo, trio en contrepoint dansé dans une extrême lenteur envoûtante sur une musique qui va crescendo, s'amplifiant au fil de la représentation. Les danseurs dans une concentration extrême nous tiennent en haleine, puis peu à peu s'animent, combattent, se déchaînent. Corps à corps singuliers, amour à mort, à vif,interprétés par de très bons danseurs aguerris à l'infime partition sensible du mouvement au ralenti ! La composition musicale de Charles Mugel en contrepoint.i

Avignon le Off danse 2017: Dave St Pierre et la Manufacture

"Néant 360" de Dave St Pierre

L'hallali qui nous lie.
Le retour en Avignon du grand trublion québécois Dave St Pierre se fait par l'entrée des artistes, la petite porte du Théâtre de l'Oulle avec un solo. Et quel solo! Celui d'une biche aux abois, déjà présent dans la salle sur les gradins parmi les spectateurs vociférant bruyamment, ensaché dans un fourreau de plastique de buanderie, cintre au dos pour suspension: il est nu dessous comme un vers ou comme une infirmière sous sa blouse.Voix stridente qui dérange ou fait sourire, il interpelle le public retardataire avec distance, humour ou rentre dedans de plein fouet. Puis le voilà qui grimpe à l'assaut de la scène investissant son décor: une forme de coussin géant de plastique transparent, sculpture avec laquelle il joue de multiples apparitions-disparitions.Il se raconte avec ses mots méchants, drôles sarcastiques, son franc parlé au fort accent.Se dévêtit, tout nu et cru comme à son habitude, cible, lapin de garenne traqué, à vif, en alerte. Deux biches de pacotille, objet vernaculaires de foire comme compagnes dégonflables. De sa démarque légère, syncopée et sautillante il s'invente un être solitaire apeuré, furtif, futile, attachant, touchant. Un clin d'oeil à ses compères de scène, Fabre, Dubois ou de Keersmaeker pour feinte et le voilà enfilant son accoutrement plastique pour survoler la situation. Sa perruque blanche jaunie pour parure comme les ondes d' une méduse en lambeaux. Barbe touffue aussi comme autant de figures, de masques, de travestissements légers évocateurs.Des images vidéo affluent sur l'écran tendu de son corps, ange de l'anatomie, découpage introspectif de sa chair à vif.
Organique toujours, icône d'un art content pour rien, comptant pour rien.Performeur tendre et gonflé à bloc qui se dégonfle peu à peu, quitte sa verve de chasseur de trophée épique, pour un costume plus dérisoire: c'est l’hallali, la traque qui se termine, la criée qui s'apaise en curée grotesque, burlesque mais toujours vivante.Un moment d'intense émotion pour un solo, unique "numéro", parade ludique mais o combien dramatique de l'existence de ce grand artiste à nu.
Au théâtre de l'Oulle Avignon le Off

DANSE à la MANUFACTURE

"Circuit" de David Rolland


Méandres des coulisses
Nous voilà parti en navette privée pour le"château de St Chamand": mystère de banlieue, aventure matinale pour"parcours immersif pour un spectateur". Surprise à potron minet, spéciale cuvée off 2017 Avignon. La classe ! On est choisi et trié sur le volet par la motivation! Un par un les spectateurs sont invités à pénétrer l'univers de David Rolland à travers le miroir, les tentures, draperies et rideau de scène: du plateau aux coulisses le spectateur acteur est guidé par une voix charmante, bercé zen en training du danseur pour commencer l'aventure. Et l'on passe derrière le miroir comme Alice au pays des merveilles!Vivre une expérience unique, sensorielle, sensuelle et physique durant 45 minutes au sein d'un ingénieux dispositif digne des plus belles machineries déus ex machina, mécanique de l'Aurore des scènes anciennes.Boudoirs pour une visitée téléguidée par des bribes de voix de Catherine Deneuve, enchanteresse de l'instant.On est autonome de son être et état de corps: vivre en danseur ce parcours ou en simple curieux d'une expérience du plateau de scène. La blancheur des panoplies règne , des indices lumineux guident les déplacements comme un jeu de piste où l'on avance vers la résolution de l'énigme. Jeu de voiles magnifiques qui se dérobent, dévoilent ou masquent des silhouettes filantes, brèves apparitions de danseuses, guides de la déambulation. C'est mystérieux, haletant, dérangeant ou calmant: au choix de votre état d'équilibre!Derrière le rideau, l'ob-scène joue et gagne la curiosité, le désir.Entre les interstices, les entrebâillements des toiles tendues.Et quand de rêve éveillé, on retrouve la régie, c'est la fin de votre performance, très bien "conduite"^par ce dispositif complexe ingénieux de Dominique Leroy, sonore, musical et poétique, spatial et mobile comme une colonne vertébrale d'un reptile ondulant au dessus de vos yeux ébahis.

"Opium" de la Zampa


Désert désir.
Voyage au pays de Magali Milan et son complice Romuald Luydlin au pays du désert inspiré des textes de Hannah Arendt . Effets visuels et sonores garantis pour plonger dans des oasis de béatitude ou de chutes vertigineuses où le corps s'inscrit parmi les éléments d'un monde mobile comme un Calder suspendu au dessus de nos t^tes. Elle est rageuse, telle une Brigitte Fontaine dans un univers lézardé qui se déchire et se scrute sans fin le nombril. Les tableaux se succèdent emportés par la musique live éclatante de Benjamin Chaval, sans cesse titillée par les décibels revigorants. C'est une étrange forme que cet "opium" du peuple, agora poétique et politique qui fait mouche sans qu'on sache vraiment pourquoi.La danse y dépose son butin, plutôt aguicheuse et illustrative mais ce cabaret bizarre n'en a que faire quand l'édifice tient debout avec ses fondations bien ancrées dans l'art de la représentation multimédia.

"Aucun lieu" de Franck Vigroux  Cie d'autres cordes


Territoires oniriques
Entre opéra vidéo et concert chorégraphique voici un opus étrange, inouï, fait de couches et de strates d'images vidéo en palimpseste pour créer une atmosphère et un univers singulier: flottant, flouté, zen et translucide, harmonieux, serein et inédit.Chorégraphiée par Myriam Gourfink, dansé par Azusa Takeuchi, l'opus oscille entre rêve et réalité: leurre des images de corps qui se surexposent, s’entrelacent, réalité d'un corps présent qui se fond dans les mises en abîme des plans et points de vue
Le trouble de la perception de l'espace ainsi engendré donne naissance à une spatialisation étonnante, mouvante, en perpétuelle transformation. Des corps spectraux s'y rencontrent, peuple d'ectoplasmes envahissants. L'ambiance est feu follet et imaginaire fertile d'une nuit agitée d'esprits mouvants.
On assiste à la fusion de mondes tangibles et virtuels grâce aux splendides et très travaillées  images vidéo signées Kurt D'Haeseleer, dans une totale fusion des éléments. L'alchimie opère pour un monde onirique, planant, déroutant très esthétique , voyage dans des sphères inconnues, salvatrices et stimulantes. Une oeuvre entre virtuel et présence physique, pont tendu entre des mondes fait pour se rejoindre; le fantastique et le réel.

" Still in paradise" de la compagnie Yan Duyvendak


Même pas peur !
Il arpente les territoires du politique, de l'actualité et se frotte dans cet opus en constante mutation à l'Islam en compagnie de Omar Ghayatt soutenu par le performeur interprète Georges Daaboul.
Six fragments à choisir parmi douze épisodes crées pour l'occasion: le public réuni en choeur participatif vote à main levée pour choisir les plus attirants, présentés auparavant de façon ludique et débonnaire. Des lés de tissus feront office de décor, de tapis bigarré chaleureux pour cette agora, forum d'échanges entre les trois artistes et le public convoqué à agir, réagir sans cesse Troi heures durant, on jouit des points de vue des auteurs sur le politique, à chaque séquence, on bouge, on se déplace, on change de direction mais pas de cap: l'authenticité, la sincérité des propos et des échanges fait légion. De "Ma vie secrète" épisode sur les émois sexuels de compère égyptien, on passe au drame du 11 Septembre, vécu par les deux protagonistes et contés dans une sincérité troublante. Comment adopter un réfugié sera le fragment commun final: un déploiement d'objets vernaculaires pour conter les péripéties d'un migrant, rejeté de toutes part. C'est une expérience unique à vivre absolument, si possible dans son intégralité de 4H 30, tant chaque épisode nous met face à nous même, convoqué par des artistes performeurs dont le secret est bien la franchise, l'audace et le talent de la mise en espace Pour récompense, un thé glacé et l'on s'abreuve encore de questionnement les lendemains durant !