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Performance dansée et chantée de Geneviève Charras, charivarieuse dans le jardin et l'atelier de Corine Kleck et Dominique Haettel
Dimanche 27 Mai
16 H
11 B rue des Tailleurs
Schweighouse sur Moder
dans le cadre des "ateliers ouverts"
Du tac au tac, histoire de traquer le temps, faire la course à la montre en dernier ressort !
Danser ce qui ne tourne pas rond, la routine, montre en main, sans claquer dans le lac des Signes d'étang !
Signes des temps qui courent et rattrapent le temps perdu et jamais retrouvé
Danser, chanter, " avec le temps, va tout s'en va" ou le "temps des cerises", passer le temps, il n'y en a plus pour très longtemps.
Temps qu'à faire, temps danse et taon qui passe...
Le col de cygne est une pièce qui est située dans le mouvement de la montre. Ce dispositif est doté d'une vis qui pousse la flèche de la raquette contre un ressort en forme de U. Dans un mouvement, la raquette est un dispositif permettant de régler la montre en raccourcissant ou bien en allongeant la longueur du spiral du calibre. Les mouvements possédant un calibre à col de cygne permettent généralement un réglage plus fin de la montre. De nombreux amateurs de montres les trouvent plus esthétiques que les calibres sans col de cygne.
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| nicolas bardey |
Le programme de ce deuxième concert de saison a été conçu par Nicolas Bardey et Franck Yeznikian, autour de la "vocalité" .
"En 1839, R.Schumann ouvrait de façon spectaculaire la notion de vocalité dans son oeuvre pour piano Humoreske Op.20 en faisant apparaître une «voix intérieure» destinée à être vue sans être jouée par l’instrumentiste.
Ma nouvelle pièce s’attachera à poser la question de la vocalité dans un contexte purement instrumental, tout en posant la question de la visibilité et de l’invisibilité, c’est-à-dire de ce qui se dit intérieurement tant à l’échelle individuelle que collective, tant au niveau musical qu’à l’échelle d’un auditoire, d’un quartier, d’une ville. Une métaphore, en somme, de ce qui fait sens commun entre différentes «voix intérieures»." (Nicolas Bardey)
Salle comble ce dimanche matin, au Faubourg 12, lieu incontournable des brunchs musicaux de Strasbourg: un accueil chaleureux des hôtes de cette galerie-hangar, verrière d 'où filtre un grand soleil estival ! Place à une introduction éclairée de Philippe Korpersur l'esprit du concert: la filiation, la cohérence qui se tisse entre les pièces, un salut à Klaus Hubert et le tour est joué.Comme un "grand lied" la muse Echo va résonner, in visible, mais encore charnelle, avant sa disparition, sa perte, son absence: la voix sera notre fil conducteur, sans chanteur, rien qu'avec l'acoustique des instruments!
En création mondiale donc, le "Sol, Ablos" de Nicolas Barbey
Le piano, suave, grave entame une marche lente, solennelle, posée, pointée d'aigus, semés de surprises sonores.Puis il se borde de la flûte, mince filet vocal intrusif; s'y adjoint la clarinette, en-tuilée dans des entrelacs savants de couches de timbres. Des dissonances radieuses, des vibrations, des fréquences subtiles, ponctuées par le piano savant de Maxime Springer, entament comme un chant choral des vents.Une mélodie en impression se dégage, arrachée, déchirée, plaintive. Comme l'émission d'un chant dans un palais sans voile, imaginaire, où les "cordes vocales" résonneraient, invisibles. Mais peu à peu dévoilées par les sources et résurgences sonores. Comme la peinture de Kupka, les "compositions " de Kandinsky ou les chants de Paul Klee...Les sonorités tournent, glissent, vibrent, frétillent: un soutien, un maintien d'un diaphragme fantasmé comme technique de souffle ! Cristal d'une grotte , guide qui nous conduit au tréfonds des bouches, des lèvres, du souffle des instrumentistes, tous dans une concentration d'écoute mutuelle, sur le fil du rasoir. Par lente accumulation successive, la pièce avance puis éclate, tonnerre collectif rehaussé par l'intrusion du piano, notes aiguës en poupe pour mieux jaillir du magma, en fusion, en ébullition. Des grondements menaçants bordent le tout et soutiennent la tension dramatique, les phases très "minérales" du morceau.Un volcan en éruption, de la lave en coulée de notes : la musique fond, se répand, s'étire, engourdie. Un mouvements plus calme, serein succède à ce tableau musical tourmenté et fait place à des touches de couleurs, de "peinture", de masses sonores qui font poids et impactent la toile comme le travail du peintre.
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| photo robert becker |
Suit le duo "Verses" de Sir Harrison Birtwistle pour piano et clarinette. Debout, dans son "assiette" il chante avec son instrument à vent, médium de la partition: il prend ses appuis au sol, danse, les genoux en ressort, l'instrument dressé; il se balance et donne la musique à voir: et les sons de tanguer, de circuler en rondeur, chair et chaleur La musique se regarde fabriquer et Adam Starkie en est une juste révélation.Le piano l'accompagne et de longs souffles en sirène, des chants d'oiseaux naissent simultanément .Douceur et tranquillité, sérénité à l'appui. Dressé sur les pointes, le clarinettiste fait résonner l'espace, interpelle le piano, l'un et l'autre en alternance.
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| franck c yeznikian |
Après une édifiante présentation de Franck C. Yeznikian à propos de ce qui relie, ce qui raccorde les pièces choisies les unes aux autres, voici l'"appel" d'être qui tisse ces liens, ces mets tissés métissés où l'intelligence et la réflexion relient les choses. Poésie à réinjecter dans les œuvres, avec de la "beauté" revendiquée, assumée: un appel à l'attention qui se stigmatise dans son oeuvre "Plainte".
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| photo robert becker |
C'est la voix de Klaus Huber qui récite les poèmes de Ossip Mandelstam, enregistrée comme une empreinte pour devoir de mémoire.Récitation vocale, mixage d'une autre voix en russe, comme une plainte lointaine .C'est beau et émouvant . Le "S" signe des temps, chant et cri du cygne, en forme de col de saxophone y est présent et évoqué : les récits se superposent, se couchent l'un sur l'autre, se calquent, se déplacent: la flûte de Keiko Murakami siffle, claque, elle se fait bercer par le son qu'elle produit et qui fait vibrer son corps, son cou, sa gorge et son instrument, prolongation de cette musicalité corporelle très forte, très visuelle. Proches des artistes, le spectateur vit et regarde se faire la musique à travers le vecteur des corps.Vibratos, enluminures douces, imperceptibles pas au sol, vent qui court, frémit, frisonne, mugit.Frôle l'espace et le son, les timbres et le rythme.Se fraie un passage étroit: en noir dans le soleil du matin, la flûtiste est une apparition sacrée dans ces hululements magnétiques, sa fibre , ces glissades et pincements; Le son serpente, danse serpentine, volatile, volubile, é qui s'élève dans l'éther. De nombreuses variations, modulées, un solo fantôme, vécu et désincarné à la fois comme des ondes ou des ronds dans l'eau qui se propagent et meurent doucement.
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| photo robert becker |
Et pour clore, une pièce qui s’enchaîne naturellement, "Veil of Orphéus", création de Franck C. Yeznikian
Les quatre musiciens, reliés par le "mi" de la mort, à la pièce précédente, se concentrent près du piano pour une introduction très tonique et virulente.Tumulte, foisonnement dense des sonorités, texture colorée pour ce prologue éruptif : une ambiance dramatique se profile, ponctuée par les piqués du piano, les envolées de la clarinette basse. Comme des raccords, des injonctions à se réunir, se rassembler sous l'étendard de la beauté. Levées, révoltes, soulèvements et harangues résonnent et appellent, comme une incitation, à se lever, s'insurger, faire face. Réagir et se mettre en mouvement. Rhyzome de la création locale qui essaime en circuit court, cette oeuvre riche et puissante est telle un flux et reflux, des vagues, une marée où la navigation d'un paquebot sur les flots, fait se taire les bruits et chanter les instruments. Ca remue en remous, le piano ancre les sons, les fait rebondir; Comme dans un ralenti où un pied se pose et transmet son empreinte au sol, en creusant un impact pour y laisser des empreintes.
Une oeuvre singulière portée par des musiciens dont la grande sensibilité épouse les voeux et intentions du compositeur.
Cette matinée là la musique s'est une fois de plus créée et révélée dans le temps, contemporain de tous dans des instants partagés de communion collective profonde;
L' "Imaginaire" aux manettes d'un vrai concept de programmation !

- "La danse contemporaine connaît un développement planétaire extraordinaire. Dans des dialogues fructueux et multiples avec les esthétiques classiques ou modernes occidentales, de nouveaux créateurs expriment leurs différences et leurs propres langages pour ouvrir des chemins nouveaux. C’est ce que la série « Plus loin l’Europe » veut valoriser à partir de cette saison. t Gil Carlos Harush un jeune et brillant exemple de la vitalité de la danse israélienne où sont associées exigence formelle et énergie physique. À la création pour le Ballet de l’Opéra national du Rhin, Ohad Naharin, la figure centrale et charismatique de la Batsheva Dance Company, ajoute deux entrées au répertoire avec ses superbes Black Milk et George & Zalman."
- La voix lactée
- Sur la planète danse, dans la cosmogonie, deux étoiles, l'une naissante l'autre "star" de la danse contemporaine israélienne: Monsieur Gaga dont on est friand fan et addict !
- En début de programme, concocté par Bruno Bouché, consacré à cette "identité" israélienne, "The Heart of my Heart" de Gil Carlos Harush, brosse le portrait d'une petite société animée par le désir d'amour, de félicité, de sentimentalité. C'est sur une image de couple qui s'étreint, longue robe blanche pour elle, de noir et de blanc moulé pour lui,seyant. Image qui se font dans la lumière vive et s'émousse pour une apparition irréelle du groupe, frangé de lumière délicate, à peine perceptible: ils devront d'ores et déjà coexister: amour exclusif et partage, amour en partage nécessaire en ces temps de guerre, de remous. Un dispositif, comme une balançoire ou un couperet fait son apparition: quels secrets renferme cette étrange agrès....? Pour ces quatorze danseurs, six femmes, huit hommes débute une ode à l'amour, très tectonique dans sa gestuelle fragmentée, incisive: des portés en chandelle, des écarts à la Béjart, images fixées, retenues dans le temps: arrêt cinématographique dans le rythme de la pièce, enjouée, jubilatoire qui transporte rapidement, danseurs et public dans une riche et féconde empathie. Celle du don, de l'abandon. Histoire en filigrane d'hommes et de femmes rêvés,ou référés, publics, politiques. Mais peu importe "la note d'intention" quelque peu ambitieuse sur des propos peu probants. La danse , elle, a du sens, et la narration des corps suffit à évoquer un monde perturbé, sauvé par l'amour rédempteur. De très beaux unissons, au diapason, en résonance incrustent la danse dans des ensembles très précis.On joue aux échecs ou aux dames sur le plateau, on trace la diagonale du fou, on tricote les enchaînements entrelacs de corps, en canon, qui tressent des figures architecturales édifiantes. Édifices de corps en arrêt, constructions savantes, charpentes et fondations pour mieux tenir ensemble les bases du groupe, de la communauté. Pas d'amour exclusif, mais des passages, des glissements progressifs de corps à corps qui se délivrent, s’enchaînent, se multiplient à l'envi. Des postures classiques, ouvertes, des fragments de corps déstructurés, des attitudes déconstruites: l 'écriture de Harush est référée et salue ses racines ou écoles gestuelles. On ne vient pas de nulle part ! Mais on va toujours plus loin dans le phrasé et la syntaxe chorégraphique ! Le temps, horloge omniprésente, balancier de cette périlleuse sculpture envahissante, agrès ou guillotine centrale est une constante narrative. Mouvements mécaniques des danseurs s'y confondent comme un jeu de lego, de mikado qui se dresse puis s’effondre ou se délivre lentement dans de beaux équilibres ou portés. On se passe les corps, on transmet: tandis que des solos ponctuent cette effervescence sur le plateau, savamment "occupé". Solo d'une femme en robe blanche, magnifique prestation, ensemble débridé des hommes, fous à liés qui se tordent, éclaboussent l'espace, étincellent l'atmosphère tendue de ces confrontations hommes-femmes sempiternelles questions de possession, de pouvoir, d'attirance.Le cœur y bat, frappe fort, la musique invasive, scande le tout et euphorise, enthousiasmante. La géométrie des figures corporelles tracée dans l'espace forme des tableaux abstraits à la Mondrian, des tectonique musicales à la Kupka et la peinture veille dans cette musicalité picturale énigmatique qui sourd des corps dansants.Au final, un cercle chamanique réunit le groupe et célèbre la cohésion, en compagnie, "cum panis", partage du pain que l'on rompt en cérémonie votive§
- Galvanisés par la musique de Chemi Ben David, les danseurs se donnent , offrant au public, l'occasion d'ovations bien justifiées: le noir et le blanc leur vont si bien et si "ça balance" parfois dans le redondant et la confusion narrative, cette pièce, généreuse et toute "jeune" se prendra bien au jeu de la maturité !
- Place à "Geoges et Zalmann" de Naharin: un quintet de femmes, tuniques noires, épaules dénudées qui sauront être les ambassadrices d'une signature chorégraphique complexe et virtuose: celle de Naharin, décelable dès les premier regards sur les corps, construits, découpés, morcelés dans une symphonie d'entrelacs.
- Une voix s'impose, contant en boucle des propos étranges, référencés musique, alors que la musique de Arvo Part égrène des notes tactiles, touches de noir et de blanc d'un piano suspendu dans l'éther, voguant dans les airs, ténu, à demie teinte. Les femmes distillent des gestes construits, décalés, en poses subtiles qui laissent le temps de les savourer, tout en suspendant le temps de la méditation. Poses torsadées à la Egon Schiele, sculpture à la Rodin, en autant d' "abattis" rompus, agencés pour édifier des formes inédites: "mouvements de danse" en inventaire rappelant les vitrines improbables des corps modelés de plâtre ou de terre qui flottent ou s'agrippent sur des socles prothèses: danses du génie de la sculpture.Elles dansent, en solo aussi, étirant l'espace, rompant et défiant les possibilités d'écriture, de calligraphie, de géométrie.Danses de sorcières aussi à la Wygman, au sol, recroquevillée, vrillée, torsadée....Un damier sans frontière où se transgressent les règles du jeu de dames !
- Place aux hommes dans "Black Milk", voix lacté ou la constellation du Cygne trace et dessine des rémanences de blanc:le cygne noir, ces femmes qui se sont éclipsées, cède le territoire à ces créatures, torse et pieds nus, de longues jupes blanches plissées pour seuls costumes. Ils défient l'espace, en grands jetés style capoeira, forment un groupe soudé qui s'éclate, puis se fragmente à l'envi pour mieux se ressouder. La danse est reine, loyale, fulgurante, déstructurée; d'un sceau ils se maculent de peinture noire, signes des temps ou cygnes d'étangs. Des envolées somptueuses parcourent le plateau: la musique de xylophones de Paul Smadbeck (proche d'un Steve Reich) émeut, pétrifie, ensorcelle et hypnotise !Les danseurs déferlent, bondissent, chutent, tressaillent, dans l'urgence, vibrent.
- Un régal jouissif pour celui qui regarde évoluer, divaguer ces hommes fulgurants, médusants: des créatures singulières, ode à la beauté. Pièces d'un jeu à construire, à inventer sans cesse: Naharin, une fois de plus surprend, étonne et fait de cette soirée un hommage au noir et blanc, à la sobriété, grave, contemplative autant qu'éruptive: il se "soulève" à la Didi Huberman dans des instants de grâce inoubliables! "Il n"a vu qu'énergie magnétique" !
- Un plateau de jeu d'échecs sans toit ni loi où les divagations savantes ébouriffent les consignes !
- Et "entendre la salle applaudir,
- juste une envie : revenir"!
- Oui, et l'on lira avec internet dans le livret le panorama de la danse israélienne signé Sonia Schoonejans !
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- du 19/04/2018 au 21/04/2018, le 23/04/2018 à 20h00
- le 22/04/2018 à 15h00
- Opéra national du Rhin : Voir les autres événements