lundi 1 octobre 2018

"Soirée d'un faune" de Ruppert et Mulot: bd érotique dansante !


Des danseuses, des danseurs, des gens qui tirent à l’arc et au revolver, des bouteilles de bière partout par terre… Le tout en unique case géante, pliée à la manière d’une carte routière. Une overdose d’art expérimental nawak rigolo.


dimanche 30 septembre 2018

"Gravité : l'attraction de la danse, planète conquise par Angelin Preljocaj !

Créé à la Biennale de la Danse de Lyon, voici venir le spectacle du complice de la musique d'Aujourd'hui et de la danse: le devin et divin Preljocaj, enchanteur des sens et des corps, dévoué à l'art chorégraphique tout entier.
Après Les Nuits en 2013, le chorégraphe revient à Musica avec sa nouvelle création, Gravité. S’y éprouvent les relations entre la gravitation et le mouvement, la physique qui anime tous nos gestes, en lien avec les paramètres de l’univers. Une recherche déjà engagé dans Empty moves en 2014 qui à l’image de Gravité fait partie des pièces « abstraites » du Ballet Preljocaj. Avec une douzaine de danseurs, s’invente une série d’écritures chorégraphiques exposées à des gravités différentes, et à un foisonnement de styles musicaux. Le rapport intime entre mouvement et musique construit une danse rigoureuse et épurée.Entre les incidences de la pesanteur et la succession des musiques de Bach, Ravel, Xenakis Glass, 79 D ,Daft Punk,  Chostakovitch, les interprètes entraînent le public dans une exploration singulière des dimensions physiques et intérieures de la gravité.Depuis ses débuts, Angelin Preljocaj cherche à combiner l’écriture chorégraphique et l’écriture musicale pour créer une fusion naturelle de ces deux éléments. Quand il s’attaque au monument de la musique contemporaine, Karlheinz Stockhausen, cela donne Helikopter (2001) une pièce aux accents métalliques. Portés par le son d’un quatuor à cordes enregistré dans des hélicoptères en plein vol, des danseurs du Ballet Preljocaj trouvent une musicalité inédite dans la dissonance, entre les ondes bleutées du sol et des ténèbres infinies.
Alors tout démarre sur le plateau nu, les corps en amas compacte, au sol, rivés par ce sentiment de pesanteur, d'adhérence terrestre. A demi-nus, ils se relèvent pour expérimenter la verticalité, érection des corps, animés par des mouvements au ralenti dans une extrême lenteur Par petits groupes de statues mouvantes, quittant ces poses d'implorantes chères à Camille Claudel, ils évoluent, longilignes silhouettes très performantes dans leur façon de se mouvoir, proche d'une grammaire classique, ouverture et tours vertigineux.
Dans de magnifiques halos de lumières venues des cintres, les rondes et cercles se démultiplient, cernant la danse et l'arène de leurs évolutions: douze danseurs, costumés de blanc ou de noir, s'attirent, se repoussent, attractifs ou répulsifs, sensuels et très fluides dans leur mouvance à fleur de peau. La peau du monde, lisse, tendre, belle.Le baroque leur sied à merveille, Bach en autant de sauts et traversées,défiant les lois de ce genre de danse, pudique, maîtrisant à l'extrême les évolutions contenues, retenues. Daft Punk, leur impose le port de deux casques, masques quelque peu gadget qui n'apportent rien à la réflexion expérimentale sur la gravité!Superbe séquence où les costumes, de noir et blanc rayés, légers en voile transparent, s'ouvrent et se ferment dans des déploiements sobres et amples.Un dépouillement de la gestuelle s'installe, la domination des femmes sur les hommes faisant l'objet de mouvements de répulsion discrète, les pieds chassant les corps du champs d'action des danseuses. Xénakis leur inspirant ces attitudes fermes, déterminées, puissantes. En jupettes blanches et costumes de plumetis frangés, ensemble sur les temps de la musique de Chostakovitch, l'unisson se fait au diapason des corps tendus, vivement animés de gestes tétaniques, carrés, multidirectionnels.Trois femmes rivées au sol, incarnent l'attraction terrestre, se relevant du buste, jambes allongées jusqu'au bout de leur énergie sensible.Encore une sarabande baroque pour défier les lois de la pesanteur, dans joviale, relevée défiant les lois du genre en traversée frontale foudroyantes. 

Le Boléro de Ravel, lui, enchante les corps réunis en corolle, s'épanouissant avec la montée en puissance de la musique, formant des lignes, des esquisses picturales et sculpturales de toute beauté.Groupe compacte qui s'écarte peu à peu faisant place à des dessins dans l'espace, écriture rayonnante, en fugues et retour à la source attractive: le centre, le noyau de la création gestuelle, épicentre de l'énergie du groupe.Au final, tous se dispersent, on se souviendra des portés, des duos où chacun retient l'autre, le repousse et forme des arcs tendus qui ne cherchent qu'à délivrer leur énergie au delà des corps vecteurs de la danse, passeur de rythmes.

L'osmose danse-musique au cœur des expérimentations du chorégraphes, riche de ses pratiques d'art martial, de peinture. "Densité ou  Gravité", c'est un recueil, un grimoire de traces et de signes dans la gravitation cosmogonique inhérente à la danse. Le Roi Soleil l'avait prédit, danseur virtuose d'une galaxie encore inconnue.Les lois de la gravité, ordre intérieur et fondamentaux de la danse "moderne" resurgissent ici dans un spectacle sensible de toute beauté plastique.
Cet après midi là à la Filature de Mulhouse, le public ovationnait les artistes et cerise sur ce gâteau, l'une des danseuses, enceinte, portait toute la symbolique du transfert de poids et de la gravité, centre du corps dansant, héritier de Laban et de sa perception de l'espace intime!

A la Filature de Mulhouse, ce dimanche 30 Septembre

Francesco Dillon, violoncelle, Emanuel Torquati,piano: qui va sano, va piano:duo!


Francesco Dillon et son complice Emanuele Torquati font partie de ces interprètes éclectiques qui font leur miel du répertoire romantique comme de la création contemporaine.
Rencontre matinale, ce dimanche à la salle de la Bourse pour le concert traditionnel dominical!
Quatre décennies  de musique italienne au programme.

Avec Scelsi et son "To the master" de 1974, les instruments, piano et violoncelle font chambre à part, comme indépendant l'un de l'autre. Côte à côte, ils cheminent avec des accents orientaux, lente déambulation rêveuse. On déguste l'atmosphère reposée qui s'installe avec bonheur: indépendants, libres, chacun avec grâce et emplie  de timbres et de sons, l'espace s'ouvre devant eux.

Suit un solo de piano "Mambo" de Luca Francesconi de 1987
Des notes séparées, appuyées, qui se balancent petit à petit.Des couches se superposent, des gammes flottent et disturbent la rigidité pondérale de l'exécution. De beaux gestes du pianiste, bras levé en vainqueur ou conquérant face aux difficultés de l'oeuvre. Le tempo, pugnace, refait surface pour mieux mourir....

"Animus II b" du même compositeur prend la succession du concert.Le violoncelle, solo, dialogue avec l'électronique superposée de Tom Mays.
A vivre pour les vibrations, les salves de sons lancées en direct qui créent des univers de science fiction, d'espaces architecturaux, grâce aux tissus sonores évocateurs.
Effervescence de musique, affolement de l'archet sur les cordes, rehaussé.amplifié en direct Comme un membre fantôme, en rémanence dans les oreilles!Les sons se rapprochent ou s'éloignent, l'apesanteur est reine, cosmique, des chutes s'enroulent, s'effondre. On perd pied, et ses repères avec!

Marco Momi sera la révélation de ce programme avec "Unstill" de 2016
Harmonie des deux instruments, sursauts, silences en répercutions, relient les deux émetteurs de sons.
Pièce incroyable, inventive, tirant partie d'ingéniosité sonore, d'une syntaxe débridée, surprenante!
Le piano préparé, deux harmonicas en plus, siffleurs, intrus bienvenus.

"Melencolia II" de 1980 de Salvatore Sciarrino fait suite à cette découverte inédite, joyaux du concert.
Comme un" remède à la mélancolie", les sons alternés, langoureux du violoncelle répondent au piano, lent ou animé, progressant dans une seule et même direction.
Le violoncelle, volage, oscille et tremble, le piano, hiératique confirme sa position et persiste dans sa démarche irrévocable, malgré quelques écarts.
Plaintif, alangui, capricieux, hasardeux, indécis, futile, l'instrument à cordes s'affirme, tandis que le piano en reprises, et répétitions confirme sa position!

Pour "Furher In", de 2014, Silvia Borzelli, propose une cuisine fusionnelle entre les deux émetteurs de sons, maisons privilégiées abritant des merveilles de sonorités.
Émulsions de sons, cadences communes sur leur établi de fabrication, "piano" de chef, maitre-queux de recettes introuvables et non reproductibles!
Façonnage, élaboré, savant, inspiré, moléculaire!
Hydre à deux têtes, bicéphale couple d'artistes, siamois indissociables, liés, complices et partenaires, les deux interprètes se confondent avec leurs instruments qui entrelacent leurs sonorités à leur insu!
Et toujours avec de nobles gestes, ouverts, étirés, jaillissants de leur énergie pour créer du son inédit sur le corps de chaque instrument, être vivants sous leurs doigts virtuoses!

A la salle de la Bourse ce dimanche 30 Septembre