dimanche 30 septembre 2018

Francesco Dillon, violoncelle, Emanuel Torquati,piano: qui va sano, va piano:duo!


Francesco Dillon et son complice Emanuele Torquati font partie de ces interprètes éclectiques qui font leur miel du répertoire romantique comme de la création contemporaine.
Rencontre matinale, ce dimanche à la salle de la Bourse pour le concert traditionnel dominical!
Quatre décennies  de musique italienne au programme.

Avec Scelsi et son "To the master" de 1974, les instruments, piano et violoncelle font chambre à part, comme indépendant l'un de l'autre. Côte à côte, ils cheminent avec des accents orientaux, lente déambulation rêveuse. On déguste l'atmosphère reposée qui s'installe avec bonheur: indépendants, libres, chacun avec grâce et emplie  de timbres et de sons, l'espace s'ouvre devant eux.

Suit un solo de piano "Mambo" de Luca Francesconi de 1987
Des notes séparées, appuyées, qui se balancent petit à petit.Des couches se superposent, des gammes flottent et disturbent la rigidité pondérale de l'exécution. De beaux gestes du pianiste, bras levé en vainqueur ou conquérant face aux difficultés de l'oeuvre. Le tempo, pugnace, refait surface pour mieux mourir....

"Animus II b" du même compositeur prend la succession du concert.Le violoncelle, solo, dialogue avec l'électronique superposée de Tom Mays.
A vivre pour les vibrations, les salves de sons lancées en direct qui créent des univers de science fiction, d'espaces architecturaux, grâce aux tissus sonores évocateurs.
Effervescence de musique, affolement de l'archet sur les cordes, rehaussé.amplifié en direct Comme un membre fantôme, en rémanence dans les oreilles!Les sons se rapprochent ou s'éloignent, l'apesanteur est reine, cosmique, des chutes s'enroulent, s'effondre. On perd pied, et ses repères avec!

Marco Momi sera la révélation de ce programme avec "Unstill" de 2016
Harmonie des deux instruments, sursauts, silences en répercutions, relient les deux émetteurs de sons.
Pièce incroyable, inventive, tirant partie d'ingéniosité sonore, d'une syntaxe débridée, surprenante!
Le piano préparé, deux harmonicas en plus, siffleurs, intrus bienvenus.

"Melencolia II" de 1980 de Salvatore Sciarrino fait suite à cette découverte inédite, joyaux du concert.
Comme un" remède à la mélancolie", les sons alternés, langoureux du violoncelle répondent au piano, lent ou animé, progressant dans une seule et même direction.
Le violoncelle, volage, oscille et tremble, le piano, hiératique confirme sa position et persiste dans sa démarche irrévocable, malgré quelques écarts.
Plaintif, alangui, capricieux, hasardeux, indécis, futile, l'instrument à cordes s'affirme, tandis que le piano en reprises, et répétitions confirme sa position!

Pour "Furher In", de 2014, Silvia Borzelli, propose une cuisine fusionnelle entre les deux émetteurs de sons, maisons privilégiées abritant des merveilles de sonorités.
Émulsions de sons, cadences communes sur leur établi de fabrication, "piano" de chef, maitre-queux de recettes introuvables et non reproductibles!
Façonnage, élaboré, savant, inspiré, moléculaire!
Hydre à deux têtes, bicéphale couple d'artistes, siamois indissociables, liés, complices et partenaires, les deux interprètes se confondent avec leurs instruments qui entrelacent leurs sonorités à leur insu!
Et toujours avec de nobles gestes, ouverts, étirés, jaillissants de leur énergie pour créer du son inédit sur le corps de chaque instrument, être vivants sous leurs doigts virtuoses!

A la salle de la Bourse ce dimanche 30 Septembre




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