samedi 22 septembre 2018

"Jeunes talents, interprètes" : Varèse, Zappa, Adams en majesté ! Musica, la chance des jeunes interprètes !


En 1953, Zappa découvre la musique de Varèse au moment où celui-ci travaille à Déserts. Il n’oubliera jamais ce choc d’adolescence, comme en témoigne Dupreés Paradise, enregistré pour la première fois en 1973, puis arrangé pour l’Ensemble intercontemporain. Américain installé lui aussi sur la côte Ouest, John Adams jette un autre regard sur l’avant-garde européenne, en l’occurrence sur Schoenberg qui lui inspire une Chamber Symphony aussi vivifiante qu’ironique.
Voici pour le programme à interpréter, salutaire et très valorisant exercice pour les élèves de la HEAR et leur Ensemble de musique contemporaine de l'Académie supérieure de musique de Strasbourg.

"Déserts" d'Edgard Varèse débute avec brio le concert: vents et percussions, cuivres résonnants, éclatants, suivis de l'écoute, en pause, d'une bande magnétique au son déchirant, crissant, dérapant, comme lors d'un accident ravageur ou d'un séisme. Bouleversements des sons, cassures, sifflements, alarme ou sirène, succèdent en sonorités acoustiques bien réelles: les cors, tubas, les trombones dans les graves, en profondeur.
 Beaucoup de contrastes et de revirements, de modulations dans cet opus où volumes et détails se cisèlent à l'envi, à l'écoute: singularité plurielle de cette musique éclairée et savante
A nouveau la bande son investit l'espace, sourde, les sons aspirés, happés dans une atmosphère de tunnel opaque, abri anti- atomique calfeutré, bunker obstrué par les résonances et cavités emplies de matière sonore.Humide et glacé: une musique pleine de sensations éruptives.
Simulation de cris, de freinage de roues, d'usine....Musique intime et extravertie à la fois, en compétition de puissance, entre douceur et force, réparties entre les instruments. Les jeunes musiciens dirigés par Jean Philippe Wurtz au diapason de l'écoute dans un jeu très virtuose et parfaitement intégré des accents toniques de la musique de Varèse!

Suit dans une autre configuration "orchestrale""Dupree's paradise" de Frank Zappa;
De belles masses sonres, multicolores, très dansantes, comme une musique de film narrative, se répandent dans l'auditorium de France 3; c'est du "Zappa" inconnu, inattendu, peuplé de citations, surprenante oeuvre aux accents toniques impressionnants. Joviale et entraînante, la musique se déroule et peuple l'atmosphère de ses tonalités étranges mais quasi familières, au final!

"Chamber Symphoniy" de John Adams de 1992 se révèle un bijou de fantaisie virtuose, en trois mouvements distincts.
Le premier comme un air de carton, musique pour dessin animé de bonnes intentions. Manèges, fête légère et réjouissante, bordée d'interventions musicales inédites.Le rythme soutenu, allègre, emballé fait mouche et les images défilent: cirque joyeux et ludique, défilé ou cavalcade de carnaval burlesque, enjoué!
Parade enfantine, scandée, structurée, évoquant une musique de film, animée, construite comme un montage cinématographique mouvementé.
Le deuxième mouvement, plus solennel et pesant, marche funèbre, cortège surréaliste à la dada, très mécanique et haché. On progresse, en marche avec la contrebasse ou le fifre!
Au final, une fanfare aux accents populaires, mélange de rythmes croissants, dévoile un solo de violon virtuose hallucinant!
Félicitation aux jeunes interprètes pour cette prestation de très grande qualité où la rigueur côtoyé la fantaisie, où le répertoire se laisse apprivoiser par des jeunes non formatés, ouverts à la musique d'aujourd'hui, à ses embuscades, ses surprises et au plaisir, pour le public, de les écouter en si bonne "compagnie"!

A l'Auditorium de France 3 ce samedi 22 Septembre



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