mardi 18 septembre 2018

"Vertikal" de Mourad Merzouki: On rêve d'apesanteur ! Premiers de cordée !


Mourad Merzouki bat en brèche les codes du hip-hop depuis belle lurette et le voici à l'assaut des sommets, premier de cordée d'une danse "verticale", dans escalade singulière qui n'obéit à aucun des "calons" du genre!
Dix danseurs s'adonnent aux joies de l'apesanteur, de la danse dans l'éther, soutenue par un dispositif singulier de harnais, de cordes ou d’agrès très discrets, venant accompagner un style nouveau, une gestuelle de l'impossible, de l’inouï
Plus d'une heure durant, les danseurs évoluent en cascade de gestes fluides, déterminés par une expérimentation tous azimuts. Une paroi les accompagne dans ce périple à la verticale, balade romantique au pays de la non gravité, de la densité du poids qui se dérobe sous les effets mécaniques des suspensions et autres gestes acrobatiques engendrés par une machinerie sobre et quasi invisible. Manipulation audacieuse des corps en lévitation obsessionnelle. Franchir les limites du possibles en respectant la prise de risque sans mettre pour autant en danger les interprètes!
Sur une musique omniprésente signée pour l'occasion par Armand Amar, la danse file doux, duos, solos effilochées, vaporeux, diaphanes dans l'air libre, libres comme l'éther et la ouate.
Un réel bonheur pour les yeux et l'âme du spectateur qui navigue en terrain inconnu, friand d'images quasi religieuses: un "plafond" bleuté, des images de crucifix sur paroi rocheuse, qui dévalent les pentes ou restent en suspension idéalisée.Onirisme, virtualité bien charnelle  des capacités de la danse à échapper au sol, ses fondamentaux: plus de chute, ni de portés, la danse est aérienne, souple, volatile et volubile.
Le hip-hop s'éfface, disparait au profit d'un autre langage: la signature du chorégraphe intrigue, surprend et on adhère à ce rythme joyeux et constructif: une danse, nouvel envol pour des contrées inédites à défricher avec plaisir.
De l'audace et un pari réussi: la verticale a encore bien des choses à prouver, à dire et à distiller dans l'espace!

A la Maison de la Danse jusqu'au 23 Septembre dans le cadre de la Biennale de la Danse de Lyon 2018

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