dimanche 7 octobre 2018

"Isokrony 2" : united colors of percussions !


Regroupant six musiciens des Percussions de Strasbourg, un quatuor de jazz et près de soixante amateurs, issus de collèges en Alsace,ce projet s’inscrit dans la continuité de son travail avec l’Orchestre des Jeunes Jazzmen de Bourgogne (OJJB) et le Franck Tortiller Collectiv récemment fondé.

En avant pour un concert flamboyant, qui une heure durant n'aura de cesse de nous prouver que l'enthousiasme et le talent peuvent aller de pair pour mêler professionnels et amateurs dans une aventure "d'être ensemble" musical.
L'art et sa pratique collective font du bien, autant aux interprètes qu'aux spectateurs qui cet après-midi là, ont su partager librement des instants de ferveur et de joie
Joie de jouer, "tambour battant" devant un vrai public, joie de présenter un travail d'équipe managé par des "pro" très vigilants, accueillants et respectueux, attentifs et bienveillants
Une heurs de musique très jazzy, vibraphones en vedette, pour nous faire "vibrer" et construire en forme de "united colors of percussions" un métissage des genres et des origines de chacun des participants.
Musique colorée, festive, inventive, qui donne la pêche et sur la planète vibraphone, les sons tonitruants et alertes brossent un paysage optimiste, euphorique et stimulant à toutes générations confondues.
Coup de chapeau à tous et aux "encadreurs", meneurs de revue: Les Percussions de Strasbourg pour leur engagement auprès des publics non spécialistes, Franck Tortiller pour sa pratique et sa déontologie exemplaire, son accueil et son imagination débordante!
Un orchestre singulier, plein de charmes qui frappe et "touche" et fait de beaux accords!

Au Théâtre de Hautepierre ce samedi 6 Octobre

samedi 6 octobre 2018

"Jeunes talents" Académie de Composition n° 2 : ils "décoiffent" !


Pour ce second concert de clôture de l’Académie Philippe Manoury – Festival Musica, dédié au solo instrumental avec électronique en temps réel, les solistes de la Haute école des arts du Rhin peuvent compter sur l’expertise de Tom Mays dans le domaine de l’électronique.
Dernière ligne pour les jeunes compositeurs, accompagnés des jeunes interprètes solistes de la Hear !

""chain /escap pour piano" de Jialin Liu entame la session, introduite toujours avec enthousiasme et dévotion par Philippe Manoury et ses complices, maîtres de ballet de cette académie hors pair!
Inspirée par la densité de la population à Taiwan, terre natale du compositeur, la musique est chargée, complexe, foisonnante et dense. l'électronique suit ou devance les notes de musique sous les doigts du pianiste Paul Yuji Marignan
Fusion ou isolement des sources de sons qui semblent se répondre dans cette conversation attentive qui prolonge l'instrument acoustique. L'écho électronique remplit les silences, le piano réinjecte du son qui est à nouveau manipulé, trituré. Harmonie, aisance du jeu, belles amplifications tourbillonnantes, comme aspirée en spirale absorbantes, en siphon, en typhon! 

Deuxième étape avec l'opus de Louis Michel Tougas, "Trois miniatures pour alto", en temps réel, dialogue en contrepoint avec un matériau très concentré. Effleurement de l'archet, réverbération du son, prolongé, réinventé, adapté et révélé par l'électronique! L’envoûtement ainsi créé reste discret dans l'intervention de l'électroacoustique.L'osmose entre réalité acoustique et virtualité informatique, fonctionne avec brio, le son s'amplifie, transformé, très spatial, l'intimité du violon respectée par Marylou Fené, l'extravagance de l'électronique, magnifiée!

"Déchirer les ailes" pour trombone de Dimitri Mukai avec Dimitri Debroutelle est inspiré par une muse virtuelle, des bruits musicaux glanés par l'auteur. Un vent pétaradant,, rehaussé de suite par l'artifice sonore en temps réel, , comme dans une chasse à courre, à perdre haleine dans un rythme soutenu, dense, pétulant.
Comme une fanfare ubuesque en solo! Absurde position pleine de risque et au péril de l'humour, du dérapage contrôlé, d'ironie et de distanciation.
Autant de précipités de sons qui vont se cristalliser sous l'effet alchimique de la paillasse des machines!
Des basses assourdissantes occupent l'espace empli, ouaté, en pleine chaleur, enrobant. Des crescendos allègres, détonants font de la pièce une course, spatialisation intense, envahissante, bruissante, tempétueuse, virulente.
Des grondements déferlent, bataille, combat, rixe entre les deux univers sonores qui se confrontent.Réminiscence de musique populaire, liée, véhiculée par l'usage traditionnel du trombone, embouché aussi par une sourdine L'interprète quitte la scène, nonchalant, désinvolte après cette prestation virtuose!

Au tour de la clarinette basse de faire sa vedette avec Sarah Taboada pour ""S'assombrit 1" de Sergio Nunez Meneses.
Harmonies et souffles en temps réel dans une esthétique très raffinée. Elle est debout, oscille et fait corps avec son instrument, instable dans son axe qui dévie. L'étrangeté des sons émis, comme par un scalpel, tranchant, comme pour des voix trafiquées, émeut, trouble, dérange! De beaux effets de larsen, du vent dans les éoliennes, des voix: tout se mêle et c'est beau!

Enfin, "Lapsus memoriae opus 33a pour flûte" de Angus Lee, interprété par Andrea Vecchiato, révèle les talents d'un compositeur en réel devenir.
Un personnage se dessine, sorte d'autoportrait dans un environnement urbain, vécu personnellement qui va basculer dans le conflictuel.
Debout devant sa ligne de partitions sur le pupitre, c'est comme un travelling musical qui se déroule dans le temps et l'espace.Le jeu devient de plus en plus agressif et instable, le corps oscille, les genoux se plient pour épouser les formes qui se métamorphosent. On passe de l'harmonie au désaccord Des mouvements assurés, entêtés, pugnaces, en agitations et perturbations constantes.
 Quelques signaux musicaux évoquant les univers de films de science fiction: voix, bruitages comme dans un vaisseau spatial, lâché d'une fusée dans l'espace. D'autres présences aussi pour créer un tissus sonore, habité, peuplé de tumultes et des menaces, de vrombissements étouffants
Une oeuvre sensible, magnétique, perturbante et inspirée!

Un récital de taille pour ces jeunes compositeurs et interprètes où les bonnes fées veillent au grain sans relâche ni entracte.
On leur souhaite un avenir radieux et "décoiffant" à eux qui portent aussi des "coiffures" d'aujourd'hui, tectonique du poil et de l'esthétique contemporaine du corps en représentation.
Ils sauront coiffe' hair de leur expérience et savoir faire en matière de composition musicale dans un esprit de conversation internationale, la musique fédérant une Babel joyeuse et prolixe!

A la Bourse ce samedi 6 Octobre










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Orchestre Philarmonique de Strasbourg à Musica: le son symphonique


Quatre ans après sa première programmation au festival Musica, Ondrej Adámek revient avec Follow me, créé en 2017 par sa dédicataire Isabelle Faust et dont Musica est co-commanditaire.

Rentrée donc officielle pour le "Philarmonique" sous les auspices de la création et du patrimoine musical au côté du festival Musica!
Ligeti en ouverture avec "San Francisco Polyphonie" une oeuvre de 1975 : comme des lumières clignotantes, des pluies de cordes s'empresse,nt et s'envolent: un paysage naît, ligne flottante à la surface des sons qui planent. Le calmes des vents, le bruissement des cordes font harmonie et chaos, les archets œuvres à la plasticité de l'oeuvre qui se regarde aussi autant qu'elle s'écoute.
L'ensemble est grandiose, monumental, riche , générateurs d'mages citadines telles les toiles de Charlelie Couture ou Tony Soulier....Les contrebasses en contrepoint assoient l'ambiance et cette puissance délicate des sons du piano vibrant portent la dynamique au zénith. Les rythmes se répercutent d'un groupe d'instruments à l'autre, le son navigue, chatoyant. Comme dans une foule bruissante, animée, fébrile, palpitante....La narration, fil conducteur des sons évocateurs d'un univers, d'un espace urbain, s'impose d'elle-même.Le récit de cette musique pourtant "abstraite" sourd des variations et mouvements, si "mobiles", si "dansants"!
Gazoullis, vols d'oiseaux en élévation ou échappée belle, l'opus donne à rêver.

Autre "surprise", "Follow me", concerto pour violon et orchestre de Ondrej Adamek fait suite et pose le violon, solo, insistant, virulent, lancinant, en ouverture.Des sons en rappel, comme un leitmotiv récurent, suivi par les autres violons à l'unisson, imperceptibles....Les vents déferlent dans des ressacs de sons, très rythmés, courses folles auprès des percussions et autres cordes.Une atmosphère intrigante, du suspens pour cette oeuvre inquiétante. La musique s'effiloche, fluide, très riche en sonorités multiples. Le frôlement des archets sur les corps des violons, les respirations des vents comme des poumons, organes salvateurs et indispensables à la vie, tissent des matériaux sensibles.
La dextérité de l'interprète, magnétique présence sur le plateau, entourée de l'orchestre, est impressionnante, médusante.
Une mer de sable, des bâtons de pluie en évocation lointaine subissent des ralentissements, des reprises, répétitions avec des accents orientaux singuliers.
Au final, les percussions s'effacent, le calme est atteint.
Une oeuvre étonnante, inouïe proche d'un sublime fatras , chaos proche de la métamorphose du monde en autant d'univers sonores invasifs et omniprésents.
Un rappel généreux pour Isabelle Faust avec un Kurtag, le "Doloroso", infime parcours de l'archet sur l'instrument!

Pour clore ce concert, mené de baguette de maître par Marko Letonja, le mythique "Sacre du Printemps" dont on redécouvre ici toutes les subtilités de "fabrication", toutes les sources de tonalités, de sons, de percussions....Certes, pas de surprise, mais une écoute et une lecture très fine de ce monument de l'histoire de la musique, tectonique des plaques, mais aussi source d'inspiration de tant de chorégraphes. A commencer par son co-auteur avec le décorateur Roerich, Vaslav Nijinski!
Les masses sonores sur la toile tendue des rythmes, les impacts de la densité, du poids et des couleurs font de cette oeuvre très dalcrozienne, un chef d'oeuvre de tension-détente, prémices de la danse d'aujourd'hui et de ses fondamentaux!
Béjart ou Pina Bausch, hantant ces rythmes affolés ou ses délicates attentions de réveil de l'élue, des groupes compactes ...

Ce soir là, au PMC, l'Orchestre vibre et son souffle - à nous le couper- inonde et répand sa dynamique dans l'ère de la modernité!

Au PMC ce vendredi 5 Octobre