samedi 6 octobre 2018

"Jeunes talents" Académie de Composition n° 2 : ils "décoiffent" !


Pour ce second concert de clôture de l’Académie Philippe Manoury – Festival Musica, dédié au solo instrumental avec électronique en temps réel, les solistes de la Haute école des arts du Rhin peuvent compter sur l’expertise de Tom Mays dans le domaine de l’électronique.
Dernière ligne pour les jeunes compositeurs, accompagnés des jeunes interprètes solistes de la Hear !

""chain /escap pour piano" de Jialin Liu entame la session, introduite toujours avec enthousiasme et dévotion par Philippe Manoury et ses complices, maîtres de ballet de cette académie hors pair!
Inspirée par la densité de la population à Taiwan, terre natale du compositeur, la musique est chargée, complexe, foisonnante et dense. l'électronique suit ou devance les notes de musique sous les doigts du pianiste Paul Yuji Marignan
Fusion ou isolement des sources de sons qui semblent se répondre dans cette conversation attentive qui prolonge l'instrument acoustique. L'écho électronique remplit les silences, le piano réinjecte du son qui est à nouveau manipulé, trituré. Harmonie, aisance du jeu, belles amplifications tourbillonnantes, comme aspirée en spirale absorbantes, en siphon, en typhon! 

Deuxième étape avec l'opus de Louis Michel Tougas, "Trois miniatures pour alto", en temps réel, dialogue en contrepoint avec un matériau très concentré. Effleurement de l'archet, réverbération du son, prolongé, réinventé, adapté et révélé par l'électronique! L’envoûtement ainsi créé reste discret dans l'intervention de l'électroacoustique.L'osmose entre réalité acoustique et virtualité informatique, fonctionne avec brio, le son s'amplifie, transformé, très spatial, l'intimité du violon respectée par Marylou Fené, l'extravagance de l'électronique, magnifiée!

"Déchirer les ailes" pour trombone de Dimitri Mukai avec Dimitri Debroutelle est inspiré par une muse virtuelle, des bruits musicaux glanés par l'auteur. Un vent pétaradant,, rehaussé de suite par l'artifice sonore en temps réel, , comme dans une chasse à courre, à perdre haleine dans un rythme soutenu, dense, pétulant.
Comme une fanfare ubuesque en solo! Absurde position pleine de risque et au péril de l'humour, du dérapage contrôlé, d'ironie et de distanciation.
Autant de précipités de sons qui vont se cristalliser sous l'effet alchimique de la paillasse des machines!
Des basses assourdissantes occupent l'espace empli, ouaté, en pleine chaleur, enrobant. Des crescendos allègres, détonants font de la pièce une course, spatialisation intense, envahissante, bruissante, tempétueuse, virulente.
Des grondements déferlent, bataille, combat, rixe entre les deux univers sonores qui se confrontent.Réminiscence de musique populaire, liée, véhiculée par l'usage traditionnel du trombone, embouché aussi par une sourdine L'interprète quitte la scène, nonchalant, désinvolte après cette prestation virtuose!

Au tour de la clarinette basse de faire sa vedette avec Sarah Taboada pour ""S'assombrit 1" de Sergio Nunez Meneses.
Harmonies et souffles en temps réel dans une esthétique très raffinée. Elle est debout, oscille et fait corps avec son instrument, instable dans son axe qui dévie. L'étrangeté des sons émis, comme par un scalpel, tranchant, comme pour des voix trafiquées, émeut, trouble, dérange! De beaux effets de larsen, du vent dans les éoliennes, des voix: tout se mêle et c'est beau!

Enfin, "Lapsus memoriae opus 33a pour flûte" de Angus Lee, interprété par Andrea Vecchiato, révèle les talents d'un compositeur en réel devenir.
Un personnage se dessine, sorte d'autoportrait dans un environnement urbain, vécu personnellement qui va basculer dans le conflictuel.
Debout devant sa ligne de partitions sur le pupitre, c'est comme un travelling musical qui se déroule dans le temps et l'espace.Le jeu devient de plus en plus agressif et instable, le corps oscille, les genoux se plient pour épouser les formes qui se métamorphosent. On passe de l'harmonie au désaccord Des mouvements assurés, entêtés, pugnaces, en agitations et perturbations constantes.
 Quelques signaux musicaux évoquant les univers de films de science fiction: voix, bruitages comme dans un vaisseau spatial, lâché d'une fusée dans l'espace. D'autres présences aussi pour créer un tissus sonore, habité, peuplé de tumultes et des menaces, de vrombissements étouffants
Une oeuvre sensible, magnétique, perturbante et inspirée!

Un récital de taille pour ces jeunes compositeurs et interprètes où les bonnes fées veillent au grain sans relâche ni entracte.
On leur souhaite un avenir radieux et "décoiffant" à eux qui portent aussi des "coiffures" d'aujourd'hui, tectonique du poil et de l'esthétique contemporaine du corps en représentation.
Ils sauront coiffe' hair de leur expérience et savoir faire en matière de composition musicale dans un esprit de conversation internationale, la musique fédérant une Babel joyeuse et prolixe!

A la Bourse ce samedi 6 Octobre










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