vendredi 26 octobre 2018

"Danser brut" au LAM


Quels sont les liens entre la danse et l’art brut ou contemporain ? à travers une sélection inédite de près de 300 films, dessins, sculptures ou photographies, le LaM place le mouvement au cœur de la création, sous toutes ses formes. De Nijinski à Chaplin, cette exposition originale déniche des gestes au creux d’œuvres aussi diverses que magistrales.
Porter un regard transversal et neuf sur le corps, tel est le point de dé- part de l’exposition. « Celle-ci est une somme d’observations de gestes ou de façons d’être, explique la commis- saire, Savine Faupin. Il s’agit aussi de dévoiler l’invisible, des mouvements auxquels on ne prête pas attention mais se révélant extraordinaires ». Depuis l’Hôpital de la Salpêtrière où le Dr Charcot décrit les attitudes de l’hystérie à la fin du xixe siècle, à l’aide de dessins et photographies, jusqu’aux films burlesques mettant en scène des pantomimes, l’accrochage scrute des corps désarticulés, gesticulant, en proie à des forces irrépressibles. On croise au gré de ce parcours de six sections la cabarettiste allemande Valeska Gert,les tribulations de Charlot ou la grande silhouette dégingandée de Jacques Tati… dans un même élan !

Entrez dans la transe
Plus loin, c’est l’implication de notre enveloppe charnelle tout entière dans la production de l’œuvre qui est explorée. On découvre les dessins de Nijinski qui, ayant cessé de danser et retiré en Suisse dans les années 1920, exécute un grand nombre de compositions abstraites. Le chorégraphe virtuose s’affiche d’ailleurs comme un trait d’union avec l’exposition contiguë, consacrée à Rodin. Le sculpteur, avec sa série des Mouvements de danse, a en effet saisi la fulgurance du geste du précité Nijinski (et d’autres) dans le plâtre et la terre cuite. Mais la danse s’empare aussi des corps, malgré nous, comme en état de transe. En témoignent les “lignes d’erre” tracées par l’éducateur spécialisé Fernand Deligny, rendant compte au fil de cartes crayonnées des trajets d’enfants autistes. Enfin, c’est au tour du visiteur d’aiguiser ses perceptions, en interagissant avec la sculpture de lumière d’Anthony McCall, ou avec la chorégraphie sous hypnose de Catherine Contour. Des rendez-vous musicaux concoctés par le collectif La Belle Brute et Lucile Notin-Bourdeau entrent aussi de plain-pied dans la danse !

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