dimanche 7 octobre 2018

"No show post defile": Pierre Boileau et son"L'un des paons danse"s'expose et ne se défile pas! Métissages....


No show post defile, performance avec Sabine Cornus, Arnaud Richard Cécile Dabo et Pierre Boileau
La compagnie L’Un Des Paons Danse est créée sous l’impulsion de l’artiste chorégraphe Pierre Boileau. Elle chemine à la lisière de plusieurs champs d’investigation de la danse et des arts plastiques, et interroge au travers d’une approche de la danse de type laboratoire, les données de l’acte de création de la performance : « corps – mouvement – espace ».

laurent waechter

Lisières, franges, trame et chaîne pour ce tissus , en miroir, en regard à l'oeuvre de Vasconcelos!
Comment dialoguer avec l'ouvrage prolixe de l'artiste, sans copier, illustrer, plagier toute sa matière à tisser de l'art, à forger des accumulations d'objets pour en faire des univers, des ambiances...?
Réponse faite déjà lors du vernissage de l'exposition au MAMCS, réitérée et reconduite en cet après-midi de fête dans la nef du musée.
laurent waechter

Nef habitée par quatre énigmatiques personnages, de noir et blanc moulés, gaines et corsets seyants, perchés sur des talons aiguilles, mieux que des Louboutin, car "made in Boileau", fait maison, produit de proximité en circuit court!
Ils avancent, se présentent, cagoulés, masqués, tout "genre" confondu.Démarche altière pour défilé hors mode, mais dont le "mode" d'emploi est simple: habiter l'oeuvre monumentale de l'artiste portugaise, à l'envi et dans le désir de la prolonger, de l'interpréter!
Chant très princier, stylé d'un des protagonistes de cette performance insolite, qui vient légèrement troubler le cercle affairé des "tricoteuses", les addicts de ce méli-mélo, entrelacs de fils de laine qui tricote amour et chaleur, échange et convivialité.
laurent waechter

On passe d'une salle à l'autre, guidé, introduit par le quatuor singulier: talons aiguilles et falbalas rivés au corps près de l'immense chaussure de casseroles et couvercles: des "pointures" pour cette oeuvre remarquable, clin d’œil au gigantisme, à l'absurde. On passe sur les frigidaires comme des SDF, avec leur charrette d’accoutrements, trésors de costumes vintages sortis d'un Emmaus étonnant. Autour du lit, dressé, matelas de toutes les étreintes, lumineux, un duo s'installe et flirte. C'est glamour et tendre à souhait; pendant que à l'intérieur d'un bac à plumetis épouseteurs, l'un d'entre eux joue au filet à papillon, papillonne et enchante, charme et s'envole. Dans la "salle de bain" c'est l'après midi d'un foehn où le miroir reflète le passage à l'acte d'un pays d'Alice dans les merveilles.
Inquisiteur, sans jamais offenser, ni violer les œuvres, le quatuor à corps, revisite l'univers débridé de Vasconcelos sans heurt et avec beaucoup d'intelligence; relier, inter-ligerer ce qui peut l'être comme un lien, un fil conducteur d'Ariane, fil rouge à broder, à tisser en maître du métier.
Car ces performeurs là sont des as en la matière: le solo de Sabine Cornus sur les airs de fado, dans la chambre rouge est de toute beauté: torse à demi nu, robe à volant, elle rode et se dérobe à l'envi. A côté, une femme étale ses atours de fourrure, peluches et poils en poupe!
Au final c'est dans un film policier vintage (on songe aux "Innocents) près de la voiture dont la carrosserie est jonchée de fusils d'opérette en plastique, que l'on plonge!
Pauses évocatrices de peur ou de satire du genre, pastiche du fantastique avec leurs masques de superman, superwomen, ou d'anti héros de pacotille.
laurent wachter

Les peluches de foire,du Trone à l'intérieur du véhicule semblent revivre ces instants immortalisés d'humour, de distance et de recul!
photo: la fleur du dimanche

A noter la diversité et l'inventivité des costumes à danser: masques, robes, atours à fleurs, paillettes, plumes et poils, tout droit sortis d'un grand magasin, bazar joyeux de la récupération et de la transformation ingénieuse des matières: le tissu comme seconde peau à toucher, effleurer, sentir à même la surface, la superficie des pores qui organisent la respiration....des tissus organiques! Du biologique à fleur de peau du monde, de l'art en bonne perfusion, à goûter sans modération
Quel talent, pour ces artistes performeurs en diable, usant de malice, d'impertinence respectueuse au regard d'une sculptrice des objets ressassés, empilés, récoltés, ré-collectés et accumulés au bonheur de l'Art! Recycler le monde et tout ira mieux, tricoter du lien, effilocher les matières pour les sentir, les magnifier...
LAURENT WACHTER

"L'un des paons danse", talons hauts, aiguilles à coudre, dés jetés sans coup de hasard, pour un univers à la Duchamp ou Filliou, à la Kafka ou Ionesco où le geste est grâce et salut, rédemption et communion La petite cérémonie ambulatoire fait du bien, thérapie salutaire
Sous la nef du musée, il s'en passe des choses étranges!

Au MAMCS ce samedi 6 Octobre


2 commentaires:

piotr a dit…

Merci Geneviève, c'est toujours un plaisir de lire ta plume inspirée. À très vite.

Unknown a dit…

très bel article où les mots s'égrainent aussi légers que le vent, et donnent envie d'aller visiter l'expo au plus vite! merci Geneviève.

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